vendredi 26 novembre 2021

Émeute anti-Chine aux îles Salomon, l'Australie envoie des troupes

Canberra envoie des troupes aux Îles Salomon. Il s’agit d’aider au maintien de la sécurité alors que des émeutes ont éclaté dans la capitale. Les manifestants remettent en cause la rupture de leur pays avec Taïwan au profit de la Chine.

C’est bien à la demande du gouvernement local que l’Australie déploie une force de maintien de la paix à Honiara, la capitale des Îles Salomon. Sur place, des émeutiers réclamaient la démission du Premier ministre et ont envahi le quartier chinois. Plusieurs bâtiments ont été incendiés.

Une intervention aux contours bordés

Le rôle des troupes australiennes est limité comme le détaille Scott Morrison, le Premier ministre australien : « Notre objectif ici est d’assurer la stabilité et la sécurité, de permettre aux processus constitutionnels normaux au sein des Îles Salomon de traiter les divers problèmes qui se sont posés et que cela se fasse dans un climat de paix, de stabilité et de sécurité. Ce n’est pas l’intention du gouvernement australien d’intervenir de quelque manière que ce soit dans les affaires intérieures des Îles Salomon, c’est à elles de les résoudre. »

L’Australie est déjà intervenue aux Salomon

Scott Morrisson a aussi rappelé les liens qui unissent les deux pays et les divers domaines d’action de l’Australie aux Salomon : « Lorsqu’elles ont besoin de notre aide, elles la recevront, que ce soit en rapport avec des catastrophes naturelles, lorsqu’elles ont besoin de notre aide ou en rapport avec le Covid, lorsqu’elles ont eu besoin de vaccins et autres soutiens dans le déploiement de leur programme de vaccination. Et malheureusement dans une situation comme celle-ci, quand il y a à nouveau des troubles civils, nous sommes là pour les aider car elles nous sont très chères, en tant que membres de notre famille du Pacifique. » Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que des troupes de Canberra interviennent aux Salomon. Notamment lors d’émeutes mettant en cause la présence chinoise.

A l’origine des émeutes, la rupture avec Taïwan mal digérée dans l’île de Malaita

Cette fois de nombreux manifestants viennent de l’île de Malaita. Ils protestent contre la rupture des relations avec Taïwan en 2019 au profit de Pékin (qui considère Taïwan comme une province chinoise et exige la rupture des relations avec Taipei pour l’établissement de relations diplomatiques avec d’autres pays). En effet, beaucoup d’habitants de Malaita avaient de fortes relations avec Taipei. Des liens ont d’ailleurs été maintenus. Les Taïwanais, comme les Américains continuent d’envoyer des aides à Malaita.

Les autorités chinoises « préoccupées »

Le gouvernement chinois observe la situation avec beaucoup d’attention à en croire Zhao Lijian, porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Empire du Milieu : « Nous pensons que sous la direction du Premier ministre (Manasseh) Sogavare, le gouvernement des Îles Salomon peut rétablir l’ordre social et la stabilité dès que possible. Nous sommes sérieusement préoccupés par les attaques contre certains citoyens et institutions chinois, et avons demandé au gouvernement local de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger la sécurité des citoyens et des institutions chinois là-bas. Nos relations se sont bien développées au cours des deux dernières années depuis l’établissement de relations diplomatiques avec une coopération fructueuse dans les domaines économique et commercial, les infrastructures, l’éducation, la santé et d’autres domaines, apportant des avantages tangibles et le bien-être aux peuples des deux pays. Toute tentative de saper le développement normal des relations sino-salomonaises est futile. »

Rivalité Pékin versus Canberra et Washington autour des Salomon

Pas un mot donc, semble-t-il, à Pékin, sur l’aide australienne au gouvernement d’Honiara. Il est vrai que paradoxalement, Canberra (comme Washington) voit d’un mauvais œil le développement de la présence chinoise aux Salomon, redoutant notamment à terme l’implantation d’une base militaire. Une inquiétude qui concerne d’autres pays du Pacifique.

Source : la 1 (Nouvelle-Calédonie)

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