lundi 22 mai 2023

Journée nationale des Patriotes — le testament de Chevalier de Lorimier mort à 35 ans

Né dans la noblesse canadienne-française, Chevalier de Lorimier est issu de la branche de Verneuil de la famille de Lorimier.

Dès ses années de jeunesse, Lorimier s'intéresse à la politique. Idéaliste, nationaliste épris de liberté, il prend parti pour Louis-Joseph Papineau et le Parti canadien dans leurs luttes autonomistes contre le gouverneur Dalhousie et son Conseil exécutif non élu. En 1822, il participe activement à la campagne contre le projet d'union du Haut et du Bas-Canada. En 1827, il est parmi les signataires d'une pétition demandant à Londres le rappel de Dalhousie et condamnant ses politiques jugées arbitraires et despotiques par les pétitionnaires.

En 1834, l'Assemblée législative vote les Quatre-vingt-douze Résolutions, demandant à Londres sa complète autonomie, ce qui lui donnerait à peu près les mêmes pouvoirs que la Chambre des communes britannique. Lorimier prend une part active à la campagne électorale qui suit en soutenant les candidats du Parti patriote favorables à ces résolutions. Ce parti remporte la victoire avec 77 sièges sur 88. 

En mars 1837, à Londres, les Résolutions Russell sont votées, rejetant non seulement les Quatre-vingt-douze Résolutions, mais assurant également la mainmise de l'exécutif sur le Trésor public. Comme plusieurs de ses amis, Lorimier préconise la résistance. Le 15 mai, il est secrétaire de l'assemblée du comté de Montréal, au cours de laquelle les participants créent un comité central de résistance. Le « Comité central et permanent du district de Montréal » doit veiller aux intérêts du comté et coordonner le réseau de résistance avec les comités des autres comtés. Lorimier et George-Étienne Cartier sont élus cosecrétaires.

Le 6 novembre, Lorimier participe à la manifestation de la Société des Fils de la Liberté et est blessé d'une balle à la cuisse au cours de l'échauffourée qui suit avec les membres du Doric Club, partisans du gouverneur et de sa politique. Le nouveau gouverneur Gosford lance alors des mandats d'arrestation, dont l'un contre Lorimier. Celui-ci fuit Montréal le 14 ou le 15 novembre et se réfugie dans le comté des Deux-Montagnes, où les chefs du comité de l'endroit le nomment capitaine du bataillon de milice.

Accompagné de ses hommes et de ses deux frères cadets, Jean-Baptiste-Chamilly, avocat, et Gédéon-Georges, étudiant en médecine, il se rend à Saint-Eustache se placer sous les ordres de Jean-Olivier Chénier. Plus de 1 000 hommes des troupes du général britannique, Colborne, avancent vers le village pour écraser la révolte. Voyant l'inutilité du combat, il conseille en vain à Chénier de déposer les armes. Le 14 décembre, la bataille de Saint-Eustache se conclut par une grave défaite pour les patriotes et la mort héroïque de Chénier. Lorimier fuit alors vers Trois-Rivières, traverse le Saint-Laurent puis les Cantons de l'Est. Il entre finalement aux États-Unis vers la fin décembre pour y rejoindre les insurgés qui ont réussi à fuir. 


Extrait de l'Histoire du Canada français donné par Jean-Claude Dupuis, docteur en histoire.

En novembre 1838, Lorimier est l'un des principaux meneurs de la seconde insurrection. Le 7, il prend la direction de Sainte-Martine avec 200 Frères chasseurs pour en rejoindre 300 autres commandés par le docteur James Perrigo. Ils parviennent à repousser les miliciens britanniques, mais cette victoire est assombrie par la défaite de Nelson à la bataille d'Odelltown. Le 10 novembre, les Patriotes se dispersent. Lorimier tente de rejoindre la frontière américaine, mais il s'égare dans les bois et est appréhendé par les troupes britanniques le 12 novembre au matin. Le 22 ou le 23, il est transféré à la prison de Montréal. 

Le 11 janvier 1839, Lorimier et treize de ses compagnons comparaissent devant le conseil de guerre. On lui refuse le procès devant un tribunal civil qu'il réclamait. Il se défend tout de même très bien, contestant toutes les preuves que la Couronne dresse contre lui. Cependant, l'un de ses coaccusés, Jean-Baptiste-Henri Brien, signe des aveux l'incriminant au plus haut point, pour éviter l'échafaud. Les autorités britanniques, faute d'avoir pu s'emparer des grands chefs de la Rébellion, ont décidé de s'acharner sur lui et d'en faire un exemple. Le 21 janvier, lui et ses compagnons sont déclarés coupables de haute trahison et condamnés à être pendus. Le 15 février, il monte sur l'échafaud avec Charles Hindenlang, Amable Daunais, François Nicolas et Pierre-Rémi Narbonne.


La veille, il avait écrit son testament politique, base de la vidéo ci-dessus.

Voir aussi

23 juillet 1840 — Sanction royale de l’Acte d’union du Haut-Canada et du Bas-Canada

Histoire — le 21 janvier 1793, les langues à l’Assemblée du Bas-Canada

Histoire — Qui était John A. MacDonald ?

Histoire — Regards sur le Bas-Canada par Alexis de Tocqueville  

1806 — Première allusion à l'érable comme symbole des Canadiens français 

Radio-Canada nous « éduque » : « plus de 800 mille-z esclaves en sol canadien » en 1834

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