« Je me trouve extrêmement privilégié en ce moment, comme étudiant, d’être dans une époque qui est aussi charnière [...], d’en débattre, de discuter d'un cours comme celui-là et de devoir défendre ces visées-là, je me sens porteur d’une certaine mission », c’est en ces termes que s’exprime Marc-Olivier Toupin dans la séquence d’ouverture d’un reportage de Radio Canada.
Ce reportage est consacré au regard que portent sur le nouveau cours d'Éthique et de culture religieuse ceux qui devront l'enseigner à tous les enfants du Québec. Reportage bien sûr partial : il n'y aura aucune réplique aux opinions exprimées par les étudiants missionnaires alors que Radio Canada leur permet de répliquer aux propos des parents largement (76 %) opposés à l’absence de choix dans ce domaine et à ceux de M. Mario Dumont. On attendra en vain de la part de Radio Canada un reportage aussi complaisant et aussi long consacré aux regards de ceux qui sont opposés à ce nouveau programme imposé par le Monopole de l’Éducation.
Écoutez le reportage
Amusante, cette personne anonyme qui parle si longuement et qui nous décrit l’école comme lieu de savoir et non de croyances, sous entendu un savoir objectif, rien que du scientifique. Comme si l’éthique était un savoir objectif, même dans le meilleur des cas. Ne parlons pas de la forme adoptée dans un cours imposé dès l'âge de six ans ! Rappelons que l’éthique traite de savoir comment « bien agir », ce bien ne peut qu’être subjectif pour des gens qui chassent le religieux et le transcendant. Quant à l'aspect « culture religieuse », il sera le fruit d’une sélection qui, à nouveau, même dans les meilleures circonstances, ne peut qu'être subjective. Quelle place donner à cette doctrine, à ce fait historique, à cette légende amérindienne ? Pas une place proportionnelle au poids démographique des communautés religieuses actuelles au Québec, apparemment. Il y avait en 2001 moins de 1,6 % de musulmans, pratiquants et non pratiquants au Québec. Parlera-t-on de l'islam pendant 1,6 % du temps ? Et le judaïsme, la spiritualité amérindienne, chacun 1 ou 2 % ?
Selon un des étudiants interrogés « le danger pour le primaire, c’est pas que le cours se donne mal c’est que le cours ne se donne pas ». On apprend ainsi, un peu par la bande, ce qui se passera probablement dans les écoles primaires confessionnelles opposées à ce cours : grâce à la liberté pédagogique des professeurs qui trouveront sans doute qu’il leur manque du temps pour compléter l’enseignement du français ou des mathématiques, la matière ne sera probablement pas enseignée dans les faits, « faute de temps ». Nous avions posé la question ici au professeur Proulx en prenant l’exemple des mennonites de Roxton Falls, mais nous n’avions pas eu de réponse si ce n’est que les mennonites pouvaient se tourner vers les tribunaux s'ils n'étaient pas d'accord, alors que les mennonites conservateurs ne traînent personne devant les tribunaux. Comme le prof. Proulx, partisan de ce cours de culture religieuse, ne peut ignorer ce point fondamental de la doctrine mennonite, cette réponse était pour le moins surprenante. Il est possible que les partisans de ce cours obligatoire, comme le professeur Proulx, se soucient peu dans les faits des écoles primaires confessionnelles et qu’ils cherchent surtout à imposer ce programme à l’immense majorité des jeunes Québécois inscrits dans les autres écoles.
Il faut bien avouer à l’écoute de ces futurs enseignants qu’il est heureux que le plus grand danger ne soit pas que ce cours soit mal donné, car ces futurs professeurs sont parfois difficiles à suivre. Ainsi ce petit passage consacré à ce qui serait l’objectif du cours selon un de ceux-ci : « Ce cours-là est pas un cours où le jeune va être exposé à différentes visions du monde [bien sûr que si] et on va lui demander de choisir cette identité-là, choisis ton identité dans cette panoplie-là, non pas du tout ça va être de définir son identité ensemble et individuellement ? » Définir ensemble son identité ? Est-ce à dire d’être soumis à la pression du groupe et de se définir à travers « le dialogue » ?
Notez l’a priori relativiste d’un des étudiants : « L’important là-dedans c’est d’aller chercher un vocabulaire commun pour pouvoir dialoguer, dans le fond quand qué qu’on va regarder la culture religieuse, c’est pas pour trouver la meilleure voie, qu’est-ce qui est plus grand qu’un autre. Bon. Peu importe... C’est aller chercher qu’est-ce qui nous unit. Qu’est-ce qui est commun ? C’est seulement aller chercher un vocabulaire commun pour pouvoir dialoguer. » D'une part, ne pas s'intéresser à la meilleure voie semble quand même une lacune dans un cours consacré à l'éthique ou au « comment bien agir ». Mais on a compris, cette recherche du bien agir se fera dans le volet éthique, pas dans la partie descriptive des cultures religieuses. Dans cette partie-là, le but serait de rapprocher, de montrer que tant de choses nous unissent, de favoriser le dialogue, etc. Ou comme le disait le prof. Rousseau, partisan du nouveau cours, que les chrétiens prient en fin de compte le même Dieu que les musulmans. C’est bien ça ?
Et c’est cela « le savoir » selon ces enseignants missionnaires ? Uniquement ce qui rapproche, mais pas ce qui distingue ? Parce que cela pourrait empêcher le « dialogue »? Écouter à ce sujet ce qu’Alain Besançon disait sur le sujet : « Le rapport à Dieu des musulmans est radicalement différent de celui des chrétiens. » Quand on entend discourir les futurs enseignants de ce cours, on peut craindre qu'ils ne seront pas à la hauteur, que ce cours sera bâclé et qu'on ne fera passer qu’une bouillie pour chats relativiste.
Radio Canada nous soumet encore aux motivations d’une étudiante de 26 ans, partisane du nouveau cours obligatoire, et qui a visiblement conçu un ressentiment du fait d’avoir été obligée d’assister dans son enfance au cours de religion traditionnel. Elle devrait pouvoir comprendre ceux qui s’opposent au caractère obligatoire du nouveau cours. Mais non, apparemment pas. Elle déclare au micro comme elle a été « horripilée » par le cours de religion qui n’était qu’apprentissage par cœur et dogmatisme : il ne faut pas voler, il ne faut pas tuer. Sans jamais donner les raisons. On aurait alors voulu savoir en quoi le programme d’Éthique et de culture religieuse expliquera mieux aux enfants ces commandements qu’un cours de religion chrétienne bien enseigné et qui donnera des raisons. On ne le saura pas, Radio Canada a jugé bon de ne pas creuser.
Ce reportage est consacré au regard que portent sur le nouveau cours d'Éthique et de culture religieuse ceux qui devront l'enseigner à tous les enfants du Québec. Reportage bien sûr partial : il n'y aura aucune réplique aux opinions exprimées par les étudiants missionnaires alors que Radio Canada leur permet de répliquer aux propos des parents largement (76 %) opposés à l’absence de choix dans ce domaine et à ceux de M. Mario Dumont. On attendra en vain de la part de Radio Canada un reportage aussi complaisant et aussi long consacré aux regards de ceux qui sont opposés à ce nouveau programme imposé par le Monopole de l’Éducation.
Écoutez le reportage
Amusante, cette personne anonyme qui parle si longuement et qui nous décrit l’école comme lieu de savoir et non de croyances, sous entendu un savoir objectif, rien que du scientifique. Comme si l’éthique était un savoir objectif, même dans le meilleur des cas. Ne parlons pas de la forme adoptée dans un cours imposé dès l'âge de six ans ! Rappelons que l’éthique traite de savoir comment « bien agir », ce bien ne peut qu’être subjectif pour des gens qui chassent le religieux et le transcendant. Quant à l'aspect « culture religieuse », il sera le fruit d’une sélection qui, à nouveau, même dans les meilleures circonstances, ne peut qu'être subjective. Quelle place donner à cette doctrine, à ce fait historique, à cette légende amérindienne ? Pas une place proportionnelle au poids démographique des communautés religieuses actuelles au Québec, apparemment. Il y avait en 2001 moins de 1,6 % de musulmans, pratiquants et non pratiquants au Québec. Parlera-t-on de l'islam pendant 1,6 % du temps ? Et le judaïsme, la spiritualité amérindienne, chacun 1 ou 2 % ?
Selon un des étudiants interrogés « le danger pour le primaire, c’est pas que le cours se donne mal c’est que le cours ne se donne pas ». On apprend ainsi, un peu par la bande, ce qui se passera probablement dans les écoles primaires confessionnelles opposées à ce cours : grâce à la liberté pédagogique des professeurs qui trouveront sans doute qu’il leur manque du temps pour compléter l’enseignement du français ou des mathématiques, la matière ne sera probablement pas enseignée dans les faits, « faute de temps ». Nous avions posé la question ici au professeur Proulx en prenant l’exemple des mennonites de Roxton Falls, mais nous n’avions pas eu de réponse si ce n’est que les mennonites pouvaient se tourner vers les tribunaux s'ils n'étaient pas d'accord, alors que les mennonites conservateurs ne traînent personne devant les tribunaux. Comme le prof. Proulx, partisan de ce cours de culture religieuse, ne peut ignorer ce point fondamental de la doctrine mennonite, cette réponse était pour le moins surprenante. Il est possible que les partisans de ce cours obligatoire, comme le professeur Proulx, se soucient peu dans les faits des écoles primaires confessionnelles et qu’ils cherchent surtout à imposer ce programme à l’immense majorité des jeunes Québécois inscrits dans les autres écoles.
Il faut bien avouer à l’écoute de ces futurs enseignants qu’il est heureux que le plus grand danger ne soit pas que ce cours soit mal donné, car ces futurs professeurs sont parfois difficiles à suivre. Ainsi ce petit passage consacré à ce qui serait l’objectif du cours selon un de ceux-ci : « Ce cours-là est pas un cours où le jeune va être exposé à différentes visions du monde [bien sûr que si] et on va lui demander de choisir cette identité-là, choisis ton identité dans cette panoplie-là, non pas du tout ça va être de définir son identité ensemble et individuellement ? » Définir ensemble son identité ? Est-ce à dire d’être soumis à la pression du groupe et de se définir à travers « le dialogue » ?
Notez l’a priori relativiste d’un des étudiants : « L’important là-dedans c’est d’aller chercher un vocabulaire commun pour pouvoir dialoguer, dans le fond quand qué qu’on va regarder la culture religieuse, c’est pas pour trouver la meilleure voie, qu’est-ce qui est plus grand qu’un autre. Bon. Peu importe... C’est aller chercher qu’est-ce qui nous unit. Qu’est-ce qui est commun ? C’est seulement aller chercher un vocabulaire commun pour pouvoir dialoguer. » D'une part, ne pas s'intéresser à la meilleure voie semble quand même une lacune dans un cours consacré à l'éthique ou au « comment bien agir ». Mais on a compris, cette recherche du bien agir se fera dans le volet éthique, pas dans la partie descriptive des cultures religieuses. Dans cette partie-là, le but serait de rapprocher, de montrer que tant de choses nous unissent, de favoriser le dialogue, etc. Ou comme le disait le prof. Rousseau, partisan du nouveau cours, que les chrétiens prient en fin de compte le même Dieu que les musulmans. C’est bien ça ?
Et c’est cela « le savoir » selon ces enseignants missionnaires ? Uniquement ce qui rapproche, mais pas ce qui distingue ? Parce que cela pourrait empêcher le « dialogue »? Écouter à ce sujet ce qu’Alain Besançon disait sur le sujet : « Le rapport à Dieu des musulmans est radicalement différent de celui des chrétiens. » Quand on entend discourir les futurs enseignants de ce cours, on peut craindre qu'ils ne seront pas à la hauteur, que ce cours sera bâclé et qu'on ne fera passer qu’une bouillie pour chats relativiste.
Radio Canada nous soumet encore aux motivations d’une étudiante de 26 ans, partisane du nouveau cours obligatoire, et qui a visiblement conçu un ressentiment du fait d’avoir été obligée d’assister dans son enfance au cours de religion traditionnel. Elle devrait pouvoir comprendre ceux qui s’opposent au caractère obligatoire du nouveau cours. Mais non, apparemment pas. Elle déclare au micro comme elle a été « horripilée » par le cours de religion qui n’était qu’apprentissage par cœur et dogmatisme : il ne faut pas voler, il ne faut pas tuer. Sans jamais donner les raisons. On aurait alors voulu savoir en quoi le programme d’Éthique et de culture religieuse expliquera mieux aux enfants ces commandements qu’un cours de religion chrétienne bien enseigné et qui donnera des raisons. On ne le saura pas, Radio Canada a jugé bon de ne pas creuser.
« Dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé. »
Nicolas Sarkozy
Discours au Latran
Jeudi 20 décembre 2007
5 commentaires:
Voilà on a remplacé les curés par des missionnaires athées.
Non à la religion d'État !
Les commentaires de ces blancs-becs ne font que confirmer mes pires craintes : ce sera un cours de relativisme (le relativisme n'ayant rien à voir avec la neutralité) et de rectitude politique, où la réalité (c.-à-d., entre autres, les différences réelles entre les religions et, par conséquent, la possibilité pour un esprit rationnel d'opérer un choix entre elles) n'aura pas voix au chapitre.
j'apprécie votre blog mais SVP ne citez pas Sarkozy pour appuyer votre propos, c'est un acteur et un escroc et un faux conservateur. C'est Chirac version 2.0
Je n'ai aucune affection particulière pour Sarkozy, mais il l'a parfois d'excellent rédacteur de textes.
Sarkozy ne fait que lire des discours, parfois très bien écrits, et souvent contradictoire avec le texte suivant qui rajuste le tir selon l'auditoire : un discours au Latran (très bien), un autre au CRIF (il faut que les jeunes français apprennent le nom d'un enfant juif), un autre au Grand-Orient (le laïcisme complémentaire à la religion, hmmm).
De beaux petits 'Commissaires Politique'!!! Des Commissaires Politique pour lessiver le cerveau de nos enfants... voilà ou on en est!
'Ceux qui ignorent l'Histoire sont condamnés à la répéter'
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