lundi 20 novembre 2023

Le Nouveau Canada : propriétaire de père en fils

Selon une nouvelle analyse de Statistique Canada sur l’impact de la « Banque de papa et maman », si vos parents sont propriétaires, vous avez deux fois plus de chances d’être propriétaire que ceux qui dont les parents n’ont pas de part dans le marché de l’immobilier. Cela explique-t-il que de nombreux Canadiens anglais ne s’opposent pas à l’immigration de masse car leur portefeuille immobilier prend de la valeur et leurs enfants auront accès à la propriété ?

Le rapport publié lundi par l’organisme s’est penché sur les taux d’accession à la propriété des personnes nées dans les années 1990 et a comparé les cohortes de parents qui étaient propriétaires et celles qui ne l’étaient pas. Dans l’ensemble, les Canadiens nés au cours de cette décennie affichent un taux d’accession à la propriété de 15,5 %, bien que ces taux augmentent avec l’âge de la personne dans la cohorte.

Au sein de ce groupe, StatCan a constaté que les enfants adultes de non-propriétaires avaient un taux d’accession à la propriété de 8,1 % en 2021. En revanche, pour ceux dont les parents étaient propriétaires, le taux d’accession à la propriété s’élève à 17,4 %.

Si un parent était propriétaire de plusieurs biens, la probabilité que ses enfants soient propriétaires d’une maison atteignait 23,1 %, soit près de trois fois plus que pour les enfants dont les parents étaient propriétaires.

Le rapport de StatCan n’a pas cherché à savoir si les cadeaux financiers avaient contribué à l’achat d’une maison par les enfants adultes, mais il a cité des études distinctes sur l’importance croissante du transfert de richesse intergénérationnel dans le financement de l’achat d’une maison.

[Cliquez sur l’image pour l’agrandir, l’étude ne comprend ni le Québec ni la Saskatchewan]

Le rapport indique également que le revenu a joué un rôle important pour les personnes incluses dans l’étude : les non-propriétaires ont déclaré un revenu moyen de 36 000 $, contre 65 000 $ pour les propriétaires. StatCan a également constaté une corrélation entre les parents qui possédaient une ou plusieurs propriétés et le revenu relativement plus élevé de leurs enfants.

StatCan a constaté que c’est en Ontario et en Colombie-Britannique — les marchés immobiliers les plus chers du Canada — que le fait qu’un parent soit propriétaire a le plus d’influence sur le fait que les enfants adultes le soient aussi.

« Cela pourrait indiquer que dans les marchés du logement où la valeur des propriétés est plus élevée, où des revenus plus élevés sont nécessaires pour être propriétaire, la propriété ou la richesse des parents joue un rôle plus important dans les résultats de leurs enfants adultes en matière d’accession à la propriété », peut-on lire dans le rapport.

« L’inégalité en matière d’accession à la propriété semble se reproduire d’une génération à l’autre, car la propriété des parents confère des avantages financiers significatifs à leurs enfants ».

L’accession à la propriété — et le rôle de la richesse des parents pour se l’offrir — fait l’objet d’un vif débat aujourd’hui, alors que les Canadiens s’efforcent d’épargner pour acheter un logement dans un contexte de hausse du coût de la vie.

Le ministre du Logement, Sean Fraser, a déclaré lundi que si de nombreux Canadiens peuvent mener une vie productive sans posséder de logement, ceux qui choisissent d’accéder à la propriété ne devraient pas être limités par le portefeuille immobilier de leurs parents.

Dans une autre étude d’octobre 2022, Statistique Canada notait que le taux de propriété avait déjà diminué de 2011 à 2021 dans toutes les provinces et tous les territoires, sauf dans les Territoires du Nord-Ouest. Au Québec, le taux de propriété en 2021 était de 59,9 %, en baisse de 1,3 point de pourcentage par rapport à 61,2 % en 2011. Alors qu’en Ontario, le taux de propriété en 2021 était de 68,4 %, en baisse de 3,1 points de pourcentage par rapport à 71,4 % en 2011. En 2021, ce n’était pas la hausse des prix de l’immobilier qui était le facteur le plus important pour expliquer la perte d’attrait de la propriété. Selon Statistique Canada à l’époque, les raisons du déclin s’expliquent par l’immigration, le vieillissement de la population et les choix de modes de vie privilégiés par les jeunes Canadiens.

Le Québec avait entrepris un rattrapage du taux de propriété par rapport à la moyenne canadienne. En 1971, la différence entre le Canada et Québec dépassait les 13 points de pourcentage. Par la suite, l’écart s’est rétréci jusqu’à 6,5 points en 2016. Depuis, le processus de rattrapage a été stoppé.

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