mercredi 4 mai 2016

Les universités anglophones du Québec seraient démesurément financées

Lettre d’une trentaine de professeurs d’université publiée dans La Presse :

En examinant le financement et la fréquentation universitaire, on s’aperçoit qu’il existe un déséquilibre marqué entre les établissements francophones et anglophones. En effet, les citoyens québécois ayant l’anglais comme langue maternelle représentent environ 8,3 % de la population. En revanche, selon les données du ministère de l’Éducation de 2011, 25 % des étudiants fréquentent les universités de langue anglaise au Québec et 18 % suivent une formation collégiale en anglais.

En ce qui concerne le financement universitaire, les établissements anglophones reçoivent 29 % de l’ensemble des revenus qui sont attribués aux universités. En comparaison, au Canada anglais, les établissements francophones sont financés en deçà du poids démographique des francophones.

Alors que trop peu de gens osent remettre en question ce déséquilibre du financement universitaire, véritable vestige de l’époque d’avant la Révolution tranquille, les effets négatifs se font ressentir autant au niveau social, économique que culturel.

Actuellement, les deux plus importantes universités anglophones, McGill et Concordia, sont situées à Montréal, là où le déclin du français se fait le plus sentir. Ces établissements constituent des vecteurs de développement économique, social et culturel de premier plan et attirent un nombre important de francophones et d’allophones qui apprennent non seulement à pratiquer leur profession en anglais, mais qui baignent pendant quelques années dans la culture de l’université, enclave anglicisante qui s’étend bien au-delà des quatre murs de l’établissement.

Le fait de financer de façon à ce point démesurée le réseau postsecondaire anglophone apparait pour le moins contradictoire avec l’aspiration de faire du français la véritable langue commune des Québécois. La plupart des intervenants du débat linguistique s’entendent sur le fait que la francisation du marché du travail est une condition sine qua non pour contrer le déclin du français et assurer sa pérennité. Il est cependant contre-productif de déployer des efforts et des ressources à franciser le marché du travail alors que les contribuables québécois paient pour former une part aussi disproportionnée de notre main-d’œuvre en anglais. En mettant en œuvre des mesures visant directement les milieux de travail, le gouvernement tente d’éteindre des feux tout en contribuant paradoxalement à les alimenter. Croire qu’un nouvel arrivant ayant étudié en anglais aura spontanément le réflexe de passer au français en intégrant un monde du travail où l’anglais occupe une place grandissante est illusoire. Il serait beaucoup plus logique et efficace d’agir en amont du marché du travail en finançant adéquatement l’éducation postsecondaire en français.

Aux effets pervers du déséquilibre actuel du financement sur l’état de notre langue nationale, suffisants à eux seuls pour revoir en profondeur le financement postsecondaire, s’ajoutent des impacts économiques néfastes. Une étude réalisée par l’Institut de recherche sur le français en Amérique, parue en 2010, a fait la lumière sur les taux de rétention des finissants de différents programmes et universités du Québec. Il en ressort que les diplômés issus des universités anglophones quittent le Québec dans une proportion cinq fois plus grande que les étudiants formés dans les universités francophones. Les universités anglophones forment donc une main-d’œuvre plus encline à travailler à l’extérieur du Québec. Cela s’explique en partie par le fait qu’au sortir de leur formation, plusieurs étudiants ne maîtrisent pas la langue de Molière et savent encore moins l’écrire, par conséquent, ils sont tentés, ou même forcés, de quitter le Québec.


L’Hôpital de Lachine est annexé au CUSM depuis 2008.


Par exemple, lorsqu’on examine le cas des facultés de médecine, environ 50 % des médecins de l’Université McGill travaillent au Québec, tandis que c’est plus de 90 % pour les finissants de l’Université de Montréal. Dans le cas de la santé, le gaspillage des ressources ne s’arrête pas là. Même avec un aussi faible pouvoir de rétention, l’Université McGill s’est vue financer un « mégahôpital », le CUSM, qui a eu non seulement pour effet de priver les autres régions québécoises d’investissements considérables et essentiels en santé, mais aussi d’institutionnaliser l’anglicisation du réseau de santé au Québec.

[Voir

CUSM : de plus en plus de rapports en anglais seulement, déplorent des médecins

Au moins quatre médecins travaillant dans l’ouest de Montréal déplorent qu’il soit de plus en plus difficile d’obtenir des rapports médicaux en français au Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

« On reçoit de plus en plus de rapports rédigés uniquement en anglais. Ça me dérange. J’estime que mes patients francophones ont le droit de recevoir ces informations en français », témoigne la Dr Christiane Laberge, médecin de famille qui pratique dans l’ouest de la métropole.

Choquée par l’usage grandissant de l’anglais au CUSM, la Dre Laberge a pris l’habitude d’écrire sur chaque demande d’examen acheminée à ses collègues spécialistes du CUSM la mention : « Rapport en français, SVP ». « Malgré tout, plusieurs rapports me reviennent en anglais », dénonce-t-elle. À une occasion, la Dre Laberge a relancé des médecins pour leur demander de lui fournir un rapport en français. « On m’a dit que la traduction prendrait de deux à six mois », dit-elle.

« À Lachine, 72 % de la population est francophone. C’est faire preuve d’un mépris de haut niveau que de ne pas rédiger les rapports médicaux en français. »


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Ces dépenses faramineuses ne font que perpétuer aux frais de la collectivité les privilèges exagérés de la minorité anglophone.

Est-il stratégiquement viable de financer autant un réseau d’éducation parallèle qui matérialise notre infériorisation nationale et perpétue inéluctablement l’anglicisation lente du Québec sous couvert d’une fausse équité et d’ouverture ?

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