L'usage de certains services s'effondre devant la concurrence des nouvelles IA.
L’intelligence artificielle, notamment les modèles comme ceux développés par chatGPT, Mistral, Deepseek, Gemini ou xAI (ex. Grok), transforme la manière dont les utilisateurs accèdent à l’information et interagissent avec les services numériques. Ces IA offrent des réponses rapides, personnalisées et souvent plus directes à des requêtes complexes, ce qui peut concurrencer les sites internet traditionnels, comme les moteurs de recherche, les forums, ou les sites de contenu informatif.
Des plateformes comme les moteurs de recherche (ex. Google) ou les sites de questions-réponses (ex. Stack Overflow, Quora) voient leur trafic diminuer, car les utilisateurs se tournent vers des IA capables de fournir des réponses immédiates sans nécessiter de navigation. Par exemple, pourquoi consulter un site de tutoriels si une IA peut expliquer un concept ou générer du code directement ?
Les IA conversationnelles, accessibles via des interfaces simples (comme chatGPT.com, grok.com, x.com, ou des applications mobiles), offrent une alternative souvent plus rapide et intuitive à la recherche traditionnelle sur des sites internet. Cela menace les modèles économiques basés sur le trafic web, comme la publicité ou les abonnements à des contenus.
Pour survivre, les sites internet devront intégrer des fonctionnalités basées sur l’IA, comme des agents conversationnels avancés, des recommandations intelligentes, ou du contenu généré dynamiquement.
Les sites offrant une valeur unique (communautés, contenus spécialisés, ou expériences interactives non reproductibles par l’IA) pourraient conserver leur pertinence.
Les sites internet traditionnels pourraient évoluer vers des plateformes centrées sur l’interaction sociale, le commerce, ou des expériences immersives (ex. réalité virtuelle), où l’IA joue un rôle complémentaire plutôt que concurrent.
Un site comme Wikipédia pourrait perdre du trafic si les utilisateurs interrogent directement des IA pour des informations factuelles. Cependant, Wikipédia pourrait contre-attaquer en intégrant une IA pour offrir des résumés instantanés ou des réponses conversationnelles basées sur son contenu.
Grâce à L’IA, la recherche sur Google tient tête à ChatGPT
Si L’IA tire les revenus de Google, elle reste un lourd centre de coûts, avec pas moins de 85 milliards de dollars investis en 2025.
Le moteur de recherche Google traite 14 milliards de requêtes par jour, un chiffre encore largement supérieur aux 2,5 milliards revendiqués quotidiennement par l’assistant d’OpenAI.
Google fait de la résistance. Bousculé par la révolution de l’intelligence artificielle et l’essor des assistants conversationnels, le géant de Mountain View affiche une insolente santé. Sa maison mère, Alphabet, a dépassé les attentes des analystes au deuxième trimestre en enregistrant une croissance à deux chiffres de ses profits et de son chiffre d’affaires. Son bénéfice net a atteint 28,2 milliards de dollars (+ 19 %) tandis que ses recettes ont frôlé la barre des 100 milliards (+14%). « Nous constatons une demande importante pour notre portefeuille complet de produits à base d’intelligence artificielle, s’est félicité Sundar Pichai, PDG de Google. Bien sûr, tout cela est possible grâce aux investissements à long terme que nous avons réalisés dans notre approche différenciée de L’IA (…). L’IA a un impact positif sur tous les aspects de l’entreprise. »
Attendu au tournant, Google - qui ouvre le bal des résultats semestriels des Big Tech - s’est même réjoui que ses nouvelles fonctionnalités dopées à L’IA aient favorisé l’utilisation de son moteur de recherche. « Les utilisateurs font davantage de recherches à mesure qu’ils apprennent que L’IA peut répondre à un plus grand nombre de leurs besoins. C’est particulièrement vrai pour les jeunes utilisateurs », a constaté Sundar Pichai.
S’il a d’abord été pris par surprise par l’explosion de ChatGPT fin 2022, Google a réagi en lançant plusieurs fonctionnalités nourries à L’IA dont l’utilisation a vite décollé. Lancé au printemps 2024, AI Overviews - qui affiche un résumé des résultats de la recherche au-dessus de la traditionnelle liste de liens - compte désormais 2 milliards d’utilisateurs mensuels dans 200 pays, contre 1,5 milliard en mai. Cette fonctionnalité aurait même augmenté les volumes totaux de recherche de 10 %… Un an plus tard, Google a été plus loin en déployant son « mode IA », présenté en mai dernier comme la plus grande révolution de l’histoire de son moteur de recherche. Cette fonctionnalité est déjà utilisée par 100 millions de personnes chaque mois aux États-unis et en Inde, les deux seuls pays où elle a été lancée à ce stade. L’expérience devrait bientôt être enrichie de possibilités de recherche approfondie (« deep search ») et de réponses davantage personnalisées.
Son assistant IA Gemini, qui a également été lancé sous la forme d’une appli autonome en concurrence frontale avec celles de ChatGPT, Claude (Anthropic) ou Perplexity, compte désormais 450 millions d’utilisateurs mensuels (contre 350 millions en mars dernier), encore loin des 600 millions de ChatGPT. « Nous continuons à voir une croissance forte et un engagement soutenu avec un nombre de requêtes quotidiennes en hausse de plus de 50 % par rapport au trimestre suivant », a indiqué Sundar Pichai.
De quoi rassurer ceux qui annonçaient le déclin de son moteur de recherche. « Jusqu’à présent, le groupe est parvenu à préserver ses revenus issus de la recherche en ligne, malgré la concurrence de ChatGPT, a commenté Yory Wurmser, analyste chez Emarketer. Il a également réussi à monétiser ses nouvelles fonctionnalités d’IA, un signe positif pour l’avenir ». Car ChatGPT vient désormais marcher sur les plates-bandes de Google en facilitant à ses utilisateurs l’expérience d'achat. Tous deux devraient bientôt ouvrir ces nouvelles fonctionnalités aux annonceurs.
« Nous constatons une demande importante pour notre portefeuille complet de produits à base d’intelligence artificielle »
Sundar Pichai PDG de Google
L’assistant d’OpenAI affiche une progression fulgurante. En début de semaine, il revendiquait 2,5 milliards de requêtes par jour (dont 330 millions venant des États-unis), contre seulement 1 milliard en décembre dernier. Mais il reste encore très loin des 14 milliards de demandes quotidiennes reçues par le moteur de recherche de Google.
Outre le « search », qui reste sa principale vache à lait en raison des revenus publicitaires qu’il génère, Google peut toujours compter sur l'info-nuagique, l’activité qui rassemble les serveurs de stockage des données et les services de traitement de ces données grâce à l’IA. Cette division est parvenue à plus que doubler son résultat sur un an à 2,8 milliards de dollars. « Quasiment toutes les licornes de l’IA générative utilisent Google Cloud », s’est félicité Sundar Pichai. « La demande en services liés à l’IA et à la capacité de calcul » de Google porte la croissance de cette branche, selon l’analyste d’Emarketer qui signale notamment un contrat majeur signé au 2e trimestre avec OpenAI. Mais si la division est bien partie pour atteindre cette année les 50 milliards de dollars de revenus, elle reste un lointain prétendant face aux deux chefs de file, Microsoft Azure et AWS.
Reste que cet appétit pour l’intelligence artificielle a un coût énorme. Engagé dans une course à l’IA avec les autres géants du secteur qui injectent des dizaines de milliards de dollars dans leurs infrastructures, Google a annoncé que ses investissements seraient revus à la hausse de 10 milliards cette année. Ils devraient atteindre 85 milliards, contre 53 milliards dépensés en 2024. « Nous sommes enthousiastes à l’idée des perspectives à venir », a assuré Sundar Pichai, qui fêtera le 10 août ses dix ans à la tête de Google.
Les analystes de Morgan Stanley estiment que les GAFAM devraient investir cette année 325 milliards de dollars et 392 milliards l’an prochain… Des montants pharaoniques qui laissent certains analystes sceptiques, les retours étant encore difficilement quantifiables et le coût environnemental énorme. Ces dépenses sont désormais renchéries par la guerre des talents que se livrent depuis quelques mois Google, Meta, Microsoft et Openai à coups de centaines de millions de dollars d'offres d'emploi (de ponts d'or) pour attirer les meilleurs cerveaux de la Silicon Valley.
Seule ombre au tableau, la menace de démantèlement qui plane sur l’avenir de Google. Le géant américain devrait connaître cet été les remèdes proposés par la justice de son pays dans un dossier historique d’antitrust où il est accusé de pratiques anticoncurrentielles dans la recherche en ligne. Cela « pourrait fondamentalement transformer son activité », rappelle l’analyste. Fin 2024, le département américain de la Justice avait réclamé la cession du navigateur Chrome par Google ainsi que l’interdiction de passer des accords d’exclusivité avec des fabricants de smartphones pour installer son moteur de recherche par défaut. (Source : Le Figaro)
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