jeudi 7 juin 2018

Bock-Côté : « Les tricheurs de l’éducation », mais comment réformer le Monopole ?

On trouvera ci-dessous une chronique de Mathieu Bock-Côté sur l'éducation au Québec. 

Nous en partageons en très grande partie le constat. Ce qui manque est une solution. Nous ne croyons pas, devant l'inertie du Monopole de l'Éducation et des syndicats ainsi que la force des multiples tendances identifiées par Bock-Coté que la solution dans le moyen terme sera une refondation venue d'en haut qui imposerait un modèle unique à toutes les écoles. Les réformes venues d'en haut accouchent, d'ailleurs, souvent d'un souris au Québec ou sont carrément détournées (voir le renouveau pédagogique). Chacun voudra imposer sa réforme, sa formule magique. La résistance sera trop grande, la tâche titanesque, le mandat de ministre de l'Éducation trop court. Convaincre tous les acteurs prendrait trop de temps, années pendant lesquelles des enfants continueraient de recevoir une instruction médiocre qui ne correspond pas aux vœux de nombreux parents.

Nous croyons plutôt qu'il faille travailler à plus petite échelle en offrant davantage de liberté pédagogique et de recrutement aux écoles. Les détacher du Monopole de l'Éducation. Des écoles diverses apparaîtraient. Certaines correspondraient plus aux vœux de M. Bock-Côté. Les parents attachés à une véritable culture générale, classique et exigeante, pourraient choisir d'y envoyer leurs enfants. Ces écoles pourront alors se faire une place et une réputation. Elles pourraient se regrouper pour organiser des examens communs distincts des examens du ministère. 

L'exemple de ces écoles servirait d'aiguillon et de pôle aux parents attachés à une éducation plus exigeante et plus tournée vers une culture générale classique. Pour qu'elles soient accessibles à tous, l'État devrait en faciliter le financement. Plusieurs solutions sont possibles : chèque-éducation, déductions fiscales des frais de scolarité ou subventions directes classiques.





Le système d’éducation, au Québec, est soumis à l’empire des tricheurs du ministère. Qui se contente de regarder les statistiques de la réussite scolaire se fait bluffer. Elles sont mensongères. Elles maquillent la réalité davantage qu’elles ne la dévoilent.

Ne nous étonnons pas : les statistiques servent souvent à cela.

Statistiques

Le Devoir nous le rappelait, hier, en rendant compte d’une enquête de la Fédération autonome des enseignants : 50 % des élèves du primaire et autour de 40 % des élèves du secondaire n’ont pas les connaissances correspondant à leur niveau scolaire. En gros, d’une année à l’autre, on les fait passer alors qu’ils n’atteignent pas les objectifs d’apprentissage du programme scolaire. C’est la logique de la réussite obligatoire. Que vaut un diplôme acquis dans un tel contexte ?


Cela ne veut pas dire que les élèves n’apprennent rien à l’école. Les enseignants se démènent pour transmettre un savoir. Cela veut simplement dire que, sauf exception, que vous maîtrisiez ou non ce savoir, vous parviendrez généralement à obtenir ce diplôme. Nous subissons les ravages de l’égalitarisme scolaire : tout le monde est beau, bon, intelligent. Le diplôme devient un droit.


Nul besoin, pourtant, d’être un grand savant pour constater l’échec de la transmission du savoir.

L’observation de la vie ordinaire en témoigne. Il suffit de surfer sur les réseaux sociaux, par exemple, pour voir qu’on y massacre quotidiennement la langue française. De même, la culture historique des Québécois est globalement nulle. Certains se consoleront en se disant que celle des autres peuples l’est aussi.

C’est une banalité de dire que l’école est la question la plus importante qui soit, mais elle doit être rappelée. Mais nous ne savons plus vraiment comment l’aborder.

Les uns se contentent d’en appeler à un financement toujours plus considérable du système scolaire. Les autres fantasment sur des solutions gadgets à la crise de l’éducation, comme on le voit avec le Lab-École. Sans oublier ceux qui ne comprennent rien à sa mission et qui veulent la soumettre toujours davantage au marché du travail, comme si elle devait seulement former des travailleurs flexibles et malléables. Nous n’oublierons pas ceux qui veulent l’associer à un fantasme technologique où l’ordinateur remplacerait peu à peu le professeur.

C’est un brouillard d’idées fausses qui nous empêche de renouer avec une évidence : l’école doit d’abord et avant tout transmettre un ensemble de connaissances qui, reliées entre elles, donnent ce qu’on appelle la culture générale.

Culture

Il s’agit de maîtriser sa langue, et de préférence au moins une autre, de connaître l’histoire et la géographie, d’avoir de grands repères scientifiques, de savoir se plier à un exercice mathématique, et ainsi de suite.

Il s’agit de les inscrire dans un monde qui les précède et qui leur survivra, et où ils n’ont pas le droit d’arriver comme de petits barbares excités à l’idée de faire table rase.

L’école a besoin d’une révolution philosophique pour revenir à l’essentiel. Elle en est loin.

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