samedi 17 juillet 2021

Les vaccins anti-Covid fonctionnent-ils ? Si oui, jusqu'à quel point ?

Les vaccins anti-Covid fonctionnent-ils ? Si oui, jusqu’à quel point ?

Ces questions sont distinctes de la question de savoir si les vaccins devraient être obligatoires ou de leurs effets secondaires. Très peu de personnes sérieuses pensent que les masques chirurgicaux protègent vraiment leurs porteurs de la Covid (ils laissent souvent passer ce petit virus, les gens portent mal le masque), par exemple, mais ils sont obligatoires dans certains lieux depuis plus d’un an pour des raisons surtout symboliques (la situation est grave, rappelez-le-vous chaque fois que vous mettez un masque ou en voyez un).

Mais alors que nous entrons dans une nouvelle phase acerbe du débat sur les vaccins, il peut être utile de réfléchir aux données et expliquer pourquoi il serait difficile de répondre à ces questions même si les autorités de santé publique étaient honnêtes.

Pour être clair, on se limitera ici aux vaccins utilisés dans les pays occidentaux, en particulier les vaccins à ARNm Pfizer et Moderna, qui sont désormais essentiellement les seuls vaccins encore utilisés aux États-Unis ou au Québec. (Le vaccin AstraZeneca ADN/AAV est encore largement utilisé en Europe.)

Pour être clair également, on ne discutera pas ici du fonctionnement des vaccins sur le plan cellulaire. Au lieu de cela, on se penchera sur les données disponibles au niveau de la population : combien de personnes sont infectées ou meurent de Covid.

Il est crucial de se rappeler que « fonctionner » est un terme très élastique. Le spectre va de :

  1. Les vaccins mettent fin à la maladie chez pratiquement tout le monde, essentiellement pour toujours. (Ce ne serait pas impossible en théorie ; c’est vrai pour certains autres vaccins.)
  2. Les vaccins n’éliminent pas tous les cas, mais ils fonctionnent très bien, en particulier ils évitent les complications graves ou la mort.
  3. Les vaccins réduisent considérablement la maladie avec une efficacité qui diminue lentement.
  4. Les vaccins fonctionnent pendant de courtes périodes, mais échouent rapidement.
  5. Les vaccins sont essentiellement inefficaces, en particulier chez les personnes à haut risque de décès à cause de la Covid.
  6. Les vaccins aggravent en fait la Covid.

On peut sans doute d’emblée éliminer les options 1 et 6. Les essais cliniques menés par Pfizer et Moderna l’année dernière n’ont pas montré de réduction de 100 % des cas de Covid (hypothèse 1). Ils n’ont également apporté aucune preuve de ce qu’on appelle la facilitation de l’infection par des anticorps qui amèneraient les gens fabriquer des anticorps qui aideraient réellement le coronavirus à attaquer nos cellules (hypothèse 6). Rappelons que la facilitation de l’infection par les anticorps est suspectée dans les complications liées au vaccin contre la dengue (Dengvaxia, développé par Sanofi Pasteur).

Les essais semblent avoir montré des réductions très nettes des infections à Covid, de l’ordre de 95 %. Et personne dans les essais n’est mort de Covid. Cela a conduit les partisans du vaccin à prétendre que la vaccination pourrait éliminer presque tous les décès par coronavirus — théorie 2.

 
Toutefois, comme l’a souligné Alex Berenson, ancien journaliste du New York Times, dans son opuscule Vérités non diffusées sur les vaccins (https://tinyurl.com/pkzrx76n), ce point de vue ignore ou passe sous silence un défaut énorme et probablement intentionnel dans ces essais : Ils n’avaient enrôlé qu’une poignée de personnes âgées, les plus à risque de la Covid.

En conséquence, très peu de personnes non vaccinées (ainsi que vaccinées) ont développé des infections graves dans les essais, et une seule personne non vaccinée sur plus de 30 000 dans les essais d’ARNm est décédée de la Covid (soit 0,003 3 % de mortalité chez les non-vaccinés lors de ces essais).

Cette faille signifie que les essais n’ont pas pu fournir de preuves définitives sur l’efficacité des vaccins contre les cas graves de Covid chez les personnes les plus fragiles.

Les essais présentaient au moins deux autres défauts majeurs. Ils n’ont suivi la plupart des participants que pendant environ deux mois seulement après la deuxième dose. Et lorsqu’ils ont calculé l’efficacité du vaccin, ils ont ignoré les cas survenus juste après l’administration de la première dose.

Cela signifie que lorsque Pfizer et Moderna ont déclaré en novembre 2020 que leurs vaccins étaient efficaces à environ 95 % pour prévenir Covid, ils voulaient dire que les vaccins étaient efficaces à 95 % au pic de protection pendant quelques semaines. Ils n’avaient pas testé au-delà de ces quelques semaines.

Ni les entreprises ni personne d’autre n’avaient aucun moyen de savoir à quel point les vaccins fonctionneraient dans un an, encore moins dans cinq ans — ou 20 ans. Ils n’avaient tout simplement pas de données à long terme. Comment auraient-ils pu les avoir ? Les vaccins n’existaient même pas quelques mois auparavant et leur technique n’avait jamais été approuvée, ni éprouvée pour aucun médicament ou vaccin.

Mais la pression politique et médiatique pour encourager les vaccinations fut et reste énorme. Les experts en santé publique ont ignoré ces faiblesses potentielles. Au lieu de cela, ils ont décidé de faire vacciner tout le monde le plus rapidement possible.

Au printemps, leur pari semblait avoir porté ses fruits. En Israël et en Grande-Bretagne, les deux pays qui ont mené les campagnes nationales de vaccination les plus précoces et les plus agressives, les nouvelles infections et les décès ont fortement chuté.

Ces succès se sont accompagnés d’un bémol, dans la mesure où les deux pays ont en fait connu une forte augmentation des décès en janvier alors qu’ils procédaient à l’injection des premières doses aux personnes âgées à haut risque de Covid. Le phénomène du pic post-première dose est réel, bien que les médias aient refusé d’en parler. Une étude danoise réalisée en mars révélerait que les résidents des maisons de soins de longue durée auraient plus de chances de contracter Covid dans les deux semaines suivant la vaccination. (lien : https://www.medrxiv.org/content/10.1101/2021.03.08.21252200v1.full-text)

Néanmoins, après ce début difficile, le nombre de cas et de décès en Grande-Bretagne et en Israëlont considérablement diminué au printemps — en particulier après que les gens aient reçu leur deuxième dose.

Au Royaume-Uni, le nombre de cas a alors chuté d’environ 97 %. Au début de janvier, le pays comptait presque autant de cas chaque jour que pendant tout le mois de mai. Israël a connu une tendance similaire. Et le nombre de décès a suivi la même courbe descendante que les cas d’infections.

Ces baisses se sont accompagnées de grands cris de victoire parmi les défenseurs des vaccins et les médias. « Le Royaume-Uni attend avec impatience sa grande réouverture grâce au succès des vaccins », écrivait l’Associated Press le 14 mai.

« Israël mettra fin aux restrictions COVID-19 après le succès des vaccins », a répété Reuters neuf jours plus tard.

Malheureusement, la bonne nouvelle n’a pas duré. Début juin, les cas de Covid ont commencé à augmenter en Israël et en Grande-Bretagne. Et au cours des trois dernières semaines, les cas ont grimpé en flèche. Il y en a désormais plus de 20 fois plus qu’à la mi-mai au Royaume-Uni.

Les défenseurs des vaccins anti-Covid ont d’abord tenté de faire valoir que la hausse se produisait principalement chez les personnes non vaccinées. Ils reconnaissent maintenant que l’argument n’est pas fondé. Les tests montrent que de nombreux cas concernent des personnes vaccinées (et aucun pays avec les deux tiers de ses adultes vaccinés avec deux doses, comme la Grande-Bretagne, ne pourrait avoir une telle augmentation à moins que les personnes vaccinées ne soient également infectées).

Début juillet, Israël a rapporté que l’efficacité des vaccins semblait être tombée à 64 %. 

Maintenant, les partisans de la vaccination généralisée tentent de minimiser l’importance du fait que les personnes vaccinées sont infectées en affirmant qu’elles ne sont pas hospitalisées ou ne meurent pas.

Cette théorie est également en train de s’effondrer. Le nombre de personnes hospitalisées pour un Covid sévère en Israël a plus que doublé depuis fin juin. Et un conseiller du gouvernement israélien a reconnu le 5 juillet que plus de la moitié des cas graves de Covid se produisaient chez des personnes « complètement vaccinées ». (https://www.timesofisrael.com/liveblog_entry/government-covid-adviser-new-major-restrictions-are-not-needed/)

Les données de l’Angleterre et de l’Écosse montrent des tendances similaires. En Écosse, les hospitalisations ont plus que quintuplé au cours des dernières semaines. Et plus de la moitié des personnes décédées de Covid au cours de la dernière semaine de juin ont été entièrement vaccinées. Pour certains médias, la chose est normale, c’est à quoi il fallait s’attendre. C’est vrai quand on admet que les vaccins ne sont pas parfaits.

Nous devrions nous attendre à ce que ces tendances se poursuivent. Les cas graves accusent du retard sur les tests positifs, car la plupart des gens ne tombent pas suffisamment malades dans les premiers jours de l’infection et ne seront hospitalisés que plusieurs jours après avoir été déclarés positifs. Les décès et les déclarations de décès tardent encore plus. Il serait surprenant que les décès n’augmentent pas pendant le reste du mois de juillet.

Étant donné la variabilité dont les pays comptent les cas, ces chiffres sous-estiment probablement le manque d’efficacité des vaccins. En effet, on exclut de nombreuses réinfections. Les personnes ne sont pas considérées comme « complètement vaccinées » avant deux semaines après avoir reçu leur deuxième dose — ou au moins cinq à six semaines après la première dose, selon le vaccin. De nombreux cas chez les personnes qui ont déjà été vaccinées sont donc regroupés dans la catégorie des non-vaccinés.

Si les vaccins offraient 10 ans de protection à 95 %, ce retard n’aurait guère d’importance. Mais s’ils perdent de leur efficacité en quelques mois, le manque de protection qu’ils offrent au début réduit fortement leur valeur globale. Le nombre total de cas du début à la fin, depuis le moment où les vaccins sont administrés jusqu’au moment où ils cessent de protéger, est ce qui compte.

Les autorités de santé publique accusent la variante « Delta », censée être plus transmissible que le Sars-Cov-2 d’origine, d’être responsable de l’augmentation des cas. Cet argument ne tient plus vraiment la route. En Inde, patrie d’origine de la variante Delta et où très peu de personnes sont vaccinées, les cas ont chuté de 90 % depuis début mai. Notons que cette chute pourrait, selon certains, en partie être la conséquence de traitement (parfois prophylactique) à l’ivermectine.

Que savons-nous à ce stade ? 

Les vaccins n’offrent pas une protection parfaite.

L’augmentation des cas dans des populations très fortement vaccinées ne permet plus de contester la chose.

La baisse printanière des cas — en Grande-Bretagne, en Israël, aux États-Unis au Québec — semble multifactorielle : un déclin saisonnier général déjà observé l’année passée pendant l’été, une immunité acquise avant l’été, la mort des plus fragiles avant l’été et pendant l’année 2000 et, bien sûr aussi, d’une protection vaccinale à court terme.

L’hypothèse n° 2 ci-dessus — « Les vaccins n’éliminent pas tous les cas, mais ils fonctionnent très bien, en particulier contre les maladies graves ou la mort » — pourrait désormais s’avérer inexacte.

L’hypothèse n° 3 — « Les vaccins réduisent considérablement la maladie avec une efficacité qui diminue lentement » est encore viable.

100 cas de contagion sur le porte-avions HMS Queen Elizabeth (le 15 juillet), or tout le personnel est vacciné. Il s'agirait de 1/7 des marins sur ce bâtiment, le groupe naval lui comprend près de 3000 marins. « Une porte-parole a déclaré que les mesures d'atténuation en vigueur à bord comprenaient le port de masque, l'imposition de distance physique et un système de suivi et de traçabilité. »  Notons que le personnel du porte-avions français le Charles-de-Gaulle avait été infecté (à un taux supérieur) en avril 2020 et sur 1046 marins infectés, 0 était mort en absence de vaccins.
 

Le fait que Pfizer et Moderna insistent sur la possible nécessité de vaccin de rappel (à savoir de 3e dose) semble indiquer que les fabricants ne croient pas que leurs vaccins n’offrent pas de protection à long terme. Si les entreprises qui fabriquent les vaccins semblent penser qu’ils ne fonctionnent pas pendant plus de quelques mois, pourquoi faudrait-il que nous le croyions ?

Il existe un autre vaccin commun où l’on utilise des piqûres de rappel relativement fréquemment (moins de 10 ans) : le vaccin contre la grippe, il n’est pas très efficace (cela dépend des années).

Parallèlement à l’hypothèse n° 3, il nous reste les n° 4 et n° 5 : « Les vaccins fonctionnent pendant de courtes périodes, mais échouent rapidement » et « Les vaccins sont essentiellement inefficaces, en particulier chez les personnes les plus à risque de mourir de la Covid. »

Pour Alex Berenson, l’hypothèse n° 4 semble la plus probable. Bien sûr, même s’ils perdent de leur efficacité avec le temps, les vaccins peuvent offrir une protection partielle et réduire la gravité de la maladie chez certaines personnes, ce qui serait un argument pour le cas n° 3.

Mais ils pourraient aussi être le moins longtemps protecteurs chez les personnes qui en ont le plus besoin, ce qui étayerait l’hypothèse n° 5. Certaines études scientifiques sur le niveau d’anticorps que les gens développent après la vaccination selon leur âge indiquent que cette hypothèse inquiétante n’est pas à exclure. On sait par exemple que le vaccin de la grippe est moins efficace chez les personnes les plus à risque. Comme le rapportait Libération : « on oublie d’ajouter que le vaccin contre la grippe est d’une efficacité limitée. “Autour de 65 %”, lâche le professeur Lina. Et cette efficacité varie avec l’âge. Elle est de l’ordre de 80 % chez les jeunes, mais de moins de 45 % pour les personnes de plus de 70 ans. » 

Philippe Poindron, virologue et professeur honoraire de virologie à l'Université de Strasbourg

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