samedi 20 juin 2020

« Tyrannie des minorités » avec le changement de population en Occident « Les revendications deviendront de plus en plus stridentes »

Pour le philosophe Alain Finkielkraut, « Nous sommes entrés dans une guerre idéologique qui pourrait mener à la guerre civile ».

La gauche radicale veut conquérir l’électorat des banlieues « de plus en plus massif et majoritaire »

Le néo-féminisme, les conséquences de la mort de George Floyd ou encore les dérives de l’antiracisme étaient au cœur des interventions des philosophes Alain Finkielkraut et Philippe Bruckner, dans l’émission Élie sans interdit, dimanche soir sur la chaîne israélienne francophone d’information continue.

Les deux penseurs étaient invités à réagir face aux récentes manifestations antiracistes, et ont fait part de leur inquiétude devant la propagation du discours « anti-occidental » des groupuscules indigénistes dans l’espace public.

« Nous vivons sous la tyrannie des minorités qui ont des relais très complaisants dans l’université (…) et qui changent complètement le visage de l’antiracisme. Maintenant c’est un combat contre l’Occident. Le racisme serait consubstantiel au Nouveau [Amérique] et à l'Ancien [Europe] continents, et il doit être extirpé », a dénoncé Alain Finkielkraut, prenant notamment comme exemple le déboulonnage de la statue de Winston Churchill, pourtant grand héros de la Seconde Guerre mondiale.

[Note du carnet: cette lutte contre l'Occident en général est patente, la gauche et les minorités radicales ne déboulonnent ou ne défigurent pas seulement les statues de négriers, mais également celles d'un des premiers abolitionnistes américains, d'un roi décolonisateur (Baudouin de Belgique) qui ne descend même pas de Léopold II et dernièrement de Cervantès, ci-dessous, réduit en esclavage pendant plusieurs années par les Barbaresques. Ils ont l'unique tort et point commun d'être des blancs qui représentent un Occident hégémonique.]



« On le voit aussi dans la mise en cause sur les campus américains de ce qu'on appelle les DWAM, les Dead white American males [les mâles américains blancs morts]. On se dit que les choses vont continuer dans ce sens étant donné l’ampleur du changement démographique en Europe [et en Amérique y compris Québec]. Ces revendications seront de plus en plus stridentes, et beaucoup d’intellectuels plieront le genou dans un geste d’expiation en apparence, mais qui est en fait un geste de soumission », s’est alarmé le philosophe.

De son côté, Pascal Bruckner a estimé que s’était opéré, depuis l’assassinat de George Floyd « un transfert idéologique magique des États-Unis à la France », faisant allusion à la puissance du politiquement correct dans le débat public. « Nos histoires sont radicalement différentes (…) En France, nous sommes liés par un idéal républicain universel, alors que les indigénistes voudraient instaurer une démocratie raciale et sexuelle », a-t-il affirmé. L’essayiste a également fustigé le « formidable conformisme » des médias qu’il accuse de « présenter comme des martyrs et des victimes, des gens dont le CV est pour le moins ambigu », faisant référence à un reportage sur la famille d’Adama Traoré dans Paris Match. « Les médias s’engouffrent dans des voies faciles parce qu’ils cherchent à la fois de l’audience, et le visage d’une nouvelle victime incontestable », a-t-il ajouté.

Pour Pascal Bruckner, la gauche n’avait plus rien à proposer et les États-Unis lui fournissent de nouveaux combats. La gauche a substitué la lutte des races à la lutte des classes.

Alain Finkielkraut a également dénoncé le « conformisme de la presse qui ne sait pas prendre de distances, et qui donne un écho démesuré à des mouvements qui devraient être regardés avec recul et circonspection, alors qu’on les voit sur tous les plateaux de télévision ».

Le philosophe s’est notamment inquiété de la présence accrue de la représentation du Parti des indigènes de la république dans les médias. Il a par ailleurs souligné la gravité de la pratique du clientélisme dans le monde politique, affirmant que la gauche voulait conquérir un électorat des banlieues « de plus en plus massif et majoritaire ».

Les deux philosophes ont enfin partagé leurs craintes quant à un possible affrontement, en France, entre les mouvements identitaires antiracistes qui souhaitent « la soumission de l’occident », et ceux qui refusent de renier l’histoire du pays. « Nous sommes entrés dans une guerre idéologique qui pourrait mener à la guerre civile », s’est alarmé Alain Finkielkraut, tandis que Pascal Bruckner s’est inquiété de la possible alliance, dans un futur proche, de l’ultra-gauche violente avec le terrorisme islamiste, dans le but de mener des attentats sur le territoire.

vendredi 19 juin 2020

Le « vivre-ensemble » et la diversité mènent-ils au jacobinisme et à la privation de libertés ?

Nos sociétés occidentales sont de plus en plus « diverses » ethniquement et religieusement. On nous dit qu’il faut s’en réjouir.

Mais pour intégrer cette diversité et assurer le « vivre-ensemble », de nombreux États sont tentés par une plus grande mainmise sur l’éducation afin d’éviter des « dérives communautaires » et en réalité limiter cette diversité.

Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation en France veut ainsi contrôler l’emploi du temps extrascolaire de l’enfant.

Interrogé jeudi 18 juin au Sénat par la Commission d’enquête sur la radicalisation islamiste et les moyens de la combattre (à revoir ici, durée environ 1 h 30), le ministre de l’Éducation nationale a fait cette déclaration :

« Je suis de plus en plus favorable à une vision ou l’emploi du temps de l’enfant serait vu pas seulement sur les heures de cours, mais un petit peu sur ce qui se passe dans sa vie le mercredi et le week-end, sans arriver à un Big Brother éducatif. »

Sous prétexte de lutte contre « l’islamisme radical », l’État veut resserrer son étreinte sur toutes les familles tout en prétendant ne pas le faire.
Il a également promis un durcissement, plus de contrôle et plus de sanctions envers des parents qui s’écartent trop de l’école « républicaine » quand ils osent enseigner à leurs enfants à la maison : « Nous avons décidé d’avoir un deuxième cran de durcissement législatif avec la loi pour une école de la confiance pour renforcer le contrôle de la scolarité à domicile. Nous avons facilité les modalités de contrôle ainsi que les sanctions. »

jeudi 18 juin 2020

Éducation sur la colonisation belge au Congo dans une école belge

Mise à jour du 18 juin.

Le buste du Roi Baudouin a été défiguré dans la nuit du 17 au 18 juin dans le petit parc en face de la cathédrale. Pourtant, il fut le roi décolonisateur... Et ne descendait pas de Léopold II...



Il était blanc, mâle, hétéro et catho. Il semblerait donc avoir mérité quatre fois d'être défiguré pour les « anti-racistes ». Voir Manifestants BLM défigurent statue d'un des premiers abolitionnistes


Billet originel du 11 juin 2020



Comparer cette parodie d’éducation qui n’est ni neutre ni objective relayée dans ce reportage complaisant (la télévision gouvernementale, la RTBF est très militante) avec cet extrait d’un entretien effectué par Aymeric de Lamotte à l’antenne de RFI  :

– Faut-il, selon vous, déboulonner les statues de Léopold II ?

Non, bien évidemment, pour plusieurs raisons :

1/ Le règne de Léopold II ne peut pas être limité à sa politique coloniale, quoi qu’on pense de cette dernière. Léopold II fut un grand Roi sur beaucoup d’aspects. On le surnomme d’ailleurs « le Roi bâtisseur », car il a transformé Bruxelles et Ostende.

2/ On transforme des éléments historiques en « faits historiques » de manière erronée. Pour des raisons trop longues à expliquer ici, les Anglais et les Français ont haï Léopold II, car il s’est joué d’eux après la Conférence de Berlin qui partagea l’Afrique en 1885. Les Anglais ont mené une campagne de dénigrement féroce (Twain, Morel, Hochschild, etc.) et ont construit des mythes qui ont la vie dure (les mains coupées, les 10 millions de morts, etc.). Ces mythes sont démontés minutieusement pas des historiens sérieux (Stengers, Plasman qui vient d’achever sa thèse sur le sujet, etc.). Ce n’était absolument pas un génocidaire.

3 /Il est déplacé, et même farfelu, de plaquer la grille de lecture de nos progrès contemporains sur toutes les époques qui nous précèdent. Bien sûr que je suis aujourd’hui contre la colonisation et pour le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes (art. 1, al. 2 de la Charte des Nations-Unies de 1945). Par contre, à l’époque, cela n’allait absolument pas de soi. En outre, l’épuration historique et culturelle est un processus infini et un appauvrissement tragique. Va-t-on déboulonner les statues de Martin Luther King, car il a tenu des propos intolérants envers les homosexuels ? Bien sûr que non. L’année dernière à Memphis, la projection du chef-d’œuvre aux 10 Oscars « Autant en emporte le vent » a été interdite pour cause de racisme. Le comble quand on sait que c’est le premier film qui avait attribué un rôle à une actrice noire !

4/ La chasse du passé est pernicieuse, car elle instaure une culture du ressentiment. Plein de jeunes gens n’ont pas de raison d’en vouloir à la Belgique, s’y sentent même bien et heureux, et on leur inocule une soif de vengeance. Cela vient d’ailleurs souvent de groupuscules politiques et idéologiques blancs et européens qui cultivent le ressentiment. J’ai été deux fois au Congo — deux mois en tout —, j’ai beaucoup parlé avec les Congolais, le ton est souvent très différent. À l’autre bout, cela peut exciter les passions identitaires — même dans notre petite Belgique apaisée. On a vu les affrontements aux États-Unis lors du débat à propos du déboulonnage du Général Lee.

– Que diriez-vous à un jeune qui éprouve de la colère à croiser les statues de Léopold II ?

Se faire une opinion fouillée, cela permet de mettre les événements en perspective. De ne pas essayer de changer le passé, mais de se battre pour une égalité présente et future.

– Êtes-vous pour « la paix des mémoires » ?

Bien sûr. Je ne pense pas que les non-dits soient sains. Je pense qu’elle s’accomplira en réalisant une grande synthèse la plus objective et de bonne foi possible — faits condamnables et bienfaits — à propos de toute la période coloniale (1885-1960). On pourrait profiter des 60 ans de l’indépendance (30 juin 2020) pour le faire. Mettons tout sur la table lors d’un grand débat législatif et populaire. Allons au fond des choses une bonne fois pour toute, et puis tournons la page. On peut également accoler des écriteaux historiques aux monuments pour expliquer le contexte.

– Certains comparent Léopold II à Hitler, qu’en pensez-vous ?

C’est très grave de dire cela. Par ignorance crasse de l’histoire, on ne sait plus distinguer. Il est dangereux de tomber dans une « nuit de l’équivalence » (Pascal Bruckner à propos d’un autre débat). Nous perdons l’esprit de finesse. Ce qui nous menace, c’est autant le choc des incultures que le choc des cultures (Bellamy).

Lire aussi Non, Léopold II n’est pas un génocidaire!

Recension de l'ouvrage Léopold II, potentat congolais de l'historien Pierre-Luc Plasman.

Il est des noms dans l’Histoire qui garderont à jamais une auréole de gloire, tels Louis IX, Jeanne d’Arc, La Fayette, le Maréchal Ney et, plus près de nous, les Churchill et de Gaulle... Il en est d’autres qui, pour toujours, porteront le poids de l’opprobre et du mépris. Léopold II, Roi des Belges de 1865 à 1909, est de ceux-ci. Un prétendu historien américain [Hochschild] l’a placé au troisième rang des plus grands criminels de tous les temps, après Hitler et Staline mais avant Mao-Tse-Tung, Pol-Pot, Tamerlan et autres Attila. Excusez du peu !

Les Américains ne reculent devant rien !

Le livre ici présenté est plus sérieux. Son but est de rétablir la vérité sur Léopold II et sa possession personnelle du Congo, de 1885 à 1908. (Donc, avant qu’il ne lègue le Congo à la Belgique et que le Congo ne devienne une colonie belge).

Beaucoup d’auteurs ont écrit sur le sujet. La plupart se sont recopiés. Tous ceux qui ont confondu l’enquête historique et le réquisitoire n’ont retenu des archives que ce qui alimentait leur dossier à charge. D’autres ont servilement recopié les célèbres rapports de Elmund Morel et de Roger Casement datant de 1903. (On sait que ces rapports étaient rédigés sur commande dans le but d’enlever la possession de Léopold II pour l’inclure dans l’Empire britannique).

Le pseudo historien américain, Adam Hochschild, dans son livre paru en 1998 et intitulé « Un Holocauste oublié », ne s’est pas contenté, lui, de recopier ces rapports ; il y a ajouté une kyrielle de mensonges et de calomnies invraisemblables… Et, si son but était de ranimer les controverses au sujet de Léopold II et de la colonie belge, il faut le dire, c’est réussi.

Depuis lors, les calomnies les plus folles se sont données libre cours. Pour preuve, ce reportage filmé de la radio télévision belge francophone – chaîne subsidiée par l’État – visant à démontrer que le sida avait été introduit au Congo par un médecin belge en 1955… Plus stupide que ça, tu meurs ! Ce reportage a pourtant été diffusé un peu partout en Europe, y compris sur une chaîne française à grand public en 2004.

Il est des chaînes TV qui ne reculent devant rien !

Et comme la veine est porteuse on s’en donne à cœur joie : la BBC a réalisé, en 2004 encore, un film diffusé dans toute l’Europe et en Afrique sur « le génocide des Belges au Congo ».

Et la curée continue : en 2005, on réédite les pamphlets de Mark Twain, datant du XIXème, où l’on parle de dizaines de millions de mains coupées (sic), de génocides et de cannibalisme chez les exploiteurs belges de caoutchouc (re-sic) ; et ces ignobles joyeusetés sont reprises sans réserve par des journaux américains et, en France par « Le Monde » qui, lui aussi, ne recule devant rien !

Et, tout faisant farine au bon moulin, le petit jeu continue : Jacques Vergès, cet avocat français de sinistre mémoire, n’a pas hésité quant à lui à recopier mots pour mots les textes de Hochschild parlant du « génocide de Léopold II au Congo » dans son dernier livre « Les Crimes d’État ». On l’aura compris, tant que ça rapporte, on tapera sur le clou ! ...et on enfoncera, toujours un peu plus, Léopold II.

Tous ces clichés sur Léopold II sont reçus comme des vérités indiscutables ! Dans l’espoir d’y mettre fin, il était indispensable d’avoir une étude systématique sur les structures et les institutions du Congo quand il n’était encore que la possession de Léopold II. C’est sur ce travail que de Pierre-Luc Plasman, historien réputé et chargé de cours à l’université de Louvain-la-Neuve, s’est appliqué ; il nous le présente dans ce livre.

Ce prodigieux travail arrive au bon moment pour nous dire enfin la vérité. Et elle n’est pas rose, cette vérité, il faut bien le reconnaître ! Elle est même extrêmement tragique.

Ce livre ne nous épargne rien. Il se veut d’une objectivité totale, sans jugement, ce qui en fait l’originalité.

Il y a eu des mains coupées ! Mais l’auteur explique : il nous dit que les mains coupées étaient un châtiment des esclavagistes arabes : quand un esclave tentait de s’enfuir on lui coupait une main pour l’exemple. Dans les exploitations de caoutchouc il est arrivé qu’on coupât des mains mais, sur des cadavres.

Les surveillants indigènes des exploitations recevaient des cartouches. Mais ils avaient tendance à les utiliser pour la chasse ; si bien qu’à chaque cartouche tirée sur un fuyard, le surveillant devait ramener une main comme preuve. La grande horreur, bien entendu, est qu’on obligeait les surveillants à tirer sur les fuyards.

Des villages indigènes ont été brûlés. Les commissaires envoyés sur place l’ont constaté. Mais personne n’a jamais su qui avait brûlé ces villages. Les indigènes interrogés ne comprenaient pas les questions qu’on leur posait ou refusaient de répondre ; et ces faits ne figurent évidemment jamais dans les rapports des sociétés exploitantes. Alors était-ce le résultat de luttes tribales, ou des représailles contre des villageois qui refusaient de travailler ? L’auteur ne nous cache rien mais, quand il ne sait pas, il n’invente pas.

Il y eu d’autres crimes horribles, ils sont relatés dans ce livre, mais l’auteur les remet dans leur contexte. Pas pour les excuser mais pour les expliquer : dans un pays grand comme 80 fois la Belgique, les exploitants des sociétés concessionnaires étaient à peine une dizaine dispersés sur tout le territoire. Ils n’étaient pas préparés. Ils n’avaient pas de compétence. Ils étaient la plupart du temps atteints par les épidémies qui ravageaient ces régions et n’avaient jamais aucun espoir de retour au pays. (Le trajet d’un poste d’exploitation au port le plus proche, prenait une douzaine de semaines et il fallait encore qu’un bateau soit là puis, compter encore une douzaine de semaines pour la traversée jusque la Belgique).

Les trop rares rapports des concessionnaires cachaient la vérité à Léopold II, parce que le porteur de mauvaises nouvelles n’est jamais bien reçu ; mais l’auteur, honnêtement, nous dit que le roi ne cherchait pas trop à savoir. Quand les commissions d’enquêtes anglaises, françaises et allemandes ont été connues, à partir de 1903, le roi a bien dû se rendre à l’évidence et il a pris des mesures extrêmement sévères. Il a été jusqu’à exiger que les sociétés arrêtassent leur exploitation.

Pourtant le roi était actionnaire de ces sociétés. Il avait investi pratiquement toute sa fortune personnelle dans le Congo. Il était même fortement endetté et les banques refusaient de lui accorder encore le moindre crédit. Les récoltes d’ivoire avaient été un fiasco et il devait se refaire sur le caoutchouc.

Léopold était très riche avant d'investir dans le Congo, en 1908 il n'est guère plus riche.


L’auteur s’est appliqué à décortiquer minutieusement les finances du roi. Le résultat est très intéressant. On apprend que, contrairement à la légende, le roi n’a pas fait fortune avec le Congo. Ses rentrées ont servi à financer l’installation des missionnaires qui avaient reçu l’ordre d’établir des écoles, des dispensaires et des lieux de culte. Pour son Congo, le roi poursuivait très sincèrement un objectif de civilisation ; mais, en même temps, il voulait, bien évidemment, récupérer ses investissements par l’exploitation des richesses de son domaine.

Léopold II s’était fermement donné pour idéal de créer en Afrique un « État modèle ». À défaut d’un État modèle, son Congo deviendra plus tard, et jusqu'au 30 juin 1960, la colonie modèle, admirée autant que convoitée, dans le monde entier.

S’il s’est un peu enrichi dans les dernières années, cet argent à servi à financer les grands travaux de prestige que Léopold II a voulus pour Bruxelles et pour la Belgique.

Il voulait faire de la Belgique un pays prestigieux. Il voulaient surtout que les Belges soient fiers d’être belges.

A-t-il réussi ? On peut en douter. Et je crois qu’il ne s’est jamais fait d’illusion : quand la mort lui a fait signe de replier ses ailes de géant, il a légué son Congo à la Belgique... qui l’a d’abord refusé ! Et, dans son dernier souffle, on l’entendit murmurer : « petit pays, petites gens, petit esprit… ». Aujourd’hui des excités, incultes et manipulés, déboulonnent ses statues sur les places de Bruxelles.

Décidément, encore et toujours, il en est qui ne reculent devant rien !


L'Imperial College de Londres abandonne sa devise latine « impérialiste », Oxford « décolonialise » ses programmes

L’université londonienne appelée l’Imperial College, récemment classée huitième dans un classement mondial anglo-saxon, a déclaré que cette décision aiderait à « soutenir une communauté diversifiée et inclusive ». L’Imperial college de Londres a récemment au centre d’une controverse au sujet d’un modèle de la pandémie Covid-19 considéré comme inexact et alarmiste (voir ici et ).


Les manifestations Black Lives Matter dans tout l’Occident ont accru la pression sur les universités.

La devise, qui figurait sur les armes de l’université depuis 1908, se lisait « Scientia imperii decus et tutamen », ce que l’on peut traduire par « La Science, gloire et sauvegarde de l’empire ».

L’université a déclaré qu’elle utiliserait des armoiries rouge, bleu et or modifiées, dépouillées de la devise, sur les futurs diplômes, les tenues des équipes sportives et tout autre matériel.

« Nous savons que cette devise rappelle notre histoire enracinée dans le pouvoir colonial et l’oppression », a déclaré l’université.

« Nous choisissons de ne pas nier cette histoire, mais de ne pas être définies par elle non plus. »

Alice Gast, vice-chancelière, a déclaré au personnel qu’elle avait « entendu beaucoup d’entre vous s’inquiéter au sujet de la devise de l’université et de sa présence sur nos armoiries ». Elle a indiqué qu’un groupe de travail serait créé pour « examiner l’histoire et l’héritage du Collège ».

À quand la suppression de Imperial dans le nom Imperial College ?

Cette suppression intervient alors que l’Université de Bristol a annoncé qu’elle révisait son logo.

L’insigne porte les écussons d’Edward Colston, de Henry Overton Wills III et de la famille Fry, toutes des figures impériales importantes.

Le 7 juin, une statue de Colston, négrier, marchand et mécène des XVII et XVIIIes siècles, a été démolie et jetée dans le port de Bristol par des manifestants, ce qui a incité les militants à viser des dizaines d’autres monuments à travers le pays.

La statue d’Edward Colston jetée à l’eau

L’Université de Bristol a également révélé qu’elle s’était « engagée à revoir » le nom de l’emblématique Wills Memorial Building, relançant une longue campagne menée par des étudiants qui avaient vu l’université refuser de le renommer en 2017.

Wills, chef de file de l’industrie du tabac né en 1828, fit don d’environ 10,5 millions de livres sterling à l’université, mais les militants affirment que sa fortune a été entachée par son implication dans la traite des esclaves.


Le maire de Bristol Marvin Rees (ci-dessus) a maintenant confirmé que la statue sera repêchée et exposée telle quelle — avec la corde utilisée pour le transporter et le pneu attaché quand elle a été sortie de l’eau.

L’année dernière, Bristol a engagé la professeur Olivette Otele, une experte de l’esclavage, pour évaluer si elle devait présenter des excuses pour ses liens avec l’Empire britannique.

Le professeur Hugh Brady, vice-chancelier de Bristol, a déclaré : « Nous savons que la campagne Black Lives Matter a servi à amplifier les préoccupations existantes au sujet l’histoire de l’université et si nous devrions renommer le Wills Memorial Building et d’autres bâtiments portant le nom de familles ayant des liens avec le commerce des esclaves. »

La semaine dernière, des centaines de manifestants sont descendus à Oriel College, à Oxford, dans le cadre de leur campagne « Rhodes doit tomber », exigeant que l’université abatte une statue de Cecil Rhodes, l’impérialiste victorien, mais le collège a refusé de le faire.



L’impérialiste Cecil Rhodes vu par les Allemands d’avant-guerre. Cecil Rhodes est en blanc.


L’université d’Oxford s’est engagée à « décoloniser » les diplômes lundi. L’Université d’Oxford a ainsi annoncé son intention de « décoloniser » ses diplômes en mathématiques et en sciences et permettra aux étudiants dans toutes les facultés et qui ont été impactés par ce que le Times de Londres appelle « la fureur de Black Lives Matter » d’être notés de manière indulgente. Dans une lettre au syndicat étudiant, Louise Richardson, vice-chancelière, a déclaré que la faculté de mathématiques, de sciences physiques et de la vie avait reçu une subvention pour développer des ressources pédagogiques qui soutenaient la diversification de ses programmes, la décrivant comme « un domaine qui est souvent négligé ». Elle a ajouté : « De nombreux départements de sciences sociales ont commencé à travailler à rendre leur programme plus inclusif et à y ajouter des voix diverses. Cela comprend des étapes telles que l’intégration des questions de race et de genre dans les sujets, l’intégration de l’enseignement sur le colonialisme et l’empire dans les cours, la modification des listes de livres et articles à lire. »

Plus de 14 000 personnes ont demandé au King’s College de Londres de renommer son campus de Guy, près de London Bridge, alors que l’hôpital de Guy et St Thomas a accepté de retirer une statue de Thomas Guy, un marchand d’esclaves et mécène du XVIIIe siècle.

L’Université de Liverpool a été critiquée la semaine dernière pour avoir accepté de débaptiser une résidence du nom de William Gladstone, quadruple Premier ministre britannique, après que des étudiants se sont plaints que le père de Gladstone avait des liens avec l’esclavage.

Voir aussi



Programme pour enfants de Radio-Canada (CBC) traite J.K. Rowling de transphobe

CBC Kids est un programme du diffuseur gouvernemental canadien destiné aux enfants dès six ans. Comme c’est la CBC (service anglais de la Voix d’Ottawa), les trois jeunes animateurs sont « racisés » avec deux filles et un garçon, euh, androgyne.

Dans leur tour de l’actualité la semaine passée, ce programme pour jeunes enfants s’est attaqué à l’écrivain J.K. Rowling, auteur de « Harry Potter », pour avoir osé dire que seules les femmes ont des règles menstruelles. Une déclaration qui, pendant des milliers d’années, aurait été considérée comme évidente. Mais sur CBC Kids News, les jeunes acteurs qui surjouent ont bien fait comprendre aux jeunes téléspectateurs que cette pensée était transphobe et donc très mal. Par contre, Daniel Radcliffe, qui défend le choix transgenre, est portée aux nues par ces nouveaux jeunes prêtres.

Raison. Parce qu’on est en 2020, sœurette.

Vos impôts à l’œuvre (1,213 milliards de subventions pour l'exercice financier de 2018-2019)



mercredi 17 juin 2020

L’Alberta propose une loi qui reconnaît le droit aux parents de choisir l’éducation de leurs enfants

Le projet de loi présenté par la ministre de l’Éducation de l’Alberta, Adriana La Grange,  montre le monde de différences dans la façon de considérer le rôle de parents famille entre cette province, dirigée par le Parti conservateur uni, et le Québec, où le gouvernement — qu’il s’agisse du PQ, du PLQ ou de la CAQ — échappe au programme qu’il impose à tous les élèves sauf ceux instruits à la maison, programme souvent orienté (voir ECR, histoire, français ou éducation à la sexualité).

Selon le Calgary Herald, le Premier ministre Jason Kenney a déclaré que la loi « consacre la croyance des Albertains en... la responsabilité parentale ».



Le Premier ministre Jason Kenney et la ministre de l’Éducation de l’Alberta Adriana LaGrange lors d’une conférence de presse à Edmonton le jeudi 28 mai 2020, au sujet du projet de loi 15, la Loi sur le choix en Éducation.

« Parce que nous croyons que les parents sont mieux à même que les politiciens ou les bureaucrates ce qui est dans l’intérêt supérieur de leurs enfants », a ajouté Kenney.

Un des apports du projet de loi, inscrit dans le préambule du projet de loi, renforce le droit des parents, selon la CBC :

Le premier ajouterait un nouveau considérant à la loi : « considérant que les parents ont le droit a priori de choisir le type d’éducation qui sera donné à leurs enfants » [...]

Le nouveau projet de loi 15 apporte plusieurs changements à l’ancienne loi sur l’éducation qui s’appliquait de l’école maternelle à la 12e année (écoliers de 17/18 ans) notamment la suppression de la surveillance des conseils scolaires dans les demandes des écoles à charte, l’approbation de l’enseignement à domicile non supervisé et l’affirmation du soutien aux écoles privées et indépendantes.

« Le choix de l’école et la liberté des parents de décider de l’éducation de leurs enfants ne sont pas une préférence politique, c’est un droit humain fondamental », a déclaré le Premier ministre Jason Kenney lors d’une conférence de presse quelques heures avant le dépôt du projet de loi.

« La législation consacre la croyance des Albertains en la liberté, la diversité, le pluralisme et le choix. Nous pensons que les parents savent mieux que les politiciens ou les bureaucrates ce qui est dans l’intérêt fondamental de leurs enfants. »

En vertu de l’ancienne loi sur l’éducation, les demandes d’inscription dans les écoles à charte devaient d’abord obtenir l’approbation de leur district scolaire local, l’équivalent des anciennes commissions scolaires au Québec ou de l’académie en France, tout en prouvant qu’elles offraient un programme unique non offert dans le système public.

Désormais, les demandes iront directement au ministre de l’Éducation, en outre des changements politiques supplémentaires encouragent les écoles à charte « professionnelles », en particulier au niveau secondaire, qui préparent mieux les élèves au milieu du travail professionnel.

« Nous nous engageons à offrir un certain nombre d’options d’éducation qui permettent aux parents de choisir la voie qui, selon eux, permettra au mieux à leurs enfants d’atteindre leur plein potentiel », a déclaré la ministre de l’Éducation, Adriana La Grange.

Sources : Calgary Herald, CQV, CBC

samedi 13 juin 2020

Un voyage dans les tourments de l’Amérique contemporaine expliqués par son histoire

Recension par Éric Zemmour du livre Être Américain aujourd’hui de Didier Combeau.

Et si on oubliait Trump ? Et si on cessait un instant l’exégèse de ses tweets, de ses saillies, de ses mimiques, de son caractère, de son tempérament, de ses frasques, de ses provocations, de ses bêtises et de ses intuitions ? Et si on parlait des États-Unis sans être obnubilé par son président ? C’est le pari tenté par Didier Combeau qui plonge dans l’histoire de l’Amérique pour mieux comprendre celle d’aujourd’hui. Pari réussi. Bien sûr, notre auteur n’a pas la hauteur de vue de Samuel Huntington dans l’admirable Qui sommes-nous ?, ni l’élégance altière de sa plume. Mais Combeau connaît son sujet et s’efforce de ne pas tomber dans les chausse-trapes idéologiques. Et c’est déjà beaucoup !

Il commence par le commencement : la démographie. Fondement de toute analyse concernant n’importe quelle nation, mais plus encore pour un pays d’immigration comme les États-Unis. « La démographie, c’est le destin », dit-on là-bas à juste titre. Deux dates au XXe siècle ont façonné le destin américain : 1924 et 1965. En 1924, les États-Unis imposent des quotas d’immigration par pays correspondant à leur importance relative dans la population du pays en 1790. Autrement dit, l’Amérique « WASP » des protestants britanniques se protège d’une submersion venue du Sud et de l’Est de l’Europe. Combeau ne le dit pas, mais Huntington nous a appris que cette fermeture a permis d’assimiler dans d’excellentes conditions les immigrants irlandais, italiens, ou allemands ou polonais, catholiques ou juifs, déjà arrivés au début du siècle. Or 1965 est le miroir inversé de 1924. On instaure des quotas globaux, sans distinction de pays ou de continent, dont on augmente sans cesse les plafonds ; et on autorise le regroupement familial. Bienvenue dans l’Amérique multiraciale et multiculturelle !

Les années 1960 sont vraiment le creuset de l’Amérique contemporaine. Le président Kennedy impose le principe « d’affirmative action » pour favoriser l’arrivée des noirs dans les universités ou les entreprises. La Cour suprême s’affranchit d’une stricte lecture de la Constitution pour favoriser les mouvements d’émancipation individuelle. La courbe de la violence et de la délinquance ne cesse de grimper. L’État fédéral, sous la houlette des démocrates, étend son emprise sur l’économie et la société. Le président Johnson essaie de rattraper l’erreur de 1945, lorsque les Américains ont refusé d’instaurer un système de sécurité sociale à la manière britannique (ou française), parce que ces modèles européens leur apparaissaient d’inspiration « communiste » et qu’ils n’avaient aucune envie d’encourager « la paresse ». Les féministes tentent de faire oublier qu’elles furent à l’origine un mouvement de la bourgeoisie blanche, favorable à la prohibition et à l’eugénisme. La jeunesse reproche à ses pères et à ses ancêtres d’avoir stérilisé les handicapés et exterminé les Indiens, ce qui avait suscité en son temps l’admiration énamourée d’Adolf Hitler.

Dans ce tohu-bohu, l’Amérique de Tocqueville se meurt, et on comprend mieux ce qui arrive aujourd’hui. La montée en puissance du libéralisme et de l’individualisme a donné à la fois la politique de Reagan et l’émergence des identités, qu’elles soient ethniques ou de genre. À la fois, l’émergence des super-milliardaires parce qu’ils payent beaucoup moins d’impôts et les guerres culturelles qui sortent des campus universitaires : « Les guerres culturelles ou identitaires sont le prix du passage du contrôle étatique des corps à l’émergence des identités » nous dit à juste titre notre auteur.

Et tout bascule à partir des années 1990. Le féminisme qui abandonne son credo de la libération sexuelle pour un néopuritanisme. Un parti démocrate qui abandonne ses ambitions sociales pour devenir le parti des minorités de race et de genre. La « nature » qui devient un enjeu controversé et contradictoire : les progressistes veulent sanctifier la nature contre la pollution capitaliste, mais se moquent éperdument de cette même nature, quand il s’agit des rapports entre les hommes et les femmes, tandis que les conservateurs adoptent le comportement inverse. La Cour suprême impose un « gouvernement des juges » que chaque camp démocrate ou républicain essaie de mettre avec soi. À Washington, les collaborateurs des parlementaires deviennent lobbyistes et triplent leur salaire. L’argent coule à flots dans les campagnes électorales et les milliardaires font la loi. Les républicains sont de plus en plus à droite et les démocrates de plus en plus à gauche. Les progressistes sont plus que jamais le parti de la vertu, de la morale, et des prêtres de la nouvelle religion des droits de l’homme. Comme dit un des leurs, le professeur Mark Lilla, qui a gardé un regard critique : « Le progressisme a cessé d’être un projet politique et s’est transformé en projet évangélique. » Le progressisme dénonce sans cesse la violence des autres à coups de grandes campagnes sur les réseaux sociaux. Les mots-dièses deviennent des slogans : #BlackLivesMatter, #MeToo, #NeverAgain. Au nom de la lutte contre la violence policière, la violence sexuelle, ou la violence des armes, les progressistes fédèrent en vérité des groupes disparates autour d’un seul point commun, et d’un seul ennemi, la détestation de l’homme hétérosexuel blanc. Cette chasse au Blanc est incessante et occupe largement des médias complaisants. Dans le Washington Post, la directrice du programme d’études de genre et de sexualité d’une université n’hésite pas à écrire une tribune intitulée : « Pourquoi ne pourrions-nous pas haïr les hommes ? »

Cette chasse à l’homme blanc hétérosexuel ne pouvait pas ne pas susciter la réaction des angry white men. En 2050, les statistiques prédisent que ces blancs issus de la vieille immigration européenne et protestante deviendront minoritaires, en raison de la montée en puissance démographique des diverses immigrations récentes : Mexicains catholiques, asiatiques, musulmans. Mais ces angry white men qui se sentent de plus en plus étrangers dans leur propre pays, en demeurent la minorité la plus importante. Dans cet univers de minorités actives, ils ont imité le comportement des autres et ont gagné. Ce sont eux qui ont propulsé Donald Trump à la Maison-Blanche. Trump, le « premier président blanc ».

ÊTRE AMÉRICAIN AUJOURD’HUI
Les enjeux d’une élection présidentielle
par Didier Combeau
paru le 4 juin 2020
chez Gallimard,
282 pp.,
20 €.

Présentation de l’éditeur

À la fois fer-de-lance du progressisme et haut lieu du conservatisme, patrie de #MeToo, mais aussi de Donald Trump, les États-Unis n’en finissent pas d’étonner et de surprendre. Tous les quatre ans, l’élection du président focalise l’attention, d’abord sur les personnalités candidates aux primaires, puis sur celles des deux challengers. Leurs noms nous sont familiers, mais nous connaissons souvent moins bien leurs idées et les philosophies qui les portent. Pourtant, elles irriguent nos mentalités et continuent d’exacerber les imaginations au-delà des frontières.

De la question de l’immigration à celle de l’assurance maladie, de la problématique de l’avortement à celle de l’environnement, des tensions interraciales au fléau de la violence, Didier Combeau explore ici les fractures qui parcourent la société américaine et se traduisent par un rejet de plus en plus viscéral de l’adversaire politique. Il donne en termes simples les clefs indispensables à la compréhension du subtil fonctionnement du fédéralisme, de l’équilibre des pouvoirs, et d’un système électoral sujet à polémiques, qui peine à asseoir la légitimité d’un président parfois élu à la minorité des voix. L’étude des joutes qui opposent conservateurs et progressistes se prolonge dans une réflexion sur l’identité politique et nationale de la première puissance douce mondiale.

La responsabilité des universités, des politiciens dans l'américanisation de l'imaginaire et des conflits

Chronique d’Éric Zemmour parue le 12 juin dans le Figaro Magazine.

C’est le débarquement tous les jours. Beaucoup de bombardements et beaucoup de destructions. Tous les événements et tous les concepts idéologiques venus d’Amérique sont acceptés et digérés sans aucun esprit critique par les cerveaux français. Régis Debray n’a pas tort lorsqu’il explique que la fille est devenue la mère et que la « civilisation américaine » règne désormais sur les « cultures » européennes. On peut le constater avec cette affaire Floyd, du nom de ce jeune Noir tué par un policier de Minneapolis. Aussitôt, les esprits s’embrasent. Les manifestations (interdites) se multiplient. Le discours victimaire se répand comme une traînée de poudre. Les militants noirs vitupèrent contre le « privilège blanc » et des Blancs s’agenouillent en signe d’expiation. Jadis, on apprenait que « comparaison n’est pas raison ». Désormais, comparaison est passion. Nous sommes tous des Américains. Les Noirs africains nés en France ont été esclaves en Amérique et les descendants de paysans français ont tous eu des esclaves comme dans Autant en emporte le vent ! George Floyd et Adama Traoré sont frères de race et de destin, tous deux victimes du racisme blanc. Les races n’existent pas, mais les racistes existent quand même. Les Noirs, de part et d’autre de l’Atlantique, sont victimes du même « racisme d’État », dont le bras armé est la police qui ne lutte pas contre les trafics, mais persécute en fonction de la couleur de la peau.

La quasi-totalité des pancartes à la manifestation « antiraciste » à Montréal était en anglais. Naïvement, on a faire croire que la loi 101 allait assimiler des masses d’immigrants alors que la natalité québécoise s’effondrait.

Cette soupe conceptuelle est en vogue sur les campus américains. Elle a été cuisinée — ironie du sort — par quelques intellectuels français dans les années 1960, adeptes de la déconstruction. Cette « French theory » nous est revenue en boomerang. Elle rassemble les minorités sexuelles et raciales contre leur seule cible : l’homme blanc hétérosexuel. Avant le confinement, c’étaient les féministes qui s’en prenaient à lui, multipliant les lynchages médiatiques et les accusations de féminicides. Désormais, ce sont les militants d’extrême gauche, alliés à leurs acolytes antiracistes qui tentent d’imposer leur discours victimaire et racialiste. Peu importe que la France n’ait jamais connu l’esclavage sur son sol.

Le travail idéologique des universitaires a été favorisé par la prédominance, dans les banlieues, d’une culture inspirée des ghettos américains. L’imaginaire de nos banlieusards venus d’Afrique est encombré de sons et d’images nés dans les ghettos de Detroit ou de Chicago. Les Américains avaient un problème noir consubstantiel à la naissance de leur pays. L’esclavage était le péché originel (avec le génocide indien) d’une nation née autour de la liberté. La guerre raciale menace l’Amérique depuis l’origine. Avec une opiniâtre volonté suicidaire, nos élites l’ont importée sur notre sol par des décennies d’une immigration inouïe venue de nos anciennes colonies, sans craindre ni l’éloignement des cultures exotiques guère assimilables, ni le ressentiment de nos anciens colonisés. Nous payons aujourd’hui — et paierons plus encore demain — un tel aveuglement habillé dans les oripeaux de l’humanisme et de la générosité.

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vendredi 12 juin 2020

Californie : un professeur de UCLA suspendu pour avoir refusé de favoriser les étudiants noirs dans leur notation

Des étudiants « alliés », c’est-à-dire non noirs, avaient fait pression sur le professeur pour adapter la notation des élèves noirs, sur fond de la mobilisation Black lives matter. Un incident qui n’est pas une première dans le pays, et souligne la radicalisation de nombreux campus.

La semaine dernière, un groupe d’étudiants se définissant comme « non Noirs, mais alliés » demande à Gordon Klein (ci-contre en mortaise), professeur de gestion, d’adapter sa notation pour les étudiants Noirs du cours de comptabilité, et de reculer les dates limite d’envoi de certains travaux. Répondant par courriel, le professeur objecte qu’il lui serait difficile de modifier ses évaluations, n’ayant pas à « identifier » les élèves en fonction de leur race. Gordon Klein s’amuse également de la possibilité « d’étudiants métis, par exemple mi-Noirs mi-Asiatiques » : faut-il alors « une clémence totale, ou partielle ? ». Après d’autres arguments, le professeur conclut avec un parallèle historique : « Une dernière chose me frappe : souvenez-vous que Martin Luther King a dit [...] que les gens ne devaient pas être jugés selon leur couleur de peau. Ne pensez-vous pas que votre demande va à l’encontre de cet avertissement ? »

Un argumentaire qui a fortement déplu à certains étudiants, qui y ont vu un ton ouvertement dédaigneux voire « moqueur », spécifiquement envers les minorités. Rapidement, des appels à son éviction ont été diffusés sur les réseaux sociaux, avant qu’une pétition soit lancée par Preet Bains, un étudiant en climatologie.

Celle-ci exigeait que « le poste du professeur Klein soit résilié pour sa réponse extrêmement insensible, dédaigneuse et terriblement raciste à la demande d’empathie et de compassion de ses étudiants, pendant une période de troubles civils ». Le texte remarquait également que « les étudiants du pays — en particulier les étudiants noirs — ont du mal à se concentrer sur leurs études quand il y a des troubles sociopolitiques massifs qui les concernent, et l’avenir de leur sort dans ce pays ». Malgré cette étrange condescendance, la pétition a collecté à ce jour plus de 20 000 signatures. Et a déjà remporté une première victoire : l’école de management de l’Université a suspendu le cours de Gordon Klein pour trois semaines jusqu’au 25 juin, le temps de statuer sur le sort définitif de l’enseignant.

Plein de précautions, l’étudiant à l’initiative de la pétition a remercié dans la foulée de la décision tous les signataires, mais leur a demandé de continuer à partager le texte « pour s’assurer [que Gordon Klein soit] complètement démis de ses fonctions ». Avant d’aller plus loin : « La lutte pour lui faire assumer ses propos n’est pas encore terminée ». D’après le Daily Mail, le domicile de l’enseignant serait à présent sous protection policière en raison de menaces concrètes. Seul soutien dans le milieu, la Fondation des Droits individuels dans l’Éducation, spécialisée dans la défense de la liberté d’expression, a déclaré soutenir le professeur.

Un autre enseignant à UCLA, W. Ajax Peris, fait également l’objet d’une « enquête » après avoir fait prononcer le mot « nègre » dans son cours sur l’histoire du racisme. Le terme venait d’une lettre de Martin Luther King lue à haute voix, et W. Ajax Peris est connu pour ses positions libérales, mais rien n’y a fait : des étudiants ont fait état de situations de « stress » et de « colère », et demandent actuellement son éviction.

Un chantage idéologique de plus en plus pressant

Des cas qui sont loin d’être une première aux États-Unis, ou dans l’ensemble des lieux d’enseignement supérieur occidentaux. Plusieurs incidents similaires émaillent chaque année les semestres académiques, au fur et à mesure de la montée en puissance d’une certaine forme de militantisme dépassant le simple cadre de l’argumentation.

En 2015, une enseignante à l’Université de Yale s’était retirée, après un tollé provoqué par un courriel dans lequel elle défendait le droit des étudiants à se déguiser comme ils le voulaient pour Halloween, se demandant pourquoi il n’était plus possible d’être « un peu inapproprié, provocateur ». Elle et son mari, qui vivaient sur le campus, avaient été pris à partie par plusieurs étudiants, et avaient été poussés à quitter le campus.

À Evergreen State College, situé dans l’État de Washington, Bret Weinstein, professeur de biologie, avait dû quitter son poste après avoir mis en garde l’université contre l’organisation d’un jour « d’absence volontaire » des blancs sur le campus. L’objectif de l’événement était d’organiser des conférences réservées aux personnes de couleur. Après plusieurs altercations avec des étudiants, Bret Weinstein avait été poussé vers la sortie, l’affaire se concluant par un procès contre l’université et un règlement juridique.

Ces étudiants radicalisés des campus américains, en plus de ces « raids » sur le corps enseignant, élaborent depuis plusieurs années des concepts ensuite repris à travers le monde, démontrant une capacité d’influence idéologique intacte des facs américaines. C’est ainsi que s’est développée dans les universités la pratique du « Trigger Warning », avertissement de l’enseignant à ses élèves avant d’aborder un point considéré comme sensible, voire traumatisant. Étude d’ossements humains en archéologie, mais également analyse de certains événements historiques considérés comme « offensants », de nombreux professeurs se voient obligés de prendre des précautions nouvelles dans leurs enseignements. Le premier amendement de la Constitution en jeu

Une forme de prophylaxie intellectuelle, par laquelle les élèves qui la réclament assument une forme de fragilité devant la liberté d’expression traditionnelle des États-Unis. Cette dernière, sacro-sainte par le biais du premier amendement de la constitution*, devra-t-elle s’adapter ? En juin 2019, Lee Bollinger, président de l’Université Columbia, assurait qu’elle se portait « très bien », en réponse à Donald Trump qui insistait sur la pluralité des intervenants extérieurs dans les facultés, et se plaignant que ses soutiens y soient régulièrement malmenés ou désinvités. « Les normes concernant le premier amendement évoluent » avait argumenté le juriste.

En 2018, dans une tribune pour l’Association du barreau américain, une avocate, Monique Altman, faisait néanmoins le constat inverse, osant même un parallèle historique concernant les campus universitaires américains, « devenus des bastions de la censure de la liberté d’expression ». Elle rappelait que les plus zélés partisans du parti nazi, alors aux portes du pouvoir, se trouvaient parmi les étudiants des universités allemandes, « où ont eu lieu les premiers autodafés et agressions à l’égard de professeurs réfractaires ». Aujourd’hui, si la censure sur les campus est présentée « comme une défense contre la haine et les propos offensants », elle n’en étend pas moins ses principes, immuables.

*« Le Congrès n’adoptera aucune loi relative à l’établissement d’une religion, ou à l’interdiction de son libre exercice ; ou pour limiter la liberté d’expression, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement ou d’adresser au Gouvernement des pétitions pour obtenir réparation des torts subis ».

Source : Le Figaro

jeudi 11 juin 2020

Nouvelle traduction « antiraciste » d'Autant en emporte le vent

La couverture de la nouvelle traduction linguistiquement correcte
Cette nouvelle traduction, qui sort ce jeudi, permet de revisiter une œuvre superbe et flamboyante, mais aussi jugée par beaucoup terriblement datée et scandaleuse dans sa façon de décrire les rapports raciaux dans le Sud esclavagiste.

Hasard de calendrier : alors que le classique du cinéma Autant en emporte le vent a été retiré temporairement de HBO Max, le temps d’ajouter « de la contextualisation » politiquement correcte à ce film jugé raciste par de nombreux universitaires militants, une nouvelle traduction de l’œuvre originale de Margaret Mitchell paraît ce jeudi aux petites éditions Gallmeister.

Publiée en deux volumes (720 pages chacun), en format poche, cette nouvelle version a nécessité un an de travail et « de recherches » de la part de la traductrice Josette Chicheportiche qui a eu la difficile tâche de revisiter une œuvre superbe et flamboyante, surannée, mais considérée par certains militants comme scandaleuse dans sa façon de décrire les rapports raciaux dans le Sud esclavagiste.

Fresque intemporelle sur l’amour et la guerre, Autant en emporte le vent raconte l’histoire de Scarlett O’Hara, fille de riches propriétaires sudistes, qui va voir son monde s’effondrer avec la guerre de Sécession qui ravage le Sud. Réfugiée à Atlanta à la suite d’un chagrin d’amour, elle y croisera l’aventurier Rhett Butler, avec qui elle partagera une passion tragique...


« J’ai essayé d’avoir un style chantant »

Dans la version française éditée depuis 1939 par Gallimard, le traducteur « historique » de Margaret Mitchell, Pierre-François Caillé (1907-1979) avait choisi de faire parler les Noirs de la plantation de façon caricaturale remplaçant notamment les sons « r » par une apostrophe. Ce que la nouvelle traductrice Josette Chicheportiche a décidé d’enlever :
« On part du principe que les Noirs peuvent prononcer le “r”. Je trouve ça quand même incroyable de virer les “r” et de les remplacer par des apostrophes », a-t-elle indiqué à BFMTV. « J’ai regardé comment Maupassant ou George Sand faisaient parler les paysans et j’ai essayé d’avoir un style chantant, un peu musical dans leur façon de parler. »

Dans la version française éditée depuis 1939 par Gallimard, le traducteur « historique » de Margaret Mitchell, Pierre-François Caillé (1907-1979) avait choisi de faire parler les Noirs de la plantation en imitant l’accent antillais.
« C’est-y la bonne de vot'enfant ? Ma'ame Sca'lett, elle est t’op jeune pou' s’occuper du fils de missié Cha'les ! »,
dit ainsi un personnage noir dans la version de 1939 (page 180). Sous la plume de Josette Chicheportiche cela devient :
« C’est la nurse de vot'enfant ? Ma'ame Scarlett, l’est trop jeune pour s’occuper du seul bébé de m’sieur Charles ! »
L'original anglais est pourtant très « dialectal », très petit nègre :


Parallèlement à la sortie de la nouvelle version du roman politiquement correct, Gallimard publie également jeudi, dans sa collection de poche Folio, une nouvelle édition en deux volumes de l’unique livre de Margaret Mitchell. Les lecteurs y retrouveront la traduction de Pierre-François Caillé, mais découvriront aussi une partie de la correspondance inédite entre le traducteur français et l’écrivaine américaine décédée accidentellement en 1949.

Margaret Mitchell approuvait l’utilisation du dialecte dans la traduction française

Dans une des lettres, le traducteur de l’édition classique Pierre-François Caillé explique à la romancière Margaret Mitchell ses choix de traducteur.

« Vous remarquerez, l’omission de la consonne r caractéristique de ce langage que nous appelons souvent petit nègre. Je crois qu’il n’y avait pas d’autre façon de procéder »,  explique-t-il dans une lettre datée de décembre 1937.

« Je crois que votre traduction est la seule traduction étrangère de mon livre dans laquelle les personnages nègres parlent en dialecte », le félicite en retour la romancière.

Dans le domaine public depuis le 1er janvier

La traduction classique
« Bien qu’étant indéniablement un produit de son temps, au même titre que le roman », la traduction de Pierre-François Caillé « continue de ravir par son charme et d’impressionner par sa rigueur », soutient Gallimard qui a détenu les droits exclusifs du livre jusqu’au 1er janvier, avant que le roman tombe dans le domaine public.

Succès mondial

Le livre fut publié en juin 1936, dès Noël plus d’un million d’exemplaires était vendu. Autant en emporte le vent sera traduit en 14 langues et publié à plus de 35 millions d’exemplaires dans le monde. Il fera l’objet d’un film dès 1939, devenu lui aussi un film culte, vu par des centaines de millions de spectateurs.

Le succès exceptionnel du roman est dû à ce que pour la première fois depuis la fin de la guerre de Sécession (1865), le drame subi par les populations du Sud est décrit avec beaucoup de passion et de réalisme.

En effet, cette guerre est la Première Guerre totale qui suit la Révolution industrielle, qui multiplie de manière exponentielle les moyens de destruction ; dans un contexte de type
La traduction classique
« napoléonien », ou de guerre européenne du type XVIIe siècle, le Sud aurait pu l’emporter parce que la majorité des cadres de l’armée s’y étaient ralliés et que les sudistes, majoritairement d’origine paysanne, étaient plus habitués que ceux du Nord à la vie rurale et donc à une campagne militaire.

Or l’industrie du Nord a produit en masse des quantités énormes d’armements et d’équipements logistiques, comme les chemins de fer, qui ont submergé les armées confédérées, mal équipées ; la prise et le sac d’Atlanta, le 1er septembre 1864, anticipent les batailles de Madrid, pendant la guerre d’Espagne (1936-1939) et celles de Stalingrad et Berlin, pendant la Seconde Guerre mondiale ; les ravages subis par les États du Sud, entre septembre 1864 et la fin de la guerre en avril 1865 anticipent les destructions subies par l’Europe au cours des deux guerres mondiales.

Par la publication de ce roman, l’opinion américaine prend conscience de ce que plusieurs dizaines de millions d’Américains ont subi et que l’unité de la nation américaine s’est forgée dans une épreuve très dure, loin de l’histoire officielle.

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