
Selon lui, aucune filière universitaire n’est épargnée. « Le français est malmené à l’écrit par les étudiants. Mais les titulaires d’un bac [DEC] technologique ou professionnel éprouvent encore plus de difficultés dans ce domaine », souligne Loïc Drouallière.
Les dictées moins à la mode
Pour expliquer ce phénomène, Jean Maillet, grammairien et auteur de Langue française Arrêtez le massacre2 pointe d’abord la moindre place consacrée à l’orthographe dans le système scolaire : « La dictée est moins pratiquée et elle se résume parfois à une suite de mots ».
Un avis partagé par Loïc Drouallière qui souligne la baisse du volume horaire hebdomadaire du français au collège et au lycée depuis vingt ans. « Par ailleurs, les programmes ont évolué et demandent aux enseignants de privilégier le fond sur la forme ».
Autre responsable de la situation, selon Jean Maillet : l’objectif fixé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement de mener 80 % d’une classe d’âge au niveau bac [DEC au Québec] pour l’an 2000 : « Il a tiré les enfants vers le bas, car les enseignants se sont montrés moins exigeants, notamment sur la maîtrise de la langue écrite ». La preuve, selon Loïc Drouallière : « Les correcteurs du bac ont des consignes de tolérance vis-à-vis des fautes d’orthographe. Il faut vraiment faire vingt fautes par page pour se voir retirer des points. Et à l’université, la sévérité dans ce domaine est laissée à la discrétion des enseignants, qui n’en font pas souvent montre », constate-t-il.
Des cours de remise à niveau à l’université
Les nouvelles technologies sont aussi incriminées dans cette piètre orthographe des étudiants : « Le langage SMS a causé des ravages, car les jeunes écrivent et lisent des mots mal orthographiés. Et comme ils lisent de moins en moins de livres, c’est le mauvais usage du français qui s’imprime dans leur mémoire », observe Loïc Drouallière. Enfin, selon Jean Maillet « l’anglicisation à outrance de notre langue conduit à des confusions entre l’orthographe de certains mots dans les deux langues ».
Orthographe : « Faire des fautes n’est pas lié à l’intelligence »

Bibliographie
1 — Orthographe en chute, orthographe en chiffres par Loïc Drouallière aux éditions L’Harmattan, 2015, 25,65 € (papier) et 20,99 € (version numérique).
2 — Langue française Arrêtez le massacre par Jean Maillet aux éditions de L’Opportun, 2014, 9,90 €.
Voir aussi
France — les universités préoccupées par l'orthographe
Québec — Triplement du nombre d'heures d'anglais en une trentaine d'années
Épreuve uniforme de français : des résultats à la baisse
Grosses difficultés en orthographe, la faute aux méthodes de lecture ?
Pourquoi les élèves français ont un niveau si médiocre...
Orthographe rectifiée en français acceptée au primaire par le Ministère de l'Éducation
Très forte chute des résultats en lecture pour les élèves québécois francophones entre 2007 et 2010
France — les ados sont devenus nuls en dictée
France — les lycéens sont-ils des ânes en orthographe et en grammaire ?
Québec — Études sur la réforme pédagogique : « plus de mal que de bien », portrait sombre