samedi 10 décembre 2022

France — un déclin délibéré

Un texte de Jacques Julliard, paru dans Le Figaro le 5 décembre 2022. Jacques Julliard est éditorialiste à l’hebdomadaire « Marianne ».

Comme aujourd’hui les choses changent, et avec quelle vitesse ! Les choses, ou plutôt la perception que nous en avons. Tenez : naguère encore, il était du dernier ridicule de soupirer, s’agissant de la France, que « c’était mieux avant » : c’était là le fait d’un esprit immobile et même rétrograde. Aujourd’hui, qui ne souscrirait au jugement implicite contenu dans le titre du livre brillant de Franz-olivier Giesbert La Belle Époque (Éditions Gallimard, 20 octobre 2022), qui traite des années Pompidou et Giscard, c’est-à-dire de nos années 1970 ? En parler comme de la « belle époque », c’est sous-entendre que la nôtre l’est beaucoup moins.

Les reculades françaises

Commençons par le commencement, c’est-à-dire la natalité. C’est la vigueur de cette natalité qui a fait de la France la première puissance européenne à l’époque de Louis XIV, de la Révolution française, de Napoléon Ier, de Napoléon III [c’était déjà nettement moins le cas], et encore près de nous de Charles de Gaulle. Las ! En 2020, avec 740 000 bébés, la France a enregistré son niveau le plus bas depuis 1945, même si un léger sursaut, dû peut-être au confinement, a été enregistré l’année suivante. En tout cas, l’avantage relatif de la France par rapport aux autres puissances européennes n’a cessé de diminuer. Elle est en train de perdre la bataille des berceaux.

Continuons avec l’éducation, qui est plus que jamais la mère de toutes les batailles. Tout le monde ou presque connaît les classements PISA (programme international pour le suivi des acquis des élèves) qui mesurent les performances des différents pays. J’ai beau avoir été un très médiocre élève en mathématiques, mon cœur saigne qu’au pays de Blaise Pascal, d’Évariste Galois et d’Henri Poincaré, la France ne soit classée qu’au vingt-troisième rang dans cette discipline reine, loin derrière la plupart des grands pays asiatiques, mais aussi des États-Unis, du Royaume-Uni, de l’Allemagne et de la Pologne (enquêtes 2018).

Dans les disciplines littéraires, et notamment l’enseignement du français, les choses ne vont pas mieux. Il est invraisemblable que des « méthodes de psychologie inacceptables », telles que la lecture globale, selon le conseil scientifique de l’éducation nationale, continuent d’être utilisées en cours préparatoire (selon Caroline Beyer dans Le Figaro du 2 novembre dernier), alors que depuis des années elles ont fait la preuve de leur nocivité.

Dans mes rêves les plus fous, j’imagine le président de la République me nommant pour une durée limitée d’un mois, — que dis-je ? d’une semaine — ministre de l’éducation nationale, le temps de donner rue de Grenelle et dans ses tentacules un grand coup de balai au royaume de l’incompétence et de l’imposture. Mais non, il a nommé Pap Ndiaye. Comment attendre le redressement de la part d’un homme qui apparemment ne croit guère à l’universalisme républicain, et qui ne s’en cache pas quand il est à l’étranger ? Quand donc Emmanuel Macron, beaucoup plus politicien qu’on ne le dit, cessera-t-il de se servir de la nomination des ministres comme prétexte à « faire des coups » au lieu de nommer des gens compétents et énergiques ?

Dépêchons-nous, mes enfants, dépêchons-nous, comme disait Péguy. Au tour de l’industrie maintenant. Il a fallu que la France, qui était en train de perdre sa primauté européenne en matière agricole (cette agriculture qui a fait la IIIe République) devienne simultanément un pays industriellement sinistré, par le choix de nos élites, nées malines, qui avaient inventé, à la fin du siècle dernier « l’industrie sans usines », le tout-au-tertiaire. Résultat, la part de l’industrie dans le PNB est passée en un quart de siècle de 20 à 10 %, un score digne du tiers-monde. Le décrochage d’avec nos amis allemands est devenu irrémédiable.

Les écologistes, des étourneaux malfaisants

J’ai gardé pour la fin — il y aurait tant d’autres secteurs à considérer le pompon, le chef-d’œuvre absolu de nos écologistes, ces étourneaux malfaisants, à savoir le saccage de notre parc nucléaire, encore un don posthume du général de Gaulle.

La crise mondiale de l’énergie, qui ne fait que commencer, nous permet de mesurer l’imbécillité à l’état pur que fut le renoncement volontaire à notre avance dans ce domaine. Fessenheim est un nom qui a tout pour devenir le symbole de la sottise des élites. Qu’il me soit permis de saluer ici la mémoire de mon ami très cher, Georges Besse, le concepteur de Pierrelatte, l’un des pères du nucléaire pacifique, l’un de ces grands capitaines d’industrie au service de l’état, à qui on demanda en catastrophe de sauver la régie Renault, autre symbole de l’état entrepreneur qui devrait avoir les faveurs de la gauche. Ce qu’il fit avec son énergie, son patriotisme, son sens de l’état. C’est cet homme exceptionnel que les Brigades rouges à la française (Rouillan, Ménigon et compagnie) assassinèrent lâchement, stupidement, ignoblement.

À quoi il faut ajouter l’incurie d’EDF, incapable d’assurer l’entretien des centrales nucléaires dans un délai raisonnable : actuellement 21 réacteurs — 21 sur 56 — sont en réparation.

La fin, vraiment la fin ? Pas tout à fait : il manquait la contribution propre d’Emmanuel Macron à ce masochisme suicidaire, à savoir la destruction méthodique de l’État, qui commence par la suppression de l’ENA (on ne saura jamais pourquoi), qui continue par celle des grands corps administratifs (diplomatiques, préfectoraux, inspection). Cet appauvrissement délibéré des moyens d’action de l’état s’accompagne d’un recours massif aux cabinets de conseil extérieurs, qui viennent valider l’idée que cet État n’a plus les ressources pour diagnostiquer ses propres insuffisances et pour y porter remède. En libéral pur égaré dans la politique, l’actuel président de la République pense que « l’État est le problème ».

C’est du reste, à ma connaissance, le seul homme politique français à user du terme d’« État profond » propre à la droite populiste américaine.

J’ajoute enfin à ce bilan des abandons de la période récente, la dégradation dans les élites du climat intellectuel et des outils conceptuels dont Mai 68 avait fait une joyeuse ripaille. C’est ainsi que nous avons vu le sexe se dégrader et s’exaspérer en genre, la libération des femmes en féminisme sécessionniste, l’anticolonialisme en nostalgie décoloniale, l’antiracisme en racisme identitaire, l’universalisme en différentialisme, le projet autogestionnaire en individualisme forcené. Les idées meurent aussi en une interminable agonie, et sous prétexte d’extension, se gigantisent et s’affaissent sous leur propre poids. C’est cette dégénérescence que nous vivons.

Si l’on ne voulait qu’une preuve de ce déclin français, c’est dans les échecs de notre politique étrangère qu’il faudrait aller la chercher : dans leurs rapports, les États ne font pas de sentiment et ne respectent que la force. Certes, il faut tenir compte de la maladresse propre d’Emmanuel Macron, de ses foucades et de ses inconséquences. Mais au-delà, la liste de ses déconvenues s’allonge chaque jour. La France a été obligée de quitter le Mali, où elle est remplacée par la Russie, ou plutôt Wagner ; au Liban, après les rodomontades du président, nous ne comptons plus guère.

Le pire affront nous a été infligé par nos chers alliés australiens, mais aussi américains et britanniques, avec l’annulation brutale (15 septembre 2021) de la commande de douze sous-marins par l’Australie à la France au profit des Américains. Agit-on ainsi avec un État que l’on respecte ? Il y a une trentaine d’années, l’Allemagne — qui s’en souvient ? — était qualifiée d’« homme malade de l’Europe ». Aujourd’hui, c’est la France qui est passible d’un tel qualificatif, et du reste l’Allemagne fait preuve d’une désinvolture croissante à l’égard du prétendu « couple franco-allemand », auquel nous sommes désormais les seuls à nous référer. Que d’humiliations en si peu de temps.

Sottise des gens intelligents

Or ce tableau trop long et pourtant très incomplet n’avait qu’un but : montrer que le déclin français, que tout le monde a fini par reconnaître, n’est pas dû à des causes extérieures, auxquelles il eût été impossible de résister. Notre déclin, nous l’avons fabriqué de nos propres mains, par démagogie sans doute, mais surtout par inintelligence des situations, et même, disons le mot au pays qui s’enorgueillit sans cesse du rôle de ses intellectuels, de la sottise la plus difficile à combattre, celle des gens intelligents.

Prenons l’exemple de la natalité. Certes, il existe dans le monde développé une tendance générale à sa réduction. Mais les marges restent importantes. Or s’il a existé en France quelque chose de commun à la IIIe République, au régime de Vichy, et à la IVe République, c’est bien, contre vents et marées, l’encouragement à la natalité. C’est cette continuité politique qui est rompue en 2014, sous François Hollande, quand on décide de subordonner les allocations familiales à des conditions de ressources. Même chose en ce qui concerne le quotient familial. Pourquoi, sur cette lancée, ne pas supprimer la gratuité de l’enseignement obligatoire ? Après tout, si les plus riches n’ont pas besoin de l’aide de l’État pour nourrir leurs enfants, ils n’en ont pas besoin non plus pour les faire éduquer. En revanche l’universalisme des aides a une signification profondément ressentie : c’est la volonté de mettre en œuvre, au-delà des inégalités, une société cohérente.

Quand l’égalitarisme l’emporte sur l’universalisme, c’est l’essence même de la République qui est secrètement mise en cause.

Il ne serait pas difficile de démontrer — je laisse au lecteur le soin de le faire — que, dans tous les cas évoqués plus haut, l’école, le nucléaire, ce sont des choix délibérés, au nom d’autres objectifs, qui ont conduit au déclin. Partout si « le niveau baisse », c’est qu’on l’a bien voulu.

La politique en question

Est-il possible d’inverser la tendance ? L’exemple allemand, évoqué partout, en est la preuve. Dans un pays aux mille ressources, le problème cardinal est de les mobiliser et de les fédérer.

Les partis en sont-ils capables ? Je réponds clairement non, par incapacité structurelle. Malgré le rôle que leur reconnaît la Constitution de la Ve République, leur concours à l’expression du suffrage, ils sont organisés pour défendre les intérêts de clientèles particulières. Cela n’est pas déshonorant, mais ne répond pas à la question posée. Il s’agit en effet de subordonner tous les intérêts particuliers à l’intérêt général.

Ce n’est pas par hasard, ni même par antiparlementarisme systématique, qu’à l’aube du Consulat, du Second Empire, de la Ve République gaullienne, les partis ont été plus ou moins énergiquement écartés des affaires par un homme et son équipe, appuyé sur un large consensus populaire, vérifié par plébiscite ou référendum. Et l’espèce de parlementarisme rampant qui se fait aujourd’hui en France, du fait de l’absence de majorité absolue autour du chef de l’état, ne fait que confirmer l’incapacité des partis dans des circonstances exceptionnelles.

On ne voit ni à gauche ni à droite l’apparition d’un grand dessein ou d’un leader incontestable. D’évidence, Emmanuel Macron s’est montré incapable, faute de continuité ou peut être d’imagination, d’être l’homme d’un dessein national. À défaut d’être de Gaulle, il eût pu au moins être Pompidou ou Giscard. C’est raté. Seul, dans l’opposition, Jean-Luc Mélenchon était susceptible, à l’image de son mentor d’hier François Mitterrand, de fédérer autour d’un projet patriotique d’abord toute la gauche, et dans la foulée toute la France. Il ne l’a pas voulu.

Tant pis pour lui, tant pis pour nous. Ce que les Français ressentent, c’est l’impuissance de la classe politique tout entière, ou peut-être de l’instance politique elle-même.

Pour un nouveau patriotisme

Il est tout de même stupéfiant que dans tous les baromètres mesurant la popularité des hommes politiques, aucun d’entre eux, qu’il soit de gauche de droite ou du centre, de la majorité ou de l’opposition, n’obtienne un solde positif. Tous dans le rouge !

Le sens d’un pareil désaveu, même s’il n’est pas nouveau, est clair : la France ne se redressera pas sans un investissement massif des citoyens — on disait naguère la société civile dans le politique proprement dit, et non dans la seule revendication catégorielle. On n’oubliera pas que le retour de De Gaulle au pouvoir (1958) fut précédé, accompagné, conforté par l’investissement dans la politique des grandes centrales syndicales, la multiplication des associations à but civique, une floraison soudaine de clubs. Il ne s’agit nullement de renforcer la gauche ou la droite, mais d’inventer ou de redécouvrir un nouveau patriotisme, prenant des chemins inattendus. En 1958, parallèlement au retour du Général, fut fondé le club Jean-Moulin, dont les animateurs, parmi lesquels Daniel Cordier, ancien secrétaire du héros de la Résistance intérieure, pensaient devoir s’opposer à l’autoritarisme du Général. Au bout d’un certain temps, ils devinrent les cadres intellectuels et techniques du nouveau régime. Aujourd’hui j’espère, je réclame, je pressens la naissance dans le peuple et dans les élites d’une nouvelle citoyenneté, d’un nouveau patriotisme qui, dépassant sans les récuser les critères traditionnels de la gauche et de la droite, permettrait la renaissance d’un projet national. Après, il ne resterait plus à son tour à l’histoire qu’à faire son travail.


vendredi 9 décembre 2022

« Sciences-Po m'a fait savoir que si j'acceptais de ne plus dire 'homme et femme' pendant mes cours je pourrais continuer à être prof ! »

« [La haute école] Sciences-Po m'a fait savoir que si j'acceptais de ne plus dire 'homme et femme' pendant mes cours je pourrais continuer à être prof ! »

La professeur de danse écartée de Sciences-Po Paris : « Ils ont remplacé les termes "homme-femme" par "leader-follower" [en anglais, car c'est l'élite!] J'ai continué à dire "homme" et "femme". Un élève a porté plainte. La direction m'a dit que je devais m'excuser ou partir. »

jeudi 8 décembre 2022

Les performances en orthographe des élèves de CM2 (10/11 ans) continuent à baisser

Selon une enquête du ministère de l’Éducation nationale, le nombre moyen d’erreurs sur une même dictée a presque doublé en 34 ans.

Les performances en orthographe des élèves de fin d’école élémentaire sont toujours en baisse en 2021, mais de façon moins marquée qu’en 2015, selon une étude publiée mardi par le ministère de l’Éducation.

Selon cette enquête sur l’orthographe, menée à quatre reprises depuis 1987 avec la même dictée pour des élèves de CM2 (élèves de 10 ou 11 ans en moyenne), le nombre moyen d’erreurs a augmenté régulièrement, passant en 34 ans de 10,7 erreurs à 19,4, indique l’agence des statistiques du ministère de l’Éducation (Depp).

Le soir tombait. Papa et maman, inquiets, se demandaient pourquoi leurs quatre garçons n’étaient pas rentrés. — Les gamins se sont certainement perdus, dit maman. S’ils n’ont pas encore retrouvé leur chemin, nous les verrons arriver très fatigués à la maison. — Pourquoi ne pas téléphoner à Martine ? Elle les a peut-être vus ! Aussitôt dit, aussitôt fait ! À ce moment, le chien se mit à aboyer.

(dictée utilisée lors de cette étude)

Entre 1987 et 2007, le nombre de fautes était passé de 10,7 à 14,7 (+4). Puis il s’est établi à 18 en 2015 (+3,3). La baisse constatée des résultats pour chaque période se poursuit donc en 2021, mais de façon moins marquée que sur la période précédente (+1,4).


Baisse pour l’ensemble des élèves, quels que soient le sexe et l’âge

C’est l’orthographe grammaticale (règles d’accord entre le sujet et le verbe, accords dans le groupe nominal, accords du participe passé) qui concentre l’essentiel des difficultés. Sur ce point cependant, la baisse observée entre 1987 et 2015 ne se poursuit pas en 2021.

Par exemple, l’accord de l’adjectif « inquiets » de la dictée passe de 46,2 % de réussite en 1987 à 25,3 % en 2021. Mais après une forte baisse jusqu’en 2015, une stabilité est observée en 2021. Les erreurs lexicales, elles, restent les moins fréquentes. Cette baisse des résultats continue par ailleurs de concerner l’ensemble des élèves, quels que soient leur sexe et leur âge. [Quid des enfants de la campagne, des écoles privées, etc. ?]

Les filles sont cependant plus performantes que les garçons : elles font en moyenne 17,7 erreurs contre 21,1 pour les garçons. Mais la différence du nombre d’erreurs entre filles et garçons, qui avait été stable entre 1987 et 2007, puis en hausse entre 2007 et 2015, tend à nouveau à se stabiliser en 2021.

Environnement « social »

Les différences de performances à la dictée continuent en outre d’être liées à l’environnement « social » des élèves selon l’AFP. [On ne sait pas trop ce que « social » recouvre ici, issus de l’immigration, et de laquelle (asiatique, nord-africaine, européenne) si c’est le cas ?] Ainsi le groupe composé des élèves d’écoles les moins favorisées fait en moyenne 21,9 erreurs, contre 15,5 dans le quart composé des écoles accueillant les élèves les plus favorisés.

Les deux groupes médians ont, eux, des performances assez proches (environ 19 erreurs), montrant que c’est dans les écoles les plus favorisées et les moins favorisées que le poids de l’origine sociale des élèves est le plus important. 

Raisons de cette chute

Françoise Picot, ancienne institutrice et inspectrice honoraire de l’Éducation nationale, explique au Figaro les raisons de cette baisse.

Mme Picot pense qu’il y a trois raisons principales qui permettent d’expliquer ce résultat. Elles sont intimement liées au comportement des élèves et à l’enseignement de l’orthographe.

  1. Premièrement, il y a un vrai défaut d’attention : les élèves sont beaucoup moins concentrés qu’avant. Tous les enseignants le remarquent et le disent. Cela est sans doute dû à la vie actuelle qu’on mène où tout se fait dans l’urgence ainsi qu’au temps passé sur les écrans. Les spécialistes des neurosciences l’analysent mieux que moi. 
  2. Ensuite, il y a la réduction du temps scolaire. Autrefois, à l’époque où les élèves connaissaient mieux l’orthographe, ils allaient à l’école 30 heures par semaine. On est passé à 26 heures, puis 24 heures. Sur ces 24 heures passées à l’école, ils ont beaucoup plus de matières qu’avant : histoire de l’art, informatique, apprentissage des langues étrangères [mot code pour dire l’anglais], etc. [Au Québec, ajoutons le cours d’endoctrinement multiculturaliste comme ECR dès la première année du primaire.] Par conséquent, on consacre beaucoup moins de temps [au français et] à l’orthographe. Des collègues me disent qu’ils courent désormais après le temps, il y a un vrai déficit du temps scolaire. 
  3. Dernier point, il n’existe pas vraiment de réflexion sur l’enseignement de l’orthographe au niveau de l’Éducation nationale. Des linguistes comme Danièle Cogis ou Jean-Pierre Jaffré ont réfléchi sur ce sujet. Mais cela ne passe pas au niveau de l’enseignement, ni dans les programmes ni auprès des enseignants qui d’ailleurs n’ont plus vraiment de formation.

 Ajoutons à cela la chute dans les habitudes de lecture (les jeunes lisent nettement moins qu'avant) et la moindre importance accordée dans la société française en mutation au bien parler et au bien écrire le français.

Quelles sont les principales difficultés rencontrées lors de cette dictée utilisée pour l’enquête ?

Ce n’est pas la première fois qu’on parle de cette dictée, puisqu’on a des comparaisons sur ce même texte pendant plusieurs années. Dans cette dictée, les mots ne sont pas trop difficiles lexicalement. Il n’y a pas de mots que les élèves ne connaissent pas : « Maman », « Papa », « chien ». Ce qui pose problème actuellement, c’est que lorsque les élèves écrivent, ils savent que le verbe s’accorde avec son sujet pourtant ils ne marquent pas l’accord. Ils ne marquent pas les relations entre les mots parce que ce n’est pas automatisé chez eux.

Voir aussi  

Québec — Les résultats en français en baisse au secondaire

France — Le niveau en orthographe des écoliers français est en chute libre depuis 30 ans

France — les ados sont devenus nuls en dictée

Pourquoi les élèves français ont un niveau si médiocre (nettement moins d’heures de français, inflation des disciplines, pauvreté et immigration, formation inadéquate)  

Plus du quart des étudiants au cégep échouent en orthographe. La CAQ ne propose pas d’améliorer la connaissance du français 

Faute la plus fréquente parmi les étudiants à universités : des « s » oubliés 

« Pourquoi nos étudiants ne savent-ils plus écrire ? » par Aude Denizot

mercredi 7 décembre 2022

Cours sur la théorie du genre à 5 ans, sur la prise d’hormones et la chirurgie de changement de sexe…

Belgique. Regardez ces images si vous voulez savoir ce qu’on apprend à nos enfants à l’école : cours sur la théorie du genre à 5 ans, sur la prise d’hormones et la chirurgie de changement de sexe…

EVRAS donne aussi des formations en France par le truchement de la Planification Familiale : Formation EVRAS (planning84.fr)

Planification familiale Belge : Dossier « Éducation à la vie relationnelle, affective et sexuelle » — Sofelia

« Professeur » à l’université Rutgers (États-Unis) : « Les Blancs sont déterminés à être des vauriens. »

Brittney Cooper, professeure à l’université Rutgers (États-Unis) : « Les Blancs sont déterminés à être des vauriens. » Cette « professeure » prétend à tort que les Africains sont arrivés en Amérique du Nord avant les Européens blancs. Elle continue : « Et beaucoup de Blancs ne nous font pas confiance parce qu’ils sont tellement corrompus. Vous savez, leur pensée est moralement et spirituellement en faillite quant à l’idée de pouvoir. Ils ne peuvent pas laisser tomber, ils ont peur viscéralement, existentiellement, de lâcher le pouvoir. Parce qu’ils ne peuvent pas imaginer une autre façon d’être : soit tu domines, soit tu es dominé. » Elle affirme encore « La blancheur va avoir une date de péremption. Nous devons éliminer ces connards ! »

Brittney Cooper est professeur titulaire d’études sur les femmes et le genre, auteure, professeure, militante et critique culturelle. Ses domaines de recherche et de travail comprennent les organisations de femmes noires, les intellectuelles noires et le féminisme hip-hop. Salaire moyen pour un professeur titulaire à Rutgers : 145 421 $ américains par an.

La santé des jeunes élèves au Québec se dégrade de façon « alarmante »

Des chercheurs de l’Université de Sherbrooke se sont penchés sur la santé cardiométabolique des jeunes élèves au Québec. Ils observent une baisse importante des capacités physiques des enfants et adolescents de 6 à 17 ans.

De 2012 à 2017, le chercheur Mario Leone et son équipe se sont rendus dans six villes du Québec, soit Montréal, Québec, Laval, Trois-Rivières, Sherbrooke et Saguenay, pour soumettre 3700 jeunes au test Léger navette, mieux connu sous le nom du test du BIP.

Selon l’étude, les adolescents pèsent en moyenne environ 7 kg de plus qu’en 1982, mais leur taille moyenne n’a pas changé en 40 ans. Notons que l’origine ethnique des enfants a fortement changé : près de 50 % des enfants à Montréal sont désormais immigrés ou issus de l’immigration. Il est donc possible que la taille des jeunes blancs au Québec ait bien augmenté en 40 ans, mais que la moyenne soit demeurée inchangée par l’afflux d’immigrés, notamment Asiatiques ou latinos, plus petits.

Ce test consiste à faire courir les participants sur une distance de 20 mètres, à répétition, à un rythme qui augmente chaque minute. L’inventeur de ce test reconnu mondialement, Luc Léger l’avait fait passer aux enfants du primaire et du secondaire en 1982.

Il est aussi coauteur de l’étude qui sera publiée dans la revue scientifique Frontiers in Public Health.

« On est retournés faire passer le test de la même façon, dans les mêmes villes, pour les mêmes groupes d’âge et je vous dirais même que dans certains cas on s’est probablement pointés dans les mêmes écoles. La situation est catastrophique. On s’en doutait, mais là, on en est certains », lance Mario Leone.


Des jeunes moins résistants à l’effort

Comparativement aux données de 1982, les chercheurs observent une diminution de la capacité VO2 max de 20 % à la fin de l’adolescence et une diminution de 30 % de la capacité fonctionnelle, c’est-à-dire la capacité d’effectuer une activité d’intensité modérée à intense.

« Ça a diminué de telle sorte que chez les garçons, à 17 ans, tu as 58 % des jeunes qui ont un niveau qui les expose à des problèmes de santé. Chez les filles, c’est encore pire. C’est 70 % des filles qui, à 17 ans, sont exposées à développer des problèmes cardiométaboliques importants dans les années à venir », a affirmé le Dr Mario Leone en entrevue à l’émission Première heure, diffusée sur ICI PREMIÈRE.

Les résultats de la recherche démontrent également que 20 % des garçons et 30 % des filles ont réussi deux paliers ou moins lors du test, ce qui correspond à un effort faible à modéré pendant deux minutes. Et 10 % du groupe est tout simplement incapable de réussir un seul palier.
 

Des effets sur le réseau de la santé

Mario Leone s’inquiète pour la santé des jeunes, mais aussi pour les répercussions que cette dégradation aura sur le système de santé dans les années à venir.

« On regarde beaucoup en avant chez les personnes âgées en se disant : “la population vieillit, ça va coûter plus cher”. Il faut aussi regarder ce qui s’en vient. Ce sont des jeunes qui vont devoir avoir des traitements pendant les 50, 60, 70 prochaines années », estime le professeur associé à la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke.

La recherche s’est aussi intéressée au poids, à la taille et à l’indice de masse corporelle des participants. Elle a permis de constater que les adolescents pèsent en moyenne environ 7 kg de plus qu’en 1982, mais que leur taille moyenne n’a pas changé.

« Aujourd’hui, on note chez des jeunes de 8, 9, 10 ans, des cas de diabète de type 2 de façon assez régulière, alors que ce n’était pas le cas dans les années 1980. On voit des adolescents qui ont des problèmes d’hypertension artérielle », illustre Mario Leone.

Au banc des accusés, l’augmentation de la sédentarité

« On sait très bien que depuis l’avènement des ordinateurs, des téléphones cellulaires, des jeux vidéo, le nombre de minutes et d’heures dédiées à des activités sédentaires a augmenté de façon exponentielle. Le temps que les jeunes passaient dehors ou dans des activités physiques est maintenant investi dans la sédentarité », se désole Mario Leone.

Le temps passé devant les écrans est sans doute en cause, mais il faut aussi, selon lui, prendre en compte le contexte socio-économique pour expliquer cette tendance.


Une des solutions : ajouter des heures d’éducation physique

Mario Leone estime tout de même qu’il est possible de renverser la vapeur. Il propose notamment d’ajouter des heures d’éducation physique au primaire et au secondaire. Sans augmenter le nombre d’heures à l’école. En coupant dans quelles matières ?

Il faut aussi, selon lui, « se doter d’outils de surveillance qui permettent d’enquêter sur la condition physique des jeunes plus souvent qu’aux 40 ans », dit-il.

La religion, un tabou chez les Québécois ?

Une étude menée par une équipe de chercheurs canadiens, La Pluralité religieuse au Québec, a été publiée début décembre. Le résultat de dix ans de recherches et de terrain, qui laisse entrevoir un certain tabou dans les pratiques religieuses des Québécois.

Bon nombre de Québécois auraient des « réticences à parler du religieux, même avec leurs proches » : c’est l’une des conclusions de l’étude sur « La pluralité religieuse au Québec », publiée début décembre aux Presses de l’université de Montréal. Mené par une équipe de chercheurs, ce travail se veut être « une synthèse lisible et concise de la diversité des croyances actuelles de la province ». Sur une période de plus de dix ans, ils se sont ainsi penchés sur 230 groupes religieux ou spirituels répartis dans plusieurs régions du Québec.

Parmi les principaux constats de cette étude, celui d’un certain « tabou » des Québécois à l’égard de leur pratique religieuse. « Nous avons été frappés par la grande discrétion que nos répondants issus de la majorité sociale au Québec affichaient à l’endroit de leurs pratiques et de leurs croyances religieuses », observent les chercheurs.

Autocensure

Comment expliquer cette autocensure ? « Les gens sont d’une très grande discrétion par peur soit de provoquer des chicanes, soit d’être tournés en ridicule ou de scandaliser », rapporte l’anthropologue Deirdre Meintel, qui a dirigé cette étude, citée par le quotidien Le Devoir. Par ailleurs, « la visibilité de certains lieux de culte évangéliques et pentecôtistes a fait l’objet de conflits dans certains quartiers », au même titre que le port de certains signes religieux, tel que le voile musulman.

Et ce alors que les lieux de culte évangéliques et musulmans se sont multipliés dans la province. Par exemple, dans les années 1970, « les grandes Églises protestantes (anglicane, unie, presbytérienne) ont fait de nombreuses conversions chez les Québécois francophones, mais vingt ans plus tard, elles en avaient perdu 90 %, dont probablement la majorité a été récupérée par les Églises évangéliques ».

Des immigrants plus pieux ?

Religion majoritaire et autorité prépondérante jusque dans les années 1960, l’Église catholique connaît aujourd’hui une vague de fermeture de ses édifices et un déclin progressif du nombre de ses fidèles. En outre, détaillant la diversité religieuse présente au Québec, l’étude note un intérêt de la population pour d’autres formes de spiritualité, tels que le druidisme ou le néo-chamanisme.

Les chercheurs s’attachent à déconstruire des préjugés concernant le religieux dans la province canadienne, comme celui que « les Québécois sont généralement présentés comme peu religieux et les immigrants comme l’étant beaucoup plus ». Or, « les immigrants se déclarent plus fréquemment “sans religion” que les personnes nées au Québec, soit 15 % contre 12 % ».

Au sujet de l’immigration, les instances religieuses restent toutefois des outils d’intégration privilégiés, rappelle l’étude : « Les groupes religieux offrent ainsi à leurs membres l’aide dont ils ont besoin pour s’adapter à la nouvelle société. » Cette dimension d’inclusion se manifeste en particulier dans le cadre de l’aide des prétendus mineurs isolés.

Voir aussi 

Des cours de « médium » au cégep

L'éducation religieuse remplacée par l’« animation spirituelle » dans les écoles publiques québécoises 

« Animation spirituelle et ECR » : deux piliers du multiculturalisme à l'école québécoise  

Cérémonie, prière, danse sacrées dans une école laïque publique 

Spiritualité autochtone, écologie et norme universelle moderne

Chasser la religion et la remplacer par la spiritualité (suite)

L'animation de la vie spirituelle et d’engagement communautaire dans les écoles québécoises

Sortir le religieux de l'école pour y laisser entrer l'ésotérisme et les gourous (2012)

Scène de classe en ECR : ambivalence, ambivalence ?

Trois ans d'ECR, son relativisme, ses cérémonies chamaniques, les parents réduits au silence

4.1 — « L’enfant a refusé de méditer et de laisser entrer un animal en lui »

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« Nos ancêtres, les Amérindiens »

 
 


France — La natalité en chute libre, sauf en zones rurales

En octobre, 1 940 bébés sont nés chaque jour — en moyenne — sur le territoire français. Ce sont les chiffres les plus bas ayant été observés depuis 1993. 

C’est un coup dur pour la démographie en France. Comme le rapporte La Croix, lundi 5 décembre, la natalité est en chute libre dans l’Hexagone, à l’exception des zones rurales.

D’après l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), 1 940 bébés sont nés chaque jour en France — en moyenne — en octobre dernier. Autrement dit, il s’agit des chiffres les plus bas ayant été observés depuis 1993. Dans le même temps, cette étude nous apprend que la « géographie des naissances se modifie considérablement », selon le démographe Gérard-François Dumont, dont les propos sont cités par le quotidien. 

L’avenir de la « famille », pas d’enfants, mais des animaux domestiques ? La retraite payée par les enfants des autres ?

Un projet d’enfants renvoyé « à des jours meilleurs » ? 

Cette baisse globale de la natalité est importante. Selon les chiffres obtenus par l’Insee, le nombre de naissances quotidiennes pour le mois d’octobre 2022 est 10 % plus faible que celui observé en octobre 2021, poursuit La Croix. Aussi, ce même chiffre est 6 % plus faible que celui d’octobre 2020, période à laquelle l’évolution des naissances n’avait pas encore été affectée par la crise sanitaire. 

Selon Didier Breton, démographe de l’Institut national d’études démographiques (Ined), il s’agirait du creux le plus notable depuis ceux identifiés en 1975 et 1993. « Deux dates lors desquelles la France subissait des crises économiques majeures », a rappelé le spécialiste dont les propos sont cités par le même média. Lui estime que ce nouveau décrochage correspond à une baisse des conceptions en janvier 2022. Autrement dit, une période à laquelle le variant Omicron faisait la une des médias, tandis que la France avait connu — quelques mois avant – une saison estivale caniculaire. Et de conclure : « Dans un monde très incertain, des parents ont pu décider de remettre leur projet d’enfant à des jours meilleurs. » 

Fin janvier 2022, Aleteia avait publié un article dans lequel il était indiqué que l’année 2021 avait enregistré une hausse de la fécondité et un rebond des mariages, selon une étude de l’Insee parue peu avant. Fin 2021, les naissances avaient ainsi atteint le chiffre de 738 000 ; c’est-à-dire 3 000 naissances supplémentaires que l’année 2020. 

La natalité française longtemps vantée

La natalité française, longtemps vantée comme l’un des atouts du pays, serait-elle en passe de devenir un de ses problèmes ? Selon les derniers chiffres communiqués par l’Insee, entre mai 2020 et mai 2021, le nombre de naissances a connu une baisse de 2 %, après d’autres baisses depuis le début de l’année. Bien sûr, l’angoisse née de la pandémie de Covid-19 avec sa spirale confinement-déconfinement-reconfinement explique cette retenue. Mais la tendance est en fait plus durable. Depuis 2010, le nombre de naissances va en diminuant, passant de plus de 800 000 il y a onze ans à moins de 700 000 l’an dernier selon les chiffres de l’Institut national d’études démographiques (Ined), soit une baisse de 13 %, tandis que le taux de fécondité passait, lui, de 2,03 enfants par femme, très proche du seuil de renouvellement des générations (2,05 enfants par femme pour compenser le fait qu’il naît 105 garçons pour 100 filles), à 1,84 en 2020.

La France a pourtant longtemps échappé à ce fléau de la natalité en berne. La politique familiale tricolore, créée au lendemain de la Première Guerre mondiale pour combler le coût humain des tranchées, s’est révélée redoutablement efficace pour maintenir les naissances à un niveau élevé. Les « suppléments salariaux », versés dans un premier temps par l’État et quelques entreprises généreuses, furent généralisés par la loi du 11 mars 1932, puis encore élargis au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec la création de la Sécurité sociale et des caisses d’allocations familiales. Considérée comme l’une des plus généreuses d’Europe au début des années 1950, la politique familiale a ainsi permis de maintenir le taux de fécondité à près de trois enfants par femme.

La baisse de la natalité fragilise l’État-providence qui repose sur la solidarité nationale

La fin du baby-boom, au milieu des années 1960, a marqué un premier coup d’arrêt : sous l’effet de la libération des mœurs portée par Mai-68, de la banalisation du divorce et de la démocratisation de la contraception — jusqu’à la loi Neuwirth de 1967, elle était interdite en France — dans un premier temps, puis des deux chocs pétroliers, la natalité est rapidement tombée à moins de deux enfants par femme à la fin des années 1970. Après avoir connu un léger regain entre le milieu des années 1990 et 2014, jusqu’à s’approcher du seuil de renouvellement de la population, le taux de fécondité est reparti à la baisse.

S’il est difficile de dégager une explication claire, les crises économiques et financières successives depuis 2008 ne sont certainement pas innocentes, tout comme les coupes franches décidées par François Hollande, pour qui la politique familiale était davantage un outil de lutte contre la pauvreté qu’un moyen de favoriser les naissances.

Baisse de la natalité, effets pervers sur l’économie comme la société

Le problème, c’est que la baisse de la natalité induit de nombreux effets pervers, dans l’économie comme dans la société. Comme le rappelait François Bayrou dans une note du Haut-Commissariat au Plan il y a quelques semaines, le « modèle social français » repose pour beaucoup sur le principe de la solidarité nationale : les retraites sont payées grâce aux cotisations et impôts de ceux qui travaillent, tout comme l’éducation, la santé ou les indemnités chômage. Quand la population en âge de travailler diminue tandis que le nombre de seniors augmente, c’est tout le système qui se fragilise : un nombre plus faible d’actifs doit supporter financièrement un nombre plus important d’inactifs, jusqu’à rendre la charge insupportable pour les premiers. En 1950, la France comptait quatre cotisants pour un retraité. Ce ratio est désormais de 1,7 pour un, et menace de descendre à 1,2 pour un d’ici à 2050. « On peut comprendre que les générations nouvelles aient le sentiment qu’elles vont devoir porter le poids de choix dont elles n’ont pas eu la responsabilité. […] Le risque d’une incompréhension entre les générations, déjà à l’œuvre avant la crise, existe », résume François Bayrou dans son rapport.

L’immigration, fausse solution

Pour compenser la baisse du nombre d’actifs, la solution généralement envisagée est le recours à l’immigration. En Allemagne, où un million de travailleurs manquent à l’appel du fait d’une natalité faible — le taux de fécondité y était de 1,54 enfant par femme avant la crise sanitaire —, l’État a adopté fin 2019, sous la pression des patrons, une loi sur l’immigration visant à faire venir de l’étranger la main-d’œuvre nécessaire pour compenser la pénurie. Sauf que, si les mathématiques s’y retrouvent, il est clair aujourd’hui qu’un tel afflux de population étrangère est source de conflictualités. « Si cela se produisait en France, étant donné la situation psychologique du pays et les tensions, je pense que ça ferait des dégâts considérables qui produiraient du déséquilibre et le déséquilibre produit de la dénatalité, c’est-à-dire le contraire de l’objectif », commentait François Bayrou lors d’une audition devant les sénateurs, le 20 mai dernier. De fait, en France, la défiance envers l’immigration est déjà très élevée, comme le montrent les études menées régulièrement par l’IFOP sur la question : entre 2006 et 2020, la part de Français estimant qu’« on en fait plus pour les immigrés que pour les Français » est passée de 40 à 64 % ; et entre 2006 et 2020, la part de ceux qui considèrent que « l’immigration est une chance pour la France » a baissé de 49 % en 2007 à 37 % en 2020.

Au-delà de ces enjeux économiques et sociaux, la baisse de la natalité est étroitement liée à notre vision de l’avenir de la société. Les écologistes les plus radicaux, pour qui la planète court à sa perte, considèrent que le simple fait de donner naissance à de nouveaux êtres humains est criminel, autant pour eux que pour la planète. Réunis derrière l’acronyme Gink (pour « green inclination, no kids », en français « j’ai un penchant écologiste, je ne veux pas d’enfants »), ils rappellent régulièrement que la solution la plus radicale pour diminuer l’empreinte carbone de l’humanité consiste à réduire sa descendance. En 2017, la revue scientifique Environmental Research Letters évaluait ainsi qu’un enfant de moins permettait de diminuer son empreinte carbone de 58,6 tonnes de CO2 par an. L’étude, qui bien sûr ne prenait pas la peine de s’interroger sur l’évolution des progrès techniques, des modes de consommation ou les conséquences économiques et sociales de la disparition des enfants, avait déclenché un tollé, mais n’en soulignait pas moins en creux l’existence de cet état d’esprit mortifère.

Le désir d’enfant toujours bien présent

Si certains ne veulent pas d’enfants par peur de l’avenir, cette natalité anémique contribue précisément à rendre cet avenir inquiétant. Les enfants incarnent la relation des individus à leur propre futur : en transmettant leurs valeurs, en éduquant leurs enfants, les parents — et les grands-parents — créent un lien concret avec le futur. Le monde de demain, ce n’est plus seulement celui auquel seront confrontées d’hypothétiques « générations futures », mais celui dans lequel notre propre descendance devra vivre. Or la diminution du nombre d’enfants atténue progressivement ce lien avec le futur. Comme l’explique l’intellectuel conservateur américain Ross Douthat dans son livre The Decadent Society, « c’est à travers nos enfants, la chair de notre chair, que nous pouvons entrevoir le futur. Mais dans un monde avec moins d’enfants et encore moins de petits-enfants, il devient bien plus difficile d’apercevoir ce futur ». C’est ce que décrit également l’auteur britannique P. D. James dans les Fils de l’homme, paru en 1992 — et brillamment adapté au cinéma par Alfonso Cuarón en 2006. James imagine l’Angleterre de 2021, où plus aucun bébé n’est né depuis vingt-cinq ans. Elle décrit un monde où la société s’enfonce progressivement dans le désespoir, où les plus jeunes font régner la terreur et où l’idée même de « faire société » s’effondre progressivement, chacun se laissant engourdir dans son petit confort personnel tandis que la civilisation disparaît. Dystopie oblige, le trait est forcé à l’extrême, mais certains éléments développés, tels le fossé entre jeunes et seniors ou encore le désintérêt généralisé pour les institutions, résonnent étrangement avec l’actualité.

Faut-il donc se résigner à voir la population française sombrer dans le déclinisme ? Paradoxalement, alors même que la fécondité baisse, le désir d’enfant reste, lui, élevé : selon une étude menée fin 2020 par l’institut Kantar pour l’Union nationale des associations familiales, le nombre moyen d’enfants souhaités atteint encore 2,39. S’il y a moins d’enfants, ce n’est donc pas par manque d’envie, mais bien parce que les désirs ne se concrétisent pas, accroissant au passage d’autant la frustration des familles. En Occident, un seul pays échappe à la baisse de la natalité généralisée : Israël, où le taux de fécondité, qui se situait autour de 2,7 enfants par femme au début des années 1990, a régulièrement progressé depuis et atteint désormais 3,09 enfants par femme.

En 2018, la presse relevait que de nombreux dirigeants européens n’avaient pas d’enfants. Comme un signe de l’incapacité de ces hommes et femmes à saisir les enjeux liés à la natalité.

Deux facteurs au moins expliquent cela. D’une part, l’identité forte du pays, une nation juive entourée de pays musulmans hostiles à son égard ; et d’autre part le caractère fortement religieux de la société, qui traditionnellement tire la natalité vers le haut. Comme l’expliquait dès 1977 Raymond Ruyer dans les Cent Prochains Siècles, les peuples religieux finissent toujours par prendre le dessus sur les peuples « émancipés ». Ce n’est pas pour rien si, dans les Fils de l’homme, le groupe qui se rebelle contre l’autorité se fait appeler les « poissons » en référence aux premiers chrétiens, se réunit dans une église désaffectée, autour d’un prêtre, et finit par donner naissance à un enfant, qui sera baptisé par le héros.

Plus concrètement, l’étude des différents taux de fécondité en Europe fait ressortir une tendance forte : les pays du nord du continent, France, Danemark, Suède entre autres, affichent des taux de fécondité largement supérieurs à ceux de l’Europe du Sud, Italie, Espagne et Grèce notamment. Pour Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Ined, cela s’explique par un soutien bien plus important aux familles : « Dans le Nord, les prestations familiales atteignent en moyenne 3,5 % du PIB, contre 1,5 % dans le Sud. Les congés parentaux sont mieux rémunérés, l’offre de garde d’enfant est plus développée. » Pourtant, dans ces pays, la politique familiale ne vise pas à encourager les naissances, mais plutôt à inciter les femmes à travailler. « On a longtemps considéré que, pour avoir plus d’enfants, il fallait que les femmes restent à la maison. Aujourd’hui, on constate que c’est l’exact inverse, résume Gilles Pison. Pour maintenir leur niveau de vie, les foyers ont souvent besoin de deux sources de revenus. Dans les pays où les aides aux jeunes mères sont réduites, les femmes doivent souvent reporter leur désir d’enfant, voire y renoncer entièrement. »

Dirigeants européens sans enfants

Mais nos dirigeants peuvent-ils seulement comprendre cette question ? En 2018, la presse relevait que de nombreux dirigeants européens, d’Angela Merkel à Theresa May, en passant par Emmanuel Macron, le Premier ministre italien Paolo Gentiloni ou encore le président de la Commission européenne, Jean-Claude Junker, n’avaient pas d’enfants. Comme un signe de l’incapacité de ces hommes et femmes à saisir les enjeux liés à la natalité.


lundi 5 décembre 2022

Regain du nombre de monarques au Mexique

Chaque année, les papillons monarques migrateurs parcourent jusqu’à 3 000 km depuis le Québec et l’Est de l’Amérique du Nord pour passer l’hiver dans les forêts du centre et de l’ouest du Mexique.

Les fins de semaine hivernales amènent des centaines de visiteurs dans la Sierra Chincua, un sanctuaire idyllique pour les monarques dans l’État occidental de Michoacán, à environ trois heures de route de Mexico.

La Sierra Chincua est un site du patrimoine mondial de l’UNESCO s’étendant sur quelque 56 000 hectares.

« Le tourisme aide à conserver la forêt, c’est ainsi que nous soutenons nos familles », a déclaré Juan Vidal, l’un des trois douzaines de gardes du parc qui patrouillent dans la forêt et travaillent comme guides.

Les papillons monarques virevoltent dans le sanctuaire de papillons de la Sierra Chincua à Angangeo, dans l’État du Michoacán, au Mexique. 3 décembre 2022

 Aujourd’hui, Vidal, 54 ans, dit qu’il y a moins de monarques que lorsqu’il est arrivé enfant.

La population de monarques migrateurs a chuté entre 22 % et 72 % au cours de la dernière décennie, selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui a déclaré l’espèce en voie de disparition en juillet.

Certains scientifiques attribuent cette chute au changement climatique, aux pesticides et à l’exploitation forestière illégale pour le déclin de la population.

La présence des monarques dans les États où ils passent l’hiver, le Michoacán et l’État voisin de Mexico, s’étendait sur 18 hectares au milieu des années 1990. Mais l’hiver dernier, la superficie était tombée à seulement 3 hectares.

La migration de l’année dernière, cependant, a offert une lueur d’espoir pour l’avenir du monarque. Leur présence au Mexique a en fait augmenté de plus d’un tiers par rapport à 2020.

Luis Martinez, l’un des rangers de Sierra Chincua, s’attend à une nouvelle amélioration cette année. « Nous avons plus de papillons cette année, plus sont arrivés ici parce que la colonie est plus grande », a-t-il déclaré.

Source : Reuters


« Il suffit de mentir pour régler la situation du français au Québec »

Un texte de Mathieu Bock-Côté : 

Selon tous les indicateurs, le français régresse au Québec. À Montréal, mais aussi à Laval, nouveau territoire conquis par le multiculturalisme et l’anglais. Il n’est plus possible de nier cet effondrement.

À moins de mentir.

Alors que font les jovialistes, ceux qui depuis 25 ans, ont multiplié les contorsions sémantiques et statistiques pour nous expliquer que le français se portait bien ?

Ils proposent de changer la définition de ce qu’est un francophone, tout simplement. Il suffit désormais de nommer la maladie bonne santé pour être guéri.

Francophone ?

Le mot « francophone » ne désignera plus quelqu’un de langue maternelle française, non plus qu’une personne parlant principalement français à la maison, ni même quelqu’un utilisant principalement le français au travail.

Non !

Il suffirait désormais de parler le français, ou plus exactement, de prétendre qu’on le parle, pour être classé parmi les francophones. On pourra ainsi gonfler les statistiques de francophones au Québec par la magie du trucage des chiffres.

Dès lors, plus de problème !

On pourrait donc vivre dans un Québec où les francophones « à l’ancienne » ne seraient plus que 50 %, ou 40 %, que cela ne les dérangerait pas, pour peu que tous soient capables d’interagir minimalement en français.

On pourrait vivre dans un Québec où seulement un tiers de la population parlerait français à la maison qu’il ne faudrait pas non plus s’inquiéter.

Qui contestera cette définition se fera accuser d’intolérance.

Manipulation

Le français, dans cette perspective, n’est plus l’expression de l’identité d’un peuple, mais un instrument de communication accessoire.

Reconnaissons que la manipulation du vocabulaire domine notre époque.

Il suffit ainsi, on l’a vu en France l’été dernier, qu’une femme, grâce à la théorie du genre, s’identifie désormais comme homme et tombe « enceint » pour qu’on dire qu’un homme peut accoucher.

Alors il suffira qu’un anglophone dise « bonjour-hi » pour qu’on en fasse un francophone. Il suffisait d’y penser. 

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