vendredi 7 novembre 2025

École catholique subventionnée en France : un enseignant doit-il pouvoir prier en classe avec ses élèves ?


Pour Anne Coffinier, présidente de Créer son école, les établissements catholiques sous contrat sont aujourd’hui menacés dans leur identité même. Face à une offensive politique et idéologique, elle défend le droit de ces écoles à rester fidèles à leur caractère propre, tel que garanti par la loi Debré. Son texte paru dans Famille chrétienne est repris ci-dessous.

Le temps n’est pas au beau fixe pour les écoles catholiques sous contrat, qui sont sous le feu des critiques croisées de l’extrême gauche et des milieux anticléricaux traditionnels. Il faut dire que la baisse de la population scolaire alimente ce regain de tension : il suffit actuellement de quelques élèves en moins pour qu’une classe voire une école publique ferme. Dans ce contexte de pénurie d’élèves, les défenseurs de l’école publique sont tentés de faire de l’école catholique sous contrat un bouc-émissaire. À lire aussi

Tout en tenant bon sur ce qui le différencie, l’Enseignement catholique doit trouver les outils pour rejoindre les élèves sur les questions actuelles.


Des contrôles à charge 
 
Au lendemain du scandale des abus sexuels dans l’Eglise mis en exergue par la CIASE en 2021 puis de son pendant dans l’Enseignement catholique cette année, notamment avec l’affaire Bétharram, les tenants et acteurs de l’école catholique rasent les murs et les ennemis historiques de l’école catholique mettent à profit ce moment favorable, ce kairos, pour mener leur guerre scolaire. Le député LFI Paul Vannier est l’emblème de cette offensive acharnée qui touche autant au financement de l’école catholique qu’à la nature des libertés spécifiques qui font la force et, au fond, la raison d’être de ces écoles catholiques. 

C’est ainsi que des contrôles « à charge » se sont abattus sur de nombreux établissements catholiques sous contrat partout en France, sans même que le cadre juridique de ces contrôles n’ait été préalablement fixé. Les inspecteurs de l’Éducation nationale manquent cruellement de culture de ce qu’est une école libre avec des classes sous contrat. La loi Debré de 1959 n’est pour eux qu’un vague souvenir et la plupart d’entre eux sont enclins à nier le droit au respect du caractère propre des écoles catholiques, vu qu’ils ont oublié la raison d’être de sa sanctuarisation constitutionnelle. 
 
Le droit de prier, pas l'obligation 
 
Mais de quoi s’agit-il ? Le caractère propre est reconnu par la loi Debré, qui est la loi voulue par le général de Gaulle pour organiser la place des écoles catholiques dans le paysage éducatif français. Les classes qui ont passé le contrat avec l’État doivent admettre les enfants de toutes origines et ne pas les contraindre à poser des actes de foi personnels (c’est ce qu’on appelle le respect de la liberté de conscience), et respecter les programmes scolaires définis par l’Éducation nationale dans le cadre des heures financées par l’État pour les dispenser. En échange de cela, les classes sous contrat reçoivent un financement total de leurs enseignants, et doivent percevoir une couverture de leurs frais de fonctionnement équivalente à celle que perçoivent les écoles publiques du même territoire.

Mais ces classes ont aussi droit au respect de leur caractère propre dans toutes les dimensions de la vie de l’établissement y compris l’enseignement des matières scolaires, et ce point est capital. Elles peuvent organiser des cours d’instruction religieuses obligatoires et des cours de catéchisme (ou éveil à la foi) facultatifs. Les enseignants du privé sous-contrat ne sont pas soumis au principe de neutralité des fonctionnaires (qu’ils ne sont pas) et encore moins à celui de la laïcité. Les enseignants, s’ils le souhaitent et dans le respect de leur liberté de conscience, ont ainsi le droit – pas l’obligation !- de prier et de faire prier les élèves en classe. 
 
Un enrichissement précieux

Ces prières sont brèves et il est aisé de compenser le temps en empiétant sur la récréation pour ne pas mordre sur le temps des cours imposés et financés par l’État. Ceux qui ne veulent pas prier doivent avoir tout loisir de s’en dispenser, rêver, lire à la place…. Ce n’est en tout état de cause pas un drame d’entendre une prière voire d’assister à une cérémonie religieuse, dès lors que ces familles ont choisi sciemment une école catholique. N’est-ce pas l’occasion d’un enrichissement culturel précieux ou d’une pause méditative bienvenue, dès lors qu’on ne contraint évidemment pas l’enfant à prononcer des prières, se confesser, communier, ou à poser des actes publics de foi ? L’ampleur des difficultés de l’Éducation nationale doit pousser ses protagonistes et défenseurs à concentrer tous leurs efforts sur son relèvement, au lieu de regarder dans l’assiette du voisin et de mener une guerre d’arrière-garde contre les libertés de l’enseignement libre ! 

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