mardi 20 juillet 2010

« Sans transparence, on ne peut faire confiance à la science du climat »

Article tiré de l'hebdomadaire scientifique britannique The New Scientist :
Le Climategate est-il enfin terminé ? Ce devrait être le cas avec le troisième rapport britannique sur les fameux courriels divulgués de l'Unité de recherche climatique (CRU) de l'Université d'East Anglia (Anglie orientale). Chose incroyable, aucun ne s'est préoccupé de la qualité scientifique en tant que telle.

L'enquête du premier ministre — parue précipitamment peu avant les élections générales britanniques du 6 mai — a éludé la question scientifique parce que l'université avait déclaré qu'elle mettait sur pied une « commission d'évaluation scientifique indépendante » présidée par le géologue Ron Oxburgh.

En publiant son épître de cinq pages, Ron Oxburgh déclara : « l'aspect scientifique n'est pas l'objet de notre étude ». Enfin, la semaine dernière vit la publication de l'ancien fonctionnaire Muir Russel, long de 150 pages. Comme les autres, il fustige le CRU pour sa pratique du secret, mais a conclu à son intégrité tout en affirmant que son enquête « ne porte pas sur... le contenu ou la qualité du travail scientifique [du CRU] ». (Voir « Les scientifiques répondent au rapport Muir Russell »).

Bien qu'il existe toujours de bonnes raisons pour réduire l'émission des gaz à effet de serre, cette omission a son importance. Comment pouvons-nous savoir si les chercheurs du CRU ont exercé correctement leur jugement ? Sans plonger dans la science, comment Russell pourrait-il établir que les gens du CRU n'ont pas abusé de leur pouvoir et influence pour rejeter les publications qui allaient à l'encontre de leur propre recherche ou pour éliminer les résultats des climatosceptique des rapports du GIEC ?

[La troisième enquête :] Le rapport Russell a été beaucoup plus sévère sur le secret entourant les données [du CRU], concluant à « un manque de transparence chronique ». Des données clés pour le public - comme celles assemblées par le CRU sur les 160 années de mesures thermométriques terrestres - ne peuvent pas être considérées comme des biens privés. Malgré cela, il aurait dû se joindre à Oxburgh pour exiger une meilleure documentation des décisions d'ordre subjectif utilisées pour transformer les données brutes en graphiques de températures moyennes mondiales. La manipulation des données est l'essence même de la science, mais celle-ci doit être aussi ouverte et transparente que les données elles-mêmes.

Les données sur les 160 années de mesures de température planétaire ne peuvent pas être considérées comme des biens privés.

L'équipe de Russell a omis de se poser certaines questions. C'est ainsi qu'elle a décidé de ne pas analyser par le menu les courriels qui avaient fui dans le domaine public. Elle ne se s'est penchée que sur trois cas d'abus possibles du processus de relecture par les pairs, et seulement deux cas où les chercheurs du CRU auraient abusé de leur rôle en tant qu'auteurs des rapports du GIEC. Il y en avait bien d'autres. Les membres de la commission Russel n'ont pas étudié les centaines de milliers de courriels non publiées du CRU. De toute évidence, la transparence exigerait pourtant leur publication.

Si l'on ajoute à cela l'incapacité à vérifier si des courriels avaient été supprimés pour empêcher leur divulgation en vertu des lois sur l'information, rend peu crédible la conclusion de Russell que « la rigueur et l'honnêteté des scientifiques concernés ne sont pas de doute ».

Certains diront qu'il est temps d'oublier le Climategate. Mais il est difficile de justifier la conclusion d'Edouard Acton, vice-chancelier de l'Université d'East Anglia, que le CRU a été « totalement disculpé ». La divulgation des données, même à vos critiques, est une obligation légale.

Mais qu'est donc devenue l'honnêteté intellectuelle — en particulier celle qui consiste à reconnaître les lacunes de ces enquêtes et à discuter franchement de la façon dont la science a été pratiquée ? Sans franchise, la confiance du public dans la science du climat ne peut être rétablie et elle ne devrait d'ailleurs pas l'être.

Le New Scientist est un magazine scientifique international hebdomadaire qui s'intéresse aux développements de la science et de la technologie. Il est publié à Londres chaque semaine à 170 000 exemplaires.

Voir également le scepticisme de la BBC et du Guardian face à ces enquêtes. Il est amusant et révélateur de comparer ces articles avec celui, enthousiaste, de Radio-Canada traitant du même sujet.




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