mardi 1 juin 2021

La lutte contre la discrimination jusque dans les noms des variants

Le Figaro qui passe pour un journal de qualité et de droite titre :


Le Figaro adopte ainsi, sans sourciller, dans sa manchette et son chapeau, la terminologie et les motivations « anti-stigmatisantes » de l’OMS.

Pour ne pas « discriminer » ou « stigmatiser » les pays où ont été découverts les variants du Sars-CoV-2, l’OMS (Organisation mondiale de la santé) propose une nouvelle nomenclature aux médias et aux acteurs de santé publique. Rappelons que c’est aussi la raison pour laquelle on ne doit plus dire le coronavirus de Wuhan : pour ne pas stigmatiser la Chine, grande bâilleuse de fonds de l’OMS et cela alors qu’il semble bien acquis que le virus soit apparu à Wuhan (et probablement dans le laboratoire de virologie de la ville). 

Les dix premières lettres de l’alphabet grec ont été retenues pour désigner deux catégories de variants suivies par l’OMS, les variants préoccupants, désignés par les quatre premières lettres de l’alphabet, puis les variants d’intérêt. Ils peuvent avoir, à des degrés divers, une transmissibilité accrue, une résistance à une immunité procurée par une première infection ou à un vaccin ou présenter un plus grand risque de formes graves. 

 

Alpha désigne le B.1.1.7, plus communément appelé variant anglais, car il a été découvert outre-Manche en septembre 2020 et a fait l’objet d’un avertissement international en décembre. C’est le plus répandu en France et le plus surveillé. Il représentait fin mai plus des trois quarts des contaminations. Il est environ 40 % plus contagieux que la souche historique qui a déferlé sur le monde. 

Bêta est le petit nom du variant sud-africain (B.1.351), repéré en mai 2020, lui aussi plus transmissible que la souche historique (il porte la même mutation N501Y que le variant anglais). Il a fait l’objet de clusters en France en début d’année, notamment à Metz. Il représente ici près de 7 % des nouvelles infections, plus de 11 % des contaminations en Île-de-France et… 100 % à La Réunion. Il porte notamment la mutation E484K qui pourrait lui permettre d’échapper en partie à l’action de certains anticorps, favorisant le risque de réinfection et limitant (partiellement) l’efficacité de certains vaccins. 

Gamma désigne le variant brésilien (P.1), détecté en novembre 2020. Après une première étude faisant état d’un taux de contagiosité accru d’au moins 80 %, les nouvelles sont plus rassurantes. Il représente d’ailleurs moins de 1 % des infections dans l’Hexagone. Il a en commun avec le variant anglais la mutation N501Y et la E484K avec le variant sud-africain. 

Delta. C’est le nom du 2e variant indien (il y en a au moins trois : B.1.617.1, B.1.617.2 et B.1.617.3) qui se propage à un rythme élevé en Europe et présente deux mutations inquiétantes (L452R et E484Q). Une quarantaine « d’épisodes » et 0,1 % des contaminations ont été repérées en France. Selon une étude britannique, qui n’a pas encore été publiée, il serait 35 % plus contagieux que le variant anglais. Cette estimation repose sur des « études épidémiologiques, qui modélisent soigneusement les cas locaux et importés ainsi que la lignée génomique », précise Ewan Birney, directeur général adjoint de l’EMBL (Laboratoire européen de biologique moléculaire). Cet expert estime « raisonnable » la nouvelle nomenclature. Mais il lui faudra « certainement faire un effort pour (s) » habituer à dire variant Alpha du Sars-CoV-2 plutôt que B.1.1.7 ! ». Le premier lignage indien (B.1.617.1) est appelé Kappa, le troisième n’a pas de nom. 

La lettre Epsilon désigne les deux variants d’intérêt découverts en Californie (B.1427 et B.1429), dont le premier a été repéré en juillet 2020 autour de Los Angeles. Ils portent une mutation commune au variant indien, la L452R. Ils seraient 20 % plus contagieux que la souche historique (et donc un peu moins que le variant anglais). 

Zêta (P.2) est le nom du deuxième variant brésilien, repéré en avril 2020. Êta (B.1525) découvert dans de nombreux pays en décembre 2020 est le troisième variant le plus présent en France (1,2 % des cas). Thêta, repéré aux Philippines en janvier, n’a pas été identifié en France. Enfin, Iota est le nom d’un variant découvert à New York (1.526.1) fin 2020, qui n’a été repéré que sporadiquement dans l’Hexagone. 

Est-ce vraiment plus simple, plus descriptif ? Et comment le système « grec » s’adaptera-t-il aux nombreuses futures mutations ?

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire