jeudi 17 septembre 2020

Allemagne — pas de solutions uniques face au coronavirus pour la rentrée

En Allemagne, l’éducation relève de la compétence des Länder. Chaque région décide des mesures à prendre en fonction de la virulence du virus.

La Rhénanie du Nord-Westphalie (Nord-Ouest du pays près de la Belgique), qui présente un des moins bons bilans nationaux, a imposé le port du masque en classe dès le secondaire (vu les difficultés pratiques, cette obligation sera levée à compter de la semaine prochaine).

Rentrée des classes près de Cologne (Ouest du pays)

En Mecklembourg-Poméranie antérieure (Nord-Est sur la Baltique), une des régions les moins affectées, le port du masque n’est obligatoire qu’à partir de la 5e année de primaire et seulement dans les couloirs.

À Berlin, la ville-État a choisi une solution intermédiaire : le port du masque est obligatoire pour tous les élèves, mais seulement lorsqu’ils se déplacent.

Dans la capitale, trois semaines après la rentrée, une certaine routine s’est installée dans les mesures barrières. Devant l’école primaire Kant située dans le quartier de Steglitz, lors de la dépose des enfants le matin, les parents se réjouissent des mesures barrières.

Après avoir finalement mis la main sur le masque de sa fille dans son cartable, Klaus commente : « Les enfants se sont bien adaptés aux mesures, et maintenant, cela fonctionne sans trop de problèmes. »

« Tout se passe à merveille et on voit que les enfants en ont vraiment besoin de retourner à l’école », reprend en écho une maman masquée.

» Pas une solution unique pour toutes les écoles »

Cette école internationale a repris l’enseignement avec les effectifs au complet, soit 450 élèves. Avant de descendre en récréation à la pause de 10 heures, les enfants de la première primaire s’alignent sur les tirets scotchés sur le sol bleu, avant de descendre les escaliers, en bon ordre et masqués. Leur instituteur, Stephan Bartels, en profite pour aérer la classe en grand et espère surtout « ne pas oublier de bien la fermer avant le retour des enfants ».

Parmi les autres mesures spéciales anti-corona prises dans cet établissement refait à neuf en septembre dernier, certains cours, qui se déroulent en demi-groupes, commencent par une petite séance de désinfection. Le lavage des mains est recommandé par des affiches dans les couloirs.

Andreas Wegener, le directeur de cette école privée Kant explique son point de vue : « Je ne crois pas qu’il y ait une solution unique applicable à toutes les écoles, parce que les conditions d’enseignement sont différentes. Les collègues réagissent différemment, les établissements sont différents et de ce fait, il faut voir ce qui est faisable en fonction des lieux. »

Des quarantaines ciblées

À la municipalité de Berlin, l’échevine (conseillère municipale) à l’éducation Sandra Scheeres a tiré un bilan positif de cette rentrée qui « prouve que notre concept est satisfaisant et que les écoles ne sont pas des foyers de contagion ». En trois semaines de classe, le bilan officiel fait état de 58 cas de Covid sur les 825 établissements de la capitale.

La stratégie des autorités consiste à opérer des fermetures ciblées d’établissement : ne pas fermer toute l’école, mais seulement la classe touchée par une infection. Seuls les enfants directement exposés à l’individu contaminé sont placés en quarantaine, mais leurs parents peuvent continuer d’aller travailler. Ils ne sont assignés à s’isoler que si un test pratiqué sur leur enfant s’avère positif.

Ce bon résultat tient aussi à l’autodiscipline. Beaucoup d’enseignants, prioritaires pour se faire tester, se mettent volontairement en retrait en cas de doute. Si le nez se met à couler ou si la gorge gratte, beaucoup de parents préfèrent garder les enfants à la maison.

Certains ont des craintes pour l’automne

Les mesures prises ne sont pas jugées suffisantes par tous les professeurs : tous ne se sentent pas assez protégés contre l’exposition au virus. Heinz-Peter Meininger, le président de l’association des professeurs allemands (DL) craint l’arrivée de l’automne « quand l’aération des classes sera moins aisée et quand le froid favorisera la circulation du virus ».

« Chez les élèves plus âgés, poursuit le dirigeant du DL, des études ont montré qu’ils sont plus exposés que des adultes parce qu’ils sont plus actifs et qu’il y a plus d’échanges à cet âge-là etc. Pour cette classe d’âge, il faudrait imposer le port du masque. »

Ces doutes semblent étayés par une étude réalisée par l’université technique (TU) de Berlin. Une vidéo montre comment les aérosols produits par un seul élève contaminé peuvent se répandre dans une classe fenêtre fermée : en 2 minutes seulement, un nuage de ces particules propagatrices du virus a envahi la salle…

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