jeudi 9 octobre 2025

« Faire des bébés, c’est payant... mais personne au Québec n’en veut! »

Texte paru dans le Journal de Montréal.


Jamais dans l’histoire du Québec les familles n’ont fait aussi peu de bébés: 1,33 enfant par femme. Un creux historique.

Même dans les années 80, en pleine crise économique, on faisait plus de bébés! Et pourtant... jamais le Québec n’a été aussi généreux avec les familles.

Aujourd’hui, un couple peut recevoir jusqu’à 50 semaines de congé parental. Le papa a droit à cinq semaines payées à 70% de son salaire. La maman? À 18 semaines de congé de maternité. Ensuite, 32 semaines à partager, dont les premières à 70% du revenu, puis à 55%.

On parle ici d’un des régimes les plus généreux au monde.

Ajoutez à ça des places en garderie à 9,10$ par jour. [Rien pour les mères de famille qui décident de rester à la maison et de ne pas retourner au bureau... Le bureau plutôt que les berceaux et les fourneaux. C'est voulu. En 1982, Claire Bonenfant, la très féministe présidente du Conseil de la Femme, s'était interrogée, au sujet d'une politique avec de timides conséquences natalistes : « Cette politique sera-t-elle une politique nataliste déguisée cherchant à nous retourner aux berceaux et aux fourneaux ou bien se présente-t-elle comme une politique de justice sociale ? » ]

Ajoutez à ça les prestations familiales. Grâce à l’Allocation canadienne pour enfants, une famille moyenne avec trois enfants peut recevoir jusqu’à 12 000$ par année. C’est l’équivalent de 10% d’un salaire familial moyen! [Il reste à montrer que 3 enfants coûtent moins quand on comptabilise l'achat d'un véhicule plus grand, d'une maison plus grande, etc.]

Ajoutez à ça la fécondation in vitro gratuite, payée par le gouvernement du Québec. Et malgré toutes ces mesures... on ne fait plus d’enfants.

La Cadillac!

Au Québec, on a mis au point la Cadillac des politiques familiales [Pas vraiment, il n'y a pas de quotient familial]. Et elle reste dans le garage. Clairement, le problème n’est plus financier... Il est culturel, social et structurel.

Faire un enfant, dans la tête des jeunes familles, c’est devenu un projet risqué. Un projet souvent trop cher, trop exigeant, trop contraignant.

Le logement est inaccessible. Le coût de la vie explose. Les jeunes parents sont à bout de souffle.

Le résultat est préoccupant: d’ici cinq ans, un Québécois sur quatre aura plus de 65 ans. Dire qu’on manque déjà de médecins spécialisés pour soigner les aînés!

Pendant ce temps, la jeune génération crie «Boomer!» sur TikTok. Mais pendant qu’on blâme les plus vieux, personne ne prépare la suite. Parce qu’à ce rythme-là, ce n’est pas en CPE que se joue l’avenir du Québec... mais en CHSLD.

Et l’enfant roi n’est plus. C’est le papy roi qui s’installe! Avec sa pension, son bungalow payé, son REER gonflé... et bientôt, son lit en CHSLD réservé.

Que faire?

Le Québec paie pour des bébés, mais récolte une crise démographique. Il est temps d’arrêter de penser que l’argent suffira. Faire un enfant, ce n’est pas juste une affaire de chiffres. [C'est juste.]

C’est une décision intime, émotive, existentielle. Aujourd’hui, trop de jeunes parents ont l’impression de devoir s’excuser d’avoir un bébé.

Dérangeant dans l’autobus, inadapté au bureau, encombrant au resto. La parentalité s’est banalisée, parfois même dévalorisée. Il est grand temps de renverser cette perception.

Il faut revaloriser le rôle de parent, dans le discours public, dans les milieux de travail et dans l’aménagement de nos villes et nos villages. Donner envie! Pas en envoyant un dépôt direct, mais en bâtissant une culture qui célèbre l’arrivée d’un enfant.

Le message doit être clair: au Québec, fonder une famille, c’est une richesse et non un sacrifice.

Voir aussi

 Les parents seraient plus heureux que les gens sans enfant (rediff)

Le quotient familial ou le système de conjugalisation des revenus est un mécanisme fiscal, notamment utilisé en France, où l'impôt sur le revenu est calculé en fonction du revenu total du foyer fiscal, divisé par un nombre de parts déterminé par la composition de la famille (nombre d'enfants, situation matrimoniale, etc.). Cela permet de réduire l'impôt pour les familles où un seul conjoint perçoit un revenu élevé, comparé à un système où chaque individu est imposé séparément sur son revenu personnel.

Stephen Harper, en tant que Premier ministre conservateur du Canada, a introduit en 2014 une mesure appelée Fractionnement du revenu familial, qui permettait aux couples avec enfants de moins de 18 ans de partager jusqu'à 50 000 $ de revenus pour réduire leur impôt, avec un crédit plafonné à 2 000 $.  

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