Le professeur
William H. Jeynes (photo ci-contre) synthétise ici les principales conclusions qu’il a tirées des différentes méta-analyses qu’il a conduites durant de longues années en matière d’école. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les résultats de ces études montrent que ce sont les facteurs familiaux et religieux qui sont les plus décisifs en matière de résultats scolaires.
— Professeur, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
William Jeynes — Je suis professeur au Witherspoon Institute de Princeton, dans le New Jersey et enseignant en éducation à l’Université de Californie à Long Beach. Je suis diplômé de l’Université de Harvard et de l’Université de Chicago. J’aborde les questions éducatives en recourant à l’analyse quantitative et la recherche historique.*
Mes travaux portent sur l’éducation, la famille et l’économie dans les sociétés contemporaines. J’ai été amené à présenter les conclusions de mes travaux à la Maison-Blanche et à de nombreux département du gouvernement fédéral. J’ai été consultant également pour les gouvernements chinois et sud-coréen.
— Vous avez écrit un livre l’an dernier sur l’influence de l’implication des parents sur les résultats académiques des enfants. Pouvez-vous présenter votre méthode (la méta-analyse) et vos conclusions ?
W. H. J. — C’est d’une approche méta-analytique dont je me suis servi pour conduire ces recherches. Une méta-analyse combine, au niveau statistique, toutes les études scientifiques pertinentes qui existent sur un sujet donné dans le but de déterminer les résultats agrégés desdites études.
Autrement dit, cette approche consiste à combiner les résultats statistiques de toutes les études qui ont été faites sur un sujet précis pour déterminer vers quelles conclusions tend l’ensemble des recherches existantes.
Comme vous pouvez l’imaginer, en raison de l’ampleur d’un tel travail, une méta-analyse nécessite généralement 2 à 3 ans. Néanmoins, parce qu’une méta-analyse synthétise l’ensemble des recherches existantes, ses résultats ont tendance à être lus et cités largement. Ils ont une influence importante.
De ces études, nous pouvons tirer les conclusions suivantes :
- Le suivi attentif apporté par les parents aux études de leurs enfants va de pair avec un niveau académique plus élevé.
- Des formes plus subtiles d’implication des parents telles que les attentes qu’ils manifestent à l’égard de leurs enfants, la communication positive qu’ils déploient à l’égard de leurs enfants, le recours à style parental associant un support logistique à un environnement aimant ont un impact beaucoup plus fort sur les résultats scolaires de leurs enfants que d’autres formes d’implication qu’ils pourraient avoir comme le fait de remplir des mandats au sein de l’école (présence dans l’organisation des parents d’élève, investissement en tant que bénévole dans l’école, etc.).
— Vous avez fait d’autres méta-analyses sur les facteurs-clés de réussite scolaire. Pourriez-vous résumer vos conclusions ?
Oui j’ai mené plusieurs méta-analyses sur différents sujets. On note notamment les résultats suivants :
1)
Les élèves forts en connaissances bibliques ont de meilleurs résultats scolaires que ceux qui sont mauvais en ce domaine. La différence est environ d’une lettre [sur un système de notation en A, B, C, D, E, F, soit environ 10 %].
2) Les élèves qui viennent de deux parents biologiques réussissent beaucoup mieux à l’école, en moyenne, que leurs homologues issus de structures familiales non traditionnelles.
Plus l’on s’éloigne de la cellule traditionnelle, et plus l’impact négatif sur la réussite des enfants est appuyé.
3)
Les deux variables qui réduisent le plus efficacement les écarts de résultats scolaires entre populations d’origines ethniques et socio-économiques différentes sont l’engagement religieux de l’élève et les facteurs familiaux comme la structure familiale et l’implication parentale.
4)
Les élèves qui fréquentent des écoles chrétiennes atteignent un meilleur niveau que leurs homologues qui vont dans les écoles publiques traditionnelles ou dans des écoles à charte publiques non confessionnelles.
— Quel serait le système éducatif idéal ?
Le système éducatif idéal serait celui qui accorderait de l’importance à la formation spirituelle, à la formation du caractère et aux résultats académiques. L’objectif de l’école ne doit pas se limiter simplement à former l’esprit. D’ailleurs, historiquement, de Platon jusqu’à il y a peu, les professeurs croyaient que l’éducation religieuse et la formation du caractère avaient autant d’importance que la formation intellectuelle.
Cicéron et Martin Luther King partageaient la même conviction :
la personne la plus dangereuse du monde sera une personne intelligente, mais manquant de caractère. Bien que plusieurs siècles séparent ces deux personnes, force est de constater qu’elles tombent néanmoins d’accord sur ce point capital.
Et en effet, en 11 ans qui se sont écoulés depuis le 11 septembre, personne n’a contesté qu’Oussama Ben Laden soit intelligent, mais personne n’a affirmé qu’il est un homme d’amour et de caractère.
Je crois que nous pouvons dire sans nous tromper que la plupart des problèmes que nous avons aujourd’hui dans le monde sont fondamentalement des problèmes touchant à la dimension spirituelle de l’homme et à son caractère, non à son intelligence pure. On peut même dire qu’une grande partie de la crise économique dans le monde d’aujourd’hui est due à l’immoralité.
Le système éducatif idéal ne devrait donc pas seulement aborder la formation intellectuelle, mais aussi tenter de préparer les gens à fonctionner efficacement dans la société civile.
— Selon vous, quel est le but d’un système éducatif ?
Le but des systèmes éducatifs devrait être de préparer l’individu à être un citoyen doué de compassion, intelligent et doté d’un sens civique.
— Est-ce que les systèmes éducatifs qui permettent le libre choix de l’école et un haut degré de liberté sont meilleurs que les autres ?
Il existe des preuves patentes au niveau de l’enseignement supérieur que les systèmes proposant un libre choix scolaire ont de meilleurs résultats universitaires. Les résultats sont très clairs pour l’enseignement supérieur parce qu’il existe un grand nombre d’universités fonctionnant sur un principe de libre choix et de concurrence. Les résultats sont moins exploitables pour le primaire et le secondaire, car il y a peu de pays qui pratiquent un libre choix effectif pour ces niveaux et parce qu’il existe un grand nombre d’autres facteurs jouant sur les résultats scolaires.
*William Jeynes est l’auteur de
Parental involvement and academic success, publié en 2011.
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