vendredi 19 février 2021

Inde — Rites et prières hindous obligatoires dans les écoles publiques et privées

Au sein du territoire fédéral Dadra et Nagar Haveli et Daman et Diu (comptoir portugais jusqu'en 1961), dans l’ouest de l’Inde, dans toutes les écoles, les élèves de tout niveau auront l’obligation de célébrer le Vasant Panchami (festival hindou qui marque la préparation à l’arrivée du printemps), en vénérant la déesse Saraswati (déesse de la connaissance). 

C’est ce que dispose une circulaire émise par les autorités compétentes et envoyée à toutes les écoles, circulaire qui a créé un malaise parmi les enseignants et les élèves qui ne sont pas de religion hindoue ainsi qu’au sein des instituts privés. Ainsi que l’a appris l’Agence Fides, le United Christian Forum (UCF), organisation qui promeut les droits fondamentaux et civils, a fait appel au gouvernement afin qu’il retire la directive ordonnant d’adorer les divinités hindoues. « La communauté chrétienne de Dadra et Nagar Haveli et Daman et Diu souffre à cause de la directive » a déclaré à Fides A. C. Michael, coordinateur national de l’UCF.

Des élèves lors de la prière d’assemblée après la réouverture des écoles après dix mois de fermeture en raison de l’épidémie de Covid-19, à Hyderabad (État du Télangana), le 1er février 2021.

Suivant la circulaire en question, toutes les écoles, publiques et privées — y compris les établissements chrétiens — doivent organiser le programme de la festivité, rendant hommage à la divinité et présenter ensuite un rapport de conformité accompagné de photographies d’ici le 17 février. La directive comprend la récitation de formules de prières hindoues et des rituels hindous dans toutes les écoles.

La communauté chrétienne voit l’actuelle circulaire comme « une manière de limiter la pratique de sa propre foi et comme une violation de sa liberté ainsi que du droit d’administrer ses propres institutions » souligne A.C. Michael, responsable laïc catholique. La conduite de l’administration — affirme-t-il — « porte gravement atteinte à la liberté de religion et à la liberté d’instituer et d’administrer des institutions éducatives, prérogatives garanties par la Constitution indienne, en tant que garantie pour toutes les minorités religieuses ».

« La communauté chrétienne, pacifique, prie afin que l’Inde continue à prospérer et que le tissu séculaire de notre terre pluraliste demeure intact. Au nom de la communauté, le United Christian Forum demande à l’administration et à la Direction de l’Instruction de retirer immédiatement cette circulaire » note A.C. Michael.

Voici deux ans, la même administration avait tenté de retirer au Vendredi Saint son caractère de festivité officielle. La communauté chrétienne s’était alors adressée à la Haute Cour de Bombay, parvenant à faire révoquer la mesure en question.

Il est pertinent de remarquer qu’en Inde, la constitution limite le gouvernement en ce qui concerne le traitement préférentiel d’une religion quelconque. Dans sa décision historique S.R. Bommai contre Union indienne (1994) la Cour suprême a déclaré que « la tolérance religieuse et l’égalité de traitement entre tous les groupes religieux, la protection de leur vie, de leurs propriétés et des lieux de culte constituent une partie essentielle de la laïcité sanctionnée par la Constitution ».

Les chrétiens indiens rappellent aujourd’hui que, durant la lutte pour l’indépendance de l’Inde, leur contribution est bien connue alors qu’après l’indépendance, ils ont eu un rôle important dans la construction de la nation, fournissant une contribution précieuse aux forces armées, aux chemins de fer, à l’assistance sanitaire et à l’instruction scolaire et universitaire.

Source : Agence Fides 16/02/2021


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