mercredi 7 avril 2021

États-Unis : « Augmentation significative de l'enseignement à la maison » à 11,1% à l'automne 2020


Le Bureau du recensement américain a rapporté à la fin du mois de mars que 11,1 % des élèves de la maternelle à la 12e année étaient désormais instruits à la maison par leurs parents, une augmentation significative par rapport à 5,4 % lorsque les fermetures d’écoles sont entrées en vigueur au printemps 2020 et aux 3,3 % des familles qui instruisaient leurs enfants à la maison avant la pandémie du coronavirus-19.

« La pandémie mondiale de COVID-19 a suscité un nouvel intérêt pour l’enseignement à domicile et l’attrait d’autres formes d’instruction scolaires a soudainement explosé », ont écrit Casey Eggleston et Jason Fields pour le Bureau du recensement, qui a recueilli des données pour une enquête « expérimentale » pour mesurer les « Impacts sociaux et économiques pendant la pandémie de coronavirus. »

« En utilisant un large échantillon représentatif au niveau national de ménages américains, l’enquête montre que le taux d’instruction à domicile est nettement plus élevé que les données nationales et offre un aperçu des changements dans les manières d’enseigner pendant la pandémie », ont noté les auteurs, expliquant que, alors que 5,4 % des foyers américains disaient faire l’école à la maison lorsque les fermetures d’écoles sont entrées en vigueur au printemps 2020, « [à l’automne], 11,1 % des ménages avec des enfants d’âge scolaire ont déclaré instruire leurs enfants à la maison (30 septembre-12 octobre). »

Le Bureau du recensement américain a clarifié la distinction entre les ménages qui « déclaraient instruire vraiment à la maison et ceux qui utilisaient plutôt un apprentissage virtuel dans une école publique ou privée ».

Les rédacteurs du Bureau ont poursuivi que, dans le contexte de la gestion de la pandémie, de plus en plus de familles américaines recherchent d’autres formes d’instruction pour leurs enfants :

Il est clair que dans une situation sans précédent, les familles recherchent des solutions qui répondront de manière fiable à leurs besoins en matière de santé et de sécurité, à leurs besoins en matière de garde d’enfants et aux besoins d’apprentissage et socio-émotionnels de leurs enfants.

Des « bulles pandémiques », très discutées (de petits groupes d’élèves se rassemblant en dehors d’une école formelle pour l’enseignement en personne) à un intérêt grandissant des parents pour les écoles virtuelles autonomes, en passant par les écoles privées et les organisations d’enseignement à domicile, les parents américains sont de plus en plus ouverts aux options qui vont au-delà de l’école publique du quartier.

Les données du Bureau du recensement font écho à celles du sondage Gallup qui, à la fin du mois d’août, a révélé une augmentation de cinq points du pourcentage de parents qui ont déclaré qu’ils instruisaient leurs enfants à la maison cette année scolaire, par rapport à cinq pour cent en 2019 et dix pour cent en 2020.

Gallup a également défini l’enseignement à domicile dans son enquête comme « non inscrit dans une école formelle, mais instruit à la maison » afin de distinguer l’enseignement à domicile des programmes d’apprentissage à distance fournis par les écoles.

En novembre, la Semaine de l’éducation a également signalé que la population des enfants instruits à la maison avait plus que doublé aux États-Unis, 58 % des directeurs d’école soulignent que l’instruction à domicile est « la principale cause qui explique la baisse des inscriptions » dans les écoles.


Un fort recul des naissances en janvier à travers le monde développé (m-à-j pour le Québec)

Le nombre de naissances au Québec pour janvier 2021 est désormais connu : il est de 6350. Il était de 6850 en janvier 2020. La baisse est donc de 7,3 % en un an. Le Québec fait donc un peu moins bien que la Suède (-6,4 %) et un peu mieux que la Hongrie (-9,8 %).


Billet originel du 6 avril 2021

La crise sanitaire s’est traduite par une baisse de la natalité, surtout dans les pays développés.

À partir de la base de données sur la fertilité humaine des instituts de démographie de l’université de Vienne, en Autriche, et de Max-Planck en Allemagne, Tomas Sobotka et son équipe de chercheurs se sont penchés sur les derniers chiffres rendus publics par 34 pays. Ils soulignent que chez quinze membres de l’Union européenne, la natalité plonge en moyenne de 3 % en octobre, 5 % en novembre, puis de 8,1 % en décembre 2020 (les données que nous rapportons sont systématiquement indiquées par rapport à l’année précédente ou à la période correspondante un an plus tôt). Avec des chutes en janvier 2021 de 10,3 % en Russie, 23,3 % à Taïwan entre autres, « les spéculations initiales sur un éventuel baby-boom se sont largement dissipées », écrivent les auteurs de cette étude. Ils pronostiquent un effet « baby flop » en 2020, suivi d’un « baby krach » en 2021 en Europe, dans l’est de l’Asie et aux États-Unis.

Déclin démographique

Il est trop tôt pour des statistiques globales américaines, mais plusieurs études convergent sans surprise sur l’effet redoutable du SARS-CoV-2 sur la natalité. Philip Cohen, de l’université du Maryland, annonce une baisse de 3,8 % en Floride et dans l’Ohio en 2020. Il note surtout une chute de 6 % en novembre, puis de 8 % en décembre, conséquence des premiers effets sociaux de la pandémie. Les comtés où la contamination et les limitations de la mobilité ont été les plus fortes sont aussi ceux où les déclins sont les plus marqués. Le chercheur rapporte que neuf États qui disposent de bilans mensuels ont enregistré une baisse de 5 à 10 % pour les deux derniers mois de l’année.

Une analyse de la Brookings Institution, révisée en décembre, anticipe, pour sa part, 300 000 naissances en moins. Une autre, réalisée par la chaîne CBS News sur 32 États, fait apparaître en mars un déficit de 95 000 naissances, alors que 2019 avait déjà enregistré une baisse de 1 %, le chiffre le plus bas depuis trente-cinq ans.

Le Covid-19 a précipité vers le déclin démographique les pays qui avaient déjà glissé sur cette pente depuis longtemps. L’Europe méridionale en est l’illustration. Tandis que le Vieux Continent a un indice de fécondité moyen de 1,6 enfant par femme en âge d’en avoir — le seuil de renouvellement des générations se situant à 2,1 —, la Grèce ne dépassait pas 1,35 en 2018 ; l’Italie, 1,29 ; l’Espagne, 1,26. Selon les chiffres de l’Office grec des statistiques, il est né dans le pays 100 000 enfants en 2012, 90 000 en 2016, 85 605 en 2020, avec un recul de 6,5 % en novembre et en décembre 2020.

Pour l’heure, c’est l’Espagne qui détient le record : son taux de natalité plonge de 20,4 % en décembre, 20 % en janvier 2021. L’Institut national de la statistique a dénombré 24 061 nouveau-nés en janvier pour une population d’un peu plus de 47 millions d’habitants. Ce sont les chiffres les plus bas depuis 1941. Reste à savoir si les jeunes adultes, les plus victimes de la précarité et du chômage, ont décidé de remettre leur souhait de fonder une famille ou bien l’ont abandonné.

La France (et ses immigrants) reste le pays le plus fécond d’Europe en 2020

« Le Covid pourrait creuser l’écart entre les pays du nord de l’Europe et ceux du Sud, observe Gilles Pison, professeur au Muséum national d’histoire naturelle et chercheur associé à l’Institut national d’études démographiques (INED). Ils sont les plus touchés par la pandémie, les politiques familiales de soutien y sont moins fortes et les populations moins fécondes. » La France a été l’un des premiers pays à publier des chiffres significatifs sur le décrochage des naissances. En décembre et janvier, la dégringolade est sévère avec des baisses de 7,2 %, puis 13,5 %. Cependant, son exemple laisse à penser que les taux pourraient fluctuer dans les prochains mois, explique Gilles Pison, car la courbe se redresse en février. À l’image du moral des Français qui retrouvaient une liberté de mouvement en mai. Et le pays, où 736 000 enfants ont vu le jour, reste le plus fécond d’Europe en 2020.

Manifestement, les pays moins bousculés par la pandémie le sont aussi dans leur démographie. La base de données de l’université de Vienne constate une certaine stabilité au Danemark, en Finlande et en Norvège. L’Islande, qui déplore 29 décès, compte 4 530 nouveau-nés en 2020, 100 de plus qu’en 2019. La différence n’est pas significative, note Asgeir Haraldsson, professeur de pédiatrie à l’université d’Islande. Et l’indice de fertilité — 1,75 enfant par femme — inquiète les autorités ; le gouvernement a allongé le congé parental à douze mois.

Aux Pays-Bas, le Bureau central a dénombré 168 000 naissances en 2020, soit une baisse de 1 %. Avec la hausse de la mortalité et la diminution de l’immigration, les prévisions démographiques conduisant à une population de 19 millions d’habitants en 2038 (pour 17,3 millions aujourd’hui) devront peut-être être révisées.

« Contexte général anxiogène »

Dans de nombreux pays, il va falloir attendre au moins 2022 pour avoir une vue précise, faute de statistiques. C’est le cas par exemple en Belgique, où les démographes ne se prononceront pas avant. Mais ce contretemps n’empêche pas de voir s’esquisser une probable évolution, car la tendance s’inscrit à la baisse depuis des années. « Le contexte général était déjà anxiogène avec la crise climatique, le terrorisme, les problèmes économiques, souligne Thierry Eggerickx, professeur de démographie à l’université de Louvain. La crise sanitaire n’est sans doute pas propice à une amélioration. »

En Pologne, où le nombre d’enfants par femme en âge d’en avoir ne dépasse pas 1,4 en moyenne, la natalité a encaissé un nouveau coup dur en raison de la situation économique par temps de Covid-19 et de la faiblesse des aides aux ménages. Elle est tombée à son plus bas niveau depuis la seconde guerre mondiale avec 347 000 naissances durant les douze derniers mois. Exception notable, le confinement imposé au printemps a été mis à profit en Roumanie : 15 857 enfants sont nés en décembre, 2 103 enfants de plus qu’en novembre.

Dans cette région d’Europe, la situation est assez contrastée. La baisse des naissances se poursuit en Bulgarie et en Slovénie sans accélération particulière. La chute est nette, en revanche, en janvier en Serbie — 8,5 % — et en Hongrie — 9,4 %. Dans ce dernier pays, où ce sujet constitue déjà une préoccupation politique majeure, la courbe est cependant repartie à la hausse en février, la baisse atteint donc 3,4 % pour les deux premiers mois de l’année. Le retour au pays de nombreux citoyens d’Europe de l’Est, que semble avoir favorisé la crise sanitaire, produira peut-être un effet de rattrapage sur l’évolution démographique.

Le décalage dans le temps pose question désormais

Le quasi-confinement de l’Allemagne jusqu’à début mai n’a pas eu d’effet tangible sur les taux de natalité mensuels, restés dans leur fourchette habituelle, selon l’office fédéral des statistiques Destatis. Environ 182 000 naissances ont été enregistrées entre décembre 2020 et février, soit 0,8 % de plus. Cependant, toujours durant ces trois mois-là, une coupure distingue les Länder de l’ancienne RDA où la natalité faiblit de 3,8 %, tandis qu’elle augmente de 1,7 % dans ceux de l’Ouest.

Officiellement, le Royaume-Uni ne dispose pas de données globales, mais des études et des indices laissent présager moins de bébés. Ainsi, à partir des données médicales de 80 hôpitaux publics d’Angleterre et du pays de Galles, la chaîne de télé Sky News a repéré que le nombre d’échographies à douze semaines avait baissé de 4 % en 2020, alors que les services de maternité étaient restés ouverts pendant la pandémie. Dans cette partie du territoire britannique, le taux de fécondité de 1,6 serait au plus bas depuis 2001 — avant l’apport de la vague d’immigration en provenance d’Europe de l’Est —, selon une étude publiée en mars par le Centre for Population Change de l’université de Southampton. Ses auteurs estiment qu’il pourrait atteindre 1,45 d’ici à 2023 si la pandémie se prolonge et si la crise économique rend plus difficile la création d’un foyer familial.

Mais n’y a-t-il pas un risque de faire peser sur le Covid-19 plus de conséquences qu’il n’en a déjà ? Le Canada a connu une croissance démographique de 0,4 % en 2020, la plus faible depuis la Première Guerre mondiale, tandis qu’elle est en baisse de 3 % au Québec. Mais ce phénomène est à relier à la chute importante du nombre d’immigrants admis dans le pays depuis le début de la crise sanitaire. « Ça nous semble l’hypothèse la plus probable, car 33 % des bébés nés au Québec viennent de couples comptant un immigrant », assure Chantal Girard, démographe à l’Institut de la statistique du Québec. Quant au Covid-19, « cela prendra plusieurs années pour mesurer son effet réel sur le taux de fertilité et voir si ces naissances seront reportées à 2022 ou 2023 ou carrément annulées ». Ce décalage dans le temps qu’ont souvent observé les démographes par le passé pose question désormais. Car la conception d’un premier-né intervenant chez des parents de moins en moins jeunes, le projet risque d’être compromis.

Le spleen des pays développés a atteint aussi l’Asie

L’Amérique latine est elle aussi soumise au grand bouleversement de 2020. Au Brésil, dans le chaos du coronavirus sont nés 2,6 millions d’enfants, 6,2 % de moins selon les données du Portail de la transparence des notaires. Dans les Caraïbes, le Covid-19 a vidé les maternités : moins 4,2 % de naissances à Cuba, recul de 3,3 % à Trinité-et-Tobago, alors que cette riche République pétrolière a été plutôt épargnée par le virus. Sur l’île de Porto Rico, c’est un effondrement inédit : – 12,4 %. « La pandémie a aggravé un problème qui existait déjà », analysait, dès octobre 2020, José Carabello, démographe à l’université de Porto Rico.

Le spleen des pays développés soumis aux difficultés économiques, confinés, isolés, privés d’occasions de se rencontrer s’agissant des jeunes générations, empêtrées dans le casse-tête de la scolarité à la maison, a atteint aussi l’Asie. Au Japon, qui se trouve sur une trajectoire déclinante depuis les années 1970, le nombre de naissances a atteint 872 683 en 2020, en recul de 25 917, un niveau jamais vu depuis le début de l’enregistrement de cette statistique en 1899. La tendance pourrait s’accentuer, car le nombre de grossesses a diminué.

Dans les pays où les mariages précèdent le premier-né, 2021 ne s’annonce donc pas sous les meilleurs auspices. C’est le cas au Japon, où les unions sont en baisse de 12,7 % et en Corée du Sud aussi. La natalité y a chuté de 10 % en 2020. Moins de noces, plus de morts : « Le déclin naturel de la population pourrait s’accélérer », prévient Kim Su-yeong, de Statistiques Corée.

Malgré la fin de la politique de l’enfant unique, la Chine connaît, elle aussi, les affres du déclin démographique. Selon le ministère de la Sécurité publique, « seulement » dix millions de naissances y ont été enregistrées en 2020. Le bilan réel s’élève plus probablement autour de 12,5 millions, alors qu’il était encore de 15,23 millions en 2018. Les chiffres devraient être rendus publics en avril.

Source : Le Monde

Voir aussi

Québec — Indice de fécondité pour 2020 est tombé à 1,52 enfant/femme, il était de 1,57 en 2019 

Radiographie des Français

 

Passé historique blanc : San Francisco débaptise 44 écoles (m-à-j : projet suspendu)

Le Conseil scolaire de la ville de San Francisco a voté à l’unanimité ce mardi la suspension du projet consistant à renommer un tiers de ses écoles publiques, y compris celles portant les noms des présidents George Washington et Abraham Lincoln, mettant ainsi fin à la controverse qui animait les débats depuis plusieurs mois.

En annulant le vote de janvier dernier, le conseil offre un répit à de nombreux San-Franciscains qui s’étaient déclarés outrés par ce projet de changement le nom des écoles publiques, considérant cette procédure comme irrespectueuse du processus de décision habituel.

A contrario, cette décision a bien évidemment été mal reçue par les militants qui espéraient que la ville n’honorerait plus des personnages historiques du pays qu’ils considèrent comme liés à la suprématie blanche, à la colonisation, à l’esclavage et à l’oppression.

Lorsque le conseil avait voté à la majorité absolue ces changements de nom en janvier, Jeremiah Jeffries, enseignant et chef du comité de changement de nom, ravi, déclarait : « Nous poursuivons sans vergogne la suprématie blanche ». Certains étudiants et familles du quartier se sont réjouis du fait que de nouveaux noms mettent en valeur des héros communautaires plus modernes.

« Nous reconnaissons que nous devons ralentir. Et nous devons être davantage à l’écoute de la communauté. Nous travaillons avec des enseignants pour impliquer et éduquer nos communautés scolaires sur tout processus de changement de nom d’établissement », indique Gabriela López, présidente du Conseil, dans un éditorial du San Francisco Chronicle.

Cette décision de suspendre le processus fait suite à l’action d’associations d’anciens élèves du secondaire et aux parties prenantes de la communauté, dirigées par l’avocat Paul Scott. Celles-ci poursuivaient le conseil scolaire afin qu’il annule le vote qu’il avait organisé pour renommer les écoles. Ces associations alléguaient que le conseil avait violé la loi Brown, qui régit la manière dont les réunions publiques doivent être menées et que le conseil avait refusé aux membres de la communauté scolaire de suivre la procédure régulière lors de la décision de changement de nom initiale.

Source : Los Angeles Times


Billet originel du 27 janvier 2021

Les présidents George Washington et Abraham Lincoln ou le missionnaire espagnol Junipero Serra ne sont plus en odeur de sainteté à San Francisco : le conseil des écoles de la ville a décidé de débaptiser quarante-quatre établissements (un tiers des 114 écoles publiques de la ville) portant le nom de personnalités selon lui associées au racisme, à l’esclavage ou à la colonisation blanche.

Cette mesure, qui a suscité une vive controverse localement, remonte à la création d’une commission chargée de réviser les noms des écoles publiques en mai 2018, avant que des statues de Christophe Colomb et des monuments confédérés ne soient mis à bas par des manifestants dans la foulée des rassemblements dénonçant le meurtre de l’Afro-Américain George Floyd.

La commission en question a produit une liste de quarante-quatre établissements à rebaptiser. Parmi eux figurent des écoles aux noms des présidents Washington et Jefferson, qui possédaient tous deux des esclaves. Outre Washington et Thomas Jefferson — anciens présidents liés à l’esclavage ou à « l’oppression » — la liste comprend le naturaliste John Muir, le prêtre espagnol Junipero Serra, le patriote de la révolution américaine Paul Revere (descendant de huguenots français) et Francis Scott Key, le compositeur de l’hymne national, le « Star Spangled Banner ». Également banni, Balboa le conquistador qui découvrit le Pacifique. Doivent changer de nom la Mission High School (les missions espagnoles c’est mal) et la Presidio Middle School (les forts espagnols c’est mal). La liste complète est ici.

Lutter contre « le racisme »

Selon le San Francisco Chronicle, 6 commissaires scolaires ont voté en faveur de cette résolution contre un seul qui s’y est opposé. La majorité a noté que l’effort de changement de nom « est opportun et important, compte tenu du passé raciste du pays ». Mark Sanchez, membre du conseil d’administration de l’école, a ajouté : « C’est un message pour nos familles, nos élèves et notre communauté. Ce n’est pas seulement symbolique. C’est un message moral ». 

Liste bâclée

Des critiques ont déclaré que le Comité consultatif des noms d’écoles n’était « pas minutieux », utilisant des sites tels que Wikipédia et des sources sélectionnées de manière orientée au lieu d’« universitaires, de documents historiques ou de recherches approfondies ». Le comité n’aurait même pas su si le collège Roosevelt avait été nommé en l’honneur du 26e président (Theodore Roosevelt)… ou de son cousin le 32e (Franklin Delano Roosevelt) Lors de la réunion de mardi, le conseil scolaire a également présenté des excuses officielles aux Amérindiens pour le « vol de terres » et la « douleur et le traumatisme causés par les images racistes, les manuels scolaires racistes et les mascottes racistes ». 

Abraham Lincoln visé

Plus surprenant, Abraham Lincoln, pourtant symbole de l’abolition de l’esclavage dans le pays, est aussi visé, car il est accusé par certains d’avoir joué un rôle dans le massacre de tribus amérindiennes. La sénatrice démocrate Dianne Feinstein, 87 ans, se retrouve sur la liste adoptée par six voix contre une : la commission lui reproche d’avoir fait remettre un drapeau confédéré qui faisait partie d’une vingtaine d’autres étendards flottant traditionnellement devant l’hôtel de ville et qui avait été vandalisé lorsqu’elle était maire de San Francisco, en 1986. Le drapeau sudiste est désormais devenu pour les progressistes un symbole des discriminations raciales et de ceux qui prônent la suprématie de la « race blanche ».

Critiques

La décision de rebaptiser ces écoles a provoqué de nombreuses critiques, parmi lesquelles l’actuelle maire de San Francisco, London Breed, qui est noire. En octobre dernier, London Breed avait jugé « insultant » pour les parents d’enfants privés d’écoles à cause de la pandémie que les autorités scolaires consacrent leur énergie à changer le nom des établissements plutôt que de les rouvrir. Notons cependant que London Breed ne s’oppose pas à ce que ces noms soient changés à l’avenir.

Des critiques ont souligné le coût du changement de nom, estimé à au moins 1 million de dollars et « potentiellement beaucoup plus ». Le district est déjà confronté à un déficit budgétaire de 75 millions de dollars.

Écoles publiques désertées par les blancs

À San Francisco, 40,0 % de la population totale est blanche non hispanique, selon l’estimation du recensement de 2018. Seuls 28 % des jeunes  âgés de 19 ans et moins de la ville sont blancs (les blancs sont vieux et ont peu d’enfants, voir Des grandes villes progressistes sans enfants aux États-Unis ?) On pourrait donc s’attendre à ce que les élèves blancs représentent environ 28 à 30 % du réseau scolaire public. Mais, au cours de l’année scolaire 2013-2014, seuls 12,9 % des élèves des écoles publiques de San Francisco étaient blancs.

 Données démographiques

Selon les estimations du Bureau du recensement américain de 2018, la population du comté de San Francisco était à 45,4 % blanche (40,0 % de Blancs non hispaniques et 5,4 % de Blancs hispaniques), 5,2 % de Noirs ou Afro-Américains, 34,3 % d’Asie, 8,1 % d’une autre race, 0,3 % d’Autochtones Amérindien et originaire d’Alaska, 0,2 % d’île du Pacifique et 6,5 % de deux races ou plus.

Proportion des blancs à San Francisco au cours des 80 dernières années 

201820102000199019701940
  45,4 %    48,5 %    49,7 %    53,6 %    71,4 %    95,0 %

 La population de San Francisco était de 634 536 habitants en 1940, elle est aujourd’hui de 881 549.

Voir aussi

Les nouveaux talibans à l’école californienne