mercredi 12 mai 2021

En 1839, on se félicitait, on se vantait même du réchauffement des climats froids

En 1839, le marquis de Custine entreprit un voyage en Russie, principalement à Saint-Pétersbourg mais également à Moscou, Iaroslavl, Vladimir, et brièvement, à Nijni Novgorod. Plusieurs années après son retour, il publia La Russie en 1839 présentée comme un recueil de lettres écrites pendant son voyage. En Europe, le livre connut un grand succès auprès du public. Outre la qualité des observations de Custine, ce succès résultait de l’hostilité d’une grande partie de l’opinion publique à l’égard de la politique étrangère russe. On a rapproché La Russie en 1839 de De la démocratie en Amérique, publiée quelques années auparavant par Tocqueville.

On relate que l’empereur russe Nicolas Ier jeta de rage le livre du marquis de Custine quand il y lit que la Russie était la prison des peuples. Custine avait été reçu en audience privée par le tsar. Monarchiste convaincu, Custine s’était attendu à voir en Russie un État modèle, mais son voyage au travers du pays et ses rencontres l’avait dressé contre l’absolutisme.

Dans sa « lettre » du 14 juillet 1839 daté de Saint-Pétersbourg, Custine se moque de la « prétention risible » des Russes qui aimaient alors à penser que le climat de leur pays se réchauffait :

À l’époque de Custine, le réchauffement climatique était considéré comme un bienfait. Les Russes s’en targuaient à tort selon le marquis.

Aujourd’hui, les Québécois écologistes qui habitent des villes au climat aux hivers plus rudes que celui de Saint-Pétersbourg ou de Moscou, craignent que le Québec n’ait un climat plus clément à l’avenir alors que ce réchauffement pourrait être une chance, une revanche pour ce peuple français qui n’a hérité que d’une partie glaciale du continent. 

Non, il faudrait absolument éviter cela au Québec pour les écologistes, quitte à nous appauvrir en rendant l’énergie plus chère afin de lutter contre un bienfait pour le Québec. 

Pour ce carnet, il faut plutôt s’adapter aux « changements climatiques », profiter de ceux-ci quand ils sont bénéfiques et chercher à optimiser la dépense énergique en évitant le gaspillage. On nous promet que « Le climat de Montréal pourrait ressembler à celui de Cincinnati en 2050 ». Nous nous sommes laissés dire que des Américains survivaient encore aujourd’hui à Cincinnati… Notez que, considérant la lenteur du réchauffement climatique (+1,7 °C) en 70 ans (1948-2019) au Canada, nous doutons très fort que cela soit le cas dans aussi peu que 30 ans.


Climagrammes, moyenne maximale et minimale pour chaque mois

Moscou 
au cours des dix dernières années (2006-2016)


 Saint-Pétersbourg
Aéroport de Poulkovo au cours des 10 dernières années (2010-2019)
 

 Québec
Aéroport international Jean-Lesage (période : 1981-2010)



Les stations météorologiques de Saint-Pétersbourg disposent de données depuis près de 300 ans ; il n’existe aucune donnée météorologique systématique pour aucune autre ville en Russie pour une aussi longue période de temps. La température s’y est bien réchauffée. La plupart des températures minimales absolues à Saint-Pétersbourg par mois ont été enregistrées dès le XVIIIe, XIXe ou début du XXe siècle, tandis que le début du XXIe siècle représente la plupart des maxima de température.

Cette amélioration des conditions n’a rien d’inusité. La période qui précéda la visite de Custine en 1839 correspondait à la fin du Petit Âge glaciaire. En Angleterre, la Tamise gela pour la première fois en 1607, pour la dernière fois en 1814. Les canaux et rivières des Pays-Bas se muèrent en glace lors de plusieurs hivers ; ainsi celui de 1794-1795, pendant lequel la cavalerie française menée par Charles Pichegru s’empara de la flotte hollandaise, prise dans les glaces. Lors de l’hiver de 1780, la zone fluviale de New York devint solide : on marchait entre Manhattan et Staten Island ; les liaisons de commerce par voie maritime sont bloquées. 

La place du Palais à Saint-Pétersbourg à Noël 2019

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