jeudi 11 juillet 2019

Pressions médiatiques et politiques contre les cinémas Guzzo qui vont projeter Unplanned

La pression s’accroît dans les médias contre les cinémas Guzzo parce qu’ils vont projeter Unplanned. Un film qui déplaît aux partisans de l’avortement. Il doit prendre l’affiche ce vendredi, uniquement dans sa version anglaise, dans la région montréalaise (Saint-Léonard, Dollard-des-Ormeaux, Saint-Laurent, Greenfield Park et Montréal même).

Un succès au guichet américain

Capture d’écran du film
Ce film, produit par un studio chrétien, illustre le revirement d’une ancienne cadre de la planification familiale devenue militante antiavortement. Il a connu un succès-surprise aux États-Unis. Sorti le 29 mars, « Unplanned » avait déjà réalisé 8,6 millions de dollars de recettes aux États-Unis en deux semaines, selon le site spécialisé Mojo. Il s’est maintenu en quatrième position du box-office pendant cette période. Il a récolté à cette date 18 millions de $ américains de recette.

« Unplanned » n’a bénéficié que d’une promotion réduite, car la plupart des chaînes câblées sollicitées ont refusé de lui vendre de l’espace publicitaire.

De nombreux opposants à l’avortement ont vu dans ce refus une manœuvre, soulignant également que ce film indépendant avait été interdit aux moins de 17 ans par l’association des studios américains (MPAA). Une jeune femme peut donc avorter légalement avant de pouvoir voir ce film sur l’avortement, ce qui est assez paradoxal. Ces critiques ont été renforcées par la brève suspension du compte Twitter du film, que le réseau social a attribuée à un mystérieux problème technique. « Le film que les partisans de l’avortement ne veulent pas que vous voyiez », a écrit l’éditorialiste Marc Thiessen dans le Washington Post.

Un film partisan, sans vedette, mais efficace

« Unplanned » est inspiré du livre homonyme, écrit par Abby Johnson, ancienne directrice d’une clinique de Planned Parenthood, principale organisation américaine pratiquant des avortements, à Bryan (Texas). Elle raconte avoir vécu un « éveil spirituel » après avoir assisté à un avortement. Après avoir démissionné en 2009, elle a accusé la planification familiale d’être guidé par des intérêts financiers et d’avoir produit des milliers de fausses factures, ce que l’organisation a toujours contesté. Une enquête du magazine Texas Monthly aurait mis au jour une série d’incohérences dans le récit d’Abby Johnson au sujet de l’avortement qui aurait changé sa perception. Interrogé par l’AFP, le coréalisateur Cary Solomon affirme avoir mené ses propres recherches sur le livre et avoir acquis la certitude que tout était vrai. Il accuse de « partialité » ceux mettant en doute le témoignage d’Abby Johnson. « Nous n’avons pas fait de ce film un instrument de propagande », a assuré le metteur en scène. « Nous voulions raconter une histoire vraie et laisser les gens interpréter la vérité. »

Selon Catholic News, « le scénario évite de diaboliser tous ceux qui sont associés à la planification familiale. Il ne présente pas non plus tous les activistes pro-vie sous un jour positif. On peut toutefois se demander si ce sens de l’équilibre permettra à “Unplanned” de convaincre les partisans de l’avortement légal. »

« Unplanned n’est pas un bon film, mais c’est de la propagande efficace », écrit pour sa part Owen Gleiberman, dans sa critique pour le magazine (en rien conservateur) Variety.


Bande-annonce du film (en anglais uniquement)

Menaces de mort

Cette efficacité potentielle explique sans doute les critiques acerbes et les menaces de mort reçues par plusieurs propriétaires de salles de cinéma au Canada alors qu’on vient d’annoncer qu’il y serait projeté. D’après LifeSiteNews : « La police enquête sur les menaces de mort transmises à deux propriétaires de cinémas indépendants canadiens parce qu’ils projetaient de passer dans leurs salles le film pro-vie Unplanned le 12 juillet, a appris LifeSiteNews. Des mesures de sécurité : Par mesure de sécurité, les producteurs du film ont retiré de leur site Web [ce qui fait précisément le jeu des opposants à ce film] la liste complète des 46 cinémas canadiens — indépendants, Cineplex et Landmark — où sera montré le film le 12 juillet, a affirmé M. Konzelman [l’un des producteurs du film] à LifeSiteNews. »

Première canadienne annulée à la suite de menaces

La première canadienne d’Unplanned qui devait avoir lieu dans la région de Kelowna (Colombie-Britannique) a été annulée. Chris Papworth, membre du conseil des cinémas Salmar en Colombie-Britannique, a confirmé que la difficile décision d’annuler le film avait été prise par souci de la sécurité personnelle de la direction des cinémas Salmar, laquelle avait été menacée sur les médias sociaux.

Liberté créatrice et de distribution

Vincent Guzzo n’a pas l’intention de se plier à leurs demandes. « On n’a pas mis d’avertissement pour Avatar ou n’importe quel autre film de fiction. Alors pourquoi on le ferait avec Unplanned ? Ce serait du mépris envers nos clients qui sont assez intelligents pour comprendre qu’ils regardent une fiction. Ç’a beau s’inspirer d’une histoire vraie, c’est évident que ç’a été romancé et exagéré pour en faire un film », explique-t-il. Quant aux films partisans, Vincent Guzzo a rappelé : « J’ai joué les documentaires de Michael Moore. Personne de la droite n’est venu me critiquer ».

Radio-Canada partisan sous un vernis journalistique

Venons-en à l’article de Radio-Canada sur ce film (rappelons que Radio-Canada se doit de représenter tous les contribuables qui lui versent plus d’un milliard de subventions par an...)


Voici le premier paragraphe de cet article :

Avant même sa sortie en salles au Canada, le film Unplanned soulève la controverse. Au centre de cette polémique, le propriétaire de salles Vincent Guzzo, qui sera le seul au Québec à présenter ce long métrage.

« Ah, si seulement M. Vincent Guzzo ne voulait pas créer la polémique ! », doit-on comprendre. Sans lui la paix serait maintenue, quel fauteur de troubles. Au-dessus de la photo savamment choisie de M. Guzzo (il ne sourit pas, ce n’est pas un militant LGBTQ), M. Guzzo se « défend ». Le propriétaire de cinémas « avoue » dans la légende sous la photo. Le champ lexical est celui de l’accusé solitaire. Peut-être qu’en faisant gonfler la « polémique », il craquera comme il se doit.

Radio-Canada ajoute également deux mots-balises qui doivent guider le lecteur non averti : « polémique » et « controverse ». Ils servent à cataloguer d’emblée la personne qui les suscite, il est sulfureux. Rappelons cette définition du dictionnaire de novlangue :

POLÉMIQUE — Mot sidérant [c’est-à-dire qui vise à disqualifier les adversaires idéologiques] exclusivement employé lorsqu’une personne influente fait une déclaration ou prend une initiative susceptible d’aller à l’encontre de l’idéologie dominante. On dit alors qu’il « suscite la polémique » ou « une levée de boucliers » ; lorsque cette personne appartient à la droite de conviction, on dit « tollé » ; de même « controverse », « réactions ».

On notera que l’article de Radio-Canada ne parle pas des menaces de mort envoyées aux propriétaires de salles par les opposants à la diffusion de ce film, partisans de la réintroduction de l’index, mais « progressiste », hein ! Non, selon Radio-Canada, M. Guzzo ne reçoit que des « plaintes », même pas des « insultes ». Or le ton des partisans à la censure effective de ce film en créant la controverse, en faisant craindre des débordements, est loin d’être serein dans les médias sociaux ou non. 



Notons que l’article de Radio-Canada omet également de parler de la pétition de soutien à M. Guzzo signée à ce jour par plus de 1100 personnes. Voir Pétition : Monsieur Guzzo, nous voulons Unplanned ! La société d’État est moins timide et mentionne plus facilement les pétitions qui sont moins « controversées ».


L’alliance du Journal de Québec/de Montréal/TVA n’a pas démérité qualifiant les explications de M. Guzzo de pétage de plomb... illustrant le tout derrière un rideau de flamme (de l’enfer faut-il croire).


La « journaliste » commence très fort dans l’objectivité journalistique, elle affirme d’emblée que cette projection est un « scandale », rien de moins, elle semble également croire que « les gens » sont tous contre cette projection. Alors qu’on peut être proavortement, mais considérer que la censure, les menaces ou ces pressions de déprogrammation sont inacceptables, pour ne rien dire des personnes qui considèrent l’avortement comme le meurtre d’un être humain innocent.

Écoutez l’entrevue et jugez par vous-même.

Les commentaires sur les médias sociaux sont très mitigés quant à la prestation de cette journaliste militante assez méprisante :


Des appuis de taille pour la censure : la chef de cabinet de Trudeau et la ministre Joly

Les libéraux fédéraux ont donné un coup de pouce aux censeurs. La chef de cabinet de Justin Trudeau, Katie Telford, a mené la charge sur Twitter en accusant les conservateurs de tenir mordicus à la projection du film pro-vie. « Cela se produit, du moins en partie, grâce au soutien des politiciens conservateurs fédéraux », a-t-elle affirmé sur le réseau social en partageant un article qui faisait mention de la projection du film dans 24 cinémas. Cineplex, qui diffuse le film hors Québec, a précisé sur Twitter : « Nous pensons qu’il appartient au public de décider s’il souhaite voir un film en particulier et nos invités peuvent exprimer leurs opinions en choisissant d’acheter un billet ou non ».

La ministre du Tourisme, des Langues officielles et de la Francophonie Mélanie Joly a également critiqué le choix offert aux spectateurs, Pour la « controversée » ministre, critiquée pour sa gestion des privilèges accordés à Netflix, présenter le film est une décision politique pour faire reculer le droit des femmes.

« Ce que je vous dis, c’est que fondamentalement la diffusion de ce film-là a des répercussions parce que c’est une campagne de propagande, importée des États-Unis, qui vise à influencer les femmes sur des bases morales pour les empêcher de prendre des décisions éclairées », a-t-elle affirmé. Est-ce à dire que la morale n’intervient pas dans les décisions « éclairées » ? Avorter, mettre fin à la vie d’un être humain distinct, ne devrait-il pas impliquer un élément de morale ?

« C’est baveux et ça démontre le mépris qu’elle a pour moi et pour Monsieur et Madame Tout-le-Monde qu’elle ne veut pas qu’on voie le film. Son commentaire est à son image, quelqu’un qui n’est pas pris au sérieux, parce qu’elle n’est pas sérieuse », répond M. Guzzo, qui est un bailleur de fonds pour le Parti conservateur.

Les proavortements semblent décidément être anti-choix quand vient le temps de décider quels films les gens peuvent voir. 

Des esprits chagrins pourraient penser que le camp proavortement défend le « choix » quand cela lui convient (se débarrasser d’un enfant à naître gênant) mais défend la censure quand il s’agit de conserver sa mainmise sur le débat public. Ils semblent ici être les « conservateurs » et les anti-choix.


Voir aussi

Pétition : Monsieur Guzzo, nous voulons Unplanned ! Petition: Mr. Guzzo, we want Unplanned!

Les omissions de l’éducation sexuelle à l’école québécoise

Avortement, démographie et immigration entraînent la recomposition ethnoculturelle de l’Occident

Éthique — passage en revue rapide d’arguments classiques pro-avortement

France — les débats en classe sur l’avortement excluent-ils la présentation des arguments des pro-vie ?

Militant pro-avortement brutalise une militante pro-vie, silence radio (m à j)

Éric Zemmour sur l’avortement

États-Unis : les jeunes femmes adultes sceptiques envers le féminisme militant et l’avortement

Russie : réduction rapide du nombre d’avortements

Avortement — « le débat est clos » selon les médias et l’intelligentsia autoproclamée

Débat sur l’avortement : l’ainée est pro-avortement et défend l’ordre établi, la cadette pro-vie veut dialoguer

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