dimanche 6 novembre 2016

Lois contre « discours haineux » — Employée aborigène poursuit des étudiants pour « embarras et humiliation » (M-à-j)

Mise à jour le 6 novembre 2016

Trois ans après les incidents qui ont abouti aux poursuites intentées pour « discours haineux » contre des étudiants australiens, ceux-ci ont bénéficié d’une victoire en justice. Cette poursuite a été rejetée par la Cour fédérale.

Rappelons brièvement les faits (version plus longue ci-dessous) : un groupe d’étudiants est entré dans un laboratoire d’informatique de l’Université technique du Queensland (QUT) pour s’en voir immédiatement interdire l’usage parce qu’ils n’étaient pas aborigènes. Les étudiants reviennent à leur chambre et font quelques commentaires sarcastiques sur Facebook, tels que « Je me demande où se trouve le laboratoire d’informatique réservé aux suprématistes blancs ».

Pour avoir ridiculisé le néo-ségrégationnisme de l’université, on les a traînés en justice, ou plutôt à travers un cauchemar juridique, pendant trois ans. De prime abord, on pourrait penser qu’il s’agit d’une victoire historique sur la police de la pensée totalitaire de la Commission australienne des droits de l’homme (le Canada n’est pas exempt de ces officines de la police de la pensée voir ci-dessous), mais voilà, il s’agit d’une victoire à la Pyrrhus, car la peine n’est pas celle que n’a pas infligée le tribunal, mais le simple fait d’être traîné en justice, d’être formellement accusé et de devoir se défendre pendant des années alors que cette accusation ne coûte absolument rien à l’accusatrice représentée gratuitement par la Commission des droits de l’homme :

« [Quatre des sept accusés] choisirent de payer 5000 $ pour se débarrasser de l’affaire, terrorisés par l’idée d’être catalogués racistes. D’autres choisirent de lutter contre cette injustice manifeste, même si on les poursuivait pour des centaines de milliers de dollars. Cela gâche leur existence et même une victoire en fin de compte devant les tribunaux sera une défaite. Le processus est la punition, comme nous le rappelle sans cesse l’auteur Mark Steyn. »

Pendant des années, chaque fois qu’un éventuel employeur cherchera le nom de ces gars sur la Toile, les premiers résultats qui apparaîtront les accuseront d’être de haineux et odieux personnages emplis de haine. Jusqu’à ce que, dans les tréfonds du moteur de recherche, l’algorithme ne dévoile tardivement un bref article précisant que l’affaire a été classée sans suite par la justice. Elle n’aurait simplement jamais dû être entendue. Pour cela, il faudrait d’abord que les accusateurs paient plus de leur personne et que ces commissions des droits de l’homme voient leur voilure sévèrement réduite.




Billet original du 26 février 2016

Une employée de l’unité aborigène de l’Université technique du Queensland (nord-est du pays) a porté plainte en vertu des lois de discrimination raciale de l’Australie et demande des dommages et intérêts de 250 000 $ australiens (245 000 $ canadiens).

Cindy Prior (ci-contre), une employée de l’Université technique du Queensland (QUT), poursuit un certain nombre d’étudiants et de membres du personnel de cette université. Elle affirme qu’elle aurait subi en 2013 « insulte, embarras, humiliation et préjudice psychiatrique » à la suite des actions et des commentaires des trois membres du personnel et de cinq étudiants de l’université.

L’affaire remonte à un incident en 2013, lorsque trois étudiants ont tenté d’utiliser un laboratoire informatique de l’unité Oodgeroo réservée aux aborigènes.

Selon des documents récemment déposés au greffe de la Cour de circuit fédérale australienne, Cindy Prior a remis en cause l’identité raciale d’un des étudiants, Alex Wood. M. Wood affirme que, en compagnie de deux autres étudiants, il avait commencé à utiliser un ordinateur dans l’unité Oodgeroo quand Mme Prior lui avait « demandé agressivement » de révéler son identité raciale. Après l’avoir déclinée, selon M. Wood, l’administratrice aborigène aurait dit d’un « ton agressif et désagréable » qu’il ne pouvait rester dans ce laboratoire parce qu’il n’était pas aborigène.

Mme Prior a alors exigé que les trois étudiants quittent le laboratoire « immédiatement en raison de leur identité raciale ».

Selon le journal The Australian, elle leur a dit qu’ils étaient dans « un espace autochtone réservé aux étudiants aborigènes et du détroit de Torres » et qu’il y avait d’autres endroits où ils pourraient utiliser des ordinateurs. Elle a demandé aux étudiants de quitter les lieux, ils sont partis paisiblement.

Alex Wood s’est plaint une heure plus tard sur une page Facebook de l’université : « Viens de me faire expulser d’une salle informatique aborigène non indiquée. L’université combat la ségrégation par la ségrégation. »

À cause de ce billet, M. Wood, désormais diplômé en génie depuis décembre 2015, a été accusé en justice pour haine raciale. « Je ne parviens pas à comprendre comment cet acte relativement mineur me rend passible de poursuites criminelles pour “discours haineux” et une demande de dommages et intérêts et de plus de 250 000 $ », a-t-il déclaré dans sa déposition sous serment.

« Ma mère est veuve. Cet incident nous a causé, à elle et à moi, beaucoup de détresse et de contrariétés. Je ne suis pas une personne raciste et personne ne l’a jamais suggéré à mon sujet. Je n’ai presque pas d’économies... », d’affirmer M. Wood.

Un autre étudiant avait écrit peu après son expulsion : « Je me demande où se trouve le labo d’informatique pour suprématistes blancs. » Ce qui, à une autre époque, aurait sans doute été considéré comme de l'humour estudiantin.

Le même étudiant, dans sa déposition sous serment dans le cadre de la poursuite en justice, a écrit : « Je déteste toute forme de discrimination raciale. En tant qu’Australien et étudiant à l’université, j’ai été consterné d’apprendre que la ségrégation raciale était pratiquée sur le campus de mon université. »

L’université a déclaré que « QUT appuie sans réserve ses services de soutien pour assurer le succès des étudiants aborigènes et du détroit de Torres (600 sur 49 000) ; en particulier l’offre d’espaces réservés où les étudiants aborigènes et du détroit de Torres peuvent utiliser des ordinateurs, travailler avec du personnel et des tuteurs autochtones, avoir accès à du soutien pédagogique et socialiser. »

L’article 18 C de la Loi contre la discrimination raciale

Pour le journal australien Herald Sun, l’administratrice aborigène de l’université devrait immédiatement abandonner son procès contre les étudiants de l’Université technique du Queensland.

En outre, la Loi contre la discrimination raciale devrait être modifiée pour éviter à l’avenir des poursuites similaires.

L’article 18 C est rédigé de telle sorte qu’il suffit qu’une personne membre d’un groupe ethnique, racial ou autre prétende que l’action pourrait raisonnablement faire en sorte que ces personnes se sentent subjectivement insultées, intimidées ou humiliées pour que la loi puisse s’appliquer :
“the act is reasonably likely, in all the circumstances, to offend, insult, humiliate or intimidate another person or a group of people;”
« l’acte est raisonnablement susceptible, dans toutes les circonstances, d’offenser, insulter, humilier ou intimider autrui ou un groupe de personnes ; »
L’article 18 C de la loi australienne est similaire à l’article 13 (1) Loi canadienne sur les droits de la personne :
13. (1) Constitue un acte discriminatoire le fait, pour une personne ou un groupe de personnes agissant d’un commun accord, d’utiliser ou de faire utiliser un téléphone de façon répétée en recourant ou en faisant recourir aux services d’une entreprise de télécommunication relevant de la compétence du Parlement pour aborder ou faire aborder des questions susceptibles d’exposer à la haine ou au mépris des personnes appartenant à un groupe identifiable sur la base des critères énoncés à l’article 3.
L’article 13 de la loi canadienne a été abrogé en 2013 à la suite d’une longue campagne contre celui-ci par plusieurs journalistes comme Mark Steyn et Ezra Levant.

Cindy Prior utilise l’article 18C de la Loi contre la discrimination raciale acte — article controversé que l’ancien Premier ministre Tony Abbott avait promis d’abroger — pour poursuivre trois membres du personnel de la QUT et cinq étudiants. Elle dit avoir souffert « insultes, embarras, humiliation et préjudices psychiatriques ». Elle affirme également encore craindre pour sa sécurité, en raison des actions et des commentaires des personnes qu’elle incrimine.

Ce n’est pas la première fois que l’article 18C sert à réprimer la liberté d’expression. En septembre 2010, neuf aborigènes ont engagé des poursuites en justice devant la Cour fédérale australienne contre Andrew Bolt et le Herald Sun au sujet de plusieurs messages affichés sur le blogue de Bolt. Les plaignants ont poursuivi les messages intitulés « C’est tellement branché d’être noir », « blanc est le nouveau noir » et « des gars blancs dans le noir ». Les articles suggéraient qu’il était devenu à la mode pour des « gens à la peau claire » issus de divers groupes ethniques de préférer leurs origines aborigènes parce que cela leur était plus bénéfique sur le plan politique, social et pour leur carrière. Les requérants ont affirmé que ces messages violaient la Loi sur la discrimination raciale. Ils ont exigé des excuses, le paiement des dépens et une interdiction de republication des articles et des messages incriminés et « autre réparation que le tribunal estimerait apte ». Ils n’avaient pas réclamé de dommages-intérêts. Le 28 septembre 2011, Bolt a été reconnu coupable d’avoir contrevenu à l’article 18C de la Loi sur la discrimination raciale.

Voir aussi

Des universités politiquement correctes qui doivent « protéger » leurs étudiants des idées dérangeantes 

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Correctivisme politique et les tribunaux : « Extirper l'hérésie et le blasphème » ?


3 commentaires:

Raoul a dit…

Michèle Tribalat : la discrimination positive fabrique du ressentiment, une culture du grief, de l'avantage social

Au début des années 1970, la moitié des Noirs qui entraient dans les universités d’élites venaient de familles dont les revenus étaient inférieurs à la médiane. Au début des années 1990, ce n’était plus le cas que de 8 %. L’expérience américaine, comme l’expérience indienne, montre aussi que les catégories ainsi « protégées »ont tendance à s’étendre indéfiniment et qu’il est pratiquement impossible d’y mettre fin. C’est une machine à fabriquer du ressentiment chez les bénéficiaires comme chez ceux qui en sont exclus et qui favorise une culture du grief, de la plainte et de l’irresponsabilité. »


Article source

Anonyme a dit…

Même les bobos anti-racistes sont accusés de racisme … quand ils essaient de le dénoncer. On atteint un tel point d’absurdité, que ça en devient risible. On parle tellement de ce « racisme » qui est seulement dans leur tête au final, car qui tient des discours racialistes de nos jours ? combien y a t’il de crimes racistes chaque années dans les pays occidentaux ? ils sont dans un délire de persécution permanent, pas étonnant que parfois ils déraillent.

Luc a dit…

Votre article est repris sur

http://www.medias-presse.info/exemple-de-labsurdite-a-laquelle-mene-la-discrimination-positive-en-australie/50140#comment-267064

mais écourté et sans source indiquée (sympa!)