mercredi 2 juin 2021

«À long terme, une politique nataliste est plus efficace qu'une politique d'immigration»

Selon Laurent Chalard, géographe au « European Centre for International Affairs » (en anglais) à long terme, une politique nataliste est plus efficace qu’une politique d’immigration.

Après avoir atteint un point haut depuis la fin des Trente Glorieuses, avec 802 224 naissances enregistrées en 2010 en France Métropolitaine, leur nombre a chuté de plus de 10 %, pour passer sous la barre des 700 000 en 2020. Cette baisse est attribuable à deux facteurs : une réduction du nombre de femmes en âge de procréer, les générations nombreuses issues du baby-boom n’étant plus en âge d’avoir des enfants, et un déclin de la fécondité, qui s’éloigne du seuil de remplacement des générations (2,06 enfants par femme), s’expliquant principalement par le recul de l’âge à la première maternité.

En effet, les femmes peu diplômées issues des classes populaires qui concevaient auparavant leur premier enfant relativement jeune alignent de plus en plus leur comportement de fécondité sur les femmes cadres, conduisant à une généralisation du phénomène de première maternité tardive, ce qui réduit mécaniquement l’indice de fécondité.

Le rapport Bayrou récemment publié rappelle aussi que la dégradation de la natalité en France a été « concomitante des mesures fiscales touchant notamment le quotient familial »… La politique familiale a été rabotée pendant le mandat du socialiste François Hollande, dont les mesures fiscales concernant le quotient familial qui avantageaient trop les classes moyennes et supérieures selon le président socialiste.

Toutefois, la baisse de la natalité peut aussi s’expliquer par la situation économique des années 2010, en particulier de jeunes ménages, qui serait moins bonne que dans les années 2000. Cette hypothèse est séduisante, mais l’analyse en détail vient l’infirmer puisque le pic des naissances de 2010 correspond à des conceptions de l’année 2009, soit au plus fort de la crise économique !

Il existe une troisième explication (pas nécessairement contradictoire) : les évolutions structurelles de la natalité sont beaucoup plus liées à des changements de mentalité au sein de la population en âge de procréer. Selon cette hypothèse, la baisse de la natalité est le produit d’une homogénéisation des comportements vis-à-vis de la première maternité tardive à l’ensemble de la population féminine. Ce phénomène a pu être accentué par les réseaux sociaux, qui ont tendance à renforcer le mimétisme des conduites chez les individus.

Quelles mesures peuvent permettre de relancer la natalité ?

Si l’on considère que c’est un problème de politique familiale, on insistera pour la renforcer en relevant, par exemple, le plafond du quotient familial, en créant des structures pour l’accueil des plus petits ou en proposant des primes à la natalité. En revanche, si vous pensez que c’est une question purement économique, vous allez promouvoir la stimulation de la croissance et la création d’emplois, qui permettront mécaniquement ensuite de faire remonter la natalité.

Cependant, cela peut s’avérer insuffisant, car elles ne s’attaquent pas à la racine du phénomène, qui est d’ordre psychologique et non économique. En effet, dans les pays développés, la venue d’un enfant est perçue comme une contrainte financière non négligeable, en concurrence avec l’achat d’autres produits de consommation, et non comme une fin en soi. Or, en théorie, le désir d’avoir des enfants est censé dépasser les éventuels soucis matériels en découlant. Mais, dans le cadre d’une société de consommation hyperindividualiste, les mentalités natalistes ne sont guère favorisées, la fécondité s’effondrant dans tous les pays riches, quelle que soit l’origine ethnique de la population, la palme revenant à la Corée du Sud, avec moins de 1 enfant par femme chaque année depuis 2018. Plus qu’une ou plusieurs mesures à mettre en œuvre, il conviendrait plutôt de redonner du sens à la vie de nos concitoyens sur le plan philosophique pour leur donner l’envie de transmettre leur culture à de nouvelles générations.

On peut penser que l’immigration est une solution au manque d’enfants et à la contraction démographe. Cependant, même si l’on évacue le sujet sensible de l’intégration culturelle des nouveaux arrivants, cette solution ne peut être que temporaire, car les descendants des immigrés adoptent peu à peu les mêmes comportements de sous-fécondité que la population de leur pays d’accueil.

En conséquence, pour Laurent Chalard, à long terme, une politique nataliste est plus efficace qu’une politique d’immigration pour assurer les besoins en main-d’œuvre futurs d’un pays et l’équilibre financier de son système de retraites, d’autant qu’elle permet une meilleure cohésion nationale, le multiculturalisme étant, par définition, source de tensions.

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