dimanche 30 novembre 2025

En 2025, la France s’enfonce dans le déclin démographique

Sur les 10 premiers mois de l’année, le nombre de naissances quotidien moyen a baissé de 2,3 % par rapport à la même période en 2024.

La baisse des naissances continue », « des naissances toujours moins nombreuses », « des naissances plus faibles »… Les bulletins mensuels de la natalité se suivent et se ressemblent sur le site de l’Insee, dessinant de manière inexorable un bilan démographique en berne pour l’année 2025. En octobre, 55 165 naissances ont eu lieu en France, soit une baisse de 3,6 % par rapport à octobre 2024.

À l’approche de la fin de l’année, cette chute continue donne une première idée du bilan annuel à venir pour l’année 2025. Sur les 10 premiers mois de l’année, de janvier à octobre, le nombre de naissances quotidien moyen a baissé de 2,3 % par rapport à la même période en 2024. Si les deux derniers mois sont dans la même tendance, «sur l’ensemble de 2025, la baisse s’annonce semblable, voire légèrement supérieure, à celle de l’année dernière », projette Laurent Chalard, docteur en géographie et membre du think-tank European Centre for International Affairs. En 2024, avec 660 800 nouveau-nés, la France affichait déjà le niveau le plus bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

« L’indicateur conjoncturel de fécondité devrait être légèrement inférieur à celui de l’an dernier, qui s’établissait 1,62 enfant par femme. Le nombre des femmes en âge d’avoir des enfants a sans doute peu changé mais les naissances continuent de baisser. Cet indicateur pourrait donc se rapprocher de 1,58 ou 1,59 enfant par femme en 2025 si la tendance à la baisse observée les 10 premiers mois de l’année se poursuit », analyse pour sa part Gilles Pison, démographe à l’ined.

Un chiffre qui nous rapproche de nos voisins européens ? « La fécondité baisse partout en Europe, avec une moyenne de 1,38 enfant par femme pour 2023. La France devrait probablement garder un indicateur de fécondité supérieur de 20 à 25 % à cette moyenne », nuance le démographe. La question est aussi de savoir si la fécondité en Europe « va descendre au niveau de pays d’Asie orientale, comme la Corée du Sud qui a un taux de fécondité de 0,75 enfant par femme », rebondit Laurent Chalard. Les comportements féconds de la génération Z, soit les jeunes nés entre le milieu des années 1990 et 2010, seront déterminants. « Les premières tendances sur les jeunes générations montrent qu’ils sont déjà en retard dans la fécondité par rapport à celle de la génération précédente au même âge. Mais leur vie féconde n’est pas terminée. Un rattrapage reste possible », souligne le géographe.

L’année 2025 a d’ores et déjà été marquée par un retournement démographique avec le croisement des courbes de la natalité et de la mortalité. Symbole de l’hiver démographique, l’Insee a annoncé cet été qu’il y avait désormais plus de décès (651 000) que de naissances (650000) entre juin 2024 et mai 2025 pour la France entière. Le bilan démographique de 2025 s’annonce donc comme celui du solde naturel négatif.

« La tendance va se poursuivre avec une hausse des décès au cours des prochaines années, avec l’arrivée aux grands âges des générations nombreuses du babyboom. Même en cas de stabilisation de naissances, le solde naturel sera négatif en 2025 ou dans les années qui viennent », décrit Gilles Pison. «Si on prend en compte la seule France métropolitaine, hors Mayotte, ce solde était déjà négatif en 2024 », note Laurent Chalard.

La France est en tout cas loin du « réarmement démographique » appelé de ses vœux par le controversé président français Emmanuel Macron en janvier 2024. Les mesures annoncées il y a près de deux ans ont mis du temps à émerger. Le « grand plan » contre l’infertilité annoncé se fait attendre et le nouveau « congé de naissance », voté dans le cadre du PLFSS 2026, vient tout juste de voir le jour. Une avancée pour les jeunes parents qui reste à concrétiser, et qui « ne suffira pas à renverser la tendance», avertissent les démographes.
 
Les effets des évolutions de la politique familiale ?

Pendant la période allant des années 1970 au début des années 2010, les incessantes modifications opérées dans la politique familiale, qui sont évidemment ressenties par la population, ne sont pas sans effets sur la fécondité comme cela a été le cas dans les décennies précédentes en France ou à l’étranger. Après la période de changement structurel du régime démographique naturel lié aux nouveaux moyens de contraception, la fécondité de la France allait-elle évoluer de façon linéaire ? Pour répondre à cette question, examinons de façon détaillée les changements dans la politique familiale et l’évolution de la fécondité en France. 



Onze étapes successives se distinguent :

1. en 1975, après la dépénalisation de fait de l’avortement, la loi sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) est votée. Les engagements gouvernementaux promettant au Parlement, lors des débats sur la loi IVG, d’améliorer la politique familiale ne sont guère concrétisés. La fécondité baisse dans la période 1975-1978 ;

2. en 1978, le gouvernement veut mieux accompagner les familles lors de la venue du premier enfant et, tout particulièrement, du troisième ou des suivants. Le congé de maternité est porté à 16 semaines, et à 26 semaines pour le 3e enfant. Outre diverses mesures concernant les familles nombreuses, comme précisé ci-dessus, une demi-part supplémentaire de quotient familial pour les familles ayant trois enfants ou plus est intégrée à la loi de finances de 1981. La fécondité remonte pour la période 1979-1981 et l’analyse des naissances par rang montre qu’effectivement, les naissances de rang trois ou plus ont augmenté davantage que les autres ;

3. en 1981, la forte augmentation – temporaire – des allocations familiales contraste avec la remise en cause de certaines des mesures prises en 1978-1980 : mise en place pour la première fois, par la loi de finances pour 1982, d’un plafonnement du quotient familial ; réduction de plus de moitié de la majoration d’allocation postnatale pour les naissances de rang au moins égal à trois et en cas de naissances multiples (janvier 1983) ; revalorisation limitée des prestations familiales ; l’ouverture du droit aux prestations est retardée d’un mois, passant du 1er mois de l’événement générateur (naissance par exemple) au 1er du mois suivant. S’ajoutent l’abaissement du taux des allocations prénatales et postnatales (janvier 1983) et la baisse du taux du complément familial en juillet 1983 : en outre, l’enfant in utero cesse d’être pris en compte pour le calcul de l’allocation logement. La fécondité rebaisse en 1982-1984 ;

4. en 1985, le gouvernement de gauche fait voter par le Parlement la création d’une allocation parentale d’éducation (APE) : cette dernière est versée au maximum pendant deux ans aux personnes interrompant (ou réduisant) leur activité professionnelle à l’occasion d’une naissance de rang trois ou plus. En 1985 également, les allocations prénatales et postnatales sont remplacées par une allocation du jeune enfant (AJE) dont les modalités encouragent les naissances rapprochées. La fécondité remonte en 1985 et 1986 ;

5. dans la période 1987-1994, la revalorisation des allocations familiales est souvent insuffisante, soit inférieure à l’inflation ou à l’évolution des salaires. Fin 1990, une contribution sociale généralisée (CSG) est créée, initialement pour financer la branche famille en remplacement des cotisations patronales d’allocations familiales dont le taux diminue (en 2024, le taux principal n’est plus que de 5,25%). Cette contribution est en réalité un nouvel impôt et son taux va augmenter (1,1% des revenus d’activités, des revenus de remplacement et des revenus du patrimoine en 1991, puis des augmentations jusqu’à porter son taux principal à 9,2% en 2024). La CSG pénalise tout particulièrement le pouvoir d’achat des familles avec enfants puisque, contrairement à l’impôt sur le revenu, elle ignore tout critère familial dans son calcul. La fécondité baisse nettement de 1987 à 1994 ;

6. en 1994, une loi vise à mieux concilier vie professionnelle et vie familiale, avec plusieurs mesures : allocation parentale d’éducation étendue au deuxième enfant15, son maintien en cas de travail à temps partiel, revalorisation de l’aide à la famille pour l’emploi d’une assistante maternelle agréée, allocation de garde d’enfant à domicile, plan crèche, etc. La fécondité remonte dans la période 1995-1996 ;

7. le 15 novembre 1995, le Premier ministre Alain Juppé annonce l’imposition des allocations familiales ; le 19 juin 1997, le Premier ministre Lionel Jospin annonce la mise sous conditions de ressources des allocations familiales. La fécondité stagne en 1996-1997 ;

8. en 1998, un changement structurel est écarté. Comme indiqué précédemment, le 12 juin 1998, le Premier ministre Lionel Jospin annonce supprimer au 30 septembre 1998 la mise sous conditions de ressources des allocations familiales qui était appliquée depuis le 1er janvier. La fécondité remonte dans la période 1998-2001 ;

9. en 2002-2003, la politique familiale se poursuit sans remise en cause. L’indice de fécondité demeure quasiment à son niveau antérieur ;

10. avril 2003 voit l’annonce de mesures d’amélioration des prestations familiales et des services aux familles et quelques simplifications avec la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje) qui remplace en 2004 notamment l’allocation pour jeune enfant (APJE). En 2004, l’APE est remplacée par le complément libre choix d’activité (CLCA), intégré lui-même dans le dispositif plus large de la prestation d’accueil du jeune enfant (Paje). le CLCA maintient les principales caractéristiques de l’APE mais étend l’indemnisation aux enfants de rang un et durcit les conditions d’activité antérieure pour le bénéfice de la prestation. La fécondité s’élève à nouveau de 2004 à 2006 pour rester ensuite, jusqu’en 2014, toujours supérieure à 1,96 enfant par femme ;

11. en 2014, c’est le « grand soir » qui sera analysé dans le point suivant et la fécondité s’abaisse depuis.

Sources : le Figaro, Fondapol

France — le poids de l’immigration sur l’école

Depuis 2007, le nombre d’élèves nés à l’étranger dont la langue maternelle n’est pas le français a augmenté de 153 %.

• Si elle n’est pas la cause unique des difficultés de l'école française, l’immigration, dans sa forme actuelle, les exacerbe toutes. Le sujet demeure pourtant absent du débat public, quand bien même plus de trois-quarts des Français se disent favorables à une politique migratoire plus ferme. Cette situation constitue une anomalie démocratique à corriger et un défi politique à relever.

• Avec 40 % des enfants de moins de quatre ans en France immigrés ou d’origine immigrée, plus d’un élève de CM1 sur cinq qui parle une autre langue que le français à la maison, l’immigration change le visage du système éducatif français.

• Le nombre d’élèves allophones nouvellement arrivés (EANA) a augmenté de 153 % depuis l’année scolaire 2007-2008. Pour répondre à ces difficultés, le Ministère multiplie les programmes spécifiques, contribuant à segmenter les missions d’une école déjà fragilisée.

• Dans 73 % des pays évalués dans le cadre de la dernière enquête PISA, les élèves issus de l’immigration affichent en mathématiques un score inférieur à celui des élèves « autochtones » (ni immigrés ni enfants d’immigrés), avec un écart moyen de 29 points.

• Le problème ne se limite toutefois pas à ces cas spécifiques. En France, d’après l’enquête PISA 2022, les élèves issus de l’immigration rencontrent plus souvent des difficultés en mathématiques, avec un écart moyen de 47 points entre « autochtones » et enfants d’immigrés, et de 60 points entre autochtones et immigrés, soit l’équivalent d’un an et demi de retard scolaire. Cette différence de niveau, nettement plus frappante que chez nos voisins, contribue à le recul français au classement PISA, avec un score national moyen en mathématiques de 474 points (contre 485 points pour les seuls élèves sans ascendance migratoire directe).

• Selon l’Insee, 23,9 % des enfants d’immigrés ne terminent pas leurs études initiales, contre 12,9 % des Français sans ascendance migratoire. En moyenne, les immigrés ou descendants d’immigrés redoublent davantage, sont surreprésentés dans les filières spécialisées, accèdent moins souvent au lycée général et technologique et ont un moindre niveau de diplôme.

• Il n’existe pas une, mais des immigrations, aux trajectoires contrastées et surprenantes. Les enfants de l’immigration d’Asie du Sud-Est sont ainsi en sur-réussite scolaire par rapport aux Français d’ascendance française. À l’inverse, les descendants d’immigrés du Maghreb, d’Afrique subsaharienne ou de Turquie rencontrent, en moyenne, des difficultés scolaires plus précoces et plus durables.

• Selon l’enquête TALIS 2018, seuls 8 % des enseignants français se disent correctement préparés par leur formation à travailler dans des environnements multiculturels, contre 26 % en moyenne dans l’OCDE.

• Si l’immigration pèse davantage sur l'école française que sur celles de nos voisins, c’est parce que la France accueille des flux migratoires plus extra-européens, moins diplômés et plus précaires que la moyenne de l’OCDE.

• Pour mesurer l’impact de l’immigration sur l'école, il faut la regarder telle qu’elle est, non telle qu’on aimerait qu’elle soit. Le débat consistant à savoir si le problème est migratoire ou socio-économique, en dépit de son intérêt théorique, importe peu en pratique. Par ailleurs, même en tenant compte des niveaux socio-économiques, une différence de 17 points subsiste entre immigrés et « autochtones » en mathématiques dans l’étude PISA.

• Les populations accueillies ne renonçant pas, une fois installées, aux bagages culturels qu’elles apportent, les flux migratoires apparaissent étroitement liés à la dégradation du climat scolaire, à la montée des violences et à la recrudescence des atteintes à la laïcité comme des tensions religieuses et identitaires. Ainsi, selon l’IFOP, 71 % des enfants de deux parents nés hors d’Europe ayant assisté à des violences physiques contre un élève juif parce qu’il était juif déclarent les avoir approuvées, contre 26 % de l’ensemble des élèves.

• Avec plus d’un millier de mineurs fichés pour islamisme, 38 % des élèves musulmans refusant de « condamner totalement » l’assassinat de Dominique Bernard et 81 % des lycéens musulmans jugeant injustifié de montrer en classe des dessins caricaturant les religions, l’immigration alimente, sur fond d’explosion des contestations d’enseignements, un prosélytisme islamiste qui décompose de l’intérieur l’école de la République.

• La pression exercée par l’immigration sur l'école française apparaît difficilement soutenable. Pour sortir de ce « cercle vicieux », il est nécessaire, sans céder à la stigmatisation et sans nier les belles trajectoires qui existent à l’échelle individuelle, de réduire drastiquement les flux migratoires et, parallèlement, de mettre en œuvre des politiques éducatives de rupture.

Source : Marianne