jeudi 17 novembre 2011

Théorie du genre : les Français désavouent leur ministre de l'Éducation

Le magazine français Valeurs actuelles consacre un dossier à l'idéologie du genre, sous le titre « Luc Chatel désavoué » et publie un sondage :


Le ministre français de l'Éducation nationale, Luc Chatel, ne peut plus faire semblant d'ignorer les problèmes que pose l’enseignement de la « théorie du genre » au lycée (fin du secondaire et cégep). C’est la principale conclusion du sondage réalisé par l’Ifop pour Valeurs actuelles. Ses résultats sont clairs : 55 % des Français contestent le caractère « non scientifique » de cette théorie, 54 % jugent que l’intitulé du chapitre de biologie concerné est « source de confusion pour des adolescents », 61 % estiment que députés et sénateurs sont fondés à demander une mission d’information parlementaire. Enfin, 55 % souhaitent que l’épreuve de biologie du baccalauréat ne porte pas sur ce sujet controversé.

Plus embarrassant encore pour la majorité de centre droite, ses électeurs, dont les suffrages seront si précieux l’an prochain, sont à chaque fois plus sévères que l’ensemble des Français : 57 % des sympathisants du parti au pouvoir, l'UMP, jugent qu’une approche sociologique de l’identité sexuelle n’a pas sa place dans un cours de biologie de première, alors que 51 % des Français n’y sont pas hostiles.

Quoi qu’on en pense, une nette majorité se dégage pour demander au ministre de réagir, soit en intervenant auprès des éditeurs pour qu’ils retirent ou corrigent les manuels contestés, soit en transmettant une circulaire corrective aux enseignants. En un mot, les Français donnent raison à tous ceux qui déplorent que l’Éducation nationale ait cédé sur ce sujet aux revendications d’une minorité militante.

Théorisée aux États-Unis dans les milieux féministes extrémistes, la théorie du genre, s’inspire des écrits de Simone de Beauvoir : « On ne naît pas femme, on le devient. » Nourris des travaux des philosophes Michel Foucault et Jacques Derrida, ses épigones américains en sont venus à dissocier le genre (masculin ou féminin) du sexe (homme ou femme). Ils professent que « les genres masculin et féminin sont exclusivement le produit de préjugés socio-culturels sans rapport avec la dimension [biologique et] sexuelle de la personne », résume Pierre-Olivier Arduin, directeur de la commission bioéthique du diocèse de Fréjus-Toulon.

En dissociant radicalement les comportements sexuel ou social d’une réalité biologique, « cette idéologie consiste à nier l’influence du corps sexué sur la construction de l’identité », poursuit Elizabeth Montfort, juriste et philosophe, dans un livre synthétique et complet : Le Genre démasqué (Peuple libre, 2011).

C’est cette théorie qu’enseignent désormais les manuels scolaires de sciences de la vie et de la Terre (SVT) aux lycéens de première [première année de cégep] ES [économie] et L [littéraire]. « L’identité sexuelle est la perception subjective que l’on a de son propre sexe et de son orientation sexuelle », lit-on dans le manuel Hachette. Chez Bordas : « L’identité sexuelle dépend d’une part du genre conféré à la naissance, d’autre part du conditionnement social […]. Si, dans un groupe social, il existe une très forte valorisation du couple hétérosexuel et une forte homophobie, la probabilité est grande que la majorité des jeunes apprennent des scénarios hétérosexuels.  »

Les conséquences dans l’ordre social de ce révisionnisme anthropologique sont à proprement parler révolutionnaires : « Toutes les sociétés humaines ont pris acte des deux genres pour distribuer les rôles, certaines matriarcales, d’autres patriarcales. Toutes ont perçu que l’animus se distingue de l’anima, et que les deux font une paire complexe au sein de la même psyché. La dépréciation de cette évidence vise à diaboliser la notion même d’altérité », soulignait récemment Denis Tillinac dans Valeurs actuelles.

Dans son livre, Elizabeth Montfort dresse la liste des revendications des théoriciens du genre : « Les gender feminists proposent de déconstruire la famille fondée sur le mariage entre un homme et une femme, parce que la femme y est maintenue dans un état de domination et soumet ainsi les enfants à un déterminisme “naturel”. La nouvelle famille doit être polymorphe (recomposée, monoparentale, homoparentale…), bref ! choisie. La reproduction doit également être déconstruite pour être choisie : l’enfant ne se reçoit pas, il se désire, il se programme. »

Les partisans du genre réclament donc le droit pour les couples homosexuels de se marier et d’accéder à la procréation médicalement assistée ainsi qu’à la “gestation pour autrui” en attendant, ultime fantasme des gender feminists, que soit mis au point l’utérus artificiel censé libérer la femme des servitudes de la grossesse (le généticien britannique John Haldane a forgé dès 1923 le terme “ectogénèse” pour désigner la reproduction humaine hors de l’utérus féminin).

Bien qu’il s’en défende, Luc Chatel a mis le doigt dans un engrenage. Il vient d’ailleurs de concéder une autre victoire aux théoriciens du genre : à la rentrée prochaine, les élèves de terminale L étudieront « la notion d’homoparentalité » dans le cadre d’un nouvel enseignement, “Droit et grands enjeux du monde contemporain”. « Après avoir constaté l’absence de définition de la famille, on montrera par une analyse juridique et historique qu’elle a profondément évolué et qu’elle est devenue multiforme (famille biologique, adoptive, monoparentale, homoparentale, recomposée, nucléaire élargie) et on proposera aux élèves d’en rechercher une définition », précise le Bulletin officiel de l’Éducation nationale du 13 octobre.

Cette innovation est revendiquée par l’Association des familles homoparentales (ADFH). Constatant que la première mouture de ce programme excluait toute référence aux “familles” homoparentales, l’ADFH est intervenue auprès de la Direction générale de l’enseignement scolaire (Dgesco), dirigée par Jean-Michel Blanquer. Bien qu’elle ne compte que 600 adhérents, son lobbying a payé : « Les experts de la Dgesco ont finalement accédé à notre demande », se réjouit l’ADFH, qui « veillera à ce que le thème de l’homoparentalité soit traité de manière correcte et approfondie dans les manuels ».

Et tout cela avec un Sarkozy qui promettait de rompre avec l'esprit des soixante-huitards...

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