lundi 1 avril 2019

Formatrice d'enseignants en ECR « objective » : croisades, inquisition, pédophilie, femme non acceptée

Radio-Canada interrogeait différents acteurs dans le cadre d’une révision du très controversé programme d’éthique et de culture religieuse :

Mais, même pour ce volet [religieux du programme ECR], M. Baillargeon dit entretenir « de sérieux doutes » sur la possibilité que les enseignants présentent « les choses déplorables dans la religion catholique, dans l’islam, etc. ». « Je pense que ça dépend de la bonne volonté des profs », affirme-t-il. « Au secondaire, on voit les deux côtés de la médaille, affirme Karine Beaulieu qui enseigne ÉCR depuis 2008 et qui forme des enseignants dans cette matière. La compétence “éthique” vient éclairer [comprendre : juger selon les valeurs actuelles] la compétence “religieuse”. » Au deuxième cycle du secondaire, les élèves entendent parler « des croisades, de l’inquisition, des méfaits », ajoute l’enseignante, dont le conjoint enseigne ÉCR comme elle. Je présente des faits. Pas des opinions.  C’est un fait qu’il y a de la pédophilie dans l’Église catholique et qu’on n’y accepte pas les femmes.

Notons :

1) Que nous la croyons quand elle dit que les enseignants « éclairent » le volet religieux et « critiquent » les religions. En effet les enseignants ne se privent pas de le faire et parfois dépassent sans doute leur devoir officiel de « neutralité » (voir cette enseignante qui s’est déguisée en curé pour dénoncer le machisme de l’Église catholique ou cet autre enseignant ECR — Marie s’est fait violer, elle a inventé l’histoire du Saint-Esprit, Joseph a gobé son histoire). Dans la pratique, une fois la porte de la classe fermée, les professeurs peuvent orienter la discussion selon leur conviction. Ils poseront les bonnes questions pour donner l’inflexion au cours qu’ils privilégient. « Mais quand vient le temps d’enseigner la portion “éthique”, beaucoup d’entre eux vont donner leurs opinions personnelles », de déclarer Stéphanie Gravel, une étudiante au doctorat en sciences des religions à l’Université de Montréal. «  Un prof convaincu et habile fera des miracles avec ce cours dans les consciences des jeunes [...] Cet enseignant modèle posera les bonnes questions, abordera des sujets peu fréquents, éveillera les consciences... », d’ajouter Luc Phaneuf, enseignant d’ECR.

2) Que tous les exemples qu’elle cite sont des critiques à l’encontre de l’Église catholique. N’y a-t-il pas de pédophilie dans d’autres groupes ? Pourtant, malgré la quasi-disparition des prêtres catholiques enseignants ou aumôniers de troupes scoutes ou d’associations, la pédophilie est loin d’avoir disparu dans l’enseignement, chez les scouts ou dans les équipes de sport. La pédophilie est un péché pour le catholicisme. On ne peut pas en dire autant de certains intellectuels qui, à la suite de la révolution sexuelle, car nombre d’entre eux de gauche et athées, en faisaient alors l’apologie. Cette défense de la pédophilie est, il est vrai, passée de mode même chez les intellectuels « à l’esprit large ».


Daniel Cohn Bendit faisant l’apologie de la pédophilie et de la consommation de drogues

3) Aucune critique envers les musulmans ? Les autres religions ? Ne disons rien d’une critique de l’athéisme, du communisme athée, etc.

4) On aimerait bien savoir en quoi les Croisades sont un argument contre le christianisme... On peut arguer qu’il s’agissait d’entreprises défensives (accès des pèlerins aux lieux Saints interdits, la moitié de la population de la grande Syrie était sans doute encore chrétienne...) Cette professeur dénonce-t-elle les guerres d’invasion musulmanes ? À la lumière des manuels officiellement approuvés par le BAMD qui traitent de la question, on peut très fortement douter de l’impartialité de ses leçons d’ECR en la matière. Voir Manuel d’histoire (1) — chrétiens intolérants, Saint Louis précurseur des nazis, pas de critique de l’islam tolérant pour sa part et Manuel d’histoire (2) — Chrétiens tuent les hérétiques, musulmans apportent culture raffinée, pacifique et prospère en Espagne. Et pour un point de vue différent sur les Croisades : 27 novembre 1095 — Appel lancé pour porter secours aux chrétiens d’Orient et aux pèlerins et Le mythe de la violence religieuse.

5) Il est simpliste de déclarer à l’emporte-pièce « qu’on n’[...] accepte pas les femmes » dans l’Église catholique. C’est, bien évidemment, inexact ou très simplifié : plus de la moitié des fidèles sont des femmes, d’innombrables abbesses et religieuses sont des femmes. Marie, mère de Jésus, y joue un rôle central, le christianisme a été une avancée pour les femmes de l’Antiquité, etc. Mais bon, ce même simplisme se retrouve aussi dans les manuels d’ECR. C’est ainsi que « L’arrivée de Muhammad [Mahomet], au 7e siècle, améliore la situation de la femme » pour l’islam, son rôle chez les autochtones n’est qu’élogieux « La femme représente la Terre-Mère et incarne la fécondité. Elle veille à la croissance et à la socialisation des enfants. Toutes les activités des femmes feront d’elles des Gardiennes de la vie. » alors que chez les catholiques « Le rôle de la femme dans l’histoire de l’Église a été variable. [elles] ne peuvent devenir prêtres. » Progrès en islam, éloge dans les spiritualités autochtones et bilan mitigé pour le catholicisme (Voir Le rôle des femmes dans les religions selon le livre ECR d’ERPI pour la 2e secondaire)

Bref, on peut présenter des faits de manière sélective, simpliste ou tronquée et appuyer par là des opinions particulières. Il n’y a aucune contradiction contrairement aux dires de cette enseignante ECR : « Je présente des faits. Pas des opinions. »


Cette personne forme des enseignants en ECR...

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