mercredi 3 janvier 2024

Statistique Canada a admis avoir exclu l’euthanasie comme catégorie dans les totaux de décès

Statistique Canada a admis avoir exclu l’euthanasie comme catégorie des totaux de décès, bien qu’elle soit la sixième cause de mortalité dans le pays.

Le 28 novembre, Statistique Canada a révélé que son programme d’euthanasie AMM (Aide médicale à mourir) n’est pas enregistré comme cause de décès dans les rapports officiels. Au lieu de cela, le gouvernement enregistre, comme cause de décès de la personne, la maladie dont elle souffrait et qui l’a amenée à choisir de mettre fin à ses jours.

« Dans la base de données, la cause sous-jacente du décès est définie comme la maladie ou la blessure qui a déclenché le train d’événements morbides menant directement au décès », a indiqué Statistique Canada sur X (ex-Twitter). « Ainsi, les décès dus à l’AMM sont codés en fonction de la condition sous-jacente pour laquelle l’AMM a été demandée ».

L’euthanasie pourrait être l’une des principales raisons de la baisse de l’espérance de vie au Canada

Le taux d’espérance de vie au Canada a chuté trois années de suite, le Canadien moyen mourait à l’âge de 82,3 ans en 2019 pour mourir à 81,3 ans en 2022.

Une grande partie de la couverture médiatique attribue la réduction de la durée de vie aux décès causés par le covid-19, et la Presse canadienne rapporte que :

L’augmentation du nombre de décès chez les jeunes l’an dernier est attribuable en partie aux décès faisant l’objet d’une enquête par un coroner ou un médecin légiste, ce qui comprend généralement les suicides, les homicides et les décès dus à la toxicité des médicaments.

En outre, la Presse Canadienne rapporte ce qui suit :

Le Nouveau-Brunswick a connu la plus forte baisse de l’espérance de vie parmi les provinces, avec un recul de plus d’un an, passant de 80,9 ans en 2021 à 79,8 ans, selon le rapport. L’espérance de vie de la Saskatchewan est celle qui a le plus baissé au cours des trois dernières années combinées, perdant deux années complètes, passant de 80,5 en 2019 à 78,5 en 2022. L’Île-du-Prince-Édouard n’a pas été incluse dans les données annuelles des provinces.

 Un facteur qui n'est mentionné dans aucune des analyses est l'effet de l'euthanasie ( AMM) sur l'espérance de vie des Canadiens. Selon le quatrième rapport annuel sur l'assistance médicale à la mort, 13 241 décès par euthanasie ont été signalés au Canada en 2022. D'après le rapport :

L'âge moyen des personnes au moment où l'aide médicale à mourir a été fournie en 2022 était de 77,0 ans. Cet âge moyen est légèrement supérieur aux moyennes de 2019 (75,2), 2020 (75,3) et 2021 (76,3). L'âge moyen des femmes en 2022 était de 77,9 ans, contre 76,1 ans pour les hommes.

L'euthanasie ( AMM) représente 4,1 % de tous les décès au Canada. Il y a eu 334 623 décès au Canada en 2022.

Étant donné que la personne moyenne meurt par euthanasie à l'âge de 77 ans et que le Canadien moyen meurt à l'âge de 81,3 ans, il est probable que la mort par euthanasie fasse baisser le taux d'espérance de vie.

On pourrait répondre que la plupart des personnes qui meurent par euthanasie sont en phase terminale et mourront bientôt, mais depuis mars 2021, la loi fédérale n'exige plus que la mort naturelle d'une personne soit raisonnablement prévisible pour qu'elle puisse mourir par euthanasie. Le quatrième rapport annuel indique que dans 3,5 % des décès par euthanasie, la personne n'était pas en phase terminale. Néanmoins, la maladie terminale n'est pas définie comme étant à quelques semaines ou à quelques jours de la mort, mais une personne considérée comme étant en phase terminale n'a besoin que d'être en phase terminale.

 Un autre facteur concernant la loi canadienne sur l'euthanasie est que les personnes ne sont pas tenues d'essayer un traitement approprié avant d'être admises à l'euthanasie. Nous ne disposons pas de beaucoup de données de recherche sur cette question, mais il y a des personnes qui ont été diagnostiquées avec une maladie probablement traitable, mais qui décident de renoncer au traitement et d'opter pour l'euthanasie.

Une étude publiée en septembre 2021 par le Dr Sara Moore, oncologue à l'Université d'Ottawa, a examiné 45 décès par euthanasie (AMM) de personnes atteintes d'un cancer du poumon dans la région d'Ottawa. Elle a conclu que les personnes atteintes d'un cancer du poumon et décédées par euthanasie étaient moins susceptibles de consulter un radio-oncologue ou un oncologue médical et moins susceptibles de suivre des traitements efficaces. La recherche de Moore a révélé que 20 % des personnes décédées par euthanasie n'ont pas consulté de radio-oncologue et 22 % n'ont pas consulté d'oncologue.

Des études doivent être menées pour comparer les résultats obtenus par les personnes décédées par euthanasie (espérance de vie, temps écoulé entre la maladie et le décès) à ceux obtenus par des personnes ayant des problèmes de santé similaires qui ont choisi de recevoir un traitement et/ou de mourir d'une mort naturelle.

1 commentaire:

Carter Mann, Statistique Canada a dit…

Nous avons pris connaissance de votre article portant sur l'euthanasie et nous aimerions apporter certaines précisions.

Staristique Canada vielle à ce que le nombre total de décès, tel qu'il apparaît dans ses produits, soit et conforme aux normes établies par l'Organisation Mondiale de la Santé. Tous les décès attribuables à l'aide médicale à mourir sont inclus dans les statistiques officielles que nous diffusons. Il est donc inexact de dire que Statistique Canada a pris la décision d'exclure l'aide médicale à mourir comme cause de décès. Nous nous conformons aux standards de la Classification statistique internationale des maladies et des problèmes de santé connexes, et ceux-ci nous dictent de classer la condition ayant mené la personne à demander l'aide médicale à mourir comme cause de décès. Les informations détaillées sur les 13 241 décès attribuables à l'aide médicale à mourir au Canada en 2022 sont d'ailleurs disponibles sur notre site, ainsi que dans le rapport de Santé Canada déjà cité dans votre article.

Finalement, l'existence d'un lien éventuel entre l'aide médicale à mourir et l'espérance de vie est une question de recherche intéressante. Bien qu'il soit peu probable que ces décès attribuables à l'aide médicale à mourir aient contributé à faire diminuer l'espérance de vie au cours des trois dernières années, de futures recherches permettront de quantifier son incidence.

Si vous avez des questions, vous pouvez nous contacter par courriel au statcan.mediahotline-ligneinfomedias.statcan@statcan.gc.ca

Carter Mann
Chef/P.I., Relations avec les médias
Statistique Canada