jeudi 8 mars 2012

Manipulation, aveuglement ou analphabétisme statistique au Huffington Post ?

Le Huffington Post a publié un billet sur le sondage Léger Marketing portant sur la liberté en éducation commandé par la Coalition pour la liberté en éducation.

Bizarrement alors que 54 % des Québécois veulent en finir avec l'obligation du cours ECR, et seuls 42 % veulent qu'il demeure obligatoire, le Huffington Post parvient à faire dire à ce sondage « les Québécois favorables au cours obligatoire d'Éthique et culture religieuse »...


Intrigué, nous avons contacté le responsable de ce sondage à la CLÉ. Celui-ci nous a dit qu'il a bien souligné aux gens du Huffington Post que le titre de l'article ne correspondait pas aux résultats du sondage et que l'article était tendancieux. Il nous a fait parvenir un échange de courriels avec deux responsables du Huffington Post.

Le « journaliste » du Huffington Post, Jean-Philippe Cipriani, un ancien de Radio-Canada (tout s'explique ?) lui a écrit :

Je comprends la position de ceux qui ont commandité le sondage, mais ce serait une mauvaise interprétation de dire que 54 % sont contre son aspect obligatoire.

Or, bien évidemment, c'est pourtant exactement ce que dit le sondage, même si cela chagrine M. Cipriani.

Nous reproduisons ci-dessous les résultats non interprétés rédigés par Léger-Marketing (ce que se garde bien de faire le Huff Post alors que cette page lui a été transmise) :


Les sondés se voyaient présenter quatre options exclusives dans la même question parmi lesquels ils devaient choisir une (et une seule) réponse :

  1. Selon vous, est-ce que ECR devrait...demeurer un cours obligatoire.
  2.  "   "      "    "     "   "      "    ...devenir un cours optionnel.     
  3.  "   "      "    "     "   "      "    ...être remplacé par plus d'heures dans des matières de base.
  4. Je ne sais pas.

Comme l'écrit Léger-Marketing 42 % (quarante-deux pour cent) des Québécois veulent que le cours ECR demeure obligatoire, 4 % ne savent pas et 54 % veulent que le cours deviennent optionnel ou soit tout simplement remplacé. Il est évident que ces 54 % « sont contre son aspect obligatoire ». Comment M. Cipriani peut prétendre l'inverse, pour ensuite orienter son article comme il l'a fait, est un mystère pour nous.

Manipulation, aveuglement idéologique, analphabétisme statistique ? Nous nous perdons en conjectures.

Évolution des sondages

En septembre 2008, la même firme Léger-Marketing trouvait que plus de la moitié des répondants (52 %) jugaient préférable que les enfants suivent le nouveau cours d'éthique et de culture religieuse au secondaire (nous n'avons pas les chiffres pour le primaire). Les répondants qui auraient préféré que les jeunes ne soient exposés ni au cours ECR ni à un cours confessionnel formaient 29 % des réponses et 16 % des répondants au sondage auraient préféré une éducation religieuse confessionnelle. Ce sondage-là Le Devoir l'a publié.

En octobre 2008, un autre sondage Léger-Marketing indiquait que 72 % des Québécois était en accord avec cette proposition : « Seriez-vous d'accord pour que les parents aient le choix entre l'enseignement religieux confessionnel et le cours d'éthique et de culture religieuse ? » Enfin, en mai 2009, la même question à nouveau posée par Léger-Marketing recueillait désormais 76 % d'appui dans la population (voir les résultats du sondage). Ces deux sondages n'ont été publiés par aucun journal québécois alors que tous ont reçu un communiqué portant sur ceux-ci.






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6 commentaires:

Anonyme a dit…

Il est clair que les médias de la pensée unique inféodés à l'idéologie laïciste extrémiste et multiculturaliste ne peuvent pas publier ce qui va à l'encontre de leur ''credo''. C'est comme si nous avions demandé à la défunte Pravda soviétique de publier un article élogieux sur le capitalisme.
Il ne faut donc rien attendre de la plupart des grands médias qui bafouent les règles élémentaires de l'éthique et de la déontologie journalistique.

Anonyme a dit…

Les sondages constituent avant tout un instrument de marketing commercial ou politique, c'est selon. Les médias ne sont pas dupes à cet égard. PUEL lui-même n'a pas rendu compte de tous les sondages défavorables à ses positions.

Les commanditaires des sondages en proposent généralement des interprétations conformes à leurs intérêts, ce qui va de soi, pourvu, évidemment, qu'elles demeurent crédibles. La difficulté tient au fait que d'un sondage à l'autre, sur un même sujet, l'angle d'approche varie, les questions évoluent et que finalement, la cohérence des positions est moins qu'évidente.

Au surplus, les commanditaires ne communiquent pas toujours aux médias les rapports originaux et complets, se contentant d'un communiqué. Ce qui rend les intentions suspectes. Ce n'est pas une garantie d'une interprétation correcte, comme le montre l'article du Huffington Post, mais généralement cela permet aux médias de poser un meilleur jugement.

Pour une école libre a dit…

Deuxième anonyme : le Huff Post a reçu les 3 pages provenant de Léger-Marketing portant sur le sondage.

Exactement comme elles ont été publiées ici.

Aucune interprétation de la part de la CLÉ ou de Pour une école libre au Québec dans ces images. Le Huff Post a d'ailleurs découpé une partie de l'image pour la mettre sur son site en éliminant entre autres le logo de la CLÉ et les explications de Léger-Marketing.

La CLÉ a rappelé au Huff Post que l'interprétation qu'il faisait des résultats et encore plus son « raisonnement » ne correspondait pas aux résultats. Le Huff Post n'a rien corrigé (il s'est entêté diraient les méchantes langues).

Le Huff Post ne peut donc pas plaider qu'on ne lui a pas tout dit. Il a reçu les chiffres bruts, les questions, les commentaires de Léger-Marketing et il en savait autant que les commanditaires sur ces chiffres.

Il est évident que tous les médias écrits québécois francophones sont très orientés sur cette question et qu'il n'y a pas de véritable diversité d'information au Québec.

On voudrait imposer un consensus, on voudrait que tous soient d'accord en ne laissant aucune place à la contestation qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

Yvon L. a dit…

Incroyable la manip !

Et dire que le 2e anonyme cautionne cela et reproche même que ce site ne publie pas tous les sondages alors que c'est le seul endroit sur la toile qui essaie de rétablir un peu les choses, il faudrait qu'il se consacre à répercuter aussi, avec ses très faibles moyens, tout ce que les médias endogames et consensuels publient déjà entre eux ?

Les anonymes n'ont-ils donc jamais honte ?

Anonyme a dit…

@PUEL

Vous avez tout à fait raison en ce qui concerne le Huffington Post. C'est ce que je voulais dire en écrivant: "Ce n'est pas une garantie d'une interprétation correcte [d'avoir le sondage au complet], comme le montre l'article du Huffington Post,"

Durandal a dit…

D'après, moi, ils savent que la plupart des gens ne lisent que les titres d'articles et restent avec cette idée en tête. Le Huff Post sait que même si le titre est contredit par le contenu de l'article, et que n'importe quel lecteur attentif peut démasquer cette bourde volontaire, l'effet sur des milliers de lecteurs demeure celui laissé par le titre.