mardi 6 mai 2008

Le nouveau cours d'ÉCR : comment faire des petits relativistes et promouvoir le multiculturalisme

Petit documentaire de Radio-Canada sur le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse ou « mieux s'entendre dans un Québec multiculturel en connaissant nos religions et nos patrimoines culturels respectifs » pour paraphraser la ministre du monopole de l’Éducation.

La prémisse du cours est naïve et quelque peu insultante. Insultante : comme si le Québec d'aujourd'hui n'était pas pacifique et tolérant ! Sans ce cours imposé d'en haut. Naïve : la simple exposition des différences religieuses ne fera pas de quelqu'un un tolérant (on peut connaître les doctrines d'une secte rivale et ne pas la tolérer du tout) ; il faudra donc plus et sortir de la neutralité et de la simple exposition. Il faudra sans cesse dire que toutes ces manifestations se valent. Bonjour, le relativisme. Cela plaira bien sûr à certains parents pour qui toutes les religions se valent. Mais, en général, l’idée banale selon laquelle il suffirait d’oublier ce qui sépare pour s'entendre et dialoguer ne mène à rien et certainement pas obligatoirement à mieux vivre ensemble.

On remarquera dans le reportage que ce programme soulève des critiques laïques : ce genre de cours promeut le multiculturalisme, lequel est un échec ailleurs en Occident. Les critiques proviennent aussi de cercles religieux : ce cours est une introduction au relativisme, la formation des professeurs est inadéquate et même ceux qui s'y opposent devront l'enseigner alors qu'avant ils avaient droit à la liberté de conscience (art. 20 de la loi sur l'instruction publique). Moins de liberté et plus d'obligations donc ? C'est ainsi que l'État veut apprendre le « dialogue », par l'exemple de la coercition ?

Notons au passage un petit coup de griffe radiocanadien quand Antoine Malek, copte orthodoxe, souligne le manque de formation des enseignants formés à la va-vite pour ce cours en mentionnant la durée très limitée de la formation initiale en question. La SRC fait subtilement suivre ce constat d'un commentaire de l'enseignante interrogée qui précise que, dans le cas de son école pilote, mais on ne le rappelle pas, le Ministère de l'Éducation a été présent pendant plusieurs jours, une dizaine de jours, pour surveiller la manière dont le cours était donné.

Même à cela, il n'est pas douteux en écoutant l'enseignante de cette école pilote (« Bouddhisme en Thaïlande ? Euh, dans le secteur de l'Asie, il y a plein de bouddhisme, on vérifiera cela la semaine prochaine. ») que le niveau de connaissance est bas, mais cela n'a sans doute guère d'importance, il suffit d'une attitude positive, pluraliste et « ouverte au dialogue ».

Rappelons ce que mentionnait M. Boudreau de la faculté de l’Éducation de l'Université McGill qui se demandait comment les enseignants feront pour donner un cours si vaste en connaissance de cause : « Le gros défi, selon moi, concerne les compétences des enseignants et s'ils seront capables de donner un bon cours. Car, enfin, beaucoup d’entre eux ne connaissent même pas bien leur propre tradition religieuse ! Alors, comment présenter de manière délicate celle des autres ? » La réponse, comme dans le cas des désastreux nouveaux manuels d'histoire, risque d'être l'utilisation fidèle du manuel comme bouée par des enseignants mal formées et pas nécessairement convaincus du bien-fondé de la matière qu'ils devront enseigner.

Intéressant, enfin, de noter que le parent interrogé est, comme par hasard, pour qu'on n'enseigne plus la religion catholique... Bizarrement, Radio Canada n'a pas su trouver, dans la même ville de Sherbrooke, la mère de famille qui se plaignait publiquement samedi dernier d'être obligée de voir son enfant enrôlé dans cette expérimentation en éthique et culture religieuse.

Écoutez l'émission :

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