mercredi 25 avril 2018

Californie — vers une interdiction de livres prônant une sexualité traditionnelle ?

Dans la série « admettre avec tolérance les LGBTQ2SAAI+ ne changera rien à votre vie », considérons le projet de loi californienne AB-2943 Unlawful [goods and] business practices : sexual orientation change efforts (Pratiques commerciales [et biens] illégales : efforts de changement d’orientation sexuelle). Le projet de loi a été approuvé en commission bicamérale. Nous avons ajouté « [et biens] », car même si ces deux mots n’apparaissent pas dans le libellé du projet de loi, le texte du projet de loi les mentionne très clairement (plus de détails ci-dessous).

De quoi s’agit-il ? L’Assemblée législative de l’État de Californie est sur le point d’approuver un projet de loi qui interdirait, entre autres choses, la vente de livres qui viseraient à convaincre ses lecteurs de la justesse des croyances chrétiennes orthodoxes au sujet de la moralité sexuelle. Ils visent aussi à interdire, et c’est surtout cet aspect qui est mis en avant par les partisans de ce projet de loi, les controversées thérapies de conversion pour homosexuels, aussi appelées thérapies de réorientation sexuelle. Ces « thérapies de conversion » ont été interdites en Ontario par le gouvernement de la militante LGBT Kathleen Wynne en juin 2015.

Il reste que ce projet de loi interdirait la vente de tout bien lié à tout effort de changement d’orientation ou de genre. Et donc qu’il peut logiquement, selon le National Review, mener à interdire la vente des livres. Oui, interdire la vente de livres.

Le projet de loi AB 2943 de l’Assemblée législative assimilerait à une « pratique commerciale illégale » le fait d’effectuer « une transaction destinée à aboutir ou qui aboutit à la vente ou à la location de biens ou de services » qui fait de la publicité, offre de s’efforcer ou s’efforce de modifier « l’orientation sexuelle d’une personne ».

Le projet de loi définit ensuite les « efforts de changement d’orientation sexuelle » comme « toute pratique visant à modifier l’orientation sexuelle d’une personne. Cela comprend les efforts visant à changer les comportements ou les expressions de genre, ou à éliminer ou à réduire les attirances ou les sentiments sexuels ou romantiques envers les personnes du même sexe. » [Nous avons ajouté le gras.]

Nombre d’enfants référés à la clinique du genre (GIDS) en Angleterre par année et par sexe
Lire prof. Jordan Peterson : «  Nous sommes en pleine épidémie psychologique. Cela se produit régulièrement. »


Ce projet de loi est radical et contraire à la tradition occidentale. L’orthodoxie chrétienne est simple — indépendamment des désirs d’une personne (leur « orientation »), la norme de conduite correcte est limpide. Le sexe est réservé au mariage entre un homme et une femme. Quant à « l’expression du genre », il n’y a pas de différence entre « sexe » et « genre », et la réponse chrétienne à la dysphorie du genre est la compassion et le traitement, et non l’indulgence et la mutilation chirurgicale (voir le cas de Thomas illustré ci-dessous).

Thomas entre Pauline Moreno et Debra Lobel (ses deux « mères » lesbiennes)
qui affirment qu’il n’a pas subi de pressions
dans sa décision de devenir une fille



En d’autres termes, il existe une différence fondamentale entre la tentation et le péché. La loi californienne s’immiscerait directement dans cet enseignement en interdisant même l’argument selon lequel, quel que soit le désir sexuel, le comportement sexuel d’une personne devrait être conforme aux normes bibliques. Notons que la Cour suprême du Canada va dans le même sens que le projet de loi californien affirmant que l’orientation sexuelle est en quelque sorte consubstantielle à l’identité des personnes et que s’y attaquer est analogue à la couleur de la peau des gens. Voir entre autres sur le sujet le sidérant arrêt Whatcott. Notons, incidemment, la contradiction des points de vue des partisans de la théorie du genre (pour qui la sexualité et l’identité de genre sont très fluides et changeantes) et de ceux pour qui l’identité homosexuelle est en quelque sorte innée (je n’y peux rien, je suis né ainsi).

Les chrétiens trouvent leur identité dans le Christ, pas dans leur genre et pas dans leur orientation sexuelle. L’État de Californie s’oppose à cette vision. Votre sexe et votre orientation sont votre identité, et vous devriez vous engager dans des actions qui célèbrent et confirment cette prétendue essence. Pour les religieux conservateurs, l’État est en train de créer une nouvelle religion de libertinage sexuel, déclarant que les religions qui s’y opposent sont non seulement fausses, mais nuisibles et qu’il faut donc interdire « les biens et les services » qui viseraient à lutter contre cette nouvelle religion libertine.

Entre-temps à l’école québécoise
Personne ne doute que l’orthodoxie chrétienne soit controversée aujourd’hui. Personne ne doute que ses enseignements sur la morale sexuelle soient de plus en plus impopulaires. Mais ils restent constitutionnellement protégés aux États-Unis (c’est moins sûr au Canada), et aucune législature d’État ne devrait être autorisée à interdire un « bien » (comme un livre) ou un « service » (comme le conseil) qui défend cette vision conservatrice et les fournit à des consommateurs consentants. En fait, la loi de l’État promulguerait une nouvelle orthodoxie sexuelle officielle en interdisant sa contestation. Elle y enfermerait aussi des jeunes qu’elle prétend pourtant vouloir protéger.

Pour ne prendre qu’un exemple, un grand nombre d’enfants qui présentent une dysphorie de genre finissent naturellement par revenir à la norme. Leur dysphorie disparaît avec l’âge. En effet, une étude sérieuse indique qu’il s’agit-là du « résultat le plus probable » pour un enfant atteint de dysphorie de genre. En vertu du projet de loi AB 2943, le simple fait de communiquer cette vérité porteuse d’espoir pourrait très bien mener à être poursuivi...

Malgré les problèmes constitutionnels évidents et malgré son intolérance patente envers l’éthique chrétienne de millions de ses citoyens, le projet de loi est en passe d’être adopté — il a été approuvé deux fois en comité bicaméral à 8 contre 2 puis 8 contre 1. Il pourrait être soumis aux voix à l’Assemblée législative californienne dès demain, jeudi.

Et bien sûr, la Californie est loin d’être un État marginal. Il est considéré comme le centre de l’opposition à Trump et appelé « l’avenir de la politique américaine ». C’est le modèle progressiste, même pas celui de l’extrême gauche.


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