mardi 15 avril 2025

17 avril 1975 — Il y a cinquante ans, les Khmers rouges investissaient Phnom Penh

Il y a cinquante ans, les Khmers rouges investissaient Phnom Penh. Suivrait un génocide qui coûtera la vie à un tiers des Cambodgiens.

Le presse de gauche française a salué la prise de pouvoir des Khmers rouges
 

Le 17 avril 1975, les Khmers rouges pénétraient dans Phnom Penh, capitale du Cambodge. Leur marche victorieuse avait commencé en 1968. Combattant le prince Sihanouk, puis le maréchal Lon Nol, allié des États-Unis, ces troupes pauvrement équipées avaient à leur tête un communiste formé à Paris : Pol Pot. À partir du désengagement américain, en 1973, elles avaient étendu leur emprise sur le pays. Le 1er avril, Lon Nol s’était exilé ; deux semaines plus tard, les habitants de Phnom Penh voyaient sortir de la jungle ces guerriers âgés de dix à quinze ans, tout de noir vêtus. Des gamins qui obéissaient à l’Angkar, l’organisation communiste révolutionnaire.

Quelques heures après leur arrivée, ils vidaient la ville de ses habitants. Hommes, femmes, enfants, vieillards, malades, tout le monde devait partir. Rithy Panh, alors âgé de onze ans, était embarqué avec sa famille au milieu de ce flot humain affamé, épuisé et terrorisé. Il survivra au règne des Khmers rouges, après avoir perdu toute sa famille, et trouvera refuge en Thaïlande, en 1979, puis en France l’année suivante.

Après une dizaine d’années de silence, devenu cinéaste, il racontera la tragédie de son peuple et tentera d’exorciser son passé à travers une série de films documentaires – S21, la machine de mort khmère rouge (2003), Duch, le maître des forges de l’enfer (2011), Les Tombeaux sans noms (2018) –, mais aussi de livres coécrits avec des Français – La Machine khmère rouge (2003), La Paix avec les morts (2020).

Paru en 2011 et coécrit avec Christophe Bataille, L’Élimination tire son titre de l’aveu formulé par Kang Kek Ieu, dit « Duch », responsable du centre S21 de Phnom Penh, où périrent, de 1975 à 1979, des milliers de victimes abominablement torturées, bourreau condamné à trente-cinq ans de prison pour crime contre l’humanité et filmé par Rithy Panh en attente de son procès d’appel : « Les Khmers rouges, c’est l’élimination. L’homme n’a droit à rien. »

L’ouvrage, enrichi d’une préface, alterne la relation du génocide cambodgien – 1,7 million de morts, presque un tiers de la population – et les souvenirs personnels de l’auteur. « La peur ne nous quittait jamais, c’était la seule vérité », écrit-il. Un texte glaçant mais puissant, qui ouvre d’insondables abîmes sur la capacité de l’homme fanatisé à faire du mal à son semblable.

Source : Le Figaro Magazine

L’Élimination,
par Rithy Panh et Christophe Bataille,
paru le 2 avril 2025,
chez Grasset,
272 pp.
ISBN-13 : 978-2246842309

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