Un nouvel article sur la sélection génétique publié par le laboratoire de David Reich de Harvard renforce ce que l'on ne cesse de constater : la sélection des populations se poursuit. Les gens continuent de changer, de sorte que nous ne sommes pas exactement les mêmes que les Européens de l'époque romaine par exemple. Ceux-ci avaient, notamment, une persistance de la lactase bien moindre. Selon l’hypothèse de la coévolution gène-culture, la capacité à digérer le lactose jusqu’à l’âge adulte (persistance de la lactase) est devenue avantageuse pour l’homme après la domestication d’espèces animales capables de fournir une source constante de lait. Cette persistance est surtout concentrée dans les populations d'Europe du Nord.
Résumé. Le nouvel article du laboratoire de David Reich concernant l'évolution des Européens au cours des derniers millénaires observent les changements génétiques suivants :
- augmentation de l'intelligence,
- moins de graisse corporelle,
- moins de risques de troubles psychotiques,
- une couleur de peau plus pâle.
Les chercheurs du MIT et de Harvard présente une méthode de détection des preuves de sélection naturelle dans les séries chronologiques d'ADN ancien qui exploite une possibilité non utilisée dans les analyses précédentes : tester une tendance cohérente dans le changement de la fréquence des allèles au fil du temps.
En appliquant cette méthode à 8433 « Eurasiens de l'Ouest » (comprendre Européens) ayant vécu au cours des 14 000 dernières années et à 6510 personnes contemporaines, les chercheurs trouvèrent un ordre de grandeur de signaux significatifs à l'échelle du génome plus élevé que dans les études précédentes : 347 loci indépendants avec une probabilité de sélection supérieure à 99 %.
Il s'agit de changements dans les scores polygéniques de l'ordre d'un écart-type, donc très importants.
Les travaux antérieurs ont montré qu'au cours des derniers millénaires, plusieurs centaines d'allèles ont été affectés par une forte sélection directionnelle. Les découvertes comprennent
- une augmentation de ~0% à ~20% en 4000 ans pour le principal facteur de risque de la maladie cœliaque (HLA-DQB1) ;
- une augmentation de ~0% à ~8% en 6000 ans du groupe sanguin B ;
- et une sélection fluctuante de l'allèle à risque de tuberculose TYK2 passant de ~2% à ~9% entre ~5500 et ~3000 ans avant de redescendre à ~3%.
Cette étude identifie des cas de sélection coordonnée sur des allèles affectant le même trait: le score polygénique prédisant aujourd'hui le pourcentage de graisse corporelle ayant diminué d'environ un écart-type sur dix millénaires, ce qui est cohérent avec l'hypothèse du gène économe selon laquelle une prédisposition génétique à stocker de l'énergie en cas de pénurie alimentaire est devenue désavantageuse après l'avènement de l'agriculture.
La diminution observée du tour de taille est également conforme à l'hypothèse du gène économe.
On pourrait supposer que la population samoane, par exemple, n'ait pas bénéficié d'une sélection récente aussi forte pour ces caractéristiques et qu'elle soit donc plus susceptible de souffrir d'obésité après l'introduction d'aliments modernes à haute teneur en calories. Rappelons qu'aux îles Samoa américaines, 3 adultes sur 4 sont obèses et qu'à 15 mois, 23 % des garçons et 17 % des filles le sont déjà.
Les auteurs identifient également une sélection pour des combinaisons d'allèles qui sont aujourd'hui associées à une couleur de peau plus claire, à un risque plus faible de schizophrénie et de maladie bipolaire, à un déclin plus lent de la santé et à une augmentation des mesures liées aux performances cognitives (scores aux tests d'intelligence, revenu du ménage et nombre d'années d'études).
Cela ne signifie pas que les Européens auraient été « noirs » il y a 10 000 ans, mais le changement n'est pas négligeable. Le phénotype pâle de l'Europe du Nord moderne serait largement absent, et les Européens auraient eu au moins une complexion méditerranéenne, voire plus foncée.
Les chercheurs ont également constaté une augmentation des gènes liés à un rythme plus rapide de la marche. Mais si l'on analyse les corrélations génétiques dans les sociétés modernes, le rythme de la marche reflète principalement l'état de santé général et la réduction de la graisse corporelle. On peut donc soupçonner qu'il s'agit principalement d'une réappropriation des changements dans la prédisposition à stocker les graisses.
Ils ont également constaté une réduction des gènes associés aux troubles bipolaires et à la schizophrénie. Les raisons de ce phénomène ne sont pas claires, mais il pourrait simplement refléter un modèle plus large d'amélioration de la santé du cerveau (en accord avec les résultats mentionnés précédemment).
Voir aussi
Origine génétique des Européens présentée par David Reich (en anglais, pour le sous-titrage en français traduit automatiquement, ajuster la molette)
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