samedi 27 juin 2020

Journaliste sanctionnée pour avoir cité le titre du livre Nègres Blancs d’Amérique

Une journaliste canadienne-anglaise du réseau gouvernemental, la CBC. a reçu un blâme pour avoir prononcé le « N-word » en citant le titre du livre de l’auteur québécois Pierre Vallières, Nègres blancs d’Amérique.

L’animatrice du rendez-vous hebdomadaire The Weekly, Wendy Mesley (ci-contre), fait l’objet de mesures disciplinaires après qu’une enquête interne a révélé qu’elle avait utilisé « un langage offensant à deux reprises durant des réunions de travail », confirme le directeur des relations publiques de CBC, Chuck Thompson.

Le premier « incident » est survenu en septembre dernier, durant les préparatifs d’une émission concernant la loi 21, qui interdit aux employés de l’État au Québec de porter des signes religieux. Dans une déclaration publiée sur internet, la présentatrice vedette raconte avoir cité l’ouvrage de Vallières, paru en 1968.

« Selon ce livre, les francophones blancs sont victimes de discrimination. […] J’ai prononcé le titre au complet durant la rencontre », écrit-elle.

Le deuxième « incident » s’est produit plus récemment, alors que Mesley et son équipe préparaient un reportage sur l’antiracisme en marge du meurtre de George Floyd aux États-Unis. « Dans cette situation, je citais un journaliste qu’on désirait inviter à titre de panéliste », explique la reporter.

« Je pensais qu’en disant ce mot, j’exposais d’une certaine façon la vérité, poursuit-elle. Je réalise aujourd’hui qu’en répétant ce mot, je faisais du tort. »

« J’ai blessé mes collègues, mon équipe et CBC. Pour cette raison, je suis profondément désolée et j’ai honte », a-t-elle déclaré dans une autocritique très maoïste.



Cette histoire suscite de vives réactions au pays. CBC a suspendu l’émission The Weekly au début du mois.

Au Québec, Patrice Roy, présentateur de nouvelles du service francophone du diffuseur fédéral, a défendu Wendy Mesley sur Twitter, la décrivant comme une « bonne journaliste ». « Citer le titre d’un livre ne devrait jamais être un crime pour un journaliste. Sinon c’est un monde pire que l’on prépare », a écrit le chef d’antenne du Téléjournal de 18 h.

Également sur Twitter, Jean-François Lisée a qualifié cette affaire d’« orwellienne », en référence à l’univers totalitaire imaginé par l’auteur britannique George Orwell dans 1984.

« Le N-word est offensant. Une journaliste qui cite le titre d’un livre comprenant ce mot ou qui cite une personne l’ayant utilisé fait son travail. S’excuser auprès des personnes offensées, c’est bien. Être suspendue, blâmée, renvoyée ou rééduquée, c’est fou », note l’ex-chef du Parti québécois.

La CBC, diffuseur gouvernemental, refuse de commenter davantage cette affaire.

L’essai Nègres blancs d’Amérique de Pierre Vallières est paru en 1968. Issu du nationalisme revendicateur des années 60, l’essai biographique s’est vendu à plus de 100 000 exemplaires. Journaliste militant, son auteur Pierre Vallières y trace un parallèle entre « les luttes de la classe ouvrière québécoise et celle des Afro-Américains aux États-Unis ».

Source : Journal de Québec

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