dimanche 8 juin 2008

Du côté des cobayes de la réforme : « Des exigences en béton, mais des connaissances bidon »

Nous en avions déjà parlé dans Les bases manquent, les ambitions sont universitaires, des ratés qui deviennent de plus en plus évidents dans le dossier du nouveau programme d'histoire concocté par le Monopole de l'Éducation dont on sait à quel point il est grevé de toutes les tares du prêt-à-penser politiquement correct le plus navrant et si prévisible.

Plusieurs dépêches de presse cette semaine relèvent, maintenant, des couacs dans les évaluations proposées par le Monopole de l'Éducation dans le sillage de la Réforme ou du Renouveau pédagogique.

Examen de mathématiques de sixième

C'est ainsi que Michel Champagne et Guylaine Turcot, enseignants en sixième année à l’école du Plein-Cœur à Richmond, sont encore abasourdis par l’examen de mathématiques soumis à leurs élèves.

Le test était réparti sur 10 jours et, selon eux, beaucoup trop complexe. En lisant l’une des questions, les deux enseignants se sont eux-mêmes demandé par où ils devaient commencer. « J’ai des élèves qui ont pleuré, qui ont repoussé leurs choses. Une fois terminée, ils étaient vidés, épuisés » a relaté Mme Turcot à la Tribune de Sherbrooke.

Des professeurs d'autres régions du Québec se sont également insurgés contre cet examen de mathématiques qui va apparemment bien au-delà de la matière enseignée.

L'épreuve de 11 pages consiste en un exercice complexe, au cours duquel les élèves doivent préparer un bon de commande et fabriquer des dossards en dessinant un patron et en calculant la quantité de tissu nécessaire.

Le porte-parole de la Fédération autonome de l'enseignement, Yves Parenteau, a dit y voir « une autre belle illustration des dérapages de la réforme » pédagogique, qui illustre son « côté démentiel ». Il ajoute que ça ne ressemble en rien à un examen de mathématiques. Visiblement M. Parenteau n'a pas encore bien compris le bien-fondé des compétences transversales.

Certains professeurs ont même refusé de soumettre leurs élèves à l'examen, convaincus qu'ils sont que ceux-ci ne pourraient pas le réussir sans aide.


Examen de mathématiques de troisième secondaire

Les professeurs de mathématiques de la commission scolaire des Affluents, dans Lanaudière, ont refusé de soumettre leurs élèves de troisième secondaire à un examen du ministère de l'Éducation, parce qu'ils le jugent trop complexe et mal adapté à leur enseignement. L'examen n'est pas obligatoire, il s'agit d'un « prototype » fourni par le Ministère dans le cadre du renouveau pédagogique, implanté cette année en troisième secondaire.

Dans la première partie de l'examen, l'élève doit « résoudre une situation-problème » complexe. Il lui faut aménager un terrain de camping de façon optimale, en respectant les coûts tout en prenant en considération la superficie des tentes et des roulottes, l'espace à préserver entre les campements et la construction de trois terrains de jeux.

« Le Ministère fournit beaucoup, beaucoup de données, mais aucune n'est complète. L'élève doit se référer à la 12e donnée pour compléter la première. Les jeunes ne sont pas habitués à travailler de cette façon et on avait peur que cela cause préjudice », expliquait André Lachapelle, directeur du service des ressources éducatives de la commission scolaire des Affluents, à la Presse de Montréal.

C'est que l'examen du Ministère «ne correspond pas à ce qui a été enseigné dans les classes», dit Frédéric Pilon, président du Syndicat de la région des Moulins. «  Les prototypes d'épreuves permettent au Ministère d'apporter des corrections à la réforme. Mais les profs et les élèves ont un peu l'impression de servir de cobayes là-dedans », déplore-t-il.

Qui prépare ces évaluations ?

Ces incidents poussent le Professeur masqué à déclarer :
« Chez les partisans de la réforme, on entend souvent l'argument à l'effet que les programmes et les évaluations ne sont pas déconnectés de la réalité parce qu'ils ont été conçus par des profs. On vient de constater ici que ce n'est pas parce qu'une évaluation est conçue par des enseignants qu'elle est valable. Il faudrait peut-être d'ailleurs s'interroger sur les critères de sélection de ces profs. Qui plus est, dans les deux cas mentionnés, il faut remarquer que ces évaluations ont passé toutes les étapes de validation requises par le MELS. On aura beau dire qu'il s'agissait d'épreuves prototypes, il est quand même troublant de penser qu'il s'agissait d'évaluations qu'on suggérait de faire passer à une cohorte complète d'élèves. Quand certains critiques affirment qu'on prend ces derniers pour des cobayes, comment leur donner tort ? On peut se questionner fortement sur des expérimentations de la sorte. »

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