Leire Pajín |
« Il ne s'agit pas de faire disparaître, mais de ne plus financer ce type d'école », a déclaré Mme Pajín. La ministre socialiste a prétendu que cette décision « ne viole en aucune façon le droit des parents à ce que leurs enfants reçoivent un enseignement religieux ou moral conforme à leurs convictions, ne porte en aucune façon atteinte à la liberté de l'éducation ». Cette loi n'empêcherait pas plus la création de nouvelles écoles.
Les arguments du ministre pourraient évidemment être utilisés pour éliminer tout subside aux écoles privées en Espagne et accroître ainsi l'emprise de l'État au détriment du choix des parents qui sont imposés et taxés par l'État, mais privés en pratique de choix vu le coût des écoles privées non subventionnées.
Le centre-droit catalan s'oppose
La porte-parole du parti de centre-droit catalan CiU à la Commission pour l'égalité du Congrès, Merce Pigem, a déclaré que la suppression des subventions aux écoles non mixtes qui fait partie du projet de Loi sur l'égalité approuvé par le Conseil des ministres, viole les compétences régionales et qu'elle est « discriminatoire » puisqu'elle limite l'accès à ce type d'éducation aux familles aisées tout en empêchant ce même choix d'éducation pour les classes moyennes et populaires. Le gouvernement socialiste est à la tête d'un gouvernement minoritaire (169 sièges sur 350). Le Parti populaire (PP) de droite s'oppose à ce projet, ils disposent de 154 sièges au Congrès espagnol. Les deux principaux tiers partis sont les partis nationalistes basque (PNV, 6 sièges) et catalan (CiU, 10 sièges). Si le CiU et PNV s'opposent à la loi, elle ne pourra être approuvée par le Congrès.
Rejet des écoles catholiques
En novembre dernier, le directeur des Services juridiques des écoles catholiques (FERE-CECA), Luis Centeno, s'était déjà prononcé contre l'initiative proposée par le gouvernement dans l'avant-projet de Loi sur l'Égalité de traitement, faisant valoir qu'« elle viole la liberté d'enseignement », car elle limite les options pour les parents lors du choix du type d'éducation qu'ils souhaitent pour leurs enfants, parce que, comme indiqué, sans soutien financier seules les personnes ayant un certain pouvoir d'achat pourraient choisir les écoles non mixtes.
Centeno avait alors déclaré : «C'est le piège. Si l'éducation non mixte est légale, pourquoi ne pas la soutenir par des fonds publics et, si c'est illégal, pourquoi ne pas interdire qu'elle soit subventionnée concertée ou non ? » Selon M. Centeno, l'éducation non mixte ne pourra jamais être déclarée discriminatoire si elle satisfait aux exigences de la Convention de l'UNESCO sur le sujet, à savoir l'exigence que le programme soit le même pour les garçons et les filles, que les enseignants aient la même formation, que les diplômes aient la même valeur et que les installations et équipements soient semblables.
Pendant ce temps au Canada...
Pour Le Devoir, une (1!) nouvelle étude ontarienne sur les classes non mixtes viendrait dissiper les illusions qu'on avait sur la création d'écoles non mixtes. Ainsi, selon ce journal qui cite sans contradiction ce seul rapport, « séparer les garçons et les filles à l'école ne garantirait en rien la performance des premiers. Pire, laisser les jeunes messieurs entre eux les rendrait plus agressifs, voire misogynes. » Rien que cela.
Il n'est cependant pas évident que la conclusion de cette étude qui pointe vers des causes « d'ordre socioéconomique et racial » (racial?) pour expliquer l'échec des garçons plaisent beaucoup plus aux personnes opposés aux écoles non mixtes.
Écoles non mixtes : meilleurs résultats scolaires, moins de grossesses, meilleures relations ?
Rappelons que plusieurs études tendent à montrer que les garçons ne sont pas les seuls à bénéficier des écoles non mixtes, selon une étude britannique de 2009, les filles qui allaient à des écoles pour filles avaient de meilleurs résultats aux examens finaux du secondaire et progressaient le plus depuis leur sortie du primaire que les filles dans les écoles mixtes. Une étude néo-zélandaise fait ressortir des résultats similaires pour les garçons et les filles, même en éliminant des facteurs comme l'environnement familial, le comportement scolaire, etc.
Selon le Dr. Leonard Sax, les filles qui fréquentent des écoles non mixtes ont également nettement moins de grossesses non désirées que celles des écoles mixtes. Et pas parce que les garçons et les filles de ces enfants ne sortent pas ensemble hors des heures de cours. En fait, ce serait plutôt le contraire : ils sortiraient plus à deux que les adolescents des écoles mixtes qui ont plutôt tendance à faire du « hooking up », à draguer en groupe. Pour Sax, cette drague consiste à sortir en groupe, la fille la plus populaire se devant d'être physiquement intime avec le garçon le plus populaire. Ces relations sont plus instables que celles des adolescents fréquentant des écoles séparées. (Plus de détails ici.)
Voir aussi
« Les garçons se font punir pour affirmer leur virilité »
Adapter l'école québécoise aux garçons ?
Le dogme de la mixité remis en question
Le décrochage massif des garçons, une particularité québécoise
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2 commentaires:
Le lien "selon une étude britannique de 2009" est erroné.
Les conclusions de l'article du Devoir est absurde. Laisser les jeunes messieurs entre eux ne les rend certainement pas plus agressifs et misogynes : au contraire il y a moins de compétition entre eux donc ils sont moins agressifs ; et le fait qu'ils cotoient moins de filles garde une distance naturelle entre les sexes, ce qui crée une révérence entre les hommes et les femmes.
C'est la mixité qui, en banalisant la différence sexuelle, alimente la misogynie et la misandrie.
En passaant, bien qu'il ne soit pas représenté au parlement de Madrid, le parti Plataforma per Catalunya (PxC) — régionaliste, identitaire et plutôt conservateur — vient tout juste de remporter 67 sièges de conseillers municipaux en Catalogne.
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