mardi 17 décembre 2019

Garderie — Pas d'argent aux parents, mais davantage au secteur subventionné

Certains prétendent que la Coalition Avenir Québec (CAQ) est un parti de droite, conservateur parfois.

La CAQ valorise pourtant, non pas l’aide directe aux parents, mais l’aide au secteur subventionné (et syndicalisé). Créant de la sorte un énorme pouvoir, un énorme monopole qui empêche toute remise en question du réseau de garderies extrêmement coûteux et donc toute remise en question de la politique familiale québécoise qui n’a, notamment, aucun impact sur la natalité ni même sur les résultats scolaires (les résultats du Québec dans les tests internationaux n’ont pas augmenté depuis leur mise en place).

C’est de nouveau le cas avec le plus récent dans le cas des parents qui demandaient un crédit d’impôt pour les enfants fréquentant une garderie non subventionnée, mais déjà, le ministre de la Famille dit non.

Il en coûte actuellement quatre fois plus cher pour envoyer son enfant dans une garderie non subventionnée au Québec. Actuellement, près de 69 000 enfants fréquentent ces garderies.

Des parents dénoncent cette situation et ont mis sur pied le Regroupement de parents utilisateurs de garderies non subventionnées. Ils demandent au gouvernement provincial un crédit d’impôt supplémentaire pour que le coût soit le même, peu importe le type de garderie fréquentée.

Joint au téléphone, le ministre de la Famille, Mathieu Lacombe (ci-contre), a indiqué qu’il ne compte pas répondre aux demandes du groupe de parents. Il souhaite plutôt convertir des garderies non subventionnées en garderies subventionnées. Il considère que cette mesure répond au problème dénoncé par les parents (pas l’absence de choix pourtant).

Rappelons que les parents qui osent garder eux-mêmes leurs enfants en bas âge ne reçoivent aucune aide et ne bénéficie d’aucun crédit d’impôt par décision idéologique (il ne faut surtout pas que les femmes restent au foyer, il faut qu’elles aillent turbiner au plus vite).
Quelles différences entre la CAQ et le PQ ou le PLQ dans ce dossier ? Très peu au niveau fondamental, contrairement à ce que proposait l’ADQ à son époque.


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Le syndicalisme CPE : « un des pouvoirs les plus forts au Québec » (Mario Dumont)

Russie — généreuse prime à la naissance, allocation mensuelle et hypothèque moins chère pour les familles

La politique du « boni bébé » instaurée par les libéraux de Robert Bourassa fut fort décriée par les féministes à la fin des années 90. La ministre de la Famille et de l’Enfance de 1998 à 2001, Nicole Léger (PQ), avait ainsi qualifié ce programme « d’échec lamentable ». Le diagnostic peu nuancé de la ministre Léger s’expliquait sans doute par des réticences fréquentes exprimées par le Conseil de la femme à toute politique nataliste efficace. En 1982, Claire Bonenfant, la très féministe présidente du Conseil de la Femme, s’était déjà interrogée, au sujet d’une politique avec de timides conséquences natalistes : « Cette politique sera-t-elle une politique nataliste déguisée cherchant à nous retourner aux berceaux et aux fourneaux ou bien se présente-t-elle comme une politique de justice sociale ? »

Le PQ décida donc d’instaurer un programme nettement plus cher et moins universel : les centres de la petite enfance (CPE). Si le programme universel d’allocations à la naissance avait coûté 186 millions de dollars à son apogée en 1994, dès la première année les CPE en 1997 coûteront 221 millions de $. En 2014, les coûts des CPE avaient été multipliés par onze (11 !), sans que leur efficacité démographique, sociale ou pédagogique auprès des enfants ait été démontrée...


L’anglicisation de la jeunesse québécoise assombrit l’avenir du français

Extrait d’un article de Pierre Fortin dans l’Actualité. Nous trouvons que ses solutions sont peu précises et manquent de mordant. Il ne s’agit pas uniquement de « franciser » (en réalité simplement apprendre le français, car connaître une langue ne signifie pas s’y identifier), il faut rendre le français plus utile en éliminant les possibilités de s’adresser en anglais au gouvernement québécois ou de suivre des études (cégeps par exemple) dans cette langue. Pour ne rien dire d’une immigration limitée, plus francophone et d'une aide réelle à la natalité.

Partout au Canada, depuis 25 ans, le poids de la langue française est en baisse, et pas à peu près. Pour déterminer la préférence linguistique d’une personne, il faut savoir si elle s’exprime habituellement en français, en anglais ou dans une autre langue lorsqu’elle est vraiment libre de son choix. À cette fin, le recensement du Canada demande à chaque répondant quelle langue il parle « le plus souvent à la maison ». On lui fait ensuite indiquer s’il parle « régulièrement d’autres langues à la maison ». Cela permet de voir si une personne qui s’exprime le plus souvent dans une langue tierce penche vers l’une ou l’autre des deux langues officielles.

Ce sont les réponses à ces deux questions qui nous disent que la préférence pour le français a nettement diminué depuis un quart de siècle. Le tableau résume le glissement observé en concentrant l’attention sur la génération des 25 à 34 ans, habituellement messagère de l’avenir. Au Québec comme au Nouveau-Brunswick, le pourcentage de ces jeunes adultes qui parlent le plus souvent ou régulièrement français à la maison a baissé d’environ quatre points en 25 ans. Au Québec, il est passé de 85,5 % en 1991 à 81,8 % en 2016 ; au Nouveau-Brunswick, de 31,7 % à 27,3 %. Dans l’ensemble des huit autres provinces, le poids démographique des jeunes francophones de 25 à 34 ans, déjà minuscule à 1,9 % en 1991, est descendu à 1,3 % en 2016.

Dans ces trois régions, la régression du français a eu comme contrepartie une progression de l’anglais. Au Québec, par exemple, le poids démographique des jeunes de 25 à 34 ans qui parlent le plus souvent ou régulièrement anglais a gagné trois points, se hissant de 11,6 % en 1991 à 14,7 % en 2016.
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Depuis 1945, la mondialisation des échanges a consacré la domination de l’anglais comme langue internationale. Le Canada français n’y a pas échappé. Au Québec, la préférence pour le français est en recul en dépit des deux remparts de protection qu’on a instaurés au cours des 50 dernières années. D’une part, les ententes conclues avec le fédéral depuis 1971 ont permis d’accorder une importance accrue à la connaissance du français dans la sélection des immigrants. D’autre part, la loi 101 de 1977 a imposé la scolarisation obligatoire en français aux jeunes immigrants. Les données du tableau montrent que ces mesures n’ont pas suffi. Elles n’ont pas empêché les Québécois nés au milieu des années 1980 d’être moins portés à s’exprimer librement en français que leurs prédécesseurs nés au début des années 1960.

Le déclin du français risque même de s’accélérer. La langue est un bien public dont la valeur dépend du nombre de personnes qui l’utilisent. Si le français voit son poids démographique continuer à diminuer, il perdra encore plus de valeur et un nombre encore plus élevé de Québécois s’en détourneront. Autrement dit, plus le français déclinera, plus cette chute sera rapide.

Que faire ? Il faut éviter les attitudes extrêmes : le déni du « tout va très bien, madame la marquise » ou le découragement du « nous sommes condamnés à disparaître ». Mieux vaut prendre le problème à bras le corps. L’investissement maintenant prévu par le gouvernement du Québec en matière d’immigration doit ajouter de façon appréciable à l’effort de francisation. Le gouvernement reconnaît par là que le glissement de la langue française est réel, mais il manifeste son espoir de pouvoir stabiliser les choses. Sa détermination nous amène au moins à mettre en place des solutions du côté de l’offre.

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Suède — « Le Paradis » retable pro-homo ôté de l'église par crainte de transphobie



L’église Saint-Paul de Malmö, au sud de la Suède, a retiré de son autel une peinture LGBT controversée (ci-dessus) de crainte que les transgenres soient associés au mal.

Le retable nommé « Le Paradis », œuvre d’une lesbienne revendiquée, dépeint le jardin d’Éden comme une joyeuse bacchanale homosexuelle, Adam et Ève et leurs partenaires de même sexe respectifs s’amusent follement sous le regard lascif d’un serpent qui pourrait sembler travesti ou transgenre (détail ci-dessous).



Nombre de personnes ont critiqué la peinture LGBT dans l’église après son installation.

Selon le pasteur Per Svensson, la peinture sera déplacée dans un autre endroit non pas en raison de réactions conservatrices, mais à cause de sa représentation des personnes transgenres.

Le pasteur Svensson a déclaré au diffuseur SVT que les couples homosexuels dans la peinture n’étaient pas du tout un problème pour l’église, mais que ce qui gênait était la possible association de personnes transgenres avec le serpent du jardin d’Éden, symbole de la tentation et du mal. Chose insupportable à ses yeux.


« Au début, je n’avais pas saisi la complexité, mais après mûre réflexion et une discussion approfondie avec la direction, nous n’avions pas d’autres choix que de déplacer le retable », a-t-il déclaré.

L’évêque de Lund, Johan Tyrberg, s’est exprimé sur la question, affirmant que la peinture pouvait être interprétée à la fois comme pro-LGBT et comme anti-LGBT selon le point de vue de la personne qui la regardait.

Il a ajouté que l’église aurait dû discuter de la peinture avec le diocèse avant de la suspendre au-dessus de l’autel de l’église.

Les décisions d’accrocher puis de retirer le tableau font partie d’une tendance de l’église suédoise à être l’une des églises les plus « progressistes » et pro-LGBT au monde. L’archevêquesse de Stockholm, Eva Brunne, est une fière lesbienne.

L’archevêquesse Brunne, ainsi que plusieurs autres hauts dignitaires religieux, a affirmé plus tôt cette année qu’elle avait plus en commun avec les musulmans qu’avec les chrétiens conservateurs. (Que pensent les musulmans de ces peintures LGBT ?)

En 2015, Brunne est même allée jusqu’à demander aux églises de Stockholm de retirer les croix de leurs murs et de mettre en place des espaces de prière musulmans au plus fort de la crise des migrants.

L’église luthérienne suédoise en crise

On apprenait en 2018 que l’Église (luthérienne) de Suède devrait commencer à vendre ses biens immobiliers. Selon une étude citée par SVT, l’église libérale de gauche « perdra bien plus d’un million de membres dans une période de 10 ans » sur un total de 5 899 242 membres en 2018.

Le président du conseil de l’église de Lima-Transtrand, l’un des plus touchés par l’effondrement de l’église, a déclaré que la paroisse « ne peut tout simplement pas se permettre de joindre les deux bouts ». La réduction des revenus résultant de la diminution du nombre de membres a fait en sorte que le conseil envisage de vendre le presbytère paroissial, un édifice patrimonial classé que les médias locaux décrivent comme « une propriété unique qui, avec l’église d’à côté, est l’un des les paramètres les plus pittoresques de la région ». Il a déclaré à SVT : « Alors que nous perdons des membres et moins de gens assistent aux services, le coût de l’entretien de nos églises est encore très élevé. »

Source SVT



Autres nouvelles de la Suède

La ville de Stockholm serait la ville européenne qui consomme le plus de méthamphétamines. C’est ce que montre une étude effectuée dans le centre-ville de Stockholm au cours d’une semaine d’octobre 2019. Lorsqu’on a testé les eaux usées de Stockholm pour voir combien de drogues sont utilisées, l’analyse a été réalisée selon une norme européenne adoptée par l’OEDT, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. Les niveaux mesurés de résidus de médicaments dans les eaux usées peuvent donc être comparés à d’autres pays européens qui ont testé leurs villes de la même manière depuis 2011. En 2018, plus de 70 villes de 20 pays européens étaient connectées au projet. Selon le test, le taux est de 675 milligrammes d’amphétamine pour 1 000 habitants par jour, ce qui place les habitants de Stockholm au sommet de l’Europe en termes de quantité d’amphétamine consommée. Le résultat surprend Johan Lindberg, chimiste et chef de groupe chez RISE, qui a analysé le résultat du test des eaux usées collectées. « C’est la première fois que nous voyons un niveau aussi élevé. » Aucune des villes comparables n’a jamais mesuré une moyenne supérieure à 450 milligrammes d’amphétamine pour 1000 habitants depuis le début des mesures en 2011. Source : SVT

Suède : environ un million de Suédois prennent des antidépresseurs, l’un des taux de consommation les plus élevés au monde. On estime qu’un million de personnes prennent des antidépresseurs en Suède, plus que jamais auparavant. L’an dernier, environ un Suédois sur dix a pris des antidépresseurs, a rapporté la télévision suédoise (SVT), soit deux fois plus qu’au début des années 2000.

Malmö (Suède) : 29 attaques à la bombe en 2019, de nombreux habitants quittent la ville, jadis saluée comme un haut lieu multiculturel. Les actes de violence sont si fréquents à Malmö que la nouvelle de l’un est effacée par la nouvelle d’un autre. Cette année, il y a déjà eu 29 attaques à la bombe dans une ville de seulement 320 000 habitants. Dans l’ensemble, la Suède est en bonne voie d’atteindre un rythme annuel de 150 explosions, soit environ trois par semaine. Il s’agit d’attaques perpétrées par des bandes criminelles qui ciblent habituellement d’autres criminels. Mais les victimes sont parfois des innocents. Dans un cas récent, par exemple, une étudiante a été grièvement blessée au visage alors qu’elle est passée devant un magasin qui a explosé à Lund, à dix minutes en voiture de Malmö. Les attaques les plus spectaculaires ont laissé des villes entières comme Malmö craintives et traumatisées, comme l’a expliqué une grand-mère dans un récent article sur Facebook à propos d’un attentat à la bombe qui a fait sauter les fenêtres d’un immeuble résidentiel où dormaient ses petits-enfants — « …. deux enfants suédois très effrayés, dont la vie s’est écroulée ». Source

La cocaïne devient moins chère et plus courante en Suède, entraînant une augmentation spectaculaire du nombre de décès liés à la drogue, selon une nouvelle enquête. Source

L’agence de presse SVT a rapporté que la police de Göteborg, la deuxième plus grande ville de Suède, a déclaré qu’elle découvre des lycéens drogués à la cocaïne et aux amphétamines pendant les heures de classe. Après un an d’actions policières ciblées sur les lycées de la ville, la police a trouvé des étudiants sous l’influence de stupéfiants puissants tels que l’amphétamine, la cocaïne et le tramadol opioïde sur ordonnance. « Que ce cocktail de drogues se trouve dans les écoles secondaires est un énorme échec pour la Suède », a déclaré à SVT Robin Nilsson, chef de l’unité de police de Göteborg spécialisée dans le trafic de drogue. Source

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Interdiction de la fessée : « Nous allons vers une société d’enfants-rois ! »

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Extrême-Orient et Occident : le boum des femmes sans enfants

Plusieurs pays développés ont dépassé le taux de 20 % de femmes restées sans enfant. Israël est une exception notable.

Les jeunes Japonaises non mariées à 25 ans étaient affublées il y a peu encore du sobriquet de Gâteau de Noël, parce qu’elles devenaient moins appétissantes comme un gâteau de Noël qui a passé la date du 25 décembre… En français, on parlait de catherinettes. Les célibataires sont encore fréquemment qualifiées de « parasites » dans l’archipel nippon, rapporte la sociologue Xiao Lei [1].

Dans un Japon où mariage et procréation demeurent des valeurs cardinales — moins de 3 % des enfants y naissent hors mariage —, nombre de Japonaises veulent échapper à la tradition, et les grandes villes s’adaptent à la nouvelle donne sociale. En 2010 à Tokyo, plus de 36 % des femmes de 30 à 39 ans étaient célibataires. Au niveau national, 29 % des femmes nées en 1974 sont restées sans enfant (certaines pouvant être mariées). « On s’attend à ce que ce taux continue à augmenter au Japon, mais aussi à Singapour, en Corée du Sud et à Taïwan », pronostique Tomas Sobotka, de l’Institut autrichien de démographie.

À Séoul, en Corée du Sud. Les actifs coréens (15 à 64 ; ans) ne constitueront en 2040 que 56,4 % de la population contre 72,7 % aujourd’hui.

« Coût prohibitif »

Ces pays d’Extrême-Orient suivent la même courbe que Hong Kong où plus d’une femme sur trois (35 %) née en 1972 est restée sans enfant. « La pression pour le mariage, les fortes inégalités entre hommes et femmes, les contraintes économiques, le coût prohibitif pour élever un enfant contribuent à l’augmentation du célibat et au fait de ne pas avoir d’enfant », estime ce démographe. Cette explication nous apparaît toutefois comme convenue et superficielle : la pression pour le mariage et les inégalités entre hommes et femmes étaient encore plus grandes auparavant alors que la natalité était plus justement plus importante, il faut donc se tourner vers d’autres explications.

Quelles politiques mettre en œuvre pour enrayer la chute de la natalité en Corée ?

 La vie sans enfant progresse également dans la plupart des pays développés, y compris dans des États européens où les évolutions sociétales ont été très rapides. En Espagne, le taux devrait atteindre 25 % pour les femmes nées en 1975, estiment Albert Esteve et Rocio Trevino, du Centre d’études démographiques espagnol. S’il n’est pas possible de tracer une frontière nette entre les situations subies et celles qui sont choisies (faut-il distinguer les « sans enfant » et les « libres d’enfants »), selon les démographes, l’émancipation tardive en Espagne — 61 % des 18-34 ans vivent chez leurs parents — n’est pas étrangère à cette situation. Cette « émancipation » tardive en Espagne ou en Italie est principalement due à un sous-emploi des jeunes adultes.

En Italie, la proportion de femmes sans enfants augmente constamment d’une génération à l’autre. Pour celles nées en 1978, à la fin de leur cycle de reproduction, ce taux aura doublé (22,5 %) par rapport à ce taux pour les femmes nées en 1950 (11,1 %).

Israël fait figure d’exception avec non seulement le taux de natalité le plus élevé de tous les pays industrialisés, mais il devance même d’un enfant le Mexique avec une moyenne de 3,1 enfants par famille. Rappelons que l’indice synthétique de fécondité du Québec est de 1,59 enfant/femme soit quasiment deux fois moins d’enfants par couple.

On remarquera que les femmes veulent plus d’enfants qu’elles n’ont (rouge) notamment dans les pays à faible natalité comme le Japon, la Corée du Sud, Formose (Taïwan) et la Malaisie.

La société de marché à haute protection sociale, une société sans enfant

« Quantité de facteurs structurels concourent au fait que la maternité devienne une question de choix personnel », souligne la sociologue Anne Gotman, auteure de Pas d’enfant. La volonté de ne pas engendrer [2]. S’appuyant sur les travaux du sociologue allemand Ulrich Beck, elle rappelle que, poussée à son paroxysme, la société de marché est une société sans enfant reposant sur l’individu débarrassé de tout « handicap » relationnel, conjugal ou familial. Et s’il y a une meilleure acceptation sociale de la vie sans enfant, « le phénomène est loin d’être inédit », rappelle-t-elle en évoquant les inquiétudes de Polybe concernant une Grèce antique souffrant d’un « arrêt de la procréation » et d’une « disette d’hommes ». Lire à ce sujet : Les plus religieux hériteront-ils de la Terre ? et Démographie et croissance.

Plus récemment, au fil du XXe siècle, le taux d’infécondité a épousé une courbe en « U » sur le continent européen. De 20 à 23 % pour les femmes nées entre 1900 et 1915, le taux est tombé progressivement à 10 % pour celles nées au début des années 1940, puis n’a cessé de remonter, relevait une étude de l’Institut national d’études démographiques en 2017. Les femmes européennes nées entre 1900 et 1915 avaient connu le manque d’hommes suite à la Première Guerre mondiale et la crise économique de la fin des années 20. En France, 24 % des jeunes Français nés en 1894 et donc âgés de 20 ans en 1914 sont morts au combat, cela fera autant de femmes célibataires et sans enfant.

Rappelons également que, dans une société où l’État — les enfants des autres — procure une forte protection sociale et qui vante l’autonomie individuelle plutôt que la stabilité des familles, il y a peu de raisons économiques ou même de pressions sociales à former des familles nombreuses : ce ne sont pas les enfants des parents qui garantiront leurs retraites, leurs soins médicaux ou la survie économique  de l’affaire familiale, mais les enfants des autres. Des gens font donc le pari de ne pas s’encombrer d’enfants puisque ceux-ci coûtent très cher.  Un enfant coûte 151 000 €  jusqu’à sa majorité en France et 253 950 $ au Québec. Les allocations et aides ne remboursement pas ces coûts, d’autant plus qu’elles sont le plus souvent sujettes à des conditions de ressources (la classe moyenne supérieure en est souvent exclue) ou à des conditions idéologiques (aides à la garde uniquement si l’enfant est confié à des tiers au Québec, mais rien pour la femme au foyer qui garde ses enfants en bas âge).

Malgré ces surcoûts et la mentalité prônant la réussite individuelle dans la carrière, le désir d’enfants existe encore, voir aucune mesure d’aide à la naissance malgré un désir d’enfants ?


[1] Journal of International and Advanced Japanese Studies, février 2017.

[2] MSH, 2017, 248 p., 27 €.

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Italie, nouveau nadir démographique

La fécondité israélienne (3,1 enfants/femme) contraste avec celle de l’Occident où les pays rivalisent pour les jeunes des autres pays.