L’Union européenne envisage d’intégrer des pays du Maghreb et du Proche-Orient au programme Erasmus. Une nouvelle route à sens unique pour l’immigration.C’était au début du siècle. En 2002, sortait dans les salles françaises L’Auberge espagnole, avec Romain Duris et Cécile de France. Film choral sur la vie de huit étudiants européens partageant un même appartement à Barcelone, le long-métrage de Cédric Klapisch allait devenir emblématique de la génération Erasmus, du nom du programme universitaire d’échange. Deux décennies plus tard, Klapisch pourra bientôt tourner une suite intitulée… « L’Auberge algérienne » ! Le premier film faisait l’éloge de l’ouverture européenne. Cette fois, il s’agirait de vanter l’inclusivité des dictatures arabes. Klapisch pourrait même imaginer un scénario où l’Algérie démontrerait tout son sens de l’hospitalité en retenant sur son sol ses étudiants européens. Cela ressemble à une blague, c’est pourtant tout ce qu’il y a de plus sérieux : l’Union européenne envisage d’intégrer des pays du Maghreb et du Proche-Orient au programme Erasmus. Les 10 pays concernés sont l’Algérie, l’Égypte, Israël, la Jordanie, le Liban, la Libye, le Maroc, les territoires palestiniens, la Syrie et la Tunisie. Au moment même où le budget 2026 présenté par Sébastien Lecornu supprime les aides personnalisées au logement (APL) pour les étudiants étrangers hors UE non boursiers, la Commission européenne entend accueillir encore davantage d’élèves émanant de ces pays. Rappelons par ailleurs qu’en 2023, cette même Commission a exclu la Hongrie du programme Erasmus sous prétexte que Viktor Orbán entraverait l’État de droit et ciblerait des minorités. Est-ce à dire qu’aux yeux de l’UE, le régime du chef de gouvernement Orbán, démocratiquement élu, est moins fréquentable que celui du président Tebboune, qui détient arbitrairement dans ses geôles Boualem Sansal et Christophe Gleizes ? Ou moins respectable que le Hamas, qui exécute les homosexuels en les jetant du haut des immeubles ?

Cet élargissement d’Erasmus s’inscrit dans le pacte pour la Méditerranée et s’accompagne d’un doublement du budget consacré à cette région, qui passerait à 42 milliards d’euros. Une « université méditerranéenne » délivrant diplômes conjoints devrait aussi voir le jour. « La région méditerranéenne constitue un pont vital », peut-on lire dans le pacte. Plus qu’un pont, il faut y voir une route à sens unique. En vérité, on imagine mal les jeunes Français ou les jeunes Italiens se précipiter à Gaza ou à Tripoli pour poursuivre leurs études.
En revanche, il ne fait aucun doute qu’une partie des étudiants extra-européens resteront en Europe une fois leur année Erasmus achevée. La commissaire Dubravka Suica, qui porte le projet, ne cache d’ailleurs pas que l’un des objectifs de la Commission est de « faciliter la délivrance des visas » et d’ouvrir des « voies légales pour répondre aux besoins de main-d’oeuvre de l’Europe ». En France, l’immigration étudiante est déjà, depuis 2022, le principal motif d’octroi des premiers titres de séjour. Huit ans après leur arrivée pour motif étudiant, 61 % des Algériens ont gardé un titre de séjour en France, dont les deux tiers pour motif familial. Tout cela en dit long sur l’Europe voulue par Bruxelles. Si la montée des partis dits « populistes » témoigne de la révolte des peuples contre l’immigration de masse, la technostructure européenne n’entend rien céder et poursuit son projet utopique d’UE supranationale coupée de ses racines culturelles. Une Europe qui ne serait plus une civilisation, mais une auberge mondiale.
Voir aussi