mardi 20 décembre 2011

Peu de chances que la CAQ (Legault) change grand-chose à la politique (PQ/PLQ) des garderies

Comme le souligne Denis Lessard de la Presse, prévoyant des grincements de dents chez ses militants de l'ADQ à la suite de la fusion de leur parti avec la CAQ, « Deltell et un groupe très restreint de conseillers aimeraient prétendre avoir arraché des gains au terme de leurs discussions avec François Legault. »

Une « opération sauvage [sic, sauvetage ?] de face » s'est donc enclenchée, confiera un membre de la CAQ.

En 2007, Mario Dumont avait fait recette avec sa promesse de rendre 100 $ par semaine aux familles qui gardaient leur enfant à la maison plutôt que d'occuper une place en garderie subventionnée.

Une promesse d'équité de traitement que La Presse qualifie d'« exorbitante » en la chiffrant à plus de 600 millions de dollars.

Pour Denis Lessard, « comptable, Legault sait très bien que cette idée séduisante ne tient pas la route. » Alors que le système des garderies à 7 $ (en réalité environ 50 $ par jour et par bambin en CPE) et qui coûte plus de 2,5 milliards par an lui tiendrait la route !

Il s'agit d'abord d'une question d'équité, d'universalité de l'aide et d'idéologie : aider toutes les familles ou uniquement celles qui font le choix « progressiste » et « féministe » qui consiste surtout à ne pas aider les femmes qui resteraient à la maison plutôt que de confier leurs enfants à des tiers.

Pour donner un peu d'oxygène à Deltell, l'ex-ministre péquiste Legault dira en conférence de presse qu'il est prêt à « regarder ça », mais qu'il n'est pas sûr que le Québec ait l'argent nécessaire... Bref, Legault  semble préparer le torpillage de cette idée.

Legault aurait un autre argument en poche selon La Presse. Il a pris contact avec l'Association des économistes du Québec. Deux membres en vue, Pierre Fortin et Luc Godbout, l'ont prévenu que cette mesure aurait « un effet dévastateur » sur le taux de participation des femmes au marché du travail.

Ce qui appelle quelques commentaires :
  • en quoi la participation des femmes au marché du travail est-elle préférable au choix des femmes ? Pourquoi faut-il « punir » les femmes qui restent au foyer pour éduquer leurs enfants en les privant d'aides ? 
  • En quoi est-il juste de subventionner la participation de ces femmes au travail à hauteur de plus de 2,5 milliards par an plutôt que celle des hommes ou des autres femmes, ou même de réduire les impôts de tous ? Car, en fin de compte, plus de deux milliards et demi de plus pour ces femmes subventionnées c'est plus de deux milliards et demi d'aides en moins pour les autres et nettement plus d'impôts pour tous. En d'autres mots, dans quelle mesure ces jeunes mères n'occupent-elles pas des postes que d'autres auraient pu occuper sans ces subventions ?
  • Quel effet dévastateur ? Pierre Fortin et Luc Godbout évaluent, à notre sens de manière « optimiste », les effets « bénéfiques » sur la participation au marché du travail à 70 000 Québécoises supplémentaires qui travaillent grâce aux 2,6 milliards de dépenses dans la politique familiale.

    Ce chiffre de 70 000 femmes supplémentaires qui travailleraient est basé sur le fait qu'en 1996 (une année avant la mise en place des garderies dites à 7 $), le taux d'activité des femmes québécoises mères d'enfants de moins de six ans se chiffrait à 63 %, comparativement à 67 % en Ontario. En 2008, ce même taux d'activité se chiffrait à 74 % au Québec, et à 71 % en Ontario. (Mais pourquoi la comparaison avec l'Ontario et pas l'Alberta, le Manitoba ou la Saskatchewan ?)

    Mais, le taux d'activité des Québécoises entre 1996 et 2008 a également augmenté parmi les femmes qui n'ont pas d'enfants en bas âge et là encore nettement plus vite qu'en Ontario. Il est désormais de 87 % pour les Québécoises (contre 84 % pour les Ontariennes) dont l'enfant le plus jeune à plus de 6 ans.  L'écart de taux d'activité en général se réduit entre l'Ontario et le Québec depuis bien avant l'introduction des CPE (voir le graphique ci-dessous)...


    Dans quelle mesure l'augmentation n'est-elle pas le résultat d'autres variables que la disponibilité de garderies à bon marché ? On ne le sait pas.

    Même si Pierre Fortin claironne partout, depuis des mois, les effets mirifiques de la politique de garderie québécoise, l'étude de M. Fortin sur laquelle il se baserait n'est toujours pas officiellement publiée dans une revue sérieuse (il ne circule qu'un Powerpoint). D'après une communication privée, nous avons appris qu'il espérait que son étude serait publiée en janvier 2012. On verra dans le détail, une fois son étude publiée, sur quels faits et quelles hypothèses M. Fortin base son analyse. Il trouvera alors sans doute plus de contradicteurs.






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2 commentaires:

Romanus a dit…

Legault n'est qu'un autre étatiste... au Québec, il n'y a que des étatistes... c'est pour des motifs électoraux...

Réjean a dit…

Romanus,

l'ADQ voulait moins d'État.

la CAQ veut mieux d'État.

Sinon le système démocratique actuel déresponsabilise les gens (c'est les autres, les riches qui paient) et crée donc des clientèles en faveur de mesures étatistes.