jeudi 21 décembre 2023

Militant LGBTQ2SAI+ en classe, le cas d'« adelphe »

Dans la courte vidéo ci-dessous, un militant LGBTQ2SAI+ « explique » à des élèves québécois en classe qu’« en langage [sic] français on a des termes non genrés qu’on n’utilise plus vraiment qui sont [?] populaires, j’ai appris qu’on a le mot “adelphe”, c’est l’équivalent de l’anglais “sibling” qui est comme frère et sœur, mais de manière non genrée, c’est plus général. » 

Autrement dit son frère ne doit plus dire « mon frère » pour parler de ce militant qui se dit non binaire, mais « mon adelphe » (terme cependant masculin en français).

Cette tirade n’est pas claire, le mot « adelphe » serait-il un de ces « termes non genrés qu’on n’utilise plus vraiment » ? Qui serait ou ne serait plus populaire ? 

S’il est vrai que le mot adelphe est vieux, il n’a jamais été populaire bien au contraire, c'est un terme didactique très rare.

En outre, il n’avait jusqu’à récemment pas le sens que lui donne ce militant devant les élèves.
On doute que l’enseignant ait précisé par la suite les choses.

Son sens original est simplement « frère » en grec. Voir la comédie Les Adelphes de Térence. Cette pièce de théâtre inspira notamment L’École des maris de Molière. Dans cette pièce, deux frères, Eschine et Ctésiphon, sont éduqués l’un d’une manière stricte et autoritaire, l’autre de façon plus libérale ou laxiste. 

On retrouve la même racine dans le nom de la ville de Philadelphie, c'est-à-dire la ville de l'amour fraternel (The City of brotherly love en anglais, pas The City of sibling love) dont la devise est « Philadelphia maneto », soit « Que l'amour fraternel demeure ».

Le Trésor de la Langue française (qui a la vertu de ne plus être mis à jour et échappe ainsi aux réécritures par des lobbies) indique :

Qui est frère issu de la même mère.

« Les fils d’une même mère étaient seuls de vrais frères  (amadelphes ou adelphes [...])» (citation de Renan,
Hist. du peuple d’Israël, t. 1, 1887-1892, p. 19.)

Remarque : Ce sens n’est enregistré dans aucun des dictionnaires consultés ; il est directement emprunté au grec. […] Le mot comble une lacune du vocabulaire français, utérin, employé pour désigner une commune origine maternelle, signifiant en même temps « mais de père différent », ce que ne suppose pas adelphe.

En grec, ἀδελφός est le frère, ἀδελφή la sœur. Le pluriel ἀδελφοί qui signifie « frères » peut à l'occasion englober quelques sœurs dans un groupe (comme en français quand on dit « mes très chers frères » à l'église, chose que les féministes désapprouvent).

La définition « asexuée » qu’en donne cet intervenant militant en classe (pourquoi y est-il invité ?)  est celle détournée récemment par les LGBTQ2SAI+ et plus particulièrement les milieux non binaires pour qui la déconstruction du sexe et du genre est au cœur de leurs revendications.

Miniature illustrant les Adelphes de Térence


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