mercredi 18 octobre 2023

« Il est difficile pour des jeunes [du hors-contrat] d'accepter de passer 20 épreuves terminales quand les élèves du public n’en ont que 6 »

Selon l’association Créer son école, beaucoup d’écoles ont fermé suite à la période Covid. Les écoles Montessori et proches de la nature continuent d’avoir la faveur des parents.

Si des écoles ont fermé, d’autres ont ouvert leurs portes avec succès comme à Paris, le lycée Ipesup en 2022.

À la rentrée 2023, 66 écoles hors contrats ont dû mettre la clé sous la porte. Un chiffre révélé par l’association Créer son école qui tenait le mercredi 6 septembre sa conférence de rentrée dans une école Montessori à Paris, boulevard Sébastopol. À cette occasion, Anne Coffinier, sa présidente dénonçait «le traitement discriminatoire et inégalitaire», réservé aux bacheliers hors contrat, tout en soulignant malgré tout la forte croissance de ces établissements. En effet, à la rentrée 2023, 108 nouvelles écoles indépendantes ont vu le jour. En 2023, la France compte 1847 établissements hors contrat, dont 1102 écoles primaires et 745 établissements secondaires (collèges et lycées).

Pourquoi tant d’écoles ont-elles fermé? «Il y a d’abord l’inflation», rapporte Anne Coffinier. Car ces écoles peuvent être chères pour les familles, entre 3000 et plus de 10.000 euros par an selon l’évaluation du Figaro Étudiant. L’association dénonce par ailleurs, un traitement «inégalitaire et discriminatoire». Pour décrocher leur bac, les élèves du hors contrat n’ont pas le droit au contrôle continu. Ils doivent passer un examen dans toutes les matières à la fin de l’année. «Il est difficile pour des jeunes d’accepter de passer 20 épreuves terminales quand les élèves du public n’en ont que 6», regrette la présidente de Créer son école. Cette année, par ailleurs, les bacheliers du hors contrat, ont dû faire face à de nombreux dysfonctionnements dans l’organisation du bac. Notamment à cause d’épreuves insuffisamment préparées, ou d’enseignants mal informés. Mais selon Créer son école, les dépôts de bilan s’expliquent aussi par des trésoreries fragilisées après le covid dans certains établissements. Des fermetures administratives ont également été ordonnées à l’encontre de certaines écoles, principalement musulmanes.

Les écoles religieuses sont minoritaires

Dans le même temps, 108 nouvelles écoles hors contrat ont été créées cette année. L’association souligne un «niveau élevé» de création d’établissements pour la rentrée 2023. Elle reconnaît cependant, «un infléchissement indéniable», par rapport à l’année passée. De fait, 172 établissements scolaires avaient été lancés en 2022. Régulièrement suspectées de favoriser le prosélytisme islamique, [toutes] les écoles hors contrat sont souvent inspectées. Pourtant, parmi les établissements créés cette année, on ne retrouve que 11% d’écoles religieuses. Et parmi elle, une seule est musulmane. «En réalité la plupart des projets de création d’école musulmane font l’objet d’un tir de barrage de l’administration et n’obtiennent pas les autorisations nécessaires pour aboutir», indique Anne Coffinier.

Les écoles ancrées dans la nature ont le vent en poupe

Parmi les écoles qui voient les jours à la rentrée, 48% d’écoles sont implantées dans des communes de moins de 5000 habitants. «Cela correspond à un désir post-covid, de quitter les grandes villes pour beaucoup de familles», explique Anne Coffinier. Au primaire, de nombreux établissements se fondent sur des pédagogies innovantes comme Montessori, ou Steiner. On retrouve ainsi 28 écoles proposant un fort ancrage dans la nature, comme les écoles en forêt, 26 écoles spécialisées en langues (régionales, bilingues ou internationales), et 18 qui s’adressent à des publics spécifiques (personnes en situation de handicap, élèves précoces etc.). Cette année 63 % des écoles repose sur des pédagogies alternatives, 22 % sont exclusivement Montessori, 13 % sont des écoles classiques et 2 % sont démocratiques.

Lors de la conférence, Tsui Lin, la toute première école franco-chinoise était invitée à présenter son établissement. David Pechoux, son directeur, détaille sa méthode. «Nous sommes aussi une école de la nature, explique-t-il. Certains cours sont donnés dans un parc où poussent des bambous et des bouleaux. Nos élèves suivent le programme, mais la moitié des cours sont donnés en chinois et l’autre en français. Cela procure à nos élèves une forte ouverture d’esprit». Autre exemple de création, l’école Notre-Dame des Champs, près de Provin. Cet établissement, qui s’inspire de la méthode créée par Maria Montessori et de la méthode de Singapour, impose un uniforme à ses élèves. «Une blouse, que les élèves sont fiers de porter», souligne Sandrine Parnois, la directrice du projet. Le dernier établissement invité à se présenter était l’école Papin à Paris, qui accueillait Créer son école pour sa conférence. Dans cette école typiquement Montessori, dirigée par Véronique Campbell, les élèves peuvent apprendre par eux-même à l’aide de matériel adapté, comme des jeux éducatifs en bois.

Toute nouvelle école privée est forcément hors contrat

Toutes ces nouvelles écoles n’ont pas nécessairement choisi d’être indépendantes. En France, de fait, les nouveaux établissements privés sont hors contrat d’office. Avant de pouvoir demander à passer sous contrat, elles doivent justifier de cinq années d’existence. Si leur demande est acceptée, leur liberté pédagogique sera restreinte, mais leur financement pris en charge par l’État à plus de 50%. «Dans la pratique, ces demandes sont souvent refusées, indique Anne Coffinier, car l’État ne souhaite pas investir davantage dans l’enseignement privé».

Aucun commentaire: