lundi 16 décembre 2019

Les élèves québécois parmi les meilleurs au monde ?

Texte de Sarto Lelièvre, enseignant retraité, envoyé au Devoir.

Nombre d’observateurs ont réagi avec scepticisme au dévoilement du résultat exceptionnel obtenu par le Québec aux tests de classement des 79 pays participants au PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves). Depuis les premières évaluations de l’organisme international qui ont été réalisées tous les trois ans depuis l’an 2000, nos élèves se sont toujours retrouvés dans le peloton de tête.

Pourtant on constate une double réalité dans les résultats obtenus du Québec à l’international avec ceux que nous projette la réalité quotidienne québécoise à tous les niveaux de notre système éducatif.

La réalité internationale


En 2016, dans l’une des conclusions du rapport PISA, on déplorait la faiblesse de la représentativité de l’échantillon québécois. En 2018, on nous assurait que les résultats avaient été pondérés pour tenir compte du public et du privé.

Le Québec a un système scolaire à trois vitesses : les écoles publiques ordinaires, les écoles publiques à projets particuliers en concurrence avec les écoles privées.

Qu’en est-il de l’échantillon québécois ? Nous savons qu’un nombre indéterminé d’écoles refusent de participer au PISA. Quels en sont le nombre et le pourcentage ainsi que leur répartition géographique ? Dès lors, le caractère aléatoire de l’échantillon le rend-il biaisé ? L’exercice de pondération prend-il en compte les trois sous-groupes de l’échantillon ? Le deuxième sous-groupe (projets particuliers) bénéficie-t-il du mécanisme de pondération ? Est-il surreprésenté dans l’échantillon des écoles publiques ? Une connaissance exhaustive de la méthode d’échantillonnage du Québec serait de nature à éclairer bien des questionnements.

La réalité québécoise

La performance exceptionnelle des élèves québécois à l’échelle internationale depuis 20 ans ne semble pas se refléter dans le plan populationnel, ni dans les réseaux scolaire, collégial ou universitaire. On observe dans la population québécoise une progression du taux d’analphabétisme fonctionnel, qui se situe actuellement à 53 %. À l’échelle canadienne, le Québec enregistre le pire taux de décrochage scolaire. Le résultat d’enquêtes récentes révèle que l’école ne parvient à diplômer que 40 % de ses élèves après sept ans.

Au collégial, seulement un tiers des finissants du secondaire franchissent la porte d’entrée du cégep et un certain nombre d’entre eux sont admis sans qu’ils détiennent un diplôme d’école secondaire (DES). Le taux de décrochage au collégial, qui était de 46 % dans les années 1970, a explosé dans les dernières décennies pour atteindre 70 % au Québec, selon les données les plus récentes recueillies par l’Association pour l’alphabétisme et un chercheur de la FTQ.

Pour sa part, l’université québécoise maintient toujours un écart historique de diplomation de 20 % avec l’Ontario.

Comment expliquer un tel fossé entre ces deux réalités ? Comment nos experts peuvent-ils concilier des résultats aussi contradictoires qui perdurent depuis 20 ans ? Ce sont là des questions qui restent malheureusement sans réponse.

Voir aussi

Québec et PISA 2018 — bons résultats en maths, baisse en sciences, immigrants à la traîne et fort taux de non-participation des écoles

PISA — analyse des résultats de la Finlande (en baisse) et de l’Estonie (1re en Occident)




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