mardi 23 février 2021

Comment les grands médias ont favorisé le grand réveil racial

Les institutions progressistes de l’élite américaine semblent avoir adopté la vision racialiste et l’idéologie des manifestants BLM.

Voici, par exemple, un échantillon des titres d’articles d’opinion et de reportages publiés au cours du mois de juillet 2020 par les deux journaux les plus influents du pays, le Washington Post et le New York Times :

« Quand les Noirs souffrent, les Blancs s’abonnent simplement les clubs de lecture »

« Les militants noirs se demandent : manifester est-il simplement une mode pour les Blancs ? »

« Aux Blancs qui veulent être “une de ces personnes bien” »

« Le système de caste durable de l’Amérique : nos idéaux fondateurs promettent la liberté et l’égalité pour tous. Notre réalité est une hiérarchie raciale durable qui persiste depuis des siècles. »

Le dernier article de la liste, un long article sur le « système des castes » américain dans le New York Times Magazine, compare explicitement les États-Unis à l’Allemagne nazie. [Par exemple : « Le narcissisme racial qui existait dans l’Allemagne hitlérienne et qui se retrouve dans le sud des États-Unis »]

D’innombrables articles ont été publiés ces dernières semaines, souvent sous le couvert de simples relations des faits, dans lequel les journalistes tiennent pour acquise la légitimité des nouvelles théories sur la race et l’identité. Ces articles illustrent une nouvelle doxa politique sur les questions de race et de justice qui a pris le pouvoir au sein du New York Times et du Washington Post - une vision du monde parfois nommé « réveil » (wokedness) qui réunit la sensibilité de blancs hyperprogressistes très bien éduqués avec des éléments du nationalisme noir et de la théorie critique de la race.

Mais l’adoption par les médias du « réveil », du wokisme, n’est pas la conséquence d’événements récents comme la mort de George Floyd. Cette idéologie raciale a commencé à s’imposer dans les principales institutions médiatiques progressistes des années avant l’arrivée de Donald Trump et, en fait, a fortement influencé la réponse des journalistes aux mouvements de protestation de ces dernières années et leur critique de la société américaine.

Bien avant l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, alors que le président Obama était toujours au pouvoir, des termes comme « microagression » et « privilège blanc » ont été repris par les journalistes progressistes. Ces termes sont passés d’obscurs éléments du jargon universitaire à celui de termes banals de la langue journalistique en à peine quelques années.

Zach Goldberg, doctorant en science politique à l’Université d’État de Géorgie, a dépouillé des milliers d’articles des grands journaux américains pour documenter cette évolution.

Le graphique ci-dessous illustre l’utilisation des termes « raciste(s) » et « racisme » exprimé en pourcentage par rapport à tous les autres mots utilisés dans quatre des plus grands (selon leur tirage) journaux du pays de 1970 à 2019.

En 2011, le terme raciste ou racisme représentait respectivement 0,0027 % et 0,0029 % de tous les mots du New York Times et du Washington Post. Au cours de la dernière décennie, on assiste à une croissance très rapide et continue dans l’utilisation du terme « racisme » et de ses dérivés. Le graphique montre que cette augmentation s’est produite cinq ans avant l’arrivée de Donald Trump. En 2019, ils représentaient 0,02 % et un peu moins de 0,03 % de tous les mots publiés dans le New York Times et du Washington Post — une augmentation de plus de 700 % et d’un peu moins de 1000 %, respectivement, depuis 2011.

S’il est vrai que l’on observe également une augmentation de ces termes dans le Wall Street Journal, plus centriste, elle est comparativement plus progressive et plus modeste. On notera que le New York Times et le Washington Post mènent la danse et précèdent le Wall Street Journal d’environ un an, ce qui suggère que le Wall Street Journal de centre-droit semble réagir aux tendances rhétoriques et idéologiques sur la race que les deux plus grands journaux de gauche ont lancées. Au cours de la période en question, à partir du milieu des années 90, le New York Times et le Washington Post ont constamment utilisé ces termes plus fréquemment que le Wall Street Journal, mais, jusqu’à récemment, la différence était mineure. Aujourd’hui, le fossé est énorme, ce qui suggère que l’explosion de l’utilisation de la terminologie et des constructions idéologiques racisées n’est pas simplement le reflet objectif d’une augmentation des incidents raciaux.


En 2016, le New York Times a publié un article détaillant les efforts déployés sur les campus universitaires pour former de nouveaux étudiants sur la façon d’éviter et de gérer les microagressions — l’une des nouvelles catégories de racisme popularisées au cours de la dernière décennie qui a contribué à la perception d’une injustice raciale omniprésente.

À titre d’exemple de microagression, l’article citait le commentaire suivant : « Chacun peut réussir dans cette société s’il travaille assez dur ». Ceci est censé être raciste parce qu’il met l’accent sur l’action individuelle et implique « que la race joue un rôle mineur dans les résultats de la vie ». En l’absence de discrimination légale, à l’ère de la post-discrimination positive et à la lumière des immenses améliorations absolues de la qualité de vie de l’Afro-Américain moyen au cours du dernier demi-siècle, des concepts tels que « microagression » et « biais implicite » ont aidé à propager l’idée, amplifiée par les médias, que l’Amérique pratique toujours une forme d’apartheid racial insidieux.

Cela se produit par un usage abusif des concepts de racisme et de raciste — une dérive, une extension excessive de ce qui constitue le racisme et le comportement raciste. En d’autres termes, on assiste à une racialisation de faits ou d’actes qui n’étaient pas auparavant considérés au travers du prisme de la race. Le résultat suit logiquement : plus les médias racialisent de nouveaux aspects de la vie sociale, plus les médias doivent signaler des cas de « racisme ».

En 2011, seuls 35 % des progressistes blancs pensaient que le racisme aux États-Unis était « un problème important », selon un sondage national. En 2015, ce chiffre était passé à 61 % et encore à 77 % en 2017.

Source

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