mardi 21 septembre 2021

Pénurie de place de garderies ou de parents ?

Tiré du site Le Verbe. Un texte de Florence Malenfant, détentrice d’un baccalauréat en histoire de l’art à l’université Laval et d’un certificat en révision linguistique.

On entend beaucoup parler, depuis quelque temps, du manque criant de places en garderie. Ou plutôt de la pénurie de personnel, qui occasionne la limite du nombre d’enfants acceptés dans les milieux de garde. On accuse le gouvernement de ne pas agir, de maintenir des conditions de travail trop peu intéressantes pour les éducatrices, d’embourber ceux qui voudraient ouvrir des CPE dans les méandres d’une bureaucratie digne des 12 travaux d’Astérix. Oui, oui, et oui. D’accord.

C’est bien vrai tout ça : ça prend de meilleures conditions de travail pour s’occuper des enfants, de l’avenir de notre société, de ces minichouchoux futurs contribuables.

Et si on prenait la question autrement et qu’on se demandait : ce sont les conditions de travail de qui qu’il faut changer ?

Parce qu’on a bien vu, dans les derniers mois pandémiques, que les parents se sont épuisés à s’occuper de leurs enfants à temps plein en continuant de faire des semaines de 40 heures en télétravail tout en essayant de garder une certaine santé mentale.

Avoir les enfants en permanence dans la maison, peu importe leur nombre, ça nécessite du temps et de la disponibilité. Ça demande une pleine présence d’assurer le rôle d’éducateur, surtout pour la période de la petite enfance (0-5 ans).

C’est pour ça qu’on embauche des gens pour faire ça, pour prendre soin de nos petits, pendant qu’on va travailler, pour payer l’hypothèque, l’épicerie, les deux autos, les (maudites) taxes, les vacances, le hockey de l’un, la natation de l’autre… et la garderie.

Liberté financière

Je ne compte plus le nombre de fois où, en discutant de ma situation de mère au foyer avec d’autres mamans au parc ou ailleurs, on m’a répondu : « Tu es chanceuse de pouvoir te le permettre [financièrement]. »

Je serais curieuse de voir combien de parents prendraient la décision de rester à la maison avec leurs jeunes enfants s’ils en avaient réellement le choix.

Mais l’autre jour, pour la première fois, on m’a dit : « tant que c’est un vrai choix », en faisant allusion à la pénurie de places en garderie. Et je me suis dit que jamais on ne dirait ça à une mère qui travaille, ou encore moins à un père.

Or, quand on y pense, des parents qui travaillent parce qu’ils n’ont pas d’autre choix, c’est assez commun !

Je serais curieuse de voir combien de parents prendraient la décision de rester à la maison avec leurs jeunes enfants s’ils en avaient réellement le choix. Lire : s’ils n’étaient pas pénalisés financièrement.

Si, en tant que parents, on était valorisés lorsqu’on prend la décision d’élever nous-mêmes nos enfants, d’être nous-mêmes leur milieu de garde, leur milieu familial, je suis persuadée que la situation en garderies serait complètement différente.

Entre être et faire

Je pense sincèrement, et surement bien naïvement, que la solution à cette pénurie de places en garderie commence en encourageant les parents qui le désirent à s’occuper eux-mêmes de leurs enfants.

Certes, ce rythme plus lent, demandant souvent plus d’être que de faire, il n’est pas pour tout le monde. Mais pour ceux qui y tendent ou qui le souhaiteraient, il serait peut-être plus intéressant ou même plus accessible s’il n’impliquait pas nécessairement un retrait total de toute reconnaissance sociale. Et ça pourrait peut-être commencer par une reconnaissance pécuniaire.

Parce qu’il y a une valeur réelle à tout ce temps passé par les enfants avec leurs parents, à ces matins sans course folle, à cette connaissance mutuelle développée au fil des journées, à s’observer l’un l’autre dans nos apprentissages, dans nos préférences, nos difficultés, à ce temps libre.

Si le problème des places en milieux de garde était étudié en pensant à tout cela, les parents qui choisissent librement de placer leurs enfants en garderie, pour quelque raison que ce soit, se buteraient alors sans doute moins systématiquement le nez à des listes d’attente angoissantes.

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