jeudi 8 avril 2021

Le Québec choisit-il bien ses immigrants? «Le programme de francisation est un échec»

Extraits d’un texte de Jérôme Blanchet-Gravel.

L’immigration fait toujours débat dans la Belle Province, où l’on continue de s’inquiéter du déclin du français et de la survie de l’identité québécoise. Dans un récent ouvrage, l’enseignant Hassan Jamali propose un modèle de sélection des immigrés tenant moins compte de la langue. Une manière de rajeunir le Québec ? Sputnik l’a interrogé.

 

Élèves de l’école publique Montcalm à Saint-Michel (Montréal)

 

Le Québec n’a pas fini de débattre de l’immigration ni de ses impacts sur les plans économique, linguistique et identitaire. La seule province canadienne entièrement francophone est sensible à la survie de sa langue, perçue comme l’emblème de sa différence en Amérique du Nord.

Avec la publication de Quelle immigration pour une société distincte ? (éd. Dialogue Nord-Sud), Hassan Jamali entend contribuer au débat.

L’immigration, un sujet tabou au Québec ? En entrevue avec Sputnik, il souligne d’abord que l’immigration est un « thème sensible » au Québec, mais qu’il est plus que jamais nécessaire d’en parler :

« Les Européens ont tendance à penser que le Canada et le Québec font un bon travail en ce qui concerne l’intégration des immigrants. Cette image projetée en Europe est trop optimiste. […] Le Québec rencontre les mêmes problèmes que la France, mais ils arrivent quelques années plus tard. […] L’immigration est d’autant plus délicate à aborder que les Québécois ne veulent pas disparaître comme peuple distinct », explique l’auteur.

L’auteur, qui a travaillé à l’intégration de nombreux réfugiés, estime qu’il est primordial de freiner la progression des « ghettos scolaires » en diversifiant davantage l’origine des immigrés et en choisissant des candidats plus jeunes. [Note du carnet : Et pas en diminuant l’immigration ou en introduisant un élément culturel à la sélection ? Mais voilà: il serait tabou de préférer des francophones de tradition occidentale (culture gréco-latine et chrétienne). Nos élites permettent de sélectionner par la langue ou ici selon l’âge, mais pas par la culture pourtant ce n'est pas un facteur mineur pour assurer l'assimilation...]

Le Québec fait face à un déclin de l’usage du français en raison de l’immigration plus marqué qu’attendu

« À Montréal, il y a des écoles où les Arabes représentent presque 100 % de la clientèle. Il y a des écoles où il n’y a plus aucun Québécois de souche. Les jeunes qui ont choisi de rejoindre l’État islamique* étaient issus de ces milieux ghettoïsés. Si l’on optait pour une immigration plus jeune et plus diversifiée, les nouveaux arrivants auraient moins tendance à se regrouper en fonction de leurs origines », analyse [prétend] le concepteur de « Réussir aux Québec », un guide d’intégration pour les immigrants (Prix québécois de la citoyenneté).

Avec son nouvel ouvrage, Hassan Jamali sait qu’il ne plaira pas à tous les publics et surtout pas aux lecteurs de tendance nationaliste. Il estime que l’État québécois doit rompre avec son approche essentiellement linguistique et privilégier d’autres critères dans sa grille de sélection des immigrés.

« Je sais bien que le déclin du français préoccupe, particulièrement à Montréal, mais trop de points sont accordés à la maîtrise de cette langue. De toute façon, la francisation des immigrants adultes au Québec est un échec. Si on choisissait des immigrés jeunes et plus de célibataires, ils seraient forcés d’apprendre le français pour terminer leurs études et intégrer le marché du travail », assure notre interlocuteur.

[Pourquoi seraient-ils forcés d’apprendre le français ? Les cégeps et universités anglophones sont libres d’accès à tous, y compris les immigrants ! En outre, les jeunes célibataires sont souvent plus turbulents : ils sont moins casés, ont moins de responsabilités familiales. La délinquance n’est généralement pas le fait des immigrants avec famille, mais plutôt de jeunes sans familles, sans femme. Et les études que ces jeunes « devraient » terminer, qu’est-ce qui empêcherait le décrochage ? qui les paierait ? Les Québécois ? À ce compte, pourquoi ne pas bonifier radicalement les aides à la naissance de jeunes nés au Québec ? Pourquoi l’État ne pas valorise-t-il pas les valeurs familiales et la venue d’enfants au monde plutôt que les combats wokes à la mode et l’idée que la carrière est ce qui prime ? Priorité au Québec : Des écoles s’adaptent aux élèves « trans », Québec — Clinique de changement de sexe débordée (épidémie psychologique sociale ?)]

[…]  

Vieillissement de la population : l’actuelle immigration n’y change rien

Selon l’Institut national de santé publique du Québec, la province sera d’ici à quelques années l’une des plus vieilles sociétés en Occident. L’organisme prévoit qu’une personne sur quatre sera âgée de 65 ans et plus en 2031. Un problème auquel l’actuelle immigration ne permettrait aucunement de remédier [.] [C'est globalement exact, l'immigration fait grossir la population du Canada, mais la rajeunit peu.]

[…]  

 

Voir aussi 

Canada — Faire passer l’immigration de 300 000 personnes par an à un million (Brian Mulroney appuie l’Initiative du Siècle…)

Tariq Ramadan : vos frontières n’auront raison de notre jeunesse […] vous croyez que l’on va rester là ? 

Française en PVT à Montréal : ce qui est bien c’est qu’on peut y améliorer son anglais 

Le PQ veut que les enfants de résidents temporaires étudient en français 

Québec — L’écart entre le taux de chômage des immigrants et ceux nés au Canada se creuse 

Québec — Indice de fécondité pour 2020 est tombé à 1,52 enfant/femme, il était de 1,57 en 2019  

Analphabétisme — 47,8 % des Québécois et un quart des diplomés universitaires peinent à comprendre un texte complexe

1 commentaire:

Vallorbe a dit…

Est-ce que faciliter la migration venant de France, Belgique ou Suisse romande serait un péché ? Ces migrants-là s'întègrent en un quart de tour et seraient un plus dans le maintien de la langue française, même si l'accent est différent.