lundi 1 avril 2019

La « laïcité » s'impose aux écoles privées selon le Mouvement pour la laïcité

Daniel Baril, vice-président du Mouvement laïque québécois, publiait une longue lettre ouverte dans Le Devoir le 30 mars (avant le 1er avril donc). Il y affirmait notamment :

L’État est légitimé d’étendre la laïcité à ces établissements [privées] au nom [de] leur mission éducative, de leur financement public et de la protection de conscience des enfants.

De plus, les écoles privées sont tenues par la loi d’offrir le programme d’enseignement approuvé par le ministère de l’Éducation. Le caractère laïque de ce programme doit être respecté même dans les écoles privées, d’où la nécessité d’y interdire le port de signes religieux.

M. Baril semble dire (« doit ») que la loi (mentionnée dans la phrase précédente) impose le caractère laïque des programmes scolaires donnés dans les écoles confessionnelles.

C’est très discutable.

C’était la prétention maximaliste des avocats du gouvernement québécois dans l'affaire qui l’a opposé au collège Loyola.

La Cour suprême du Canada en a décidé autrement : le plus haut tribunal au pays conclut que contraindre l’école Loyola d’enseigner le cours ECR de manière « laïque » est inconstitutionnel, car cette contrainte porte « gravement atteinte » à la liberté de religion des personnes qui veulent offrir et qui souhaitent recevoir une éducation confessionnelle.

Quel intérêt d’ailleurs d’avoir une école catholique pour n’y enseigner que ce que des laïcistes comme M. Baril considèrent comme acceptable ? M. Baril pense que les écoles catholiques enfreignent la « protection de conscience des enfants » de parents qui ont choisi une école confessionnelle. Voilà Daniel Baril protecteur des enfants ! On est en droit de se demander s’il ne s’agit pas plutôt pour M. Baril d’imposer sa propre vision aux enfants d’autrui : l’absence d’égard envers toute religion particulière. M. Baril soutient le monopole de l’État devenu « laïque » (mais pas assez encore pour ce laïciste), car cela lui permet d’imposer ses préférences philosophiques aux enfants des autres.

Quant à l’argument éculé que les écoles privées sont financées par le Trésor public ! D’une part, ce n’est pas vrai de toutes les écoles privées, d’autre part les parents qui envoient leurs enfants à ces écoles paient deux fois pour ce qui devrait être un droit, une fois par leurs impôts, une autre fois par les frais d’inscription à ces écoles si peu privées (le monopole de l’Éducation y impose programme, pédagogie, limite le recrutement des enseignants, la publicité qu’elles peuvent faire, etc.)

Ce carnet veut garantir l’égalité de tous les enfants et le choix des formations scolaires : l’État devrait garantir les moyens à tous les élèves de fréquenter l’établissement scolaire de leur choix. Privé, confessionnel ou non. Que les parents soient nantis ou non. Cela pourrait se faire par des déductions fiscales pour les parents aisés ou une allocation scolaire pour les parents démunis. Plutôt que de restreindre de plus en plus l'accès aux écoles privées, elles devraient être abordables pour tous.
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