lundi 3 novembre 2025

États-Unis : l’enseignement de l’histoire amorce un retour à l’équilibre

Des programmes militants remis en question

Longtemps dominé par une vision « progressiste » de l’histoire et de la société, le monde de l’éducation américain vit aujourd’hui une profonde réévaluation.

Sous l’effet conjugué des pressions politiques, des controverses publiques et d’un ras-le-bol grandissant face à l’idéologie militante dans les écoles, plusieurs États et grandes institutions universitaires ont commencé à revoir leurs programmes — parfois à les retirer purement et simplement.

Dans de nombreux cas, il s’agit de corriger des excès idéologiques : des manuels centrés sur la « race », le « genre » ou le « colonialisme » sont mis de côté, tandis que les cours d’éducation civique ou d’histoire reviennent à des contenus plus factuels et moins polémiques.

Fin d’un cycle d’endoctrinement éducatif

La Californie, bastion démocrate, illustre bien cette inflexion.

Après avoir voulu rendre obligatoire un cours d’« études ethniques » au secondaire — discipline souvent militante, accusant l’Occident et Israël de colonialisme —, l’État a finalement suspendu son financement.

Désormais, les districts scolaires ne sont plus tenus d’offrir ce cours, et les enseignants de San Francisco doivent s’en tenir à un manuel unique, expurgé de tout contenu idéologique lié au conflit israélo-palestinien.

Ce recul marque un tournant symbolique pour un État longtemps à la pointe du militantisme éducatif. « Même les démocrates de centre gauche s’éloignent de ces idéologies gauchistes, devenues un handicap politique », résume le penseur conservateur Christopher Rufo. Selon ce militant conservateur qui a milité pour ces changements dans l’éducation, le retour au pouvoir de Donald Trump n’a qu’accéléré le mouvement du pendule. Depuis cinq ans, au moins 20 États ont adopté des lois encadrant les discussions en classe sur la race, le genre et l’histoire américaine.

Des institutions sous pression pour plus de neutralité

Le mouvement touche aussi le monde universitaire.

L’Université Brown, connue pour ses programmes d’éducation sociale, a fermé son programme “Choices”, utilisé depuis trente ans dans de nombreuses écoles secondaires.

Conçu à l’origine pour encourager la réflexion critique, le programme avait glissé vers une approche partisane, notamment dans ses modules sur le Moyen-Orient, accusés d’entretenir un biais anti-israélien.

Officiellement, l’université invoque des raisons budgétaires, mais des documents internes montrent que la baisse de la demande et les controverses autour de ses contenus ont pesé lourd dans la décision.

Les archives en ligne ont été effacées, et les plans de cours — représentant plus de 200 000 $ de matériel pédagogique — ne seront pas redistribués.

L’Anti-Defamation League (ADL), pourtant pilier militant du mouvement antiraciste américain, a elle aussi retiré des dizaines de leçons de son site.


Parmi les sujets supprimés : l’identité transgenre (voir ci-dessus), les microagressions, ou encore les stéréotypes de genre dans les jeux vidéo. Comme on peut le voir le programme cherchait à faire naître l'empathie envers les adolescents dits transgenres.

Officiellement, ces contenus sont « révisés », mais leur retrait marque un virage vers davantage de prudence et de neutralité dans le traitement des questions sociales.

Des enseignants désormais plus prudents

Même les organismes non partisans ressentent ce changement.

iCivics, plateforme d’enseignement fondée par l’ancienne juge de la Cour suprême Sandra Day O’Connor, note une baisse de fréquentation de certaines de ses leçons, notamment celles sur la séparation des pouvoirs ou la Constitution.

Les enseignants, craignant d’ouvrir des débats politiques houleux, se concentrent sur des documents primaires et des explications neutres, évitant de commenter l’actualité ou les personnalités politiques.

L’organisation encourage cette approche : enseigner le fonctionnement du gouvernement américain sans glisser dans le militantisme, en s’appuyant sur les textes fondateurs plutôt que sur les débats idéologiques du moment.

Un recentrage bienvenu

L’ensemble de ces évolutions traduit une prise de conscience croissante : l’école ne peut pas être un laboratoire d’expérimentations idéologiques.

Le rôle de l’enseignement de l’histoire et de la citoyenneté est d’instruire, non de militer.

Alors que la polarisation politique continue de diviser la société américaine, de plus en plus d’éducateurs, de parents et de responsables politiques appellent à un retour à la neutralité, au pluralisme et à la rigueur historique.

Ce recentrage, encore fragile, pourrait bien marquer la fin d’une époque où l’éducation servait d’instrument à des combats identitaires, au détriment de la transmission des savoirs et du sens civique.

Aucun commentaire: