samedi 30 août 2025

Le taux de natalité chute plus fortement parmi les progressistes que chez les conservateurs

Nombre moyen d'enfants nés de personnes ayant des idéologies politiques différentes
Taux de natalité calculés pour tous les adultes âgés de 35 ans et plus
Source : Analyse du FT de l'Enquête sociale générale américaine
 
Selon le Financial Times de Londres, à son grand dam semble-t-il, des études récentes montrent que le manque d'intérêt de la gauche pour la baisse du taux de natalité risque de pousser les sociétés vers une orientation plus conservatrice

En prolongeant l'analyse précédente sur l'interaction entre l'idéologie politique et la formation de la famille, le journaliste John Burn-Murdoch constate que l'hypothèse selon laquelle le taux de natalité est en baisse dans l'ensemble de la société n'est pas vraie. Des États-Unis à l'Europe et au-delà, les personnes qui s'identifient comme conservatrices ont presque autant d'enfants qu'il y a quelques décennies.

La baisse est principalement observée chez les progressistes de gauche, ce qui a pour effet de pousser la politique de chaque génération successive plus à droite qu'elle ne l'aurait été autrement.


Nombre moyen d'enfants nés de personnes ayant des idéologies politiques différentes
Taux de natalité calculés pour tous les adultes âgés de 35 ans et plus
Source : Analyse du FT de l'Enquête mondiale sur les valeurs, basée sur des travaux antérieurs de Fieder et al. (2018)
 
Plus on est à gauche sur le spectre politique moins on a d'enfants en 2010-2024, ce n'était pas le cas dans les années 1970.

Bien sûr, les enfants n'héritent pas intégralement des opinions politiques de leurs parents, et chaque génération successive aurait tendance à être plus à gauche que la précédente sur les questions sociales. Mais il est bien établi que les valeurs des enfants sont fortement influencées par celles de leurs parents. L'écart croissant entre les taux de natalité de gauche et de droite ralentira cette tendance à la libéralisation et pourrait aboutir à des sociétés et des politiciens moins progressistes.

Pour John Burn-Murdoch, la plus grande ruse jamais mise en œuvre par la droite a été de convaincre la gauche que parler de famille et d'enfants était un domaine réservé aux conservateurs. Pour le chroniqueur du Financial Times, plutôt que de s'inquiéter de l'augmentation de l'empreinte carbone, les progressistes devraient peut-être se réjouir à l'idée d'élever les personnes qui inventeront les technologies ou éliront les gouvernements qui permettront d'atteindre la neutralité carbone.


 
Sources des données et méthodologie

Les taux de natalité des personnes ayant des opinions politiques différentes ont été calculés à partir de l'enquête sociale générale américaine (US General Social Survey) et de l'enquête mondiale sur les valeurs (World Values Survey), prolongeant les travaux antérieurs de Fieder et al (2018) afin d'inclure des données plus récentes. Les deux enquêtes demandent aux personnes interrogées combien d'enfants elles ont, ainsi que leur position sur l'échiquier politique, de gauche à droite.

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L'aube d'une société post-alphabétisation et post-mémorisation ?

réunit deux voix majeures sur le déclin de la lecture et l'avenir de l'alphabétisation : James Marriott, chroniqueur au Times de Londres et critique culturel, et Jared Henderson, youtubeur et philosophe.

Marriott a beaucoup écrit sur ce qu'il appelle l'avènement d'une « société post-alphabétisée ». Pour lui, la lente disparition de la littérature anglaise et le recul de la lecture sérieuse marquent une crise culturelle aux conséquences profondes sur la politique, l'éducation et la vie civique. Il soutient que sans livres et lecture approfondie, la société risque de devenir superficielle, distraite et dangereusement peu sérieuse.

Henderson partage cet avis et aborde le problème sous un angle différent. Sur sa chaîne YouTube, il a documenté la « crise de la lecture masculine » dans les universités américaines, montrant comment les garçons et les jeunes hommes abandonnent complètement la lecture. Mais plutôt que de déplorer le déclin de la littérature, il se concentre sur des moyens pratiques de raviver les habitudes de lecture, du choix des bons livres à la reconstitution de l'attention à l'ère des écrans.

Dans cette discussion, Freddie Sayers pose la question suivante : l'alphabétisation est-elle réellement en déclin, ou évolue-t-elle simplement vers de nouvelles formes ? Alors que l'IA, les smartphones et les médias numériques transforment nos esprits, l'avenir de la lecture est-il celui du déclin – ou de la réinvention ?

(Doublage automatique, cliquer sur la molette YouTube en bas à droite pour changer la langue de l'audio)

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Allemagne — Dix ans après, le bilan amer de l’ouverture des frontières par Angela Merkel

Le 30 août 2015, Angela Merkel, euphorique, accueillait des centaines de milliers de réfugiés syriens. Depuis, l’enthousiasme a disparu et Friedrich Merz prend le contre-pied de sa politique.

Anas Modamani se souvient comme d’hier de ce selfie mythique en compagnie d’ Angela Merkel  qui l’a rendu célèbre. Après avoir prononcé le 30 août 2015 la fameuse phrase « Wir schaffen das » (« nous y arriverons »), la chancelière était venue visiter un centre d’accueil de réfugiés dans le quartier de Spandau. Le jeune Syrien fuyant la guerre civile ne savait pas qui était cette dame avenante à la coupe blonde. Et, dans son enthousiasme, il s’est photographié avec « Mutti ». « Je suis très reconnaissant envers l’Allemagne. Grâce à elle, j’ai fait des études, étudié la communication, je parle la langue, je me suis fait des amis allemands et arabes, j’ai un passeport et un magnifique appartement à Berlin. »


Ce cliché et la réussite de son auteur illustrent la face heureuse d’un des épisodes les plus marquants de l’histoire allemande. À partir de septembre 2015, sous la pression des réfugiés bloqués à la frontière hongroise, majoritairement syriens, qui souhaitent rallier l’Allemagne via l’Autriche, Angela Merkel décide, pour de strictes raisons humanitaires, de s’affranchir des règles communautaires de l’accueil et d’ouvrir les portes de son pays. Le seul week-end du 6 septembre, 18.000 migrants débarquent via Munich. Ils seront très vite 1,6 million. 

[...]

Selon une étude de l’Institut du marché du travail (IAB), [seuls] 70 % des réfugiés de 2015 avaient trouvé un emploi neuf ans après leur arrivée.

Mais l’image est trompeuse. Outre l’opposition de son ministre de l’Intérieur, rapidement bousculée par un afflux non anticipé, la chancelière a demandé à ses voisins l’instauration d’un mécanisme communautaire de répartition des migrants. « L’Europe ne peut pas accueillir plus de réfugiés », lui a répondu le premier ministre français,  Manuel Valls , soutenu par les pays d’Europe centrale. Traditionnel pays d’immigration ayant déjà intégré une forte diaspora turque, et balkanique dans une moindre mesure, l’Allemagne s’est retrouvée seule en première ligne dans la crise des réfugiés syriens.

Ainsi 29 % des Afghans sont-ils au chômage, cela ne veut cependant pas dire que 71 % des Afghans travaillent car la définition du chômage est précise et peu inclusive. En réalité, graphique ci-dessous,  seuls environ 42% des Afghans sont en emploi.

 


 Merkel toujours fière de son bilan

Dix ans plus tard, l’image du pays en est profondément changée. Sur la plage de Timmendorfer, près de Lübeck, un soir d’été 2025, sur l’embouchure de la Baltique, deux mondes se font face. À l’arrière de la plage, les Allemands de souche sirotent leur bière. Sur les pelouses adjacentes, les familles d’origine orientale ont déroulé leurs tapis. Seules ces dernières occupent le ponton et le coin de baignade, les femmes s’ébattent dans l’eau, vêtues de burkinis, des pieds à la tête. « Il est très difficile de se lier d’amitié avec des Allemands »,regrette Anas Modamani.

Dix ans après, Angela se dit fière de son bilan, insensible aux nouvelles humeurs nationales qui lui reprochent d’avoir « divisé le pays ». « Je ne crois pas avoir surmené l’Allemagne », a dit la chancelière à la chaîne ARD. Dans la foulée de son initiative, le parti d’extrême droite  AfD , autrefois marginal, a vécu une renaissance jusqu’à devenir la principale force d’opposition du pays. Aussi positifs soient-ils, les chiffres de l’IAB montrent que seules 35 % des femmes immigrées ont trouvé un emploi. 

Prisonniers du carcan allemand de reconnaissance des diplômes, la grande majorité des réfugiés ont hérité d’un poste sous-qualifié. Ne maîtrisant pas la langue, les enfants de cette génération se sont difficilement intégrés dans le système scolaire. « À l’époque, on pensait qu’on allait pouvoir faire d’une pierre deux coups : résoudre le problème du vieillissement de la population allemande grâce à l’accueil humanitaire. Mais l’euphorie est vite retombée », observe Jonas Wiedner, chercheur au Centre d’études sociales de Berlin (WZB). 

Lecture : le taux de mise en cause des Algériens (rouge) est plus de douze fois supérieur à celui des Allemands. 
 

Manque de soutien public

Épuisées, ralenties par les vents contraires, les ONG allemandes, qui ont joué un rôle déterminant dans l’accueil des réfugiés de 2015, se plaignent d’un manque de soutien public. « Nous devons constamment faire campagne pour récolter des dons et y passons une grande partie de notre temps » regrette Diana Henniges, directrice de l’Association berlinoise Moabit Hilft, 

La vague ukrainienne de 2022 – environ 1 million de personnes – a davantage saturé les structures d’accueil. Puis la vague d’attaques commises par des migrants dans les douze derniers mois, en particulier à  Solingen il y a un an, où un jeune syrien a tué trois personnes, a scellé la fin d’une époque. Après que le gouvernement du social-démocrate Olaf Scholz a durci les conditions du droit d’asile, c’est le successeur conservateur d’Angela Merkel qui a pris le contre-pied de sa politique migratoire libérale. 

À l’évidence, nous n’y sommes pas arrivés

« À l’évidence, nous n’y sommes pas arrivés », a lâché Friedrich Merz cet été, reprenant en négatif la formule de « Mutti » (« Wir haben nicht geschafft »). Berlin est devenue en Europe la capitale du club des durs en matière d’immigration, comme l’a montré l’organisation, cet été, d’un sommet organisé par l’actuel ministre de l’Intérieur, Alexander Dobrindt. Ce dernier milite pour le refoulement des illégaux, y compris vers des pays jugés peu sûrs.  

 
[...]

Dix ans ont passé et le vent a tourné. L’aide aux réfugiés n’est plus dans l’air du temps d’une Allemagne pressée de tourner la page. Selon un sondage paru cette semaine, publié par l’institut économique DIW, 65 % des réfugiés se sentent les bienvenus en Allemagne. En 2016, ils étaient 83 %. Dans un mouvement symétrique, leur crainte de subir des agressions à cause de leur origine a bondi, de 32 % à 54 %.

Réussite à la Pyrrhus

L'hebdomadaire anglais The Economist parle de victoire à la Pyrrhus pour l'Allemagne. Oui, bien sûr, l'Allemagne pouvait se débrouiller en 2015, comme n'importe quel pays riche de plus de 80 millions d'habitants qui aurait accueilli une vague importante de migrants. Mais la plupart des Allemands contraints de se débrouiller n'étaient pas les gauchistes aisés qui accueillaient les Syriens dans les gares avec des ours en peluche et des fleurs. Ce sont plutôt ceux qui vivent loin des quartiers chics de Berlin et de Munich, dont les camarades de classe de leurs enfants ne parlaient pas allemand, qui ont dû supporter les coûts. Ils s'attendaient à ce que l'État veille sur eux, mais ils se sont sentis traités avec condescendance par leur propre chancelière. Aujourd'hui, sept Allemands sur dix estiment que l'État est dépassé par l'immigration.

  
Sources : Le Figaro, The Economist
 
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