mercredi 19 décembre 2012

Belgique — l’écart entre élèves autochtones et allochtones reste criant

PISA est une enquête comparative internationale de grande envergure portant sur les compétences scolaires d’élèves âgés de quinze ans en mathématiques, sciences et lecture. Elle a lieu tous les trois ans.

Les professeurs Dirk Jacobs et Andrea Rea de l’institut de recherche GERME (ULB) ont analysé les résultats des élèves issus de l’immigration. En ce qui concerne la Belgique, les résultats de PISA 2009 apportent, par rapport aux éditions précédentes, quelques lueurs d’espoir. L’écart entre élèves autochtones et élèves issus de l’immigration s’est quelque peu réduit, grâce aux progrès réalisés par les élèves issus de l’immigration (les élèves immigrés « primo-arrivants » notamment).


Les performances scolaires des élèves issus de l’immigration dans l’enseignement technique et professionnel, surtout du côté francophone, sont toutefois encore nettement moins bonnes que celles des enfants autochtones.

(SE = ET, erreur-type. Plus l'échantillon est petit, plus l'erreur-type augmente. Ces diagrammes sont extraits de l'étude de l'ULB où, apparemment, l'on affectionne des abréviations absconses.)
Ce n’est un secret pour personne que le système scolaire belge se caractérise par une ségrégation très importante, tant du côté néerlandophone que du côté francophone. A la ségrégation liée à la classe sociale à laquelle appartiennent les parents s’ajoute de plus en plus une ségrégation ethnique liée à l’origine nationale des parents. Ce dernier phénomène est surtout le résultat d’un processus de désertion de certaines écoles urbaines par les élèves « belgo-belges ».


Pour les auteurs, la ségrégation scolaire, socioéconomique et ethnique dans l’enseignement (et les caractéristiques des différents corps enseignants qui y sont liées) constitue l’un des éléments clés de la problématique de l’inégalité des chances en Belgique.

Malgré la politique d’inscription imposant de fortes contraintes de mixité sociale aux parents belges qui visent à garantir l’égalité des chances selon ses promoteurs, la ségrégation demeure important. Pour forcer l’hétérogénéité sociale et ethnique, les auteurs recommandent avant tout d'effacer les barrières entre enseignement général et enseignement qualifiant (professionnel) car c'est par là que les populations se divisent : les élèves immigrés et issus de l'immigration étant orientés vers le secteur professionnel à la fin du primaire étant donné leurs faibles résultats.

Les sociologues de l'Université libre de Bruxelles en appellent en conclusion à de nombreux efforts pour intégrer cette immigration dont ils se félicitent par ailleurs : « Des efforts parallèles et complémentaires, tant au niveau des pratiques pédagogiques, des mentalités des acteurs du terrain (et des parents!) qu’au niveau des investissements financiers et humains sont nécessaires pour améliorer la qualité de notre système d’enseignement dans sa globalité. »

Liens connexes

En Belgique, les élèves musulmans aiment l'école catholique

Belgique — un décret de mixité sociale obligatoire soulève l'ire des parents et des enseignants

Étudiants africains en France, étudiants français en Belgique

Belgique — Près de la moitié des enfants à l'école primaire communale sont musulmans

Belgique — les nombreux décrets pour promouvoir la mixité sociale à l'école sont un échec

Belgique — La moitié des élèves bruxellois ont un retard scolaire d'un an à l'entrée du secondaire

Belgique — le niveau des élèves issus de l'immigration est nettement moins bon que celui des autochtones




Soutenons les familles dans leurs combats juridiques (reçu fiscal pour tout don supérieur à 50 $)

Aucun commentaire: