mardi 20 novembre 2012

Californie — La proposition n° 30 passe, elle doit assurer le financement des écoles et universités d'État en augmentant les taxes

CALIFORNIE — Les jeunes et les minorités ethniques ont massivement soutenu la proposition № 30 soumis à référendum plus tôt ce mois.

Dans l'ensemble, 54 pour cent des Californiens ont voté pour la proposition № 30, alors que 46 pour cent s'y sont opposés. En approuvant cette mesure, les Californiens ont décidé d'augmenter la taxe californienne sur la vente d'un quart de cent par an pendant quatre ans et d'augmenter l'impôt sur le revenu des particuliers de 3 % pendant sept ans pour les personnes gagnant plus de 250.000 dollars par an (ou 500.000 $/an pour les couples qui remplissent une déclaration fiscale conjointe). Ces hausses devraient renflouer les coffres de l'État de 6 milliards de $ par an. Selon le gouverneur Brown, ces sommes supplémentaires devraient servir à financer l'éducation publique, la sécurité publique et d'autres programmes du gouvernement de l'État.

L'immense majorité (77 %) des électeurs ayant voté pour la proposition 30 disent l'avoir fait pour éviter que les écoles publiques ne subissent des coupes draconiennes  Parmi ceux qui se sont opposés à la proposition n° 30, deux raisons semblent l'emporter : quarante-neuf pour cent ont déclaré que l'initiative n'était qu'une « astuce » qui ne garantirait en rien que les écoles soient mieux financées alors que 42 pour cent pensent qu'il s'agit d'« une augmentation de 6 milliards de $ d'impôts alors que ​​les Californiens paient déjà les impôts les plus élevés du pays. »

Jeunes et minorités ethniques ont fait passer la proposition

Près des deux tiers des jeunes électeurs âgés de 18 à 29 ont déclaré avoir voté pour la proposition № 30, alors que seuls 35 pour cent des électeurs dans ce groupe d'âge qui ont déclaré avoir voté contre. Les Latinos ont également largement soutenu la proposition n° 30, avec 58 % en sa faveur. Les électeurs noirs ont soutenu l'initiative à 68 % contre 32 %, alors que les électeurs asiatiques ont également largement favorisé la mesure. Seuls les blancs ont voté en majorité (52 %) contre cette proposition.

Un revirement en 34 ans...

Il y a un siècle, inspirés par les référendums suisses, plusieurs États de l'Ouest ont décidé d'instaurer le processus d'« initiative » ou de « proposition » soumise au peuple lors d'un référendum afin de contrer le pouvoir des lobbies bien argentés et soutenus par les milieux financiers.

L'initiative la plus importante ces dernières années fut la proposition n° 13. Cette proposition, de son nom complet l'Initiative populaire de limitation de la taxation sur la propriété, fut votée lors d'un référendum d'initiative populaire en Californie en 1978. Elle limite les impôts fonciers que l'État peut percevoir. Pour d'aucuns, comme Stephen Moore du Cato Institute, la proposition 13 marque le début de la « révolution conservatrice » américaine. Cette proposition limite à 1 % de la valeur d'un bien foncier l'impôt foncier qui peut être prélevé sur celui-ci.

Son impact en Californie, et en particulier sur ses écoles, a été énorme : elle a fortement limité la croissance des dépenses publiques. C'est ainsi que les dépenses par élève en Californie sont aujourd'hui parmi les plus basses des États-Unis. Pour le New Yorker, les propriétaires âgés et blancs avaient simplement décidé de ne pas payer pour l'éducation d'une population scolaire de plus en plus brune.

Un État de moins en moins blanc

La population blanche de la Californie a diminué depuis 2000 à un rythme sans précédent, hâtant le jour où les Hispaniques constitueront le groupe le plus important de l'État le plus peuplé des États-Unis.  La population blanche en Californie a diminué de plus d'un million de personnes en dix ans, une période pendant laquelle la population de l'État augmentait de plus de 3 millions d'habitants pour atteindre 37,35 millions d'habitants.

Si les Hispaniques représentent désormais 37 % de la population, ils ne constituent encore que 22 % de l’électorat, car leur population est jeune et tous les adultes ne sont pas naturalisés (ou même des immigrés légaux).




Les causes du déclin de la population blanche sont multiples. Parmi celles-ci, l'exode des blancs vers les États limitrophes où les impôts sont moindres, l'accès à la propriété plus abordable et la qualité de vie serait meilleure. Breitbar rappelle que les augmentations prévues dans la proposition № 30 ne sont pas les seules qui frapperont les Californiens. De nombreuses municipalités ont également accru la pression fiscale s'exerçant sur leurs administrés. Bien plus, les démocrates de l'État possèdent désormais une « supermajorité » à l'Assemblée législative californienne, ce qui leur permettra facilement d'augmenter les impôts. En effet, la proposition n° 13 en 1978 avait fait inscrire dans la constitution de la Californie que toute augmentation des impôts requérait une majorité des deux tiers dans les deux chambres de l'Assemblée législative. Les démocrates du gouverneur Brown la possèdent aujourd'hui.

Fuite accélérée de la classe moyenne et des blancs

Une étude du Manhattan Institute publiée en septembre accusait une réglementation excessive et des impôts trop élevés de faire fuir près de 225.000 résidents de la Californie par an depuis 1990. Entre 2000 et 2010, l'émigration a entraîné de lourdes pertes de revenus : 5,67 milliards en faveur du Nevada, 4,96 milliards de dollars pour l'Arizona, 4,07 milliards au bénéfice du Texas et 3,85 milliards de dollars pour l'Oregon.

L'étude affirmait également que « si ces tendances se maintenaient la Californie pourrait se retrouver dans une situation similaire à celle de New York et des États de la Ceinture de rouille du  Mid-Ouest à la fin du XXe siècle. États qui ont vu stagner ou même décroître leur population pendant des décennies. » Pour Breitbar, tout indique que cet exode des Blancs et de la classe moyenne devrait s'accélérer.

Un rapport du Bureau fédéral du recensement publié récemment indique qu'environ 8,8 millions de personnes en Californie avaient été pauvres pendant la période d'étude allant de 2009 à 2011. Le taux de pauvreté de l'État aurait atteint  23,5 pour cent. Le taux de « l'État doré » est désormais deux fois plus important que celui d'un État traditionnellement pauvre comme la Virginie-Occidentale et sensiblement plus mauvais que les taux de pauvreté du Mississippi, de l'Alabama, de l'Arkansas et du Texas. En 1969, seuls 11,1 pour cent de la population californienne étaient considérés comme pauvres.

Des minorités naturellement démocrates ?

Certains stratèges du Parti républicain pensent que les Hispaniques sont naturellement des républicains parce qu'ils seraient des conservateurs sociaux et moraux. En effet, les Latinos sont en majorité contre le mariage homosexuel, sont pratiquants et valorisent la famille.

Pour certains chroniqueurs, les minorités ethniques bénéficient trop de l'État-providence pour se rallier au message du moins d'État et de la famille traditionnelle des vieux Anglo-saxons. Comme le rappelle Rich Lowry, selon le Bureau du recensement, 50 pour cent de tous les ménages de Latinos nés aux États-Unis avec enfants sont dirigés par des mères célibataires. Environ 40 pour cent de tous les ménages hispaniques nés aux États-Unis reçoivent des prestations d'un important programme d'aide sociale. (Pour les idées reçues sur qui est un conservateur social aux États-Unis  lire ce billet.) Les Latinos adoptent un point de vue démocrate vis-à-vis du rôle du gouvernement. Prenons les soins de santé. Un sondage ImpreMedia/Latino Decisions mené à la veille de l'élection présidentielle a révélé que 61 pour cent des Latinos soutiennent Obamacare. Soixante-six pour cent pensent que le gouvernement devrait assurer l'accès à l'assurance maladie. Ce n'est sans doute pas sans rapport avec le fait que 32 pour cent des Latinos non retraités n'ont pas d'assurance maladie, soit deux fois la moyenne nationale.

Pour Mark Steyn, les Républicains se bercent d'illusions et se leurrent : on assiste à une tribalisation croissante des élections en Californie comme aux États-Unis. Le résultat d'un vote est de plus en plus prévisible si l'on connaît l'importance de chaque « race » et sa mobilisation.


Source : du sondage à la sortie des urnes, San José Mercury News, The New Yorker

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3 commentaires:

Le Saguenéen a dit…

Eh, bien quel déclin pour la Californie... L'immigration toujours une richesse ? On peut en douter.

Luc Roger a dit…

Pour enfoncer le clou sur le tribalisme électoral :

Now comes the news that, following his impressive 100 per cent share of the vote in 59 Philadelphia precincts, Barack Obama was able to eke out a 100 per cent total victory in a mere 37 precincts in his home town of Tikrit – whoops, I mean Chicago. NBC reports:

In 37 Chicago Precincts, Romney Received No Votes

Heavy concentration of Big Bird fans perhaps. One commenter observes:

Statistically, even if among 10′s of thousands of voters all wanted to vote for Obama, it would not be possible to receive 100% of the vote because at least a few would make a mistake and vote incorrectly for Romney.

http://www.nationalreview.com/corner/333608/one-party-statelets-mark-steyn#comments

Michel D. a dit…

500.000 $ par famille pour être riche...

Ici au Québec, c'est 100.000 $ dans le cas de ma famille (ma femme s'occupent de nos quatre enfants à la maison, c'est donc mal, donc puni fiscalement).

100.000$ de revenu et une famille est taxée comme riche au Québec.