mardi 25 octobre 2011

Rome et Grèce antiques — Rôle de l'État et des parents dans l'éducation

L’école est avant tout pour les contemporains un lieu et une institution.

Pour les hommes de l’Antiquité, elle est un état, l’état de loisir (σχολή [skholê en grec, ludus en latin]) qui permet, en faisant une pause dans les tâches nécessaires et contraignantes de l’activité sociale, de « cultiver son esprit » (Cicéron), c’est-à-dire de rendre fécond, productif, ce terrain donné par la nature et qui, s’il est laissé en friche par l’absence d’éducation, reste en grande partie stérile.

L’Antiquité peut servir de miroir inversé pour notre monde contemporain. Aujourd’hui, dans le même temps qu’on déplore un renforcement féroce de l’individualisme, une dynamique profonde tend à l’uniformisation de grandes masses humaines, tant au niveau des pensées que des comportements. Et dans notre pays, l’école entre dans cette dynamique, par l’unicité des programmes au niveau national, et l’uniformité des rythmes, des cursus et des méthodes dans une large mesure. En Grèce comme dans la Rome républicaine, l’État n’exerçait aucun contrôle sur l’éducation, qui était avant tout une affaire individuelle, ou familiale (sauf à Sparte, où tout intérêt privé était inféodé à l’intérêt public). Pourtant, prévalaient dans ces sociétés un très fort patriotisme et un fort esprit communautaire.

En Grèce, les Sophistes ouvrirent le débat, épineux, de la rémunération des maîtres et donc du prix du savoir, savoir dont tout le monde avait conscience qu’il est la condition de la liberté. En Grèce toujours, quelques créateurs d’écoles proposèrent que l’éducation fût remise entre les mains de l’État, mais il s’agissait toujours de l’État vertueux de leurs cités idéales. Dans la réalité, les parents, seuls, choisissaient les maîtres auxquels ils allaient confier leurs enfants, et la renommée était gage de compétence. À Rome en revanche, une organisation scolaire stéréotypée s’était développée, et les grammairiens commencèrent à réfléchir sur les pratiques pédagogiques, ouvrant une porte qui ne s’est jamais refermée depuis. Mais l’amour de la liberté était tel que jamais on ne songea à déléguer à l’État ce qui apparaissait comme l’un des facteurs essentiels de la construction de chaque citoyen.





Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

2 commentaires:

Bretelle C. a dit…

Voilà ce que l'on devrait entendre dans les écoles du québec: L'histoire de l'éducation, l'histoire du Francais, l'histoire de notre culture! Merci beaucoup de ce petit rappel sur l'éducation !

Durandal a dit…

Les écoles militaires relevaient naturellement de l'État et aussi des écoles d'architectes (car les travaux publics étaient affaire de l'État). Pour le reste, soit plus de 90 % de l'éducation, s'était privé mur-à-mur comme le dit l'article.